Pour la 1ère fois dans le domaine de l’anticoagulation des patients FA*, depuis 40 ans d’utilisation des AVK EN PR S AVC DE NTIO ÉVE N D AN S L A FA AVC PRÉVENTION Attitudes Simplement efficace DÉNOMINATION DU MÉDICAMENT ET FORME PHARMACEUTIQUE* : Pradaxa 110 mg et Pradaxa 150 mg, gélules. COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE* : Chaque gélule contient 110 ou 150 mg de dabigatran etexilate (sous forme de mésilate). Excipients dont colorant jaune orangé (E110). DONNÉES CLINIQUES : Indications thérapeutiques : Prévention de l’accident vasculaire cérébral (AVC) et de l’embolie systémique (ES) chez les patients adultes présentant une fibrillation atriale non valvulaire associée à un ou plusieurs des facteurs de risque suivants : Antécédent d’AVC, d’accident ischémique transitoire ou d’embolie systémique ; Fraction d’éjection ventriculaire gauche < 40 % ; Insuffisance cardiaque symptomatique, classe ≥ 2 New York Heart Association (NYHA) ; Âge ≥ 75 ans ; Âge ≥ 65 ans associé à l’une des affections suivantes : diabète, coronaropathie ou hypertension artérielle. Posologie et mode d’administration* : Posologie : La dose quotidienne recommandée est de 300 mg (1 gélule de 150 mg deux fois/jour). Le traitement doit être poursuivi au long cours. En cas d’intolérance au dabigatran, les patients doivent être prévenus de la nécessité de consulter immédiatement leur médecin traitant afin de passer à d’autres alternatives thérapeutiques adaptées pour la prévention de l’AVC et de l’ES associée à une fibrillation atriale. Cas particuliers : Sujets âgés, patients présentant un risque hémorragique, insuffisance rénale, administration concomitante de Pradaxa et des inhibiteurs puissants de la P-glycoprotéine (P-gp) (amiodarone, quinidine ou vérapamil), poids, sexe, insuffisance hépatique, passage de Pradaxa à un anticoagulant par voie parentérale, passage d’un anticoagulant par voie parentérale à Pradaxa, passage de Pradaxa aux antagonistes de la vitamine K (AVK), passage des AVK à Pradaxa, cardioversion, population pédiatrique, dose oubliée. Mode d’administration : Les gélules de Pradaxa doivent être avalées entières avec de l’eau, avec ou sans aliments. Les patients doivent avoir pour instruction de ne pas ouvrir les gélules, car cela pourrait augmenter le risque de saignement. Contre-indications : Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients mentionnés en rubrique « Liste des excipients » ; Insuffisance rénale sévère (ClCr < 30 mL/min) ; Saignement évolutif cliniquement significatif ; Lésion ou maladie à risque significatif de saignement majeur, telle qu’ulcération gastrointestinale en cours ou récente, présence de néoplasies malignes à haut risque de saignement, lésion cérébrale ou rachidienne récente, intervention chirurgicale cérébrale, rachidienne ou ophtalmique récente, hémorragie intracrânienne récente, varices oesophagiennes connues ou suspectées, malformations artérioveineuses, anévrysme vasculaire ou anomalie vasculaire majeure intrarachidienne ou intracérébrale ; Traitement concomitant avec tout autre agent anticoagulant, par exemple héparine non-fractionnée (HNF), héparines de bas poids moléculaire (énoxaparine, dalteparine, etc), dérivés de l’héparine (fondaparinux, etc), anticoagulants oraux (warfarine, rivaroxaban, apixaban, etc), sauf en cas de changement de traitement pour Pradaxa ou inversement (Cf «Posologie et mode d’administration ») ou en cas d’administration d’HNF aux doses nécessaires au maintien de la perméabilité d’un cathéter central veineux ou artériel (Cf « Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions ») ; Insuffisance hépatique ou maladie du foie susceptible d’avoir un impact sur la survie ; Traitement concomitant avec le kétoconazole administré par voie systémique, la ciclosporine, l’itraconazole, le tacrolimus et la dronédarone. Mises en garde spéciales et précautions d’emploi* : Insuffisance hépatique ; Risque hémorragique ; Administration de fibrinolytiques pour le traitement des AVC ischémiques aigus ; Interactions avec les inducteurs de la P-gp ; Actes chirurgicaux et interventions : Phase préopératoire, rachianesthésie/anesthésie péridurale/ponction lombaire, patients avec un risque accru de saignements en période post-opératoire ; Patients à haut risque de mortalité chirurgicale et présentant des facteurs de risque intrinsèques d’événements thromboemboliques ; Infarctus du myocarde ; Patients porteurs de prothèses valvulaires cardiaques ; Colorants. Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions* : Anticoagulants et antiagrégants plaquettaires ; Interactions liées au profil métabolique du dabigatran etexilate et du dabigatran ; Interactions avec des transporteurs : inhibiteurs de la P-gp, inducteurs de la P-gp, autres médicaments ayant une incidence sur la P-gp, substrats de la P-gp ; Traitement concomitant avec des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) ou des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA) ; pH gastrique. Fécondité, grossesse et allaitement*. Effets sur l’aptitude à conduire des véhicules et à utiliser des machines*. Effets indésirables* : Au total, 22 % des patients présentant une fibrillation atriale traités pour la prévention de l’AVC et de l’ES (traitement à long terme allant jusqu’à 3 ans) ont présenté des effets indésirables. Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés ont été des saignements, survenant au total chez 16,5 % des patients présentant une fibrillation atriale traités en prévention de l’AVC et de l’ES. Bien que de fréquence faible dans les essais cliniques, des saignements majeurs ou sévères peuvent survenir et, indépendamment de la localisation, peuvent conduire à un handicap, à une menace du pronostic vital, voire même à une issue fatale. Surdosage*. Propriétés pharmacodynamiques* : Groupe pharmacothérapeutique : inhibiteurs directs de la thrombine. Propriétés pharmacocinétiques*. Données de sécurité précliniques*. DONNÉES PHARMACEUTIQUES*. NUMÉRO(S) D’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ : Pradaxa 110 mg, gélules : (60 x 1 gélule) : EU/1/08/442/007 - CIP 34009 385 262 0 2 – Prix : 75,78 € / CTJ : 2,53 €. Pradaxa 150 mg : (60 x 1 gélule) : EU/1/08/442/011 - CIP 34009 419 453 8 0 – Prix : 75,78 € / CTJ : 2,53 €. CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DÉLIVRANCE : Médicament soumis à prescription médicale. Liste I. Boîtes de 60 x 1 gélule : Remboursées Sec. Soc à 65 % - Agréé collect. DATE DE PREMIÈRE AUTORISATION/DE RENOUVELLEMENT DE L’AUTORISATION : Date de première autorisation : Pradaxa 110 mg : 18 mars 2008 ; Pradaxa 150 mg : 01 août 2011. DATE DE MISE À JOUR DU TEXTE : 30 août 2012. TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ : Boehringer Ingelheim International GmbH, D-55216 Ingelheim am Rhein. Allemagne. Représentant local : Boehringer Ingelheim France, 14 rue Jean Antoine Baïf, 75013 Paris. Information médicale : 12 rue André Huet 51100 Reims - Information médicale : 03 26 50 45 33. *Des informations détaillées sur ce médicament sont disponibles sur le site internet de l’Agence Européenne du Médicament (EMA) http://www.ema.europa.eu/ ou sur demande auprès du Laboratoire. Pradaxacommunes_FA110-150-MLA-300812-v1.doc Pour en savoir plus : www.anticoagulant.fr Recommandations européennes 2012 sur l’insuffisance cardiaque chronique : la prise en charge Thérapie cellulaire : bilan d’une décennie 12-896 - 09/2012 - Boehringer Ingelheim France S.A.S. * Fibrillation atriale. AMM obtenue le 01/08/2011 Recommandations ESC 2012 sur la prise en charge de l’infarctus avec sus-décalage de ST (partie II) Quiz ECG Art et Cœur Le cœur vendéen Congrès Groupe Consensus European Society of Cardiology (Munich) N°1 en audience* chez les hospitaliers toutes périodicités confondues * Lecture au numéro moyen - Source : Enquête CESSIM automne 2012 (recueil cumulé entre octobre 2011 et janvier 2012, puis de mars à juin 2012). EditoSommaire:modeles 19/10/12 15:45 Page 3 Editorial Rédacteur en chef Nicolas Danchin Comité éditorial Eric Abergel Loïc Belle Didier Blanchard Eric Bruckert Bernard Chevalier Stéphane Cosson Yves Cottin Nicolas Danchin Denis Duboc (chef de rubrique Généalogie) Jean-Noël Fabiani Laurent Fauchier Pascal Guéret (chef de rubrique Art & Cœur) Alain Hagège Yves Juillière Serge Kownator Jean-François Leclercq Jean-Yves Le Heuzey Gilles Lemesle Eloi Marijon Nicolas Meneveau (rédacteur en chef du Cahier de cardiologie interventionnelle) Jean-Jacques Mourad Franck Paganelli Atul Pathak Pascal Poncelet Etienne Puymirat Philippe Romejko David Rosenbaum Simon Weber Directeur de la publication Yves Nadjari Directeur médical Sarah Cohen Directeur général Alexandre Nadjari Secrétaire de rédaction Virginie Condamine Chargées de clientèle Rim Boubaker Audrey Dufaud Nolwenn Gauthier Rym Oussalah Coordination commerciale Valérie Renouf Rédactrice graphiste Lara Eve Groupe Consensus Groupe Consensus, 46-48, rue Lauriston, 75116 Paris Téléphone : 01 53 65 87 70 Publicité : [email protected] Rédaction : [email protected] ISSN : 1767-5162 Site internet : www.consensus-online.fr Corlet Imprimeur SA - ZI, route de Vire 14110 Condé-sur-Noireau, France Prix au numéro : 4,50 € Image d'Epinal L’ impartialité, même dans le domaine scientifique, est décidément bien difficile à respecter. Une amusante étude publiée dans le New England Journal of Medicine (1) nous le rappelle. Les auteurs, pharmacologues américains, ont voulu voir si la mention de l'origine des financements d'études cliniques modifiait la perception et l'interprétation de leurs résultats par les médecins. La méthodologie de cette étude randomisée est originale et astucieuse : 503 internistes ont eu à lire des résumés d'études factices, de qualité méthodologique variable, testant l'intérêt de médicaments imaginaires. Les abstracts mentionnaient soit un financement public par le National Institute of Health (NIH), soit un financement privé par un laboratoire pharmaceutique, soit ne précisaient pas la source de financement. Les médecins étaient ensuite interrogés sur la qualité de l'étude, leur niveau de confiance dans ses résultats et leur désir de prescrire le médicament évalué. Comme on pouvait l'espérer, la qualité méthodologique des essais est évaluée correctement et la volonté de prescription des nouveaux traitements dépend directement de la rigueur perçue des études : plus l'étude est jugée rigoureuse, plus les médecins sont prêts à utiliser les traitements évalués. En revanche, la mention d'un financement de l'étude par un industriel amène les lecteurs à avoir un regard beaucoup plus critique : les études sont jugées moins rigoureuses, la confiance dans les résultats est plus faible et le souhait de prescrire les nouveaux médicaments est moindre. Ainsi, à qualité d'étude identique, la volonté de prescrire un nouveau médicament est diminuée d'un tiers par rapport à une étude dont le financement n'est pas mentionné, et de moitié par rapport à une étude financée par le NIH. Ces résultats sont inquiétants à plus d'un titre. Avant tout, ils démontrent que le regard porté sur les résultats d'études publiées n'est pas neutre, mais modulé par des facteurs qui ne devraient pourtant pas intervenir, dès lors que la qualité scientifique du travail est considérée comme indiscutable. Ils témoignent ensuite d'un réel climat de suspicion vis-à-vis des laboratoires pharmaceutiques, résultant sans doute d'affaires douloureuses plus ou moins récentes, où le comportement des industriels avait été plus qu'anormal (par exemple en taisant des résultats négatifs pour ne présenter que des données positives), mais peut-être plus encore du climat général de suspicion relayé par de nombreux médias à l’égard de l'industrie pharmaceutique. Ils révèlent enfin une naïveté surprenante envers les scientifiques eux-mêmes et les organismes d'Etat, laissant supposer que les cliniciens les considèrent comme un véritable rempart contre tout conflit d'intérêts. Quelle belle image d'Epinal ! C'est tout simplement oublier les progrès majeurs qui ont pu être accomplis à la suite d'essais entièrement financés par l'industrie pharmaceutique. C'est aussi oublier que le financement par un organisme public n'est pas une garantie de probité scientifique : le choix des thèmes à soutenir n'est jamais innocent, et l'intérêt, en termes de notoriété essentiellement, des auteurs à publier plus de résultats positifs que de résultats négatifs est également un moteur puissant, susceptible, lui aussi, d'entraîner de réels biais dans la présentation des données. Finalement, cette jolie étude (financée par l'université d'Harvard !) devrait nous aider à remettre les pendules à l'heure : il est essentiel de garder son esprit critique lors de l'analyse de tout travail scientifique, quel qu'en soit le financeur, privé comme public. Des outils spécifiques, comme la déclaration préalable du plan d'étude sur le site clinicaltrials.gov, sont d'ailleurs là pour aider à y voir plus clair. ■ Nicolas Danchin Rédacteur en chef 1. Kesselheim AS, et al. N Engl J Med 2012; 367: 1119-27. