Dossier thématique Neuropathie autonome cardiovasculaire chez le diabétique

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Neuropathie autonome cardiovasculaire
chez le diabétique
Diabetic cardiovascular autonomic neuropathy
Atul Pathak*,**, Fabien Despas*, Céline Galès, Cécile Alquier, Jean-Michel Senard*
points FORTS
▲ La neuropathie autonome cardiaque (NAC) est une affection fréquente,
dont la prévalence est sous-estimée chez le sujet diabétique.
▲ L’existence d’une NAC aggrave considérablement le pronostic des
patients. Elle s’associe à un risque majoré d’ischémie myocardique silencieuse et de mort subite.
▲ La symptomatologie clinique est variée, souvent fruste, mais doit faire
évoquer l’existence d’une NAC. Ces signes doivent être recherchés systématiquement chez tout patient diabétique.
▲ C’est le recours à des explorations du système nerveux autonome qui
permet le diagnostic le plus fiable. Cette étude du système nerveux autonome va du recueil de paramètres simples, comme la fréquence cardiaque
ou la pression artérielle, à l’analyse complexe de ces mêmes données. Les
tests le plus souvent utilisés évaluent les fonctions sympathique et parasympathique, ainsi que l’intégrité de l’arc baroréflexe.
▲ La réalisation de ces tests diagnostiques permet de préciser le pronostic
des patients et de guider le choix du traitement, le plus souvent symptomatique.
▲ L’identification et la prise en charge précoces de la NAC sont indispensables. En dehors des traitements symptomatiques plus ou moins
spécifiques, une intervention thérapeutique multifactorielle et intensive
portant sur le diabète et les facteurs de risque associés permet de ralentir
la progression de la NAC.
Mots-clés : Neuropathie diabétique – Pathologies cardiovasculaires –
Diabète.
Keywords: Diabetic neuropathy – Cardiovascular diseases – Diabetes
mellitus.
* Service de pharmacologie clinique, faculté de
médecine et CHU de Toulouse, Inserm U858,
Équipe “pharmacologie moléculaire et clinique
du système nerveux autonome”.
** Fédération des services de cardiologie,
pôle cardiovasculaire et métabolique, CHU de
Toulouse.
L
a neuropathie autonome cardiovasculaire (NAC), qui est l’une
des complications les plus fréquentes du diabète, est trop souvent
sous-estimée. Elle correspond à une
altération des fibres nerveuses autonomes à destination du cœur et des
vaisseaux, altération se traduisant
thématique
Dossier
par des anomalies dans le contrôle
de la fréquence cardiaque ou de la
fonction vasculaire. L’objectif de cet
article est de préciser les principaux
symptômes associés à cette affection, de faire le point sur les outils
diagnostiques capables d’identifier
les patients porteurs d’une NAC et
de déterminer les options thérapeutiques qui permettent directement ou
indirectement de ralentir la progression de cette affection.
Épidémiologie
Peu d’études permettent de définir
avec précision la prévalence de la
NAC dans la population des diabétiques. La diversité et la faible standardisation des moyens utilisés pour la
diagnostiquer ainsi que la coexistence
chez le diabétique d’autres pathologies pouvant entraîner une NAC
(comme l’HTA ou l’insuffisance
rénale chronique) en sont les principales raisons. Ainsi, selon les études,
sa prévalence varie de 1 à 90 % (1) !
La plupart des études soulignent que
cette prévalence augmente avec l’âge,
l’ancienneté du diabète ou le mauvais
contrôle glycémique. De plus, l’existence d’une rétinopathie ou d’une
hypertension prédispose également
à son développement. De ces études,
quel qu’en soit le type, il ressort que
la NAC est fréquente, puisque plus
d’un quart des patients diabétiques de
type 1 et un tiers des patients diabétiques de type 2 en présentent une,
parfois même dès le diagnostic de leur
diabète, ce qui justifie la recherche
précoce de cette affection (2).
Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 5, septembre-octobre 2007
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Dossier
thématique
Manifestations cliniques
Elles sont essentiellement liées
aux anomalies de contrôle de la
fréquence cardiaque et de la pression sanguine artérielle. L’altération des fibres nerveuses afférentes
et efférentes modifie l’organisation
et le fonctionnement de la plupart
des boucles réflexes qui assurent
l’homéostasie cardiovasculaire de
l’organisme (baroréflexe à haute
et basse pressions, réflexe à départ
cardiaque, etc.).
La tachycardie de repos
et l’intolérance à l’effort
La NAC se traduit par une fréquence
cardiaque (FC) de repos élevée, le
plus souvent fixée autour de 90100 battements par minute. Elle
témoigne d’une altération de l’afférence parasympathique, qui survient
relativement tôt dans l’histoire naturelle de la NAC. Lorsque les lésions
sympathiques se surajoutent, la FC
peut diminuer légèrement, mais elle
reste élevée. L’absence de modulation de la FC (circadienne, à l’effort
ou induite par le stress) témoigne
de l’existence d’une NAC (3). Ces
anomalies expliquent en partie l’intolérance à l’exercice, puisque la NAC
entraîne une réponse insuffisante ou
inadaptée à l’effort. Les patients ont
un débit cardiaque qui ne s’élève pas,
avec des anomalies de contrôle de la
pré- et postcharge. En pratique, la
surveillance d’une épreuve d’effort et
les conseils donnés en termes d’exercice physique devront s’appuyer sur
la fatigue ressentie par le patient
plus que sur les données hémodynamiques telles que la fréquence
cardiaque (4).
L’hypotension orthostatique
et le syndrome de tachycardie
posturale
Elle correspond à une chute de la
pression sanguine artérielle systolique
d’au moins 30 mmHg et/ou de la
pression diastolique de 10 mmHg lors
200
du passage de la position couchée à la
position debout. La symptomatologie
clinique associée à cette hypotension est variable, allant de l’absence
de symptômes à la survenue d’une
sensation de fatigue, de vertiges, voire
même de syncope. Cette hypotension
peut parfois être prise à tort pour un
épisode d’hypoglycémie. C’est l’absence de fonctionnement correct de
l’arc baroréflexe qui est responsable
de cette symptomatologie. En effet,
à l’absence d’augmentation de la
fréquence cardiaque (cf. supra) ou de
l’inotropisme lors du passage debout
s’ajoutent un défaut de vasoconstriction dans le territoire splanchnique
et une diminution des résistances
vasculaires périphériques. D’autres
facteurs associés peuvent aggraver
cette symptomatologie, comme la
prise de médicaments hypotenseurs
(diurétiques, neuroleptiques ou antidépresseurs tricycliques, insuline), la
période postprandiale ou la présence
d’une insuffisance rénale ou cardiaque
nécessitant le recours à des traitements hypotenseurs. Parfois, cette
même symptomatologie déclenchée
lors de l’orthostatisme peut être liée à
un syndrome de tachycardie posturale.
Dans ce cas, la pression sanguine ne
chute pas ; en revanche, la fréquence
cardiaque s’accélère ou ralentit. Les
mécanismes physiopathologiques sont
partiellement élucidés, complexes
voire contradictoires, rassemblant,
entre autres, anomalies de la vasomotricité, perte de la sensibilité des
fibres C, hypovolémie thoracique ou
réduction des concentrations plasmatiques d’EPO (5).
Symptomatologie en période
per- ou périopératoire
La morbimortalité cardiovasculaire
périopératoire des patients diabétiques est augmentée d’un facteur 2
à 3. Les anomalies de régulation de la
pression sanguine et de la fréquence
cardiaque expliquent en partie la
chute beaucoup plus importante de
ces paramètres lors de l’induction
anesthésique, ou l’absence de leur
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élévation après intubation ou extubation trachéale. À cela s’ajoute la
diminution de la réponse ventilatoire
à l’hypoxie chez les patients diabétiques, qui rend parfois le sevrage
de l’assistance respiratoire plus
compliqué. Un support pharmacologique inotrope ou vasopresseur est
le plus souvent préconisé, même si
la réponse à ces agents est souvent
diminuée chez de tels patients. Enfin,
la NAC s’associe à une plus grande
fréquence d’épisodes d’hypothermie
peropératoire, de défaut de cicatrisation et d’anomalies de métabolisation des médicaments qui aggravent
davantage encore la morbimortalité
périopératoire (6).
