La Lettre du Gynécologue - n° 323 - juin 2007
Gynéco et société
Gynéco et société
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ÉPIDÉMIOLOGIE
Il y a peu de séries épidémiologiques. En France, les regis-
tres des cancers ne couvrent qu’une faible partie du territoire
national.
Les données épidémiologiques les plus intéressantes sont cel-
les de la série du SEER aux États-Unis pendant les années 1992
et 1997 (1) ; elles montrent que :
Avant 15 ans, l’incidence annuelle par million de sujets fémi-
nins des tumeurs ovariennes est de 3,9 % ; 78 % sont des TGM,
5 % des tumeurs du stoma gonadiques, 4 % des tumeurs bor-
derline, 11 % d’autres carcinomes et 2 % des tumeurs d’autres
histologies.
Entre 15 et 19 ans, l’incidence annuelle est de 19,1% ; 54 %
sont des TGM, 3 % des tumeurs du stroma, 28 % des tumeurs
borderline, 13 % d’autres carcinomes et 2 % des tumeurs
d’autres histologies.
Entre 20 et 24 ans, l’incidence annuelle est de 30,5 %, 26 %
sont des TGM, 3 % des tumeurs du stroma, 43 % des tumeurs
borderline et 27 % d’autres carcinomes.
Au total, l’incidence annuelle des TGM varie peu selon les
classes d’âge. Les séminomes sont plus fréquents entre 15 et
19 ans : 38,4 %, alors qu’ils représentent 24 % des cas avant
15 ans, et 31,5 % entre 20 et 24 ans. En revanche, l’incidence
annuelle des carcinomes augmente régulièrement avec l’âge.
Seuls les types séreux et mucineux sont vus dans ces classes
d’âge.
Dans les enregistrements TGM 85 et 90 des tumeurs germinales
malignes de la SFOP (Société française d’oncologie pédiatrique)
[2], dans lesquels les tumeurs des cordons sexuels étaient enre-
gistrées, il y avait 97 cas de tumeurs ovariennes chez des filles
âgées de 3 mois à 17 ans (médiane : 12 ans), dont 49 tumeurs
sécrétantes (toutes sécrétant de l’AFP, dont 14 de l’hCG), un
carcinome embryonnaire, 14 tératomes immatures, 18 sémino-
mes et 15 tumeurs des cordons sexuels.
TRAITEMENT
Le traitement des tumeurs malignes de l’ovaire repose sur la
chirurgie d’exérèse tumorale “conservatrice”, (ovariectomie ±
annexectomie). Les chirurgies larges, incluant l’ovariectomie
controlatérale et l’hystérectomie et pratiquées dans les cas de
carcinomes chez des femmes plus âgées, sont d’indications
exceptionnelles, compte tenu des stades et des types histologi-
ques vus chez les enfants et adolescentes, et ne doivent jamais
être pratiquées d’emblée. En revanche, lors de l’intervention,
il est essentiel de prélever le liquide d’ascite pour cytologie et
toutes lésions suspectes péritonéales ou sur l’ovaire controla-
téral ou ganglionnaire.
Les indications thérapeutiques dans les TGM sécrétantes sont
les suivantes :
Si la tumeur est localisée et intraovarienne sans rupture pré-
ou peropératoire : ovariectomie (± annexectomie) seule. Sur-
veillance attentive des marqueurs qui doivent se normaliser
dans les suites de l’intervention et ne pas réévoluer. Sinon, il y
a une indication à une chimiothérapie.
Dans tous les autres cas, il y a une indication à la chimiothé-
rapie, en néoadjuvant en cas de tumeur étendue au diagnostic,
et la chirurgie sera pratiquée secondairement après normali-
sation des marqueurs tumoraux.
L’évolution des marqueurs tumoraux est parfaitement corrélée
à l’évolution tumorale, l’absence de négativité ou la réélévation
permettant d’affirmer la présence de cellules tumorales, même
s’il n’y a pas encore de maladie détectable.
L’attitude thérapeutique décrite s’applique aussi aux tératomes
immatures et aux séminomes, avec quelques nuances :
L’absence de sécrétion de marqueurs tumoraux ne permet
pas une surveillance tumorale aussi fine qu’en cas de tumeur
sécrétante.
En cas d’implants péritonéaux, il est admis que ce sont ceux
classés grade 3 qui sont de mauvais pronostic et justifient la
mise en route d’un traitement complémentaire, même si la
chimiosensibilité est très médiocre.
En cas de séminome pur stade I, certains préféreront recom-
mander deux cures de chimiothérapie complémentaires.
Dans le protocole TGM 95 de la SFOP pour les TGM quelle
que soit la localisation, le traitement est stratifié en trois grou-
pes de risque selon le stade local, le taux d’AFP et la présence
de métastases :
Les tumeurs de bas risque (c’est-à-dire exérèse complète
d’une tumeur limitée à l’organe d’origine : pS1) sont surveillées
et ne reçoivent de chimiothérapie qu’en cas de non-normalisa-
tion des marqueurs ou de réévolution.
Les tumeurs de risque intermédiaire (tumeurs non pS1, non
métastatiques, avec AFP < 15 000) reçoivent de la chimiothé-
rapie de type bléomycine, velbé, cisplatine (BVP).
Les tumeurs de haut risque (AFP > 15 000 ou métastases)
reçoivent du VP16, de l’ifosfamide, du cisplatinum (VIP).
De janvier 1995 à juillet 2003, 57 cas de TGM ovariennes sécré-
tantes ont été traités dans ce protocole, 11 classés à bas risque,
23 à risque intermédiaire et 23 à haut risque. Les événements
ont été une bilatéralisation et trois décès : l’un est dû à un acci-
dent lors de la radiochirurgie, la deuxième à une complication
d’allogreffe d’une LAM concomitante de la TGM ovarienne, le
troisième à une tumeur dite à bas risque, mais sous-stadée et
sous-traitée à la réévolution. La survie sans événement à trois
ans est de 90 %.
Vingt-trois patientes ont été traitées pour séminome et neuf
pour tératomes immatures : toutes sont vivantes, dont une
après bilatéralisation d’un séminome.
QUELLES SONT LES RECOMMANDATIONS
DE PRISE EN CHARGE INITIALE ?
Les circonstances de découverte d’une tumeur ovarienne sont :
– un “tableau chirurgical” plus ou moins aigu, en rapport avec
une torsion ou une fissuration tumorale, nécessitant l’hospita-
lisation de la patiente en chirurgie ;