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 3 EditoSommaire:modeles 22/10/12 11:06 Page 5 Sommaire • numéro 82 • Octobre 2012 La qualité finit toujours par payer ! Dans tous les domaines, dans le présent et encore plus dans le futur, ce critère sera un élément de base qui fera consensus dans toute l'humanité. Qu'il me soit permis de l'évoquer dans trois exemples : - Le premier est une source de satisfaction considérable. Il s'agit de la dernière étude Cessim (organisme dont j'ai toujours loué la qualité). Elle montre que notre journal Consensus Cardio est plus que jamais une référence, comme en témoigne l'enquête d’audience villehôpital : avec 61,6% d’audience moyenne au numéro, nous passons premier sur la cible Hôpital, quelle que soit la fréquence de parution. Sur la ville, nous maintenons la position forte de premier des mensuels (63,7% d’audience moyenne au numéro). L'aventure du groupe Consensus est le témoignage de la qualité de notre concept. Synonyme de Recommandations et des modalités de leur application dans la pratique courante, le terme Consensus est maintenant le message essentiel des grands congrès internationaux. Merci au comité de rédaction dirigé par Nicolas Danchin et à toute l'équipe ; merci à vous chers lecteurs pour votre fidélité et votre attachement au titre. - Le deuxième est la place donnée à la thérapeutique au Congrès de l’ESC à Munich où le médicament a été à l'honneur. Ce numéro donne une large place aux informations essentielles à en retenir. - La troisième réflexion est issue de notre pratique courante : les nouvelles dispositions en pharmacie concernant les génériques. Que le souci d'économie hante les pouvoirs publics, cela se comprend. Prenons cependant un cas précis : un patient âgé, modeste, ayant le 100% aura des difficultés pour avancer l'argent s’il veut ses médicaments habituels. Prenant des génériques, le problème de l'observance (notre lutte permanente) risque de se poser chez ce type de patient. Ne risque-t-on pas de voir les résultats sur la santé d'une mauvaise observance avec paradoxalement un retentissement économique mettant en cause les économies recherchées ? A suivre… Yves Nadjari Photo couverture : © BSIP Directeur de la publication [email protected] * Source : Enquête CESSIM automne 2012 (recueil cumulé entre octobre 2011 et janvier 2012, puis de mars à juin 2012). Résultats complets disponibles pour les adhérents sur www.cessim.fr Ce numéro comporte un supplément de 16 pages « ESC 2012 : le TAVI dans les nouvelles recommandations » et un supplément de 4 pages « Les nouvelles recommandations de l’European Society of Cardiology sur le STEMI ». CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 Éditorial 13 • Image d'Epinal Nicolas Danchin Attitudes 06 • Recommandations ESC 2012 sur la prise en charge de l’infarctus avec sus-décalage du segment ST (partie II) Nicolas Danchin 10 • Recommandations européennes 2012 sur l’insuffisance cardiaque chronique : la prise en charge Albert Hagège 14 • Thérapie cellulaire : bilan d’une décennie Philippe Menasché ECG 13 • Quiz ECG Jean-François Leclercq 18 • Réponse Quiz Art et Cœur 19 • Le cœur vendéen Marie-Cécile Bouju Cahier de cardiologie interventionnelle 21 • Editorial Nicolas Meneveau 22 • Indications de l’angioplastie ad hoc : que disent les recommandations ? Luc Lorgis, Caroline Brulliard, Olivier Hachet, Philippe Buffet, Isabelle L’Huillier, Aurélie Gudjoncik, Yves Cottin 26 • La voie radiale expose-t-elle vraiment le patient et l’opérateur à des doses de rayons supérieures ? Jean-Louis Georges 31 • Prévention des complications hémorragiques en angioplastie Nicolas Meneveau 35 • Alcoolisation septale : résultats, indications Patrick Ohlmann 37 • EuroPCR 2012 Congrès 42 • European Society of Cardiology (Munich) 51 • Actualité 5 N_Danchin:attitude 19/10/12 15:46 Page 6 Attitudes I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I Nicolas Danchin HEGP, Paris Recommandations ESC 2012 sur la prise en charge de l'infarctus avec sus-décalage du segment ST (partie II) Après le long chapitre consacré à la prise en charge en pleine phase aiguë, les recommandations STEMI de 2012 (1) s'intéressent à la phase hospitalière et à la transition vers la reprise d'une vie aussi normale que possible. Le principal changement, par rapport aux recommandations de 2008, est la rétrogradation des bêtabloquants en classe IIa (un niveau de classe I étant maintenu dès que sont présents des signes d'insuffisance cardiaque ou une dysfonction ventriculaire gauche). Durée et conditions d’hospitalisation Après avoir rappelé la nécessité d’une hospitalisation en soins intensifs (I, C), est abordée la problématique de la durée du séjour hospitalier. Il est recommandé un séjour d’au moins 24 heures en soins intensifs (I, C), ensuite une hospitalisation de 24 à 48 heures supplémentaires dans un lit ayant un monitoring ECG peut être envisagée (IIb, C). Le lever peut être très précoce, en l’absence de dégâts ventriculaires importants ou de complications. Lorsque l’angioplastie est réalisée dans un centre tertiaire, un retour le jour même vers l’hôpital initial peut être envisagé dans certains cas (IIb, C), en maintenant le monitoring ECG continu pendant le transport. Enfin, une sortie d’hôpital précoce (72 heures) peut être envisagée chez les patients à bas risque, à condition d’avoir organisé la réadaptation et le suivi ultérieur (IIb, B). Examens d’imagerie L’échographie a une place de premier plan : dès l’admission, en cas de doute diagnostique (I, C) à condition de ne pas reporter la coronarographie si ses résultats ne sont pas concluants ; en phase aiguë, l’échographie est obligatoire pour évaluer la fonction ventriculaire gauche (I, B), mais l’IRM peut constituer une alternative si l’échographie est impossible (IIb, C). Chez les patients multitronculaires, une imagerie de stress (scintigraphie, échographie, IRM, PET) doit être programmée avant ou après la sortie de l’hôpital, pour rechercher des signes d’ischémie ou de viabilité (I, A). La recherche de viabilité est importante chez les patients ayant une dysfonction ventriculaire gauche marquée ; aucune méthode n’offre une supériorité décisive par rapport aux autres. En revanche, le scanner coronaire n’a pas sa place en routine (III, C). 6 Autres marqueurs de risque Un bilan lipidique doit être systématiquement réalisé, dès que possible après l’admission ; de même, la glycémie à jeun et la créatinine doivent faire partie du bilan systématique. Prise en charge à la sortie ➜ Mode de vie En raison du risque élevé de nouvel accident coronaire, la prise en charge au long cours est essentielle, et les premières bases doivent en être jetées dès la phase hospitalière. L’intérêt et l’importance d’avoir un mode de vie favorable doivent être expliqués au patient. Ainsi, chaque hôpital doit avoir un programme anti-tabac (I, B), ainsi qu’un protocole spécifique pour l’arrêt du tabac (I, C). Des conseils nutritionnels adaptés doivent être donnés aux patients : alimentation diversifiée, avec apports accrus de fruits et légumes, de céréales et de poisson, remplacement des graisses saturées et trans par des acides gras mono- ou polyinsaturés, apport calorique adapté pour éviter la prise de poids, enfin, chez les hypertendus, réduction des apports en sel. De même, une réflexion doit être menée avec chaque patient pour obtenir une activité physique régulière d’un niveau suffisant. Un programme de réadaptation fondé sur l’entraînement à l‘effort est recommandé (I, B). Un niveau de pression artérielle optimal doit être obtenu et des programmes spécifiques de gestion du stress peuvent être bénéfiques. La reprise d’activité doit se discuter au cas par cas, en particulier en fonction de l’étendue des séquelles ventriculaires et de la persistance éventuelle d’une ischémie myocardique ; d’une façon générale, un arrêt de travail prolongé doit être évité. La reprise d’une activité sexuelle peut habituellement être rapide. Enfin, les vols long-courriers doivent être évités pendant 4 à 6 semaines en cas d’ischémie ou de dysfonction ventriculaire gauche marquées. ➜ Médicaments L’aspirine à faible dose (75-100 mg) doit être utilisée systématiquement et indéfiniment (I, A), sauf en cas de véritable intolérance, et le clopidogrel constitue alors une alternative (I, B). Une double antiagrégation est recommandée (aspirine + prasugrel ou aspirine + ticagrelor, de préférence à CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 N_Danchin:attitude 19/10/12 15:46 Page 7 Recommandations sur les traitements antithrombotiques Classe Niveau Un traitement par aspirine à faible dose (75100 mg) est recommandé indéfiniment après STEMI I A Chez les patients intolérants à l'aspirine, le clopidogrel est indiqué comme alternative à l'aspirine I B Un double traitement antiagrégant par aspirine et prasugrel ou aspirine et ticagrelor (de préférence à aspirine et clopidogrel) est recommandé chez les patients traités par angioplastie I A Le double traitement par aspirine et antagoniste des récepteurs à l'ADP par voie orale doit être continué jusqu'à un maximum de 12 mois avec un minimum de : I C • 1 mois pour les patients ayant eu un stent nu • 6 mois pour les patients ayant eu un stent actif I IIb C B Le double traitement antiagrégant doit être utilisé pendant un an maximum chez les patients n'ayant pas eu de stent IIa C Une protection gastrique par IPP doit être envisagée pour la durée du double traitement antiagrégant chez les patients à risque hémorragique élevé IIa C En cas de thrombus intraventriculaire, une anticoagulation doit être débutée pour un minimum de 3 mois IIa B Chez des patients sélectionnés recevant de l'aspirine et du clopidogrel, le rivaroxaban à faible dose (2 fois 2,5 mg) peut être envisagé si le risque hémorragique est faible IIb B En cas d'indication claire d'anticoagulants (par exemple, fibrillation atriale avec score CHA2DS2VASC ≥ 2 ou prothèse valvulaire mécanique), un traitement anticoagulant doit être institué en plus du traitement antiagrégant I C Chez les patients nécessitant un triple traitement antithrombotique (double traitement antiagrégant et anticoagulant), par exemple après pose de stent et indication impérative d'anticoagulation, la durée du double traitement antiagrégant doit être aussi courte que possible pour réduire le risque de saignement