(Selby et al., Geusens et al.), mais il s’agit d’études ouvertes
qui doivent être interprétées avec prudence en raison de biais
méthodologiques importants.
Une seule étude contrôlée, en double aveugle contre placebo
(241 hommes), a été publiée à ce jour par Orwoll et al. (12).
L’administration pendant deux ans de 10 mg d’alendronate
associés à 500 mg de calcium et à 400 UI de vitamine D a per-
mis d’augmenter la densité osseuse lombaire de 7,1 % et la
densité fémorale de 2,5 % chez des hommes ostéoporotiques.
L’incidence des fractures vertébrales était plus basse dans le
groupe alendronate (0,8 %) que dans le groupe placebo
(7,1 %). Malheureusement, l’inclusion dans cette étude d’un
pourcentage important de patients hypogonadiques (36 % de
l’effectif), traités ou non par des androgènes, permet diffici-
lement de conclure avec certitude sur l’efficacité antifractu-
raire de l’alendronate.
Les agents stimulant la formation osseuse
Les sels de fluor. Le traitement par les sels de fluor a été pro-
posé en raison d’un déficit de formation osseuse observé chez
ces patients lors des études histomorphométriques. Ringe et
al. (13) ont rapporté les résultats d’une étude randomisée por-
tant sur 64 hommes ostéopéniques sans fractures vertébrales,
comparant le monofluorophosphate (MFP) prescrit à faible
dose (15 mg de fluor élément par jour) et de manière séquen-
tielle (traitement 3 mois sur 4) au calcium seul (1 g par jour).
Après trois ans de traitement, le gain de densité osseuse est de
+8,9 % au rachis lombaire et de + 1,9 % au col fémoral dans
le groupe MFP, et le taux de nouvelles fractures vertébrales
est de 12/100 patients-années, contre 35,4 dans le groupe cal-
cium. La survenue de 7 fractures de contrainte dans le groupe
MFP (aucune dans le groupe calcium) et la faiblesse des effec-
tifs doivent rendre prudent dans l’analyse des résultats.
La parathormone. Parmi les agents anaboliques capables de
stimuler fortement la formation osseuse, l’hormone parathy-
roïdienne (PTH), et notamment sa forme recombinante humaine
1-34, représente la thérapeutique la plus prometteuse.
Kurland (14) a conduit une étude randomisée contre placebo
chez 23 hommes âgés de 30 à 68 ans présentant une ostéopo-
rose idiopathique. Tous les patients ont reçu 1 500 mg de cal-
cium et 400 UI de vitamine D par jour ; 10 d’entre eux ont
reçu 400 UI/j de PTH humaine 1-34, et les 13 autres du pla-
cebo, en injection sous-cutanée quotidienne. Après 18 mois,
la DMO a augmenté de 13,5 % sur le secteur lombaire et de
2,9 % sur le fémur dans le groupe PTH.
Une étude multicentrique randomisée a été réalisée chez
437 hommes ostéoporotiques par Orwoll (15). Parmi ces
patients, 59 % avaient une fracture vertébrale à l’inclusion. Les
traitements comportaient de la PTH à 20 µg/j chez 151 patients,
de la PTH à 40 µg/j chez 139 patients et un placebo chez
147 patients (tous les patients recevaient du calcium et de la
vitamine D). L’étude a malheureusement été arrêtée à 11 mois,
en raison de la survenue d’ostéosarcomes chez une espèce de
rats traités par de fortes doses de PTH. À la fin de l’étude, il
existait une augmentation significative de la DMO lombaire,
de 5,9 % dans le groupe PTH 20 µg/j et de 9 % dans le groupe
PTH 40 µg/j (contre 0,5 % dans le groupe placebo). Après l’ar-
rêt du traitement, 355 patients volontaires ont été suivis sans
traitement pendant 18 mois. En analysant les résultats de la
totalité de l’étude (traitement et suivi),les auteurs ont retrouvé
une augmentation significative de la densité lombaire et fémo-
rale, et surtout une diminution de 50 % du taux de fractures.
CONCLUSION
La prise en charge de l’ostéoporose masculine doit être
adaptée à chaque patient, en définissant à chaque fois les
facteurs étiologiques en cause, le degré de sévérité de l’os-
téoporose, et donc les moyens thérapeutiques utiles.
Les règles d’hygiène de vie semblent suffisantes devant une
réduction isolée de la densité osseuse chez un homme de moins
de 60 ans en bonne santé, indemne de fractures et dont le bilan
biologique est normal. Le traitement étiologique, largement
développé dans cet article, est toujours indispensable, quelle que
soit la sévérité de l’ostéoporose. La supplémentation en calcium
et en vitamine D est d’autant plus indispensable que le patient
est âgé, institutionnalisé, carencé, alcoolique ou porteur d’une
maladie digestive chronique. L’alendronate dispose d’une AMM
pour le traitement de l’ostéoporose et peut être utilisé chez les
patients qui présentent des facteurs de gravité, en particulier une
première fracture atraumatique. La place de la PTH dans cette
stratégie thérapeutique reste à définir. Chez le sujet âgé, la pré-
vention du risque de chute, souvent oubliée, est capitale en agis-
sant sur l’environnement sensoriel (améliorer la vue), matériel
(aménagement du domicile) et médicamenteux (diminution pro-
gressive des somnifères et des tranquillisants).
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La Lettre du Rhumatologue - n° 294 - septembre 2003
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OSTÉOPOROSE MASCULINE