➤Dans l’arthrose, si les médecins sont globalement d’accord avec les recommandations
lesplus récentes (celles de l’OARSI), avec des variations selon la spécialité médicale et le pays
où ils ont suivi leur formation, l’application des recommandations dans la pratique quotidienne
est faible(8). Les traitements non pharmacologiques de l’arthrose sont peu prescrits,
notamment par les médecins généralistes français, malgré l’existence de recommandations
“françaises” multidisciplinaires (rhumatologie, médecine physique, chirurgie orthopédique)
rédigées par des experts mais aussi par des praticiens de terrain(8), proches de l’evidence-based
practice. Paradoxalement, l’arthrose reste une maladie peu (re)connue, dans le contexte
desoins primaires, comme une affection grave (handicap), nécessitant un suivi régulier
(notamment la prise en charge des poussées congestives) comme toute maladie chronique
(importance de l’éducation thérapeutique).
➤Concernant l’ostéoporose, les RPC sont mal connues et rarement suivies. Celapeut être
partiellement expliqué par leur manque d’uniformité et leur difficulté d’utilisation. Une revue
ayant examiné l’exploration, le traitement et les interventions après une fracture
ostéoporotique dans différents pays a montré que moins de 32 % des patients (dans 14 à
16études) bénéficiaient d’une ostéodensitométrie et que seuls 0,5 à 38 % des patients étaient
traités par bisphosphonates, et 8 à 62 % par supplémentation vitaminocalcique, lorsque
lediagnostic d’ostéoporose était confirmé(9). L’ostéoporose cortico-induite reste un sujet
depréoccupation, notamment pour les patients. Les perceptions et les croyances des
patients et des rhumatologues peuvent influencer l’utilisation des corticoïdes et la mise
enœuvre des recommandations de l’EULAR sur la corticothérapie dans les affections
rhumatismales publiées en 2007 : cela a été étudié au cours de réunions entre 140patients
et110 rhumatologues dans le but de discuter les aspects positifs et négatifs de la
corticothérapie et d’évaluer les RPC de l’EULAR. Les opinions des patients et des
rhumatologues étaient globalement concordantes, traduisant une prise de conscience
commune du risque d’ostéoporose(10). Cette étude démontre l’intérêt de la prise en compte
de l’avis des patients et des rhumatologues dans la formulation des recommandations.
L’existence de RPC est indispensable pour assurer aux patients une médecine
dequalité : elle représente une aide à la décision et à la régulation des dépenses.
Il faut retrouver la confiance en des RPC de grande qualité fondées sur une méthodologie
rigoureuse(2), adaptables aux spécificités de tout patient, pour simplifier la prise
de décision médicale avec le meilleur rapport bénéfice/risque.
8. Henrotin Y, Chevalier X.
Recommandations sur la prise
en charge de l’arthrose de la
hanche et du genou. Pour qui ?
Pourquoi ? Pour quoi faire ?
Presse Med 2010;39:1180-8.
9. Elliot-Gibson V, Bogoch ER,
Jamal SA. Practice patterns in
the diagnosis and treatment
of osteoporosis after
a fragility fracture: a syste-
matic review. Osteoporos Int
2004;15:767-78.
10. Van der Goes MC, Jacobs JW,
Boers M et al. Patient and
rheumatologist perspectives
on glucocorticoids: an exercise
to improve the implementa-
tion of the European League
Against Rheumatism (EULAR)
recommendations on the
management of systemic
glucocorticoid therapy in
rheumatic diseases. Ann
Rheum Dis 2010;69:1015-21. ”
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6 | La Lettre du Rhumatologue • No 381 - avril 2012
ÉDITORIAL
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