Tableau 1. I C aspirine + clopidogrel) chez les patients ayant eu une angioplastie (I, A). La durée du double traitement est débattue : il est recommandé pour une durée pouvant atteindre un an chez tous les patients après angioplastie (I, C), avec un traitement d’au moins un mois en cas d’utilisation de stent nu (I, C) et de 6 mois minimum après utilisation d’un stent actif (IIb, B). Pour les patients n’ayant pas eu de stent, une double antiagrégation doit être envisagée, pour une durée maximale d’un an (IIa, C). Chez les patients ayant un risque CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 hémorragique élevé, il est conseillé d’envisager un traitement par IPP (IIa, C). En cas d’indication indiscutable d’anticoagulation, un traitement oral est recommandé en plus du traitement antiagrégant (I, C) ; il convient alors de réduire au minimum la durée du double traitement antiagrégant (I, C). En cas de thrombus intraventriculaire gauche, un traitement anticoagulant doit être mis en route pour un minimum de 3 mois (IIa, B). Enfin, chez les patients traités par aspirine et clopidogrel, une faible dose de rivaroxaban (2,5 mg 2 fois/j) peut être envisagée (IIb, B) (Tableau 1). Un traitement bêtabloquant doit être envisagé dès la phase hospitalière et poursuivi par la suite, en l’absence de contreindication (IIa, B) ; les bêtabloquants doivent être prescrits en cas d’insuffisance cardiaque ou de dysfonction ventriculaire gauche (I, A). L’utilisation intraveineuse des bêtabloquants peut être envisagée à l’admission en l’absence d’insuffisance cardiaque, si la pression artérielle et la fréquence cardiaque sont élevées (IIb, B) ; ils ne doivent pas être utilisés en cas d’hypotension ou d’insuffisance cardiaque (III, B). Le vérapamil peut être envisagé comme alternative aux bêtabloquants si ces médicaments sont contre-indiqués et s’il n’y a pas d’insuffisance cardiaque (IIb, B). Un traitement par statines à forte dose doit être prescrit et poursuivi, en l’absence d’intolérance, quel que soit le niveau de cholestérol (I, A). Après 4 à 6 semaines, une nouvelle prise de sang doit permettre de vérifier si l’objectif de 0,70 g/l est atteint (IIa, C). Les IEC doivent être prescrits dès les 24 premières heures chez les patients avec des signes d’insuffisance cardiaque, une dysfonction ventriculaire gauche systolique, un diabète ou un infarctus antérieur (I, A). Chez les autres patients, ils doivent être envisagés, sauf en cas de contre-indication (IIa, A). En cas d’intolérance aux IEC, les ARA II, et de préférence le valsartan, constituent une alternative en cas d’insuffisance cardiaque ou de dysfonction ventriculaire gauche (I, B). En l’absence d’insuffisance rénale ou d’hyperkaliémie, un antagoniste de l’aldostérone (par exemple l’éplérénone), est indiqué chez les patients avec une fraction d’éjection ≤ 40%, ayant une insuffisance cardiaque ou un diabète (I, B) (Tableau 2, p 8). Complications de l’infarctus avec sus-décalage du segment ST ➜ Insuffisance cardiaque Le traitement de l’insuffisance cardiaque modérée (classe Killip II) repose sur l’oxygénothérapie (I, C), les diurétiques de l’anse (I, C), les IEC, en l’absence d’hypotension, hypovolémie ou insuffisance rénale (I, A), avec un ARA II (valsartan) comme alternative en cas d’intolérance aux IEC (I, B). Un antialdostérone comme l’éplérénone doit être utilisé si la fraction d’éjection est ≤ 40 % (I, B). Les nitrés intraveineux, le nitroprussiate, doivent être envisagés en cas de pression artérielle élevée (IIa, C) et les diurétiques thiazidiques en cas d’intolérance aux IEC et aux ARA II (IIa, C). En cas d’œdème pulmonaire (classe Killip III), le traitement 7 N_Danchin:attitude 19/10/12 15:47 Page 8 Autres traitements médicamenteux Un traitement bêtabloquant oral est indiqué chez les patients avec dysfonction ventriculaire gauche ou insuffisance cardiaque Un traitement bêtabloquant oral doit être envisagé pendant l'hospitalisation et continué par la suite chez tous les patients avec STEMI sans contre-indication au traitement Un traitement bêtabloquant IV doit être envisagé à l'admission chez les patients sans contreindication ayant une pression artérielle élevée ou une tachycardie, sans signe d'insuffisance cardiaque Classe Niveau I A IIa B IIa B mine [IIa, C]; lévosimendan [IIb, C]). Enfin, l’ultrafiltration doit être envisagée au besoin (IIa, B). Le choc cardiogénique nécessite une prise en charge spécifique : échographie en urgence à la recherche de complications mécaniques (I, C), transfert dans un centre tertiaire (I, C), revascularisation en urgence par angioplastie ou pontage, au besoin (I, B) ; l’oxygénothérapie et l’assistance respiratoire sont également recommandées (I, C). La fibrinolyse doit être envisagée si un traitement de revascularisation n’est pas possible (IIa, C). La dopamine et la dobutamine doivent être envisagées (IIa, C). La contre-pulsion aortique (IIb, B), les autres assistances circulatoires (IIb, C), l’utilisation d’un cathéter de Swan-Ganz (IIb, B) ou de la noradrénaline (IIb, B) peuvent être envisagées. ➜ Troubles du rythme Il faut éviter les bêtabloquants IV chez les patients avec hypotension ou insuffisance cardiaque III B Le vérapamil peut être envisagé en prévention secondaire chez les patients avec contreindication absolue aux bêtabloquants et sans insuffisance cardiaque IIb B Les IEC sont indiqués dès les 24 premières heures chez les patients avec insuffisance cardiaque, dysfonction ventriculaire gauche, diabète ou ayant un infarctus antérieur I A Un ARA II, de préférence le valsartan, est une alternative aux IEC chez les patients avec dysfonction ventriculaire gauche ou insuffisance cardiaque, particulièrement s'ils sont intolérants aux IEC I B IIa A Les antagonistes de l'aldostérone, par exemple l'éplérénone, sont indiqués chez les patients ayant une fraction d'éjection ≤ 40 % et de l'insuffisance cardiaque ou un diabète, en l'absence d'insuffisance rénale ou d'hyperkaliémie ➜ Troubles du rythme ventriculaire et troubles de la conduction I B Il est recommandé d'initier ou de poursuivre un traitement par statines à haute dose, rapidement après l'admission, chez tous les patients avec un STEMI sans contre-indication ou antécédents d'intolérance, quel que soit le niveau de cholestérol I A Une nouvelle mesure du LDL-cholestérol doit être envisagée après 4 à 6 semaines pour vérifier que l'objectif cible de 1,8 mmol/l (0,70 g/l) a été atteint IIa C La cardioversion est indispensable en cas de fibrillation ou de tachycardie ventriculaire soutenue (I, C). L’amiodarone doit être envisagée en cas de récidive (IIa, C) ; de même, le pacing ventriculaire doit être envisagé en cas de TV incessante (IIa, C). Les salves de TV non soutenue récidivantes peuvent faire l’objet d’une simple surveillance ou être traitées par bêtabloquants IV, sotalol ou amiodarone (IIa, C). La lidocaïne ou le sotalol peuvent être envisagés en cas de TV récurrente (IIb, C). Les TV polymorphes doivent être traitées par bêtabloquants (I, B) ou amiodarone IV (I, C) et peuvent justifier la recherche d’une cause ischémique par une coronarographie en urgence, si celle-ci n’a pas été réalisée (I, C). Les désordres électrolytiques doivent être corrigés (I, C). Les bradycardies sinusales avec mauvaise tolérance hémodynamique, les blocs auriculo-ventriculaires Möbitz 2 ou du 3e degré justifient un traitement par atropine (I, C), ou un entraînement électrophysiologique provisoire (I, C), ainsi qu’une coronarographie en vue d’un geste de revascularisation si celui-ci n’a pas déjà été réalisé. A plus long terme, une évaluation électrophysiologique en vue de l’implantation d’un défibrillateur doit être réalisée en cas de dysfonction VG sévère avec TV soutenue, ou chez les patients qui ont présenté une fibrillation ventriculaire Les IEC doivent être envisagés chez tous les patients en l'absence de contre-indication Tableau 2. repose sur l’oxygène (I, C), la ventilation assistée si nécessaire (I, C), les diurétiques de l’anse comme le furosémide à la dose de 20 à 40 mg IV (I, C), la morphine (I, C) et les dérivés nitrés en l’absence d’hypotension (I, C). Un antialdostérone comme l’éplérénone doit être utilisé si la fraction d’éjection est ≤ 40 % (I, B). Enfin, une revascularisation myocardique doit être envisagée (I, C). Les agents inotropes doivent ou peuvent être envisagés (dopamine ou dobuta8 La survenue d’une fibrillation atriale n’est pas rare au stade aigu de l’infarctus. Une stratégie de retour en rythme sinusal doit être envisagée quand l’arythmie est secondaire à l’ischémie aiguë (IIa, C). En l’absence de signe d’insuffisance cardiaque, les bêtabloquants ou, le cas échéant, le vérapamil ou le diltiazem sont indiqués pour le contrôle de la fréquence cardiaque (I, A) ; en cas d’insuffisance cardiaque ou d’hypotension, il est recommandé d’utiliser l’amiodarone ou les digitaliques IV (I, B). Une cardioversion doit être effectuée si la fréquence cardiaque reste rapide, avec une mauvaise tolérance hémodynamique ou ischémique (I, C). Si la fibrillation atriale est récente, l’amiodarone est indiquée pour tenter le retour en rythme sinusal (I, A). La digoxine, le vérapamil, le sotalol et les autres bêtabloquants sont inefficaces pour permettre le retour au rythme sinusal et ne doivent pas être utilisés dans ce but (III, A, B ou C). CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 N_Danchin:attitude 22/10/12 12:56 Page 9 au-delà de la phase aiguë (I, A). L’implantation d’un défibrillateur est indiquée pour réduire la mortalité en cas de dysfonction VG sévère avec TV soutenue instable ou fibrillation au-delà de la phase aiguë (I, A). Chez les patients ayant une fraction d’éjection ≤ 40 %, une évaluation électrophysiologique doit être faite au moins 40 jours après l’épisode aigu pour juger de l’intérêt de l’implantation préventive d’un défibrillateur. ➜ Autres complications Les insuffisances mitrales par rupture de pilier ou de cordages nécessitent une réparation chirurgicale en urgence. La rupture de paroi libre, si elle n’est pas immédiatement mortelle, nécessite une ponction péricardique et une chirurgie immédiate. La contre-pulsion intra-aortique peut aider à stabiliser les patients ayant une rupture septale en attendant une intervention chirurgicale, dont la date optimale n’est pas consensuelle. L’infarctus du ventricule droit est généralement diagnostiqué aisément à l’échographie ; les diurétiques et les vasodilatateurs doivent être évités et le remplissage peut aider à stabiliser l’hémodynamique. Les complications rythmiques doivent être traitées immédiatement. La survenue d’une péricardite est devenue un événement plus rare. Le traitement repose avant tout sur l’aspirine, le paracétamol et la colchicine ; les anticoagulants doivent être interrompus, sauf s’ils sont jugés absolument indispensables. En cas d’infarctus étendu, les IEC, les sartans et les antagonistes de l’aldostérone limitent le risque de remodelage et de formation d’anévrismes authentiques. Il était classiquement recommandé de donner des anticoagulants pendant 6 mois en cas de thrombus ventriculaire gauche ; peu de données sont disponibles à l’ère du traitement combiné à une double antiagrégation, et il paraît souhaitable de faire une échographie de contrôle à 3 mois, qui peut alors permettre d’arrêter les anticoagulants si le thrombus a disparu, ce qui devrait réduire le risque hémorragique lié à la triple association antithrombotique. ■ Pour en savoir plus 1. Steg G, James S, Atar D, et al. ESC guidelines for the management of acute myocardial infarction in patients presenting with ST-segment elevation: The Task Force on the management of ST-segment elevation acute myocardial infarction of