Ischémie myocardique
silencieuse
La diminution ou l’absence de la
douleur ischémique est responsable
d’un retard de diagnostic et de prise
en charge. L’existence d’une NAC
augmente d’un facteur 2 la prévalence de l’ischémie myocardique
silencieuse. Cette entité se caractérise par une modification du seuil
douloureux à l’effort ; de ce fait, les
patients, malgré l’existence d’une
ischémie coronarienne, n’interrompent pas leur exercice. L’ischémie
silencieuse est la conséquence :
✓ de la NAC, par lésion des afférences nerveuses,
✓ des anomalies du système nerveux
autonome attribuables à l’existence
d’une coronaropathie (lésions nerveuses d’origine ischémique),
✓ de l’association des deux.
L’existence d’une NAC doit donc
inciter à la recherche systématique
d’une coronaropathie, ce d’autant
que la symptomatologie coronarienne
dans ce contexte est inexistante, fruste
ou atypique (encadré) [7, 8].
La cardiopathie autonome
diabétique
C’est une entité qui se caractérise par des anomalies de la fonction systolique et/ou diastolique du
Encadré. Manifestations cliniques qui doivent faire évoquer un infarctus chez un patient présentant une NAC.
◆
La toux
◆
L’apparition de nausées
et/ou vomissements
◆
La dyspnée
◆
L’asthénie
◆
Les modifications électriques
(ECG de repos)
ventricule gauche. Plusieurs études
échocardiographiques montrent l’association entre NAC et dysfonction
diastolique, et ce indépendamment
de l’existence d’une hypertension ou
de lésions coronariennes. Le diabète
entraîne des modifications fonctionnelles, morphologiques et biochimiques à l’échelle du myocarde qui
favorisent l’émergence d’une insuffisance cardiaque à fonction systolique
conservée pouvant secondairement
évoluer vers une dysfonction systolique. La dysfonction diastolique se
caractérise par des anomalies de la
relaxation et du remplissage dans
un contexte d’augmentation de la
rigidité myocardique. À cela s’ajoutent les anomalies des afférences
nerveuses à destination du cœur. Les
anomalies de la voie parasympathique rendent compte d’une hyperactivité sympathique qui stimule
d’autres systèmes neurohormonaux
(système rénine-angiotensine-aldostérone) ou inflammatoires (voie des
cytokines), concourant à l’entretien
ou à l’aggravation de cette cardiopathie autonome du diabétique (9).
Pronostic
L’analyse de 15 études observationnelles de cohorte, comportant entre
autres le recueil du nombre de décès,
montre que l’existence d’une NAC
augmente le risque de mortalité
totale d’un facteur 2 lorsque la NAC
est définie par l’existence d’au moins
une anomalie parmi celles recen-
sées dans le test d’Ewing. Lorsque
la même NAC est définie par la
présence d’au moins deux anomalies, le rapport de cote passe à 3,95
(IC95 : 2,66-4,47). Les mécanismes
mis en jeu sont multiples. Parmi
eux, les anomalies de la repolarisation ventriculaire, qui pourraient,
dans un contexte de dysautonomie,
d’ischémie myocardique silencieuse,
prédisposer à la survenue d’une
arythmie ventriculaire et d’une mort
subite. Il est difficile dans cette
population de diabétiques d’attribuer
à la seule NAC cet excès de mortalité dans la mesure où les autres
comorbidités (insuffisance rénale,
etc.) ou facteurs de risque cardiovasculaire (HTA, tabagisme) peuvent
également augmenter la mortalité.
