Traitement de l’otite moyenne aiguë : antibiothérapie ou attentisme ? L’otite moyenne aiguë est probablement l’indication la plus fréquente de prescription d’antibiotiques en ambulatoire chez l’enfant. Une attitude attentiste, appelée wait-and-see prescription (WASP), a fait l’objet d’études déjà publiées portant sur une population d’enfants vus en dehors de l’hôpital. Elle consiste à ne pas prescrire d’antibiothérapie dans l’otite moyenne aiguë pendant les 48 premières heures, quelle que soit l’évolution de la pathologie. Elle est proposée sous certaines conditions. Cette étude randomisée prospective a été réalisée dans le cadre d’un service d’urgence sur une période de un an. Les critères d’exclusion étaient une autre infection bactérienne intercurrente, une altération de l’état général, une hospitalisation, une immunodépression, le port d’aérateurs et la présence d’une perforation tympanique, un accès difficile au système de soins. Parmi les 776 enfants inclus (de 6 mois à 12 ans), 283 furent randomisés : 138 dans le groupe WASP et 145 dans le groupe contrôle avec antibiothérapie classique. Tous les enfants ont reçu de l’ibuprofène et des gouttes auriculaires antalgiques. Une surveillance téléphonique était réalisée au bout de 4, 6, 11, 30 et 40 jours par des médecins “en aveugle”. Dans le groupe WASP, 62 % n’ont pas eu recours à une antibiothérapie. La symptomatologie était comparable dans les deux groupes. Aucune complication n’est survenue dans les deux groupes. L’attitude WASP réduit considérablement la consommation d’antibiotiques. La balance bénéfice/risque de l’antibiothérapie systématique dans l’otite moyenne aiguë devrait être réévaluée et tenir compte des effets indésirables non négligeables de l’antibiothérapie comme les rashs cutanés, les symptômes gastro-intestinaux et la montée de la résistance des bactéries pathogènes face à une pathologie dont l’évolution est bénigne. I. de Gaudemar >>> Spiro DM, Tay KY, Arnold DH, Dziura JD, Baker MD, Shapiro ED. Wait-and-see prescription for the treatment of acute otitis media: a randomized controlled trial. JAMA 2006;296(10):1235-41. Allergie et polypose nasosinusienne L’existence et le traitement d’une allergie respiratoire ont-ils une influence sur la polypose nasosinusienne ? Pour répondre à cette question, les auteurs ont mené deux études prospectives. La première a concerné 180 adultes souffrant de polypose nasosinusienne (mucoviscidose et syndrome de Wegener exclus) et qui ont eu une recherche d’allergie respiratoire par Phadiatop®. Une allergie a été retrouvée chez 20 % des patients, dont la moitié avait aussi un asthme et 23 % une hyperréactivité bronchique, alors que chez les patients qui avaient une polypose nasosinusienne avec Phadiatop® négatif, seuls 23 % avaient un asthme et 20 % une hyperréactivité bronchique. La sévérité des symptômes de la polypose nasosinusienne (obstruction nasale, troubles de l’odorat, rhinorrhée antérieure et postérieure) était identique chez les patients allergiques et chez les patients non allergiques. La deuxième étude a concerné 74 adultes souffrant de polypose nasosinusienne et suivis pendant un an. Au cours de cette période, les patients ont reçu une corticothérapie orale de 6 jours, puis une corticothérapie intranasale associée à des lavages de nez. Sur ces 74 sujets, 12 avaient une allergie respiratoire. Leur évolution sous traitement a été la même que celle des 62 patients qui n’avaient pas d’allergie. Ces études montrent bien une relation entre asthme et allergie, mais pas de relation entre allergie et polypose nasosinusienne. M. François >>> Bonfils P, Avan P, Malinvaud D. Influence of allergy on the symptoms and treatment of nasal polyposis. Acta Otolaryngol 2006;126:839-44. Conséquence d’une surdité unilatérale acquise chez l’enfant Les auteurs ont recherché les conséquences d’une cophose ou subcophose unilatérale acquise sur le développement cognitif des enfants, et ils ont ventilé les résultats en fonction du côté de l’oreille atteinte. L’étude a été faite sur 64 enfants droitiers âgés de 6 à 16 ans et sourds d’un côté depuis en moyenne 3 ans et demi. La surdité était réputée d’origine virale dans 41 cas (dont 21 oreillons), due à un traumatisme dans 7 cas et d’origine indéterminée dans 17 cas. Le test de Wechsler a montré que, globalement, les enfants qui ont une cophose ou subcophose unilatérale ont un développement cognitif analogue à celui de leurs pairs. En faisant passer le test de Wechsler modifié, il apparaît que les enfants qui sont sourds à droite ont de moins La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale - n° 309-310 - avril-septembre 2007 bons résultats que les autres pour les tests verbaux (en particulier de vocabulaire), alors que les enfants qui sont sourds à gauche ont de moins bons résultats sur les tests de performance qui font intervenir la mémoire visuelle, la vision dans l’espace et la coordination visuomotrice. Ces résultats demanderaient à être vérifiés sur un plus grand nombre d’enfants. Abstracts A bstracts M.F. >>> Niedzielski A, Humeniuk E, Blaziak P, Gwizda G. Intellectual efficiency in children with unilateral hearing loss. Int J Pediatr Otorhinolaryngol 2006;70:1523-8. Obstruction des aérateurs transtympaniques L’obstruction d’un aérateur transtympanique est ennuyeuse si l’otite séreuse récidive. Les auteurs ont fait une enquête auprès des membres de l’Association américaine d’ORL pédiatrique (ASPO) pour connaître la fréquence de cet incident et les moyens utilisés pour le traiter. Il faut savoir qu’environ un million d’aérateurs transtympaniques sont posés tous les ans aux États-Unis ! Cent vingt-deux confrères ont répondu au questionnaire. Lors du premier rendez-vous postopératoire, qui est en général fixé un à deux mois après l’intervention, 2 à 9 % des aérateurs sont bouchés par du mucus, du sang ou, plus rarement, du cérumen ou un granulome. Quatre-vingt-quatorze pour cent des opérateurs proposent des gouttes auriculaires à appliquer pendant quelques jours après la pose des aérateurs, systématiquement pour 80 % d’entre eux, seulement en cas d’otorrhée pour 11 %, en cas de glu très épaisse ou de saignement abondant dans les autres cas. En cas d’obstruction de l’aérateur, de l’aveu des confrères, la solution la plus efficace est le traitement instrumental (aspiration sous microscope), mais cela prend du temps et il n’est pas toujours possible d’empêcher l’enfant de bouger ! C’est pourquoi les praticiens optent dans la plupart des cas pour la prescription de gouttes auriculaires, soit contenant des antibiotiques, soit associant antibiotiques et corticoïdes. Trois pour cent sont fidèles à l’eau oxygénée. Huit pour cent préconisent une solution d’acide acétique et 2 % une solution de bicarbonate de sodium. M.F. >>> Elden LM, Marsh RR. Survey of pediatric otolaryngologists: clinical practice trends used to prevent and treat blocked ventilation ear tubes in children. Int J Pediatr Otorhinolaryngol 2006;70:1529-32. 25