the European Society of Cardiology (ESC). Eur Heart J 2012; DOI:10.1093/eurheartj/ehs215. Pour toute correspondance avec l’auteur [email protected] Consensus Cardio apporte son soutien au Congrès Cœur et Sport, organisé par le Club des cardiologues du sport, présidé par le Pr François Carré. Cette année les thèmes abordés porteront sur l'aéronautique, le rugby, le dopage, la femme sportive, les troubles du rythme… Les ateliers pratiques et les cas cliniques occuperont toujours une large place. Rendez-vous les 23 et 24 novembre à Toulouse CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 9 Albert Hage?ge (2):attitude 19/10/12 15:45 Page 10 Attitudes I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I Albert Hagège Département de cardiologie, HEGP, Paris Recommandations européennes 2012 sur l’insuffisance cardiaque chronique : prise en charge Concernant la prise en charge usuelle, les principales avancées de ce document (1) par rapport aux recommandations 2008 sont : une extension des indications des antialdostérones et de la resynchronisation et l’apparition de l’ivabradine. Diagnostic En cas de suspicion d’insuffisance cardiaque, le diagnostic doit, après avoir intégré les données ECG et de la radiographie de thorax, reposer sur l’échocardiographie et le dosage des hormones natriurétiques. ➜ Hormones natriurétiques Sont considérés comme évocateurs du diagnostic des taux de BNP ou de NT-proBNP respectivement > 100 et 300 pg/ml en cas de symptômes aigus ou d’aggravation récente, et respectivement > 35 et 125 pg/ml dans les autres cas. Un taux de BNP ou de NT-proBNP normal chez un patient présentant des symptômes d’insuffisance cardiaque et non traité exclut le diagnostic, rendant la nécessité d’une échographie discutable. ➜ Insuffisance cardiaque systolique versus diastolique Le distinguo est basé sur la quantification de la fonction systolique par la mesure de la fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG) par méthode échographique apicale biplan (Simpson) ; si FEVG < 35%, on parle d’insuffisance cardiaque systolique, > 45-50% d’insuffisance cardiaque à FEVG préservée, et entre les 2, il s’agit probablement d’une insuffisance cardiaque avec altération modérée de la fonction systolique. ➜ Critères échographiques d’appréciation de la dysfonction diastolique Les paramètres de relaxation sont dépendants des conditions de charge, de l’âge, de la fréquence cardiaque, de la masse corporelle… et des conditions d’examen. Une combinaison des critères échographiques doit être utilisée faisant appel entre autres à l’évaluation du flux transmitral (Em), du Doppler tissulaire à l’anneau mitral (Ea), l’élévation du ratio Em/Ea étant corrélée à celle des pressions de remplissage. 10 Une vélocité normale de Ea (> 8 cm/s en septal, 10 cm/s en latéral ou > 9 cm/s en moyenne) est très inhabituelle chez un patient avec insuffisance cardiaque. Un ratio Em/Ea > 2 signe l’élévation de PTDVG en cas de FEVG altérée, de même que la transition d’une valeur de Em/Ea = 1-2 (pseudo-normal) vers un ratio > 0,5 après Valsalva. Pour le diagnostic échographique d’insuffisance cardiaque à FEVG préservée (> 50%), l’hypertrophie du ventricule gauche (> 95 g/m² chez la femme et 115 g/m² chez l’homme) et la dilatation atriale gauche (> 34 ml/m² en l’absence de fibrillation atriale) sont de bons indices. Une élévation des pressions de remplissage est évoquée lorsque Ea moyenné est inférieur à 9 cm/s en et/ou quand Em/Ea est supérieur à 15 cm/s. La présence d’au moins 2 mesures anormales et/ou d’une fibrillation atriale augmente la probabilité du diagnostic. Les manœuvres de sensibilisation telles que l’effort, ainsi que les nouvelles techniques (strain, speckle tracking) ne sont pas proposées en routine pour le diagnostic. Traitement de l’insuffisance cardiaque systolique (Figure 1) ➜ Traitement pharmacologique Les IEC et bêtabloquants (bisoprolol, carvédilol, métoprolol, nébivolol) devraient être introduits le plus précocement possible dans l’insuffisance cardiaque systolique (FEVG ≤ 40%) symptomatique. En cas d’intolérance, la prescription d’antialdostérone (éplérénone, spironolactone) peut être remplacée par celle d’un antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II) : candésartan, valsartan, losartan. L’ivabradine a une AMM européenne au-delà d’une fréquence cardiaque (FC) ≥ 75/min malgré une dose cible (ou maximale tolérée) de bêtabloquant ; elle peut être aussi utilisée en alternative au bêtabloquant en cas d’intolérance ou de contre-indication. La digoxine peut être utilisée plus tôt pour ralentir une fibrillation atriale, en général en association à un bêtabloquant. Il en est de même de l’association hydralazine et dinitrate d’isosorbide (H-ISDN) en cas d’intolérance aux IEC et ARA II. L’addition d’oméga-3 peut être discutée chez les patients sous IEC, bêtabloquant et antialdostérone. Les statines, inhibiteurs de la rénine et anticoagulants oraux ne sont pas recommandés à titre systématique. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 Albert Hage?ge (2):attitude 19/10/12 15:45 Page 11 Prise en charge de l’insuffisance cardiaque systolique chronique symptomatique (NYHA II-IV) : Diurétiques (symptômes/signes congestifs) + IEC (ou ARA II si intolérance) + bêtabloquant Encore NYHA II-IV ? OUI NON + antialdostérone OUI Encore NYHA II-IV ? NON FEVG ≤ 35% OUI NON Rythme sinusal et FC ≥ 70/min OUI NON + ivabradine Encore NYHA II-IV et FEVG ≤ 35%? OUI NON QRS ≥ 120 msec OUI NON Discuter CRT-P/CRT-D Discuter DAI Encore NYHA II-IV ? OUI NON Pas de traitement spécifique Prise en charge globale Envisager digoxine et/ou H-ISDN Si phase terminale, assistance et/ou greffe Figure 1. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 11 Albert Hage?ge (2):attitude 19/10/12 15:46 Page 12 Contrôle de la fréquence ventriculaire dans l’insuffisance cardiaque en FA persistante/permanente hors décompensation aiguë FEVG altérée FEVG préservée Inhibiteur calcique (ICC) bradycardisant (ou bêtabloquant) Bêtabloquant Cadence ventriculaire contrôlée ? NON Cadence ventriculaire contrôlée ? OUI + digoxine + digoxine Cadence ventriculaire contrôlée ? NON Cadence ventriculaire contrôlée ? OUI OUI Cadence ventriculaire contrôlée ? Cadence ventriculaire contrôlée ? OUI Avis spécialisé Discuter ablation du NAV NON Remplacer digoxine par bêtabloquant ou ICC bradycardisant Remplacer digoxine par amiodarone NON NON OUI OUI Traitement d’entretien NON Avis spécialisé Discuter ablation du NAV Figure 2. ➜ Défibrillateur automatique implantable (DAI) Le DAI est recommandé en prévention primaire chez le patient symptomatique (NYHA II-IV) avec FEVG ≤ 35% en dépit d’un traitement pharmacologique optimal avec une survie prédite > 1 an en bon état fonctionnel. Chez le patient asymptomatique, en cas d’antécédent d’infarctus avec FEVG ≤ 35%, l’implantation d’un DAI doit être discutée. Le DAI n’est pas indiqué en classe NYHA IV. ➜ Resynchronisation ventriculaire (CRT) La resynchronisation ventriculaire avec fonction pacemaker (CRT-P) ou défibrillateur (CRT-D) est indiquée chez les patients en rythme sinusal en classe NYHA III/IV avec FEVG ≤ 35% per12 sistante en dépit du traitement médical optimal, survie prédite > 1 an en état fonctionnel acceptable, et aspect de bloc de branche gauche (BBG) avec QRS ≥ 120 msec. En l’absence d’aspect de BBG, un QRS ≥ 150 msec est exigé. La resynchronisation ventriculaire (plutôt CRT-D) est indiquée chez les patients en rythme sinusal en classe NYHA II avec FEVG ≤ 30% persistante en dépit du traitement médical optimal, survie prédite > 1 an en état fonctionnel acceptable, et aspect de BBG avec QRS ≥ 130 msec. En l’absence d’aspect de BBG, un QRS ≥ 150 msec est exigé. Le bénéfice de la resynchronisation ventriculaire est incertain chez les patients symptomatiques (NYHA II/IV) avec FEVG ≤ 35% persistante en dépit du traitement médical optimal, en fibrillation atriale ou avec indication de pacemaker conventionnel et QRS ≥ 120 msec. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 Albert Hage?ge (2):attitude 19/10/12 15:46 Page 13 Prise en charge de la fibrillation atriale (Figure 2) La cardioversion électrique ou pharmacologique (amiodarone) doit être envisagée chez les patients symptomatiques en dépit du traitement médical optimal et d’un bon contrôle de la FC. L’amiodarone est seule indiquée pour la maintenance du rythme sinusal. Les inhibiteurs calciques à effet bradycardisant devraient être évités dans l’insuffisance cardiaque systolique. L’anticoagulation est le plus souvent systématique, sauf risque hémorragique majeur. L’association d’une anticoagulation orale avec un antiagrégant plaquettaire n’est pas recommandée plus de 12 mois après un événement coronaire ou artériel aigu. Après ce délai, seule l’anticoagulation orale devrait être maintenue. tonine (en évitant les tricycliques), la dysfonction érectile des inhibiteurs des phosphodiestérases, le syndrome d’apnées du sommeil d’un traitement spécifique (des troubles du sommeil sont présents chez un tiers des patients)… Prise en charge globale L’exercice physique régulier en aérobiose est recommandé de même que la participation à un programme de prise en charge multidisciplinaire (associant cardiologues, médecins généralistes, infirmières…) centré sur l’éducation du patient. Le traitement guidé par les dosages d’hormones natriurétiques reste discutable. ■ Pour en savoir plus Prise en charge des comorbidités Elle est essentielle chez l’insuffisant cardiaque, la plupart des comorbidités aggravant la gêne fonctionnelle et le pronostic. Parmi celles-ci, l’anémie pourrait bénéficier de perfusions de fer, la cachexie (perte de poids ≥ 6% en 6-12 mois) de suppléments nutritionnels, voire d’agents anabolisants, la bronchopathie chronique obstructive de corticoïdes inhalés (en évitant le carvédilol), la dépression d’inhibiteurs de la séro- Quiz ECG 1. McMurray JJ, et al. ESC Guidelines for the diagnosis and treatment of acute and chronic heart failure 2012: The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Eur Heart J 2012; 33: 1787-847. Pour toute correspondance avec l’auteur [email protected] Jean-François Leclercq Paris et Le Chesnay C’est l’histoire d’une jeune fille de 17 ans, consultant pour des palpitations fréquentes. L’examen clinique est normal en dehors d’irrégularités à l’auscultation. Elle ne prend aucun traitement. De fait, la patiente décrit des ratés, et des tachycardies rapides à début et fin brusques. Quelle est votre interprétation ? Quel traitement proposez-vous ? Réponse en page 18 CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 13 Menasche:attitude 19/10/12 15:49 Page 14 Attitudes I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I Philippe Menasché Département de chirurgie cardiaque, HEGP, université Paris-Descartes, Paris Thérapie cellulaire : bilan d’une décennie Résultats dans l’infarctus du myocarde Dans le cadre de l’infarctus du myocarde vu au stade aigu, rappelons que la procédure la plus couramment utilisée a été l’infusion de cellules mononucléées autologues de la moelle sanguine dans l’artère coronaire responsable de l’infarctus, préalablement rouverte. L’administration d’une fraction purifiée de ces cellules (progéniteurs CD34+) a été plus rare tout comme l’injection intraveineuse de cellules souches mésenchymateuses allogéniques, créditées d’un privilège immunologique autorisant une telle origine, sans traitement immunosuppresseur associé. Sans doute le résultat qui résume le mieux ces essais est-il celui, récemment publié, d’une méta-analyse entreprise par le centre Cochrane (1). L’analyse de 1 765 patients inclus dans 33 essais contrôlés randomisés fait ainsi apparaître, en dépit d’une très forte hétérogénéité