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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 3, vol. IV - juillet/août/septembre 2004
L’atteinte est souvent mixte, somatique et végé-
tative, mais c’est vraisemblablement ce dernier
aspect qui est prédominant dans le détermi-
nisme des troubles. Il faut bien noter que cette
dysautonomie est associée à une mortalité
accrue. La neuropathie autonome cardiaque
(NAC) mise en évidence sur des anomalies des
variations de fréquence cardiaque s’associe à
un taux de mortalité à 10 ans de 29 %, alors
que ce taux n’est que de 6 % chez les patients
indemnes de NAC (1). La neuropathie auto-
nome touche les petites fibres amyéliniques
des systèmes sympathique et parasympa-
thique. Quelques études nécropsiques effec-
tuées chez des diabétiques insulinodépen-
dants atteints d’une dysautonomie sévère ont
mis en évidence des lésions au sein des gan-
glions sympathiques, du pneumogastrique et
des troncs nerveux sympathiques (2), ce qui
confirme les résultats des nombreuses études
ultrastructurales faites chez l’animal (rats ren-
dus diabétiques par la streptozotocine). La
physiopathologie de la neuropathie autonome
diabétique est complexe. L’influence de l’équi-
libre métabolique est suggérée par l’apparition
d’un neuropathie précoce, le plus souvent
avant celle des autres complications du dia-
bète (3), et par l’effet favorable de l’équilibre
optimisé du diabète de type 1 (4). Des facteurs
immunologiques sont également incriminés
dans le diabète de type 1 (5). Les perturbations
des épreuves autonomes cardiaques dans l’his-
toire du diabète de type 2 sont aussi compa-
tibles avec le rôle joué par l’obésité chez ces
patients, puisque de telles perturbations sont
également rencontrées avec une grande fré-
quence chez l’obèse non diabétique.
L
ES SIGNES CLINIQUES
DES DYSFONCTIONS SEXUELLES DU DIABÉTIQUE
Chez la femme, l’interrogatoire peut retrouver
la notion d’une baisse des sécrétions vaginales
et/ou d’une hypo-, voire d’une anorgasmie.
Chez l’homme, il peut s’agir d’une éjaculation
rétrograde perçue par le patient ou décelée par
la mise en évidence de spermatozoïdes à l’exa-
men des premières urines émises après un rap-
port sexuel, et dont l’inconvénient essentiel ré-
side dans l’infécondité. Il s’agit en fait surtout
d’une baisse des capacités sexuelles avec
troubles de l’érection, qu’il s’agisse d’une alté-
ration en termes de durée et/ou de rigidité.
L’évaluation doit toujours comporter un inter-
rogatoire minutieux concernant l’équilibre géné-
ral du diabète, les autres complications pos-
sibles (rétiniennes, cardiovasculaires) et les
autres complications végétatives (élément de
neuropathie autonome cardiaque, hypotension,
anomalie pupillaire, gastroparésie, troubles
urinaires, anorectaux, sudoraux). L’examen
neurologique recherche une neuropathie soma-
tique (polynévrite, multinévrite, atteinte ple-
xique lombosacrée). Une analyse soigneuse des
vaisseaux (pouls périphériques, auscultation
des trajets vasculaires) est indispensable. La
recherche de médications iatrogènes et de fac-
teurs psychologiques intercurrents est fonda-
mentale. Des signes en faveur d’une insuffi-
sance gonadique primitive ou secondaire ou
d’une hyperprolactinémie doivent être éli-
minés.
L
E BILAN PARACLINIQUE
Le bilan d’une impuissance ne doit être entre-
pris que s’il s’agit d’une véritable impuissance
depuis au moins trois mois, si le patient est
demandeur et motivé, si l’équilibre du diabète
est satisfaisant (HbA1c ne dépassant pas 8 %)
et après avoir écarté un facteur iatrogène ou
alcoolique.
L’origine artérielle évoquée devant des signes
cliniques d’artériopathie sera confirmée par la
pratique d’un doppler ou d’un échodoppler.
L’origine dysautonomique soupçonnée lorsque
les troubles de l’érection s’associent à une
neurovessie de type vessie hypoactive (au bilan
urodynamique) peut être confirmée par la réali-
sation de tests cardiovasculaires spécifiques
(étude de la variabilité de l’espace RR, manœuvre
de Valsalva, cold pressor test, tilt test, respira-
tion ample dirigée, etc.), mais cette association
n’est pas constante.
En réalité, la première étape devant une véri-
table impuissance consiste à réaliser une fenêtre
thérapeutique vis-à-vis des médicaments sus-
pects, en particulier des antihypertenseurs,
des psychotropes, des fibrates, des anti-H2 et,
évidemment, des antiandrogènes et des estro-
gènes. L’arrêt de l’alcool en cas de surconsom-
mation est bien évidemment indispensable.
Une anomalie hormonale peut être éliminée
par les dosages plasmatiques de la testosté-
rone, de l’estradiol, de la FSH, de la LH et de la
prolactine.
Complications périnéales du diabète
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