Le médecin du travail: un acteur dans la prévention du diabète de l'adulte.
Enquête rétrospective dans un service de santé au travail luxembourgeois
Mémoire présenté par Philippe FAVROT en vue de l’obtention du
Diplôme d’Etudes Spécialisées en Médecine du Travail. Année académique 2006-2007
Résumé
Une  étude  rétrospective a été menée dans un service de santé au travail luxembourgeois sur 438 travailleurs
diabétiques  parmi  les  28  244  salariés  examinés  entre  octobre  2004  et  septembre  2006.  Son  objectif  était
d’aborder  la  question  de  l’intégration  du  patient  diabétique  dans  le  marché  du  travail  luxembourgeois,  par
l’analyse des motifs de consultations et les conclusions médicales que les médecins du travail de notre service
ont prononcés. Les résultats de cette étude semblent montrer qu’il n’y aurait ni dissimulation par les patients de
leur pathologie diabétique lors des visites médicales, ni une présélection des travailleurs avant leur arrivée sur le
marché de l’emploi luxembourgeois. L’étude des conclusions d’inaptitudes prononcées par les médecins de notre
service  semble  révéler  un  risque  3  fois  plus  important  pour  les  salariés  diabétiques  de  faire  l’objet  d’un
empêchement temporaire ou définitif à l’occupation d’un poste (OR=3,14 IC95 [2,30 ; 4,28]). Pour autant, cette
décision d’inaptitude est très majoritairement prononcée pour un autre motif que la seule pathologie diabétique.
Cette étude aura également révélé que les salariés diabétiques semblent avoir un risque 2 fois supérieur aux non-
diabétiques d’être examinés à l’occasion d’une reprise du travail après un arrêt maladie prolongé (OR=1,99 IC95
[1,44 ; 2,77]),  mais  n’ont pas de  risque  significativement accru d’être  vus  en consultation à  l’occasion  d’une
reprise après un accident du travail (OR=1,92 mais IC95 [0,94 ; 2,26]). Cette absence de lien évident entre diabète
et accident du travail nous apparaît fondamentale pour lever les dernières réticences des médecins du travail à
l’occupation  de  certains  postes  par  les  salariés  diabétiques  (dans  le  respect  des  réglementations  et  lois  en
vigueur). Enfin nous aurons fait le constat d’un faible taux de dépistage  du diabète par les médecins de notre
service. L’absence de  systématisation d’une recherche  de la glycosurie  urinaire  peut être incriminée, mais  un
grand nombre d’études convergent désormais vers le consensus d’un plus grand intérêt du dépistage ciblé des
populations à risque, par des méthodes bénéficiant d’une meilleure sensibilité que la glycosurie. Bien qu’elle ne
soit pas encore  reconnue  par l’OMS comme  test  de dépistage du diabète,  l’hémoglobine  glycosylée (HbA1c)
présente des avantages évidents dans une utilisation en médecine du travail (méthode récemment standardisée,
prélèvement sur sang capillaire, résultat immédiat, excellente sensibilité, pas de nécessité d’être à jeun…). Bien
qu’encore coûteux, il s’agit d’un outil moderne qui permettrait au médecin du travail de jouer pleinement son
rôle d’acteur dans le dépistage d’une maladie, aux conséquences lourdes pour la société, auprès d’une population
active qui consulte peu les autres praticiens.
Mots clefs!: [diabète], [médecine du travail], [aptitude], [dépistage], [hémoglobine glycosylée]
Abstract!:
Our luxemburger occupational health department  carried out a  retrospective study about  438 diabetic workers
among  28,244  surveyed  workers  from  oct.  2004  to  sept.  2006.  We  analyzed  the  purposes  of  medical
consultations and occupational doctors findings, concerning diabetics fitness for works. It seems that diabetics
didn’t conceal their pathology during the medical examination, and we  didn’t notice  a preselection of healthy
workers, due to the diabetes morbidity. However, the risk of being declared unfit for work is 3 times higher for
diabetic workers than  for non-diabetic workers (OR=3,14 with CI95!: [2.30 ; 4.28]), but in most cases diabetes
wasn’t  the  cause  of  unfitness  (associated  pathologies,  vascular  complications…).  Diabetes  brought  about  an
higher risk to be on sick leave (OR=1,99 with CI95!: [1.44 ; 2.77]) but it didn’t lead to an higher risk of accident
at work (OR=1,92 with CI95 [0.94 ;  2.26]).  We hope this last result will allow diabetic workers to reach more
works.
Finally we took an interest in the usable diabetes screening tests by occupational doctors. HbA1c (glycosylated
haemoglobin), which isn’t yet regarded as a screnning test by W.H.O. (World Health Organization), appears to
us  really  interesting!:  recently  standardized  method,  capillary  blood  sample  with  immediate  result,  good
sensibility and good specificity, no-fasting patients.
Keywords!:  [diabetes  mellitus],  [occupational  medicine],  [employment],  [screening],  [hemoglobin  A
glycosylated]