entre les séries, un modeste bénéfice de la thérapie cellulaire sur la fonction ventriculaire gauche : le gain en termes de fraction d’éjection ventriculaire gauche, par comparaison aux patients des groupes contrôles, est de 2,87% et se maintient à long terme (3,75% avec un suivi de 12 à 61 mois) sans conséquence (comme cela était prévisible) sur la morbi-mortalité. Fait notable, les différences ne sont statistiquement significatives entre les groupes contrôles et traités que lorsque l’évaluation fonctionnelle est fondée sur l’échographie ; elles ne le sont pas dans les séries utilisant l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Indépendamment de la technique d’évaluation, plusieurs paramètres influençant les résultats ont pu être identifiés, notamment le degré d’altération initiale de la fonction ventriculaire gauche (les patients chez lesquels elle est le plus altérée étant ceux qui semblent bénéficier le plus de la thérapie cellulaire), la dose de cellules injectées, la technique de leur préparation (avec un effet inhibiteur de l’héparine) 14 © BSIP Depuis un peu plus d’une dizaine d’années (la première implantation intramyocardique humaine de cellules musculaires remonte à 2000), la thérapie cellulaire s’est imposée comme l’une des nouvelles options possibles pour améliorer le traitement de l’infarctus du myocarde et de l’insuffisance cardiaque chronique. Aux multiples travaux expérimentaux ont succédé (lorsqu’elles ne les ont pas précédés…) d’aussi nombreuses études cliniques dont les résultats contrastés ont fait naître un sentiment de scepticisme à hauteur des espoirs excessifs que ce nouveau concept avait suscités. Le moment semble donc venu de tirer un bilan global de cette première décennie, et surtout de réfléchir à la manière dont tous ces résultats peuvent être utilisés pour bâtir, de façon plus efficace, la seconde génération d’essais cliniques. et le moment précis de l’injection (une thérapie différée au-delà d’environ une semaine semblant perdre toute efficacité). Au-delà de ces enseignements naturellement précieux pour mettre en place des essais dont l’optimisation passe par leur prise en compte, une observation essentielle est le caractère souvent défectueux de la fonction même des cellules médullaires chez les patients présentant les facteurs de risque de maladie athéromateuse. Le paradoxe est donc d’utiliser un traitement chez des sujets dont la maladie sous-jacente fait qu’il risque d’être peu efficace. Pour remédier à ce problème, une solution est d’essayer de corriger in vitro les anomalies fonctionnelles des cellules médullaires avant de les injecter. Conceptuellement élégante, techniquement réalisable dans un contexte expérimental, cette approche semble assez peu réaliste en clinique. L’alternative est d’utiliser des cellules allogéniques provenant de banques dûment qualifiées, notamment sur le plan fonctionnel. Cette approche est celle qui a été utilisée avec des cellules mésenchymateuses ; les résultats en sont jugés excellents par la société promotrice de l’essai (Osiris) sans qu’il soit facile de faire la part entre les gages à donner à des investisseurs inquiets et la réalité médicale. Il n’en reste pas moins que cette thérapie allogénique présente d’indiscutables avantages : validation fonctionnelle et reproductibilité des lots de cellules, simplification logistique, disponibilité immédiate ; elle peut par ailleurs se justifier par l’observation, également bien établie, que les cellules injectées ne vont pas « devenir » des cellules cardiaques ou vasculaires et que leur rôle est avant tout de sécréter des facteurs susceptibles d’activer des voies endogènes cytoprotectrices (principalement augmentation de l’angiogenèse, diminution de l’apoptose et de la fibrose) ; dans ces conditions, l’élimination de cellules étrangères par une CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 Menasche:attitude 19/10/12 15:49 Page 15 réponse immune (le privilège immunologique de ces cellules mésenchymateuses est, en effet, très discuté) n’est pas nécessairement un inconvénient dès lors que les cellules ont survécu assez longtemps pour exercer cet effet paracrine, et sur ce plan, les cellules mésenchymateuses (de la moelle sanguine ou du tissu adipeux) sont, en effet, de bons candidats, compte tenu de leur forte activité sécrétoire. A côté de la fonction des cellules, un autre facteur prédictif du résultat a été identifié : le degré de leur rétention dans le myocarde cible. Malheureusement, les observations concordent pour montrer que cette rétention est très faible. Plusieurs approches sont donc en cours d’évaluation pour tenter d’augmenter le nombre de cellules persistant dans le tissu receveur. Sans doute la plus simple est-elle fondée sur de nouveaux cathéters permettant une extravasation extravasculaire des cellules et diminuant donc d’autant leur fuite vers les poumons ou la rate. Une stratégie plus élaborée, dont les premiers résultats cliniques ont été jugés encourageants, consiste à recourir à des moyens physiques (chocs par ultrasons) pour stimuler la production par le myocarde de facteurs susceptibles d’« attirer » les cellules circulantes et donc de les « figer » dans la zone cible. C’est toutefois une approche classique (injection intracoronaire précoce après l’infarctus de cellules médullaires mononucléées autologues chez des patients dont la fraction d’éjection est ≤ 45%) qui a été retenue pour être évaluée dans un vaste essai européen randomisé dont la taille (3 000 patients) devrait permettre de clarifier la question. Résultats dans l’insuffisance cardiaque chronique Dans le cadre de l’insuffisance cardiaque chronique, les résultats publiés à ce jour n’emportent pas davantage la conviction. Qu’il s’agisse de cellules médullaires ou de myoblastes (cellules souches squelettiques), que ces cellules soient injectées par voie épicardique lors de pontages coronaires ou par cathétérisme intracoronaire ou endocardique, aucune amélioration cliniquement pertinente n’a pu être démontrée dans les relativement rares études randomisées, contrôlées et en double insu. Quelques essais ont néanmoins rapporté des résultats encourageants qui concernent habituellement la fonction régionale ou la perfusion et suggèrent qu’un certain effet thérapeutique, même modeste, est néanmoins possible. Sur la base de données expérimentales concordantes, il est clair cependant que ce bénéfice n’est pas dû, à ce jour, à une véritable régénération du myocarde. En effet, l’espoir d’une plasticité des cellules adultes se transdifférenciant en cardiomyocytes sous l’influence de leur nouvel environnement myocardique semble utopique. Le bénéfice inconstamment observé des injections de cellules musculaires ou médullaires s’explique donc ici encore par l’effet des facteurs sécrétés par les cellules. La vraie question, non tranchée, est de savoir si ces effets paracrines de cellules transplantées dans des cicatrises fibreuses sont suffisamment puissants pour avoir un impact thérapeutique ou s’il ne faut pas plutôt poursuivre l’objectif initial d’un remplacement physique des cellules myocardiques détruites, par la transplantation de cellules CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 intrinsèquement douées d’un véritable potentiel de différenciation cardiomyogénique, susceptibles de s’intégrer sur le plan électromécanique dans le myocarde receveur et pouvant ainsi contribuer à améliorer sa fonction contractile. SCIPIO et CADUCEUS : deux essais cliniques utilisant des cellules cardiaques C’est dans ce contexte qu’une forte publicité, liée à l’excellence scientifique du journal qui a publié ces résultats et relayée par les médias, a été donnée à deux essais cliniques qui ont utilisé des cellules cardiaques. Identifiées même comme des cellules souches cardiaques dans le premier (SCIPIO), elles ont été isolées (sur la base d’un marqueur spécifique) et cultivées in vitro à partir d’une biopsie de l’auricule droit réalisée lors d’une intervention de chirurgie cardiaque, avant d’être réinjectées par voie intracoronaire quelques semaines plus tard (2). Les spécialistes s’accordent aujourd’hui à reconnaître que la multitude de failles méthodologiques entachant cet essai ne permet pas de conclure que ces cellules ont réellement exercé un effet « régénérateur » et jette même un doute sur le bénéfice fonctionnel rapporté. Au demeurant, l’existence même de cellules souches cardiaques dans le cœur humain adulte et a fortiori pathologique, qui seraient susceptibles d’être mobilisées et de se substituer aux cardiomyocytes détruits, est fortement discutée. Plus modeste dans ses ambitions (on y parle de cellules cardiaques sans préjuger de leur caractère de cellules souches), le second essai (CADUCEUS) a consisté à prélever un fragment de muscle ventriculaire droit par biopsie transjugulaire, à en isoler des cellules qui semblent assez hétérogènes, avec une forte composante mésenchymateuse et à les réinjecter, comme dans l’étude précédente, par voie intracoronaire (3). Ici encore, les résultats sont jugés positifs par les auteurs, même si certains s’interrogent sur le fait que le bénéfice, établi par l’IRM sous forme d’une réduction de la zone nécrosée, ne s’accompagne pas d’une amélioration de la fonction cardiaque. L’évaluation de cette stratégie va néanmoins se poursuivre sous la forme d’un plus vaste essai randomisé (ALLSTAR) qui utilisera le même type de cellules, mais d’origine allogénique. Le fait que les auteurs assument l’hypothèse de la disparition, par rejet, de ces cellules traduit bien que dans leur esprit, elles agissent plus ici encore par des effets paracrines que par la formation d’un tissu contractile. Cette génération d’un nouveau myocarde ne semble en fait pouvoir être obtenue que par des cellules souches pluripotentes, prédifférenciées in vitro vers un phénotype cardiaque ou plus généralement mésodermique (avec alors possibilité d’une différenciation à la fois cardiaque et vasculaire) avant d’être transplantées. C’est cette approche qui explique l’intérêt porté aux cellules souches embryonnaires dérivées d’embryons très précoces (4-6 jours après la fécondation) conçus dans le cadre d’une aide à la procréation et ne faisant plus l’objet d’un projet parental. Leur utilisation clinique n’est plus un mythe puisque deux essais sont en cours : - l’un a utilisé ces cellules prédifférenciées en oligodendrocytes pour réparer des lésions traumatiques de la moelle épinière (il a été interrompu pour des raisons financières) ; 15 Menasche:attitude 19/10/12 15:49 Page 16 - l’autre, qui se poursuit, cherche à traiter la dégénérescence maculaire par des cellules souches embryonnaires prédifférenciées en progéniteurs rétiniens. Deux défis majeurs Dans le cas du cœur, la différenciation des cellules souches embryonnaires en progéniteurs cardiaques est aujourd’hui un processus assez bien maîtrisé, et ces cellules sont, à ce jour, les seules capables d’une intégration électromécanique, prérequis à une contribution réelle à la fonction contractile, du moins dans des conditions expérimentales (4). Toutefois, indépendamment des aspects éthiques qu’une loi, unique au monde et promulguée par le gouvernement précédent, a finalement réglés (cette recherche est interdite, mais peut être autorisée !), l’utilisation thérapeutique des cellules souches embryonnaires pose deux défis majeurs : - Le premier est lié au risque tumoral si des cellules incomplètement prédifférenciées, c’est-à-dire encore pluripotentes et donc capables d’une prolifération incontrôlée, venaient à être greffées, d’où l’importance de l’étape de tri pour ne conserver qu’une population pure de progéniteurs. - Le second découle du caractère