Cependant, en analyse multivariée,
la relation entre NAC et mortalité
persiste. Enfin, chez les patients
diabétiques depuis au moins 5 ans,
l’existence d’une NAC symptomatique augmente le risque de décès à
10 ans d’un facteur 6,8, et ce après
ajustement pour les autres facteurs de
risque ou les autres comorbidités, ce
qui conforte la valeur pronostique de
la NAC au cours du diabète. La NAC
est également un facteur pronostique de morbimortalité cardiovasculaire et de mort subite. Elle
augmente la mortalité dans les suites
d’un infarctus du myocarde chez les
sujets diabétiques et semble être un
facteur pronostique de la survenue
d’AVC à 10 ans chez les diabétiques
de type 2. Les hypothèses physiopathologiques sont multiples, mais
l’existence d’une ischémie myocardique silencieuse associée à un
allongement de l’intervalle QT pourrait en partie expliquer les cas incidents de mort subite. Dans l’étude
européenne IDDM, les sujets avec
une anomalie du contrôle de la FC
présentaient des intervalles QT plus
importants que les sujets diabétiques
indemnes de NAC. S’ajoute à cela
l’existence d’anomalies de l’innervation sympathique cardiaque, comme
le montrent les études de scintigraphie utilisant divers traceurs, dont
le MIBG. Néanmoins, la présence
quasi systématique d’une coronaropathie ou d’une dysfonction
ventriculaire gauche chez les sujets
diabétiques victimes de mort subite
(dans la Rochester Diabetic Neuropathy Study) souligne la nécessité de
mieux préciser l’existence de liens
indépendants entre NAC et mort
subite (10-11).
thématique
Dossier
Diagnostic
L’étude du système nerveux autonome va du recueil de paramètres
simples comme la FC ou la pression artérielle systolique (PSA) à
l’analyse complexe de ces mêmes
données (analyse spectrale de la FC,
par exemple), voire au recueil de
données d’imagerie. On distingue
schématiquement les explorations qui renseignent sur l’état du
système parasympathique, sur celui
du système sympathique ou sur le
fonctionnement de l’arc baroréflexe.
Les tests les plus fiables reposent sur
le recueil en continu de la pression
sanguine artérielle et de la FC (par
photopléthysmographie : appareil
Finapres®, par exemple). Ce recueil
est effectué en situation de repos
et en situation de stimulation (tests
dynamiques, passage en position
debout). On réalise plusieurs tests,
dont la manœuvre de Valsalva et le
recueil des paramètres cardiovasculaires au cours d’une respiration
ample ou d’une épreuve de contraction isométrique de l’avant-bras.
L’analyse de la fluctuation de la PSA
et de la FC au cours de ces épreuves
permet de dépister l’existence d’une
dysautonomie cardiovasculaire
(tableau) [12, 13].
Ces tests sont le plus couramment
utilisés pour préciser l’existence
d’une dysautonomie. Le diagnostic
d’une NAC repose sur l’existence
de trois anomalies au moins sur les
cinq tests suivants : test de respiration ample, variation de la FC lors
du lever actif, hand-grip test, tilt
Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 5, septembre-octobre 2007
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Dossier
thématique
Tableau. Tests étudiant l’activité du SNA par mesure continue de la FC et de la PSA.
Évaluation de la fonction parasympathique Évaluation de la fonction sympathique
Évaluation de l’arc baroréflexe
FC de repos
FC de repos
Mesure de la PSA et de la FC
lors du lever actif
Test de respiration ample*
Mesure de l’augmentation de la PSA
Mesure de la PSA et de la FC lors
lors d’une épreuve de contraction isométrique de la verticalisation passive (tilt test)*
de l’avant-bras (hand-grip test)*
Variation de la FC lors du lever actif
(rapport des 30/15)*
Augmentation de la PSA lors de l’immersion
de la main dans de l’eau froide (4 °C)
[cold pressor test]
Analyse des modifications qualitatives
et quantitatives de la FC et de la PSA
en réponse à la manœuvre de Valsalva*
majorée par l’utilisation de certains
médicaments utilisés pour prendre en
charge des comorbidités du diabète ;
c’est le cas des antidépresseurs tricycliques, indiqués dans les douleurs
neuropathiques (14). Des stratégies
alternatives pour la prise en charge
de l’HO ont été proposées ; ces médicaments n’ont cependant pas toujours
été évalués dans l’HO du diabète,
mais plutôt dans des pathologies
où l’existence d’une dysautonomie
entraînait l’apparition d’une HO,
comme la maladie de Parkinson ou le
syndrome de POTS. Ainsi, certaines
équipes ont proposé l’utilisation de
la pyridostigmine, un inhibiteur de
l’acétylcholinestérase qui promeut la
transmission ganglionnaire ; d’autres
équipes ont souligné l’intérêt de la
fluoxétine, voire de la somatostatine
ou de l’EPO, selon le statut volémique des patients.
