Dossier thématique
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 3 - mars 2007
Il existe deux dosages : 2 mg et 4 mg. Il est préférable de
commencer par le plus faible, sauf en cas de forte dépendance.
Les comprimés sublinguaux ou à sucer. D’apparition plus
récente sur le marché français, les comprimés sublinguaux
ont une cinétique d’absorption similaire à celle de la gomme,
sans les inconvénients de masticage de cette dernière. Ils sont à
laisser fondre dans un coin de la bouche en évitant d’avaler trop
souvent sa salive à cause des effets indésirables sus-cités. Il existe
plusieurs dosages : 1 mg, 1,5 mg, 2 mg et 4 mg. Les comprimés
faiblement dosés sont équivalents à la gomme à 2 mg.
L’inhaleur. L’inhaleur est une sorte de fume-cigarette conte-
nant une cartouche poreuse imprégnée de nicotine. L’absorption
de la nicotine “aspirée” par le fumeur se fait par la muqueuse
buccale, comme pour la gomme et le comprimé. Le fumeur
va utiliser la cartouche de nicotine jusqu’à ne plus ressentir le
picotement qu’induit la nicotine lorsqu’elle est absorbée par la
muqueuse buccale, signe que la cartouche est vide et qu’il faut
la changer (ce qui n’est pas visible en regardant simplement la
cartouche).
Le spray nasal. Absorbée par la muqueuse nasale, la nico-
tine a alors une cinétique assez proche de celle de l’inhalation,
avec un pic de nicotinémie d’apparition rapide, et une stimula-
tion des récepteurs nicotiniques cérébraux pouvant entretenir
la dépendance. Pour cette raison, cette forme n’a pas été à ce
jour autorisée en France.
QUELLE POSOLOGIE INITIALE ?
Le tableau II indique la posologie initiale déterminée en fonction
du nombre de cigarettes fumées quotidiennement et du délai
séparant le réveil de la première cigarette.
Cette posologie initiale sera adaptée en fonction de la persistance
de signes de manque.
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Ces grossières indications de posologie doivent être adaptées
dans certains cas.
Le patient n’est pas interrogeable : il faut tenter d’obtenir les
renseignements sur la consommation tabagique par l’entourage.
Si c’est impossible, il est conseillé de commencer par un timbre
faiblement dosé (7 mg/24 h ou 5 mg/16 h), puis d’adapter la dose
progressivement, par paliers, toutes les 24 à 48 heures.
Le patient n’a aucune motivation à arrêter de fumer : il est
important de lui expliquer que cette substitution nicotinique
peut n’être que temporaire, pendant la phase d’hospitalisation,
pour lui éviter la souffrance du manque.
Le patient a des troubles de la déglutition ou des difficultés
à mâcher : il vaut mieux utiliser les comprimés sublinguaux
et/ou les patchs de nicotine.
Une intervention chirurgicale est prévue en urgence : il faut
expliquer au patient que cette substitution nicotinique permet-
tra de meilleures conditions d’intervention et une meilleure
cicatrisation (4).
La tolérance vasculaire à la nicotine (c’est-à-dire l’effet de la
nicotine sur l’appareil cardiovasculaire tel que l’accélération
cardiaque et l’élévation de la pression artérielle) diminue très
rapidement. On considère qu’elle disparaît en 24 à 36 heures.
En cas d’abstinence tabagique complète depuis plus de 36 heures,
il est important d’introduire des doses de nicotine progressi-
vement croissantes : par exemple, des formes orales laissées à
disposition ou un timbre à 7 mg/24 h ou 5 mg/16 h, et d’aug-
menter les doses toutes les 24 à 48 heures.
La survenue de signes de surdosage, tels qu’une tachycardie,
des nausées, des vomissements, une diarrhée, des céphalées,
une bouche pâteuse, impose de retirer le patch, ces symptômes
se normalisant en 1 heure environ. La substitution nicotinique
devra alors être reprise, en réduisant les doses de moitié.
CONCLUSION
La prise en charge des patients fumeurs hospitalisés est l’affaire
de tout soignant. Afin d’améliorer les soins apportés au patient
fumeur et sa qualité de vie, il est indispensable de savoir évaluer
la dépendance tabagique et de la prendre en charge. Deux ques-
tions du test de Fagerström permettent facilement de mesurer
l’intensité de la dépendance nicotinique et d’adapter ainsi un
traitement substitutif nicotinique qui sera ensuite modulé en
fonction des signes de sevrage ou de surdosage. ■
RéféRences bibliogRaphiques
1. Heatherton TF, Kozlowski LT, Frecker RC et al. The Fagerström Test for
Nicotine Dependance: a revision of the Fagerström Tolerance Questionnaire.
Br J Addiction 1991;86:1119-27.
2. L’arrêt de la consommation du tabac. Conférence de Consensus, 8 et 9 octobre
1998. Paris : Éditions EDK, 1998.
3. Recommandations de bonne pratique : les stratégies thérapeutiques médica-
menteuses et non médicamenteuses de l’aide à l’arrêt du tabac. Rev Mal Respir
2003;20:791-4.
4. Tabagisme périopératoire. La collection de la SFAR. Paris : Elsevier, 2006.
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Tableau II.
Indications des substituts pour commencer un sevrage
tabagique en milieu hospitalier.
– Exemple de dose initiale à proposer
– Revoir le patient dans les 48 heures :
• si persistance de signes de manque : pulsions à fumer, irritabilité,
agitation, anxiété... ➙ augmenter la dose
• si apparition de surdosage : aucune envie de fumer, nausées, lipo-
thymies, céphalées, palpitations, diarrhée ➙ diminuer la dose
Fume 10-19 cig./j 20-30 cig./j > 30 cig./j
Pas tous les jours Rien
ou gommes
Pas le matin Rien
ou gommes gommes grand timbre
< 60 mn après le lever gommes grand timbre grand timbre
± gommes
< 30 mn après le lever grand timbre grand timbre
± gommes
grand timbre
+ gommes
< 5 mn après le lever grand timbre
± gommes
grand timbre
+ gommes
grand
+ moyen timbre
± gommes