allogénique de ces cellules et donc du risque de leur rejet ; une recherche importante est aujourd’hui consacrée au développement de stratégies d’immunomodulation qui permettraient d’éviter un lourd traitement immunosuppresseur dont on connaît les risques ; dans ce domaine, la possibilité d’induire une tolérance immunitaire (déjà démontrée pour la transplantation d’organes solides) par la brève administration d’anticorps (antiCD3 ou anti-CD4 et CD8) apparaît comme l’une des options les plus attractives pour orienter favorablement le rapport bénéfice/risque. Cette observation explique l’importance de la recherche visant à améliorer la prise de greffe, principalement par la combinaison des cellules avec des biomatériaux permettant de « protéger » les cellules pendant le transfert et de créer, grâce à leurs propriétés physico-chimiques, un micro-environnement favorisant la prolifération et la différenciation des cellules tout en stimulant le développement de la vascularisation nécessaire à leur survie. Le cœur étant un organe anisotrope, c’est-à-dire dont la fonction est dépendante de l’orientation de ses fibres, ces matériaux ensemencés peuvent être « travaillés » avant leur implantation afin que les cellules soient déjà orientées en faisceaux et puissent former ainsi in vivo un néo-tissu capable de contribuer efficacement à la contraction. Il est donc vraisemblable que l’utilisation des techniques d’ingénierie tissulaire va améliorer l’efficacité de la thérapie cellulaire. Vers une thérapie cellulaire sans cellules… S’il reste difficile de prévoir encore quelle sera la place exacte de cette approche pour traiter certaines pathologies cardiaques, aiguës ou chroniques - seuls des essais complexes et coûteux apporteront une réponse -, on peut néanmoins espérer, au vu des moyens considérables attribués à cette recherche dans le monde, que l’utilisation de cellules trouvera une application thérapeutique en cardiologie, comme elle l’a trouvée avec succès dans le traitement des brûlures ou des hémopathies. Il n’est même pas inconcevable que s’il s’avérait, in fine, que les cellules agissent dans le cœur par des mécanismes exclusivement paracrines, on aboutisse un jour à une thérapie cellulaire… sans cellules, seuls étant administrés, tels des médicaments, les facteurs identifiés comme les plus cardioprotecteurs et sécrétés par des cellules maintenues en culture à des seules fins de production et non plus de greffe. ■ Les cellules pluripotentes induites Une abondante littérature est aussi consacrée aux cellules pluripotentes induites (iPS) qui sont des cellules adultes reprogrammées à un état pseudo-embryonnaire avant d’être redifférenciées dans la direction souhaitée. Leurs avantages principaux sont d’éviter le débat éthique sur l’embryon et, en principe (car cela est discuté), les problèmes immunitaires puisque ces cellules peuvent être prélevées chez le patient luimême (fibroblastes cutanés, voire follicules pileux). Toutefois, leur application clinique potentielle se heurte à des obstacles importants, et notamment le risque d’aberrations génétiques liées au processus de reprogrammation, même si l’on peut s’affranchir des vecteurs viraux initialement utilisés pour transfecter les cellules avec les facteurs nécessaires pour les ramener à un état pseudo-embryonnaire. Aussi s’accorde-t-on à reconnaître que ces iPS sont aujourd’hui surtout utiles pour le criblage de médicaments ou la modélisation de certaines maladies, alors que leur application à la médecine régénérative reste plus incertaine et en tout cas sans doute lointaine. Il convient enfin de souligner que tout comme dans le cas de l’infarctus au stade aigu, un problème général est ici le faible nombre de cellules qui survivent dans le tissu greffé. 16 Pour en savoir plus 1. Clifford DM. Stem cell treatment for acute myocardial infarction. Cochrane Database Syst Rev 2012; 2: CD006536. 2. Bolli R. Cardiac stem cells in patients with ischaemic cardiomyopathy (SCIPIO): initial results of a randomised phase 1 trial. Lancet 2011; 378: 1847-57. 3. Makkar RR. Intracoronary cardiosphere-derived cells for heart regeneration after myocardial infarction (CADUCEUS): a prospective, randomised phase 1 trial. Lancet 2012; 379: 895-904. 4. Shiba Y. Human ES-cell-derived cardiomyocytes electrically couple and suppress arrhythmias in injured hearts. Nature 2012. doi: 10.1038/nature11317. In press. Pour toute correspondance avec l’auteur [email protected] CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 ECG_Combes 81:attitude 19/10/12 15:51 Page 18 RéponseAttitudes Quiz ECG Jean-François Leclercq Paris et Le Chesnay I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I de la page 13 C’est l’histoire d’une jeune fille de 17 ans, consultant pour des palpitations fréquentes. L’examen clinique est normal en dehors d’irrégularités à l’auscultation. Elle ne prend aucun traitement. De fait, la patiente décrit des ratés, et des tachycardies rapides à début et fin brusques. Quelle est votre interprétation ? Quel traitement proposez-vous ? L’ aspect de WPW est connu depuis l’enfance chez cette jeune fille. La topographie est a priori parahisienne avec une onde delta positive en D1,D2,D3. Les extrasystoles sont à retard gauche, mais leur axe est différent, avec une négativité initiale en D1 et VL alors que l’onde delta est positive dans ces dérivations. Il y a donc vraisemblablement à la fois un WPW parahisien et des ESV provenant de l’infundibulum pulmonaire. On décide de pratiquer une exploration électrophysiologique. Avant toute montée de sonde, on enregistre à nouveau des ESV infundibulaires. L’exploration permet de déclencher par simple extrastimulation auriculaire des tachycardies réciproques orthodromiques à QRS fins, utilisant la voie accessoire en rétrograde. La période réfractaire antérograde de la voie accessoire est très longue, 500 ms, avec disparition brutale de l’aspect de WPW en stimulation atriale à 120 bpm. Après discussion avec la patiente et ses parents, on décide de ne pas pratiquer d’ablation de la préexcitation compte tenu de sa localisation à proximité de la voie normale et de son absence de dangerosité. Les troubles du rythme ventriculaire sont peu fréquents sur le Holter de 24 heures, et ne comportent pas de 18 salves, dans les conditions de repos de l’hospitalisation. Un traitement par flécaïnide et bisoprolol est conseillé. L’activité physique modérée est autorisée, le sport est interdit. La patiente est revue 17 ans plus tard, à l’âge de 34 ans. Elle n’a plus eu de tachycardie paroxystique sous flécaïnide seul, ne prenant le bêtabloquant que de façon ponctuelle. Elle a mené à bien deux grossesses sans problème particulier. Par précaution, le flécaïnide a été stoppé lors de ces deux grossesses en raison de l’absence de données sur la tératogenèse de ce produit. On note que l’aspect de préexcitation n’est plus visible sur l’ECG, même en l’absence de traitement. A la fin de la 2e grossesse, après arrêt du flécaïnide, des palpitations réapparaissent, et on enregistre l’ECG ci-dessous, caractéristique d’une TV en salves bénigne infundibulaire. Le traitement médical est repris ultérieurement avec succès. Cette patiente avait donc bien deux pathologies rythmiques différentes, sans rapport l’une avec l’autre : une préexcitation et des TV en salves infundibulaires. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 art&coeur:art 19/10/12 15:52 Page 19 Art et Cœur Pascal Guéret I Photographie - sculpture - littérature - poésie - peinture - musique I Le cœur vendéen Marie-Cécile Bouju © DR CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 © DR I nitialement, le cœur vendéen se réfère au culte du Sacré-Cœur, né au XIIe siècle et qui s’est développé à partir du XVIIe siècle. Le culte cordicole, très commun en Europe, n’était pas exempt d’arrière-pensée politique, car très présent chez les antijansénistes et les ennemis de « l’irréligion » pendant le siècle des Lumières. Cet insigne devint l’un des signes distinctifs des populations qui se soulevèrent contre les révolutionnaires. Des troubles et désordres apparurent en différents points du pays, mus par des motifs économiques, politiques ou religieux. En mars 1793, des paysans vendéens se soulevèrent contre l’obligation de levée de troupes et défirent les troupes républicaines. Cet événement fut instrumentalisé par les deux camps : le camp royaliste, mais aussi le camp républicain qui s’en empara pour en faire le symbole de la réaction. Le soulèvement se transforma en une guerre civile extrêmement brutale et longue, qui fit entre 170 000 et 200 000 morts. Comme dans d’autres régions soulevées, les paysans vendéens avaient choisi comme emblème le port du Sacré-Cœur, souvent sous la forme d’un scapulaire simple, un cœur rouge orné d’une croix sur fond blanc. La signification en était à la fois religieuse et politique, puisqu’ils combattaient pour le rétablissement de l’ordre ancien, monarchique et religieux. Le camp royaliste l’adopta à son tour, les légitimistes choisissant finalement la forme du double cœur : un pour Dieu, un pour le Roi. Au XIXe siècle, ce symbole resta cantonné à la sphère religieuse, même si la politique n’était jamais loin. Ainsi, en 1870, des Vendéens constituèrent une troupe sous la bannière du SacréCœur lorsque les Etats du Pape furent menacés par Napoléon III. Pendant la Première Guerre mondiale, des soldats vendéens portèrent ce carré de tissu censé protéger à la fois la Patrie et l’Eglise de France. Ce symbole retrouva sa force politique avec la IIIe République. La diffusion énergique de la culture républicaine entraîna de la part de l’Eglise catholique et des notables locaux l’élaboration d’une contre-propagande : une mémoire et une histoire des guerres de Vendée furent ainsi ranimées et reconstruites. Le cœur vendéen devint alors un symbole politique de la droite réactionnaire et antirépublicaine. Ainsi, les nobles vendéens qui rejoi- © Conseil général de Vendée Emblème du département de Vendée, le cœur vendéen est aujourd’hui représenté sous une forme très stylisée et géométrique : un double cœur couronné et surmonté d’une croix, sur fond blanc et rouge, la couronne étant discrètement représentée par deux traits horizontaux. Il s’éloigne ainsi d’une de ses formes premières et rudimentaires : un cœur rouge surmonté d’une croix sur fond blanc. Mais il prend aussi ses distances avec le premier emblème choisi en 1943 pour symboliser le département : un blason composé d’un double cœur rouge couronné et orné d’une croix et d’un écu orné de châteaux et de fleurs de lys, accompagné d’une devise latine. Chacune de ces versions souligne les rôles successifs de ce symbole : l’insigne religieux, l’emblème politique, le « logo ». Chef de rubrique gnirent les troupes fascistes en Espagne en 1936 l’arborèrent. En 1943, lors du 150e anniversaire de la Guerre de Vendée, à l’issue d’un concours, le cœur vendéen fut choisi pour représenter la Vendée, choix validé par le gouvernement de Vichy : un blason avec deux cœurs entrelacés surmontés d’une couronne et d’une croix, au centre d’un écu, et une devise - ambiguë - Utrique fidelis (fidèle à l’un et à l’autre). Lors des célébrations du Bicentenaire de la Révolution française en 1989, une forme stylisée fut adoptée, gommant les aspects les plus signifiants historiquement : la devise, l’écu disparaissent ; la croix et la couronne sont simplifiées à l’extrême. Mais certains Vendéens s’émurent de l’apposition d’un tel symbole sur le fronton des écoles publiques. Le tribunal administratif rejeta leur plainte, signifiant que l’aspect religieux et politique du symbole avait désormais laissé la place à la communication, phénomène commun aux