Plusieurs stratégies thérapeutiques semblent être en mesure de
restaurer la VFC chez des patients
diabétiques. Néanmoins, les études
dédiées spécifiquement aux patients
diabétiques avec effondrement de la
VFC restent limitées. Ainsi, Jonson
(15) rapporte l’intérêt d’un inhibiteur de l’aldolase-réductase qui
améliore la fraction d’éjection chez
des sujets présentant une NAC, et
Didangelos (16) note le même type
de bénéfice avec les inhibiteurs
de l’enzyme de conversion (IEC),
suggérant même un bénéfice au
double blocage IEC + antagonistes
des récepteurs de l’angiotensine II
(ARA II) sur l’évolution de la NAC,
mais ces données demandent à être
confirmées dans des essais à plus
grande échelle.
Finalement, les données de l’étude
STENO sont celles qui doivent
guider la pratique. Dans ce travail,
la prise en charge globale du patient
diabétique, comprenant un contrôle
intensif de son niveau tensionnel,
lipidique et glycémique ainsi que la
prescription de vitamines C et E et
d’IEC, a permis de réduire la NAC
de 68 % (17). Il apparaît donc indispensable de diagnostiquer précocement cette NAC, puisque la prise
en charge précoce et intensive du
diabète et des facteurs de risque
cardiovasculaire associés ainsi que
l’utilisation de médicaments plus ou
moins spécifiques peuvent ralentir
l’évolution de la NAC.
* Trois tests anormaux sur cinq signent la NAC.
test, manœuvre de Valsalva (score
d’Ewing). Lorsque c’est possible,
la mesure de la variabilité de la
fréquence cardiaque (VFC, à partir
d’un enregistrement ECG continu,
ou d’un holter ECG des 24 heures)
et son analyse dans le domaine
temporel et spectral améliorent significativement le dépistage d’une NAC
lorsqu’ils sont anormaux. Certaines
études suggèrent même que la
mesure de la VFC par holter ECG des
24 heures serait plus sensible que la
réalisation des tests cités ci-dessus.
La mesure de la sensibilité du baroréflexe ou l’étude par imagerie de
l’innervation autonome du myocarde
sont d’autres techniques qui peuvent
faciliter le diagnostic de la NAC.
Prise en charge
C’est l’hypotension orthostatique (HO) qui constitue le motif
de consultation spécialisée le plus
fréquent. Sa prise en charge repose
sur des mesures non pharmacologiques comme l’augmentation de la
consommation d’eau ou l’utilisation
de bas de contention, qui permettent
aussi la réduction des symptômes
associés à l’HO comme les sensations
de vertiges. La prise en charge pharmacologique reste complexe, car elle
doit restaurer un niveau tensionnel
correct tout en évitant la survenue
d’une hypertension de décubitus.
Des stratégies utilisant des agonistes
alpha-adrénergiques ou la fludrocortisone sont proposées. L’HO peut être
202
Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 5, septembre-octobre 2007
Conclusion
La NAC est une complication
fréquente du diabète qui aggrave le
pronostic vital des patients. La symptomatologie clinique est variée, ce qui
rend le diagnostic de cette affection
difficile, mais elle doit être recherchée
systématiquement chez tout patient.