collectivités territoriales qui cherchent maintenant à attirer touristes et investisseurs. ■ 19 Ouverture_cardio interventionnelle:modeles 19/10/12 15:53 Page 21 Cardio interventionnelle pour le praticien Traiter l’ischémie plutôt que la lésion L es résultats définitifs de l’étude FAME II viennent d’être présentés au Congrès de l’ESC à Munich et publiés simultanément dans le New England Journal of Medicine. Il était difficile de passer sous silence les conclusions de cet essai qui devraient à terme modifier la prise en charge des patients coronariens stables. Le fait d’associer angioplastie avec stent actif et traitement médical optimal réduit le risque de revascularisation en urgence d’un facteur 8 par rapport au traitement médical seul. Le recours à un critère fonctionnel ischémique plutôt qu’anatomique permet donc de sélectionner les patients susceptibles de bénéficier d’une angioplastie. A y regarder de plus près, ces résultats viennent compléter plutôt que contredire ceux de l’étude COURAGE dans laquelle seulement 85% des patients avaient bénéficié d’un test de détection ischémique non invasif. Sommaire 22 • Indications de l’angioplastie ad hoc : que disent les recommandations ? Luc Lorgis, Caroline Brulliard, Olivier Hachet, Philippe Buffet, Isabelle L’Huillier, Aurélie Gudjoncik, Yves Cottin 26 • La voie radiale expose-t-elle vraiment le patient et l’opérateur à des doses de rayons supérieures ? Jean-Louis Georges 31 • Prévention des complications hémorragiques en angioplastie Nicolas Meneveau 35 • Alcoolisation septale : résultats, indications Patrick Ohlmann 37 • Congrès EuroPCR Paul Luporsi Pour mémoire, COURAGE n’avait pas montré de supériorité de l’angioplastie sur le traitement médical optimal chez les patients coronariens stables. Dans FAME II, le traitement médical seul confirme qu’il est efficace chez les patients dont les lésions ne sont pas responsables d’une ischémie documentée par FFR. En outre, l’étude ancillaire COURAGE-Nuclear montrait que les patients ayant une ischémie touchant plus de 10% du myocarde à la scintigraphie (un tiers des patients dépistés) bénéficiaient d’un geste d’angioplastie. Une proportion importante de patients sans ischémie a donc été incluse dans COURAGE, alors que, rappelons-le, tous les patients randomisés dans FAME II avaient au moins une lésion fonctionnellement significative. Au-delà de l’enthousiasme évident qu’ont soulevé les résultats de FAME II dans la communauté cardiologique, il convient de rappeler que l’étude a été prématurément interrompue pour des raisons critiquables. La décision d’arrêter les inclusions a été portée sur des critères secondaires d’hospitalisation et de revascularisation qui dans une étude menée « en ouvert » sont l’objet d’une certaine subjectivité. La décision d’hospitaliser ou de revasculariser peut, en effet, être influencée par la perception qu’a l’investigateur des résultats de la randomisation : l’indication de revascularisation sera plus facilement retenue chez les patients initialement traités médicalement. En outre, l’interruption prématurée d’une étude conduit souvent à une surestimation des bénéfices. Mais le plus regrettable est de penser que l’on a peut-être manqué là une belle occasion d’évaluer l’apport de l’angioplastie en termes d’infarctus ou de décès chez le coronarien stable. Il faut espérer malgré tout que cela suffise à convaincre les autorités, qu’en termes de service médical rendu, le recours à la FFR justifie son remboursement. Le problème économique n’est d’ailleurs pas le seul obstacle à l’usage de la FFR en pratique quotidienne. Le nombre annuel d’angioplasties affiché par les centres est vu comme un critère de qualité. Pour la presse grand public (et les autorités), plus le volume d’angioplasties d’un centre est important, meilleure est la qualité des soins qui y sont prodigués. Or, pratiquer une FFR revient, en pratique, à ne revasculariser qu’un tiers des lésions testées. Enfin, laisser en place, sur les données de la FFR, une lésion qui apparaît significative en angiographie demande souvent plus d’énergie à expliquer au patient qu’il est préférable de s’abstenir, que l’énergie déployée pour implanter un stent. Malgré cela, les résultats de FAME II sont susceptibles de modifier notre pratique clinique courante à plus d’un titre : l’utilisation de la FFR est une technique largement appliquée, les résultats de l’étude sont pertinents d’un point de vue clinique, et surtout ils permettent de répondre à des problèmes jusque-là non résolus tout en justifiant le choix thérapeutique effectué. Mieux, FAME II apporte des preuves supplémentaires pour considérer la FFR comme le standard de soins chez les coronariens. Il ne reste plus qu’à faire en sorte de pouvoir appliquer cette stratégie à notre pratique quotidienne, comme le stipulent les recommandations européennes et américaines. ■ Pr Nicolas Meneveau, rédacteur en chef CHU Jean-Minjoz, Besançon CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 21 interventionnelle_Lorgis 19/10/12 15:54 Page 22 Cardio interventionnelle pour le praticien Luc Lorgis, Caroline Brulliard Olivier Hachet, Philippe Buffet Isabelle L’Huillier Aurélie Gudjoncik, Yves Cottin CHU, Dijon Indications de l’angioplastie ad hoc : que disent les recommandations ? L'angioplastie ad hoc (dans la continuité immédiate de la coronarographie diagnostique) est largement pratiquée ; elle a des avantages indéniables, notamment en termes de confort pour le patient, de réduction du risque de saignement au point de ponction ou de coût. Pour autant, elle ne doit pas être considérée comme la stratégie par défaut et doit faire l'objet de protocoles de prise en charge spécifiques de certaines situations anatomiques et cliniques, définis au sein de chaque établissement. Nous envisagerons dans cet article les différentes situations cliniques rencontrées : l’infarctus avec sus-décalage du segment ST, l’infarctus sans sus-décalage du segment ST, puis enfin la cardiopathie ischémique stable, le tout avec un penchant européen en nous focalisant sur les recommandations ESC. Infarctus avec sus-décalage du segment ST Le contexte dans lequel l’angioplastie immédiate a montré son efficacité en améliorant le pronostic des patients, mais aussi en diminuant la taille de l’infarctus, est celui de l’infarctus avec sus-décalage du segment ST. L’angioplastie primaire avec réalisation, dans un contexte pharmacologique optimisé, de l’implantation d’un stent ne fait plus débat. Cette stratégie est indiquée chez tous les patients pris en charge dans les 12 premières heures après le début des symptômes, voire après 12 heures si les patients gardent une douleur ou des modifications électriques. Les nouvelles recommandations éditées par l’European Society of Cardiology (1) mettent maintenant en avant l’utilisation préférentielle de stents à élution médicamenteuse en l’absence de contre-indication et en limitant le geste de revascularisation au vaisseau coupable chez les patients ne présentant pas d’état de choc cardiogénique. Autre point important souligné par ces recommandations : l’utilisation de l’approche radiale qui contribue à diminuer fortement les complications hémorragiques au point d’accès, ainsi que l’emploi de molécules antithrombotiques et antiagrégantes plaquettaires lors de ces procédures. Il est à noter que chez les patients pris en charge tardivement après 24 heures, et stables cliniquement, un bilan à la recherche d’une viabilité doit être conduit en première intention et préalablement à toute discussion de revascularisation. Enfin, en raison de résultats cliniques discordants, le niveau de recommandation reste faible pour l’utilisation de système de thrombo-aspiration systématique. On regardera avec intérêt les résultats de l’étude MIMI (Minimal Intervention for Myocardial Infarction), dont l’objectif est de comparer l’effet sur l’atteinte microcirculatoire de deux stratégies d’angioplastie primaire à la phase aiguë du STEMI : 22 la technique d’implantation immédiate du stent et une technique en 2 étapes avec thrombo-aspiration immédiate et implantation différée du stent. Les syndromes coronaires sans sus-décalage du segment ST (2) Le délai optimal de prise en charge, en particulier de la coronarographie, reste, bien entendu, pondéré par le niveau de risque du patient établi selon le score GRACE. On sait maintenant que l’imprégnation par les molécules bloquant le récepteur GPIIb/IIIa chez les patients à haut risque doit être le plus précoce possible afin d’obtenir les meilleurs résultats sur l’obstruction microvasculaire et la taille de l’infarctus, avec une mention spéciale pour les patients diabétiques. Chez les patients victimes d’un syndrome coronaire, mais sans sus-décalage du segment ST, environ un tiers se présentent avec une lésion monotronculaire, tout à fait accessible à un geste de revascularisation ad hoc. Dans le contexte d’une prise en charge invasive avec stenting, il est aussi recommandé d’utiliser les nouvelles plates-formes de stent actif dont l’efficacité, mais surtout la sécurité, semble maintenant établie. Toutefois, l’évaluation préalable du risque hémorragique du patient reste primordiale, d’autant que l’association par double antiagrégation plaquettaire sera prolongée. Dans le cas d’atteintes multitronculaires, la décision est parfois plus difficile et doit être pondérée par les comorbidités du patient, la présentation clinique ainsi que la disponibilité du plateau technique. Il est recommandé, pour chaque centre de cardiologie interventionnelle, d’avoir déterminé, après discussion entre l’équipe d’angioplasticiens et les chirurgiens cardiaques, un score Syntax seuil. En dessous de ce seuil, l’angioplastie même multiple peut être recommandée, alors qu’au-delà une stratégie hybride (combinant angioplastie + pontage) ou une prise en charge uniquement chirurgicale doit être recommandée. Enfin, notons le cas particulier des patients présentant une artère coupable avec un flux TIMI II et une charge thrombotique importante : la question d’une prise en charge miniinvasive ou d’une imprégnation prolongée d’anti-GPIIb/IIIa préalable à la mise en place du stent, précédée ou non d’une thrombectomie, reste à évaluer. La maladie coronaire stable Depuis les recommandations conjointes de l’European Society of Cardiology et de l’European Association for Cardio-Thoracic Surgery (3) réunies sur un modèle d’équipe médico-chirurgicale, l’angioplastie ad hoc a tout simplement CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 interventionnelle_Lorgis 19/10/12 15:54 Page 23 avant cathétérisme chez les patients symptomatiques ou non à la recherche d’un substrat ischémique intéressant au moins 10 à 15% du ventricule gauche. Dès lors que l’ischémie est documentée, si une lésion coronaire > 50% est mise en évidence surtout dans le territoire ischémique, point de débat : stentons ! Dans le cas particulier du tronc commun, l’angioplastie reçoit une recommandation de niveau IIa B ou IIb B (Tableau 2). Chez les patients adressés d’emblée en salle de cathétérisme sans aucune épreuve fonctionnelle préalable (même s’il s’agit d’un effectif faible), ou encore chez le pluritronculaire, l’utilisation de la mesure de la réserve coronaire (FFR : Fractional Flow Reserve) est recommandée et a démontré son intérêt en améliorant les événements, ainsi qu’en diminuant l’utilisation du stenting dans 2 études : DEFER (5) et FAME I (6). Toutefois, aujourd’hui, la décision de recourir à l’angioplastie est (encore) généralement prise suivant l’apparence des lésions à l’angiographie, sans utiliser de critère de pression comme la FFR. Or, cette dernière détecte la présence d’une ischémie impossible à évaluer à partir des