L’identification précoce permettra la
prise en charge de cette affection, qui
peut être ralentie surtout par une intervention thérapeutique multifactorielle
intensive de la pathologie diabétique
et de ses comorbidités. La publication
prochaine des recommandations de
la HAS sur le diagnostic de la NAC
devrait permettre une amélioration de
la prise en charge de cette affection.■
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>>>
Nouvelles de l’industrie
Levemir®
Les résultats d’une revue des profils d’action
des analogues lents de l’insuline – Levemir®
(insuline détémir, Novo Nordisk) et insuline
glargine – viennent d’être publiés dans le dernier numéro de Diabetes, Obesity and Metabolism ; ils montrent que ces deux insulines
ont un profil d’action identique, progressif
sans pic, et peuvent être, l’une ou l’autre,
administrées en une seule prise par jour chez
la majorité des diabétiques de type 2. L’insuline Levemir® est, en outre, associée significativement à une moindre variabilité des glycémies chez un même individu, ce qui peut
probablement permettre de réduire le risque
d’hypoglycémies.
Levemir® a également pour avantage d’entraîner une prise de poids moindre que celle
induite par les autres insulines basales, y
compris l’insuline glargine, en association
aux antidiabétiques oraux. Cet effet pourrait
être bénéfique en termes de risque cardiovasculaire. L’efficacité clinique de Levemir® a
été largement démontrée chez les diabétiques
de type 2 recevant une injection par jour.
Novo Nordisk vient en outre de mettre à la
disposition des patients et des médecins une
nouvelle présentation de son insuline détémir,
Levemir® InnoLet®, qui est particulièrement
adaptée aux patients diabétiques âgés, mal
voyants ou ayant des difficultés de préhension.
Ce dispositif permet une bonne prise en main
et une injection facile grâce à un large bouton
poussoir. Il bénéficie aussi d’une très bonne
lisibilité, d’une simplicité de sélection de la
dose d’insuline unité par unité et d’un retour
à zéro en fin d’injection. Son maniement très
simple et intuitif optimise le temps d’apprentissage et minimise les risques d’erreurs.
MP
Prix 2007 de la recherche
en nutrition
Créé en 1979, le Prix de la recherche en nutrition de l’IFN (Institut français pour la nutrition)
a pour objectif de couronner la contribution
majeure d’un chercheur dans le domaine de la
nutrition et des sciences associées. D’une valeur
de 10 000 euros, il est décerné chaque année par
un jury de sept membres.
Il a cette année été remis en septembre par
Patrick Etievant (chef du département alimentation humaine de l’Inra) à France Bellisle, directeur de recherche Inra au sein du
Centre de recherche en nutrition humaine
Communiqués publicitaires des conférences
de presse, symposiums, manifestations,
organisés par l’industrie pharmaceutique
Île-de-France, pour l’ensemble de ses travaux dans le domaine du comportement alimentaire humain et pour son attachement à
faire connaître l’importance de la recherche
comportementale dans la compréhension des
mécanismes assurant le bilan d’énergie chez
l’homme. Elle travaille actuellement sur les
facteurs individuels – physiologiques et psychologiques – et environnementaux qui affectent la prise alimentaire et son ajustement aux
besoins énergétiques de l’organisme.
Au cours de cette manifestation, J.P. Laplace,
président de l’IFN, a annoncé le programme
du colloque annuel (11 décembre 2007), dont
le thème sera “Agriculture et alimentation : des
liens à repenser”, et les lauréates 2006 des Prix
IFN “jeune chercheur Bernard Beaufrère”,
M. Jourdan et A. Mishellany, ont présenté une
synthèse de leurs travaux portant respectivement sur les relations entre citrulline et synthèse protéique musculaire et sur la validation
d’un stimulateur de la mastication. Le ou les
prix IFN “jeune chercheur Bernard Beaufrère”, décernés chaque année, ont pour objet
de récompenser la créativité et le dynamisme
de jeunes chercheurs ayant un projet scientifique original dans le domaine de la nutrition et
de l’alimentation de l’Homme.
MP
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