caractéristiques initiales des patients et des données visuelles. Elle permet donc de poser formellement une indication d’angioplastie. De ce point de vue, les résultats définitifs de l’étude FAME II (7) (FFR-Guided Percutaneous Coronary Intervention Plus Optimal Medical Therapy vs. Optimal Medical Therapy Alone in Patients with Stable Coronary Artery Disease), présentés à l’ESC 2012 et publiés récemment dans le New England Journal of Medicine, enfoncent le clou et encouragent la mesure de la réserve coronaire déterminée par l’utilisation d’un guide de pression endocoronaire pour détecter une ischémie et décider de réaliser une angioplastie chez le coronarien stable. De Bruyne, et al. ont mené cette étude dans 28 centres européens et nord-américains : 1 220 patients (sur les 1 632 prévus), tous des coronariens stables programmés pour recevoir un stent actif sur une, deux ou trois lésions, ont été recrutés, avec un suivi à 2 ans. Les patients qui présentaient au moins une sténose avec FFR < 0,8 (n = 888) ont été randomisés pour recevoir une prise en charge par angioplastie et un traitement médical optimal ou un traitement médical optimal seul. Ceux qui pré- Indications potentielles des angioplasties ad hoc versus revascularisation Angioplastie ad hoc Patients hémodynamiquement instables (y compris choc cardiogénique) Lésion responsable de STEMI et NSTE-SCA Patient stable à faible risque avec atteinte mono- ou bitronculaire (hors IVA proximale) et de morphologie favorable Première resténose Coronarographie et revascularisation en 2 temps Lésions à haut risque Insuffisance cardiaque chronique Insuffisance rénale (clairance de la créatinine < 60 ml/min) si le volume total contraste exigé est > 4 ml/kg Patients stables avec lésions multitronculaires impliquant l’IVA Patients stables avec lésions ostiales ou complexes de l’IVA proximale Tout motif suggérant un risque plus élevé d’une angioplastie ad hoc Tableau 1. disparu des recommandations. Publiées après l’étude pivot SYNTAX (4), elles permettent de mieux comprendre l’articulation entre angioplastie et chirurgie lors de la prise en charge des coronariens stables, qui, doit-on le rappeler, n’ont comme seul bénéfice que d’être améliorés d’un point de vue fonctionnel, plus rarement du point de vue de la morbi-mortalité. La disparition de l’angioplastie ad hoc dans ces recommandations souligne qu’il est préférable de se donner le temps de la réflexion avant de prendre une décision thérapeutique (Tableau 1), bien que les recommandations sur la prise en charge de la revascularisation myocardique, publiées par l’European Heart Journal en 2010, insistent sur l’évaluation 1 ou 2 vaisseaux ; IVA non proximale 1 ou 2 vaisseaux ; IVA proximale 3 vaisseaux ; lésions simples, accessibles à l’angioplastie, score Syntax ≤ 22 3 vaisseaux ; lésions complexes non entièrement accessibles à l’angioplastie, score Syntax > 22 TC (isolé ou + 1 vaisseau, lésion ostiale) TC (isolé ou + 1 vaisseau, lésion distale ou bifurc.) TC + 2/3 vaisseaux, score Syntax ≤ 32 TC + 2/3 vaisseaux, score Syntax > 32 Indication de la chirurgie versus l’angioplastie chez les patients stables, dont les lésions relèvent des 2 procédures et présentant un faible risque chirurgical En faveur de la chirurgie IIb C IA IA IA IA IA IA IA En faveur de l’angioplastie IC IIa B IIa B IIIA IIa B IIb B IIb B III B Tableau 2. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 23 interventionnelle_Lorgis 19/10/12 15:54 Page 24 Cardio interventionnelle pour le praticien FAME II : résultats sur l’IDM et la mortalité toute cause Infarctus du myocarde Décès toute cause 35 30 Incidence cumulée (%) Incidence cumulée (%) 35 Angioplastie vs traitement médical HR 1,05 (IC 95% [0,51-2,19] ; p = 0,89 25 Angioplastie vs registre HR 1,61 (IC 95% [0,48-5,37] ; p = 0,41 20 Traitement médical vs registre HR 1,65 (IC 95% [0,50-5,47] ; p = 0,41 15 10 5 30 Angioplastie vs traitement médical HR 0,33 (IC 95% [0,03-3,17] ; p = 0,31 25 Angioplastie vs registre HR 1,12 (IC 95% [0,05-27,33] ; p = 0,54 20 Traitement médical vs registre HR 2,66 (IC 95% [0,14-51,18] ; p = 0,30 15 10 5 0 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 0 1 2 3 Mois après la randomisation sentaient une FFR > 0,8 (inclus dans un registre) ont été traités par traitement médical optimal (n = 332). Une majorité des patients était classée en stade CCS1 ou 2 et avait une atteinte monotronculaire, seuls 3% présentaient une atteinte multitronculaire. L’étude a été interrompue prématurément au bout de 7 mois de suivi, en raison d’une différence hautement significative sur le critère primaire de jugement (critère composite associant : mortalité toute cause, survenue d’un IDM, hospitalisation non programmée avec revascularisation en urgence) dans le groupe FFR + angioplastie, et essentiellement sur le critère revascularisation urgente (49 patients dans le groupe traitement médical versus 7 patients dans le groupe FFR + traitement médical ; p < 0,001). On peut noter que pour les critères durs (mortalité ou infarctus du myocarde), il n’existe pas de différence entre les 2 groupes (Figure), et on ne peut que regretter l’interruption prématurée de ce travail qui était une occasion inespérée de démontrer un bénéfice sur des critères autres que fonctionnels. Petit regret supplémentaire, l’indication de revascularisation urgente ne nécessitait pas la recherche d’un substrat ischémique ou la positivité de biomarqueurs et était quasiment basée sur l’appréciation clinique des praticiens, ce qui me paraît pour le moins un critère subjectif. Enfin, et cela me semble le point le plus important, seule une faible proportion de patients (16%) ont bénéficié d’explorations en amont authentifiant un retentissement ischémique sur le ventricule gauche, comme cela avait pu être fait dans les études COURAGE (8) ou BARI 2D (9). Bien qu’incomplets, les résultats de FAME II rassurent l’angioplasticien : FAME I a démontré qu’il ne faut pas revasculariser les lésions n’abaissant pas la réserve coronaire, et FAME II qu’il faut dilater les artères quand la FFR < 0,8. Néanmoins il s’agit d’une procédure invasive pouvant être compliquée de dissection coronaire ou d’occlusion par déstabilisation de plaques. Enfin, c’est un examen qui reste coûteux et, pour l’heure, non remboursé par les autorités de tutelle et qui doit donc 24 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Mois après la randomisation être pris en charge par le patient ou par la structure dans laquelle il est accueilli. On l’aura compris, dans le contexte de la maladie coronaire stable, l’angioplastie ad hoc n’a quasiment aucun intérêt en dehors des patients chez lesquels l’exploration non invasive est impossible, et ils ne sont pas nombreux. Il reste aux coronarographistes à scruter les résultats de l’étude clinique ISCHEMIA, actuellement en cours, qui teste l’intérêt sur le long terme de la supériorité de la revascularisation + traitement médical versus traitement médical seul, chez les patients coronariens stables porteurs d’une ischémie myocardique modérée à sévère, évaluée par les techniques non invasives. ■ Pour en savoir plus 1. ESC Guidelines for the management of acute myocardial infarction in patients presenting with ST-segment elevation. The Task Force on the management of ST-segment elevation acute myocardial infarction of the European Society of Cardiology (ESC). European Heart Journal 2012. 2. ESC Guidelines for the management of acute coronary syndromes in patients presenting without persistent ST-segment elevation. European Heart Journal 2011; 32 : 2999-3054. 3. Guidelines on myocardial revascularization. The Task Force on Myocardial Revascularization of the European Society of Cardiology (ESC) and the European Association for Cardio-Thoracic Surgery (EACTS). European Heart Journal 2010; 31 : 2501-55. 4. Serruys PW, Morice MC, Kappetein AP, Colombo A, Holmes DR, Mack MJ, Ståhle E, Feldman TE, van den Brand M, Bass EJ, Van Dyck N, Leadley K, Dawkins KD, Mohr FW; SYNTAX Investigators. Percutaneous coronary intervention versus coronary-artery bypass grafting for severe coronary artery disease. N Engl J Med 2009 ; 360(10) : 961-72. Pour toute correspondance avec l’auteur [email protected] CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 interventionnelle_Georges 19/10/12 15:55 Page 26 Cardio interventionnelle pour le praticien Jean-Louis Georges Service de cardiologie, Centre hospitalier de Versailles, hôpital André-Mignot, Le Chesnay La voie radiale expose-t-elle vraiment le patient et l’opérateur à des doses de rayons supérieures ? Proposée depuis le début des années 1990, la voie artérielle radiale est devenue la voie d’abord prédominante en Europe et en France pour réaliser les coronarographies et les interventions coronaires percutanées (ICP). Ses avantages par rapport à la voie fémorale sont une immobilisation réduite du patient et une diminution du risque hémorragique au point de ponction. La voie radiale vient d’entrer dans les recommandations de l’ESC 2012 pour les procédures réalisées en phase aiguë d’infarctus (classe IIa, niveau de preuve B), grâce à deux études, RIVAL et RIFLE STEACS, qui ont montré qu’elle est associée à une réduction de la morbi-mortalité. Cependant, pour beaucoup de cardiologues, la voie radiale reste associée à des doses de rayons X (RX) plus élevées, tant pour le patient que pour l’opérateur. Qu’en est-il réellement ? La voie radiale expose-t-elle le patient à une irradiation supérieure ? ➜ Les données de la littérature Depuis 1996, une vingtaine d’études observationnelles ou randomisées ont comparé la voie radiale et la voie fémorale et ont inclus une estimation des doses reçues par le patient. Le Tableau 1 résume les résultats des études ayant comparé le Produit Dose.Surface (PDS) exprimé en Gy.cm² (1). (Les lecteurs peu familiers des paramètres de doses et des valeurs habituelles sont invités à se reporter à l’encadré « Les mesures d’exposition : les 10 points clés ».) Pour faciliter la lecture, le tableau indique la différence absolue « Radiale-Fémorale » Dose de RX délivrée au patient (PDS en Gy.cm²) en cardiologie interventionnelle coronaire : comparaison de la voie radiale et de la voie fémorale Etude Randomisée Fémorale n PDS* n Radiale PDS* p Coronarographie Différence absolue (R-F) Δ PDS Bornes de l’IC à 95% Sandborg, 2004 NR 40 38 ± 22 36 51 ± 25 < 0,01 13 2,4 – 23,6 Lange, 2006 R 103 13 ± 8 92 15 ± 8 < 0,05 2 0,2 – 4,2 Brasselet, 2008 NR 98 38 [10-130] 150 59 [15-334] < 0,0001 21 15,9 – 26,1 Achenbach, 2008 R 155 32 ± 18,9 152 37,4 ± 23,7 NS 5 - 0,2 – 9,8 Brueck, 2009 R 494 38,2 [20,4-48,5] 511 41,9 [22,6-52,2] 0,03 3,7 3,1 – 4,3 RAY'ACT, 2011 soumis NR 21 726 26,8 [15,1-44,5] < 0,0001 - 1,3 - 2,1 – - 0,5 9 055 28,1 [16,4-46,9] Angioplastie coronaire Larrazet, 2003 NR 184 138 [93-197] 218 175 [128-246] < 0,001 37 27,2 – 46,8 Larrazet, 2003 NR 263 185 ± 117 328 242 ± 137 < 0,0001 57 36,5 – 77,5 Philippe, 2004 NR 75 151 ± 86 87 229 ± 133 0,01 78 43,9 – 112,1 Sandborg, 2004 NR 42 47 ± 34 24 75 ± 47 < 0,05 28 6,6 – 49,4 Geijer, 2004 NR 114 70,5 ± 56,8 55 69,8 ± 54,8 NS -1 - 18,9 – 16,9 Lange, 2006 R 48 46 ± 26 54 51 ± 29 NS -5 - 16,3 – 6,3 Brasselet, 2008 NR 83 103 [23-383] 90 125 [21-398] < 0,001 22 8,6 – 35,4 Hetherington, 2009 NR 480 32 [20-49] 571 25 [15-37] < 0,001 -7 - 8,2 – - 5,8 RAY'ACT, 2011 soumis NR 17 134 55,6 [32,1-92,1] < 0,0001 - 3,8 - 5,7 – - 1,9 7 863 59,4 [34,6-99,9] * PDS en Gy.cm² présentés, selon les études, soit par la médiane avec les quartiles entre crochets, soit par la moyenne ± l'écart type. Les PDS n'ayant pas une distribution normale, les moyennes sont faussement majorées par rapport aux médianes, les écarts types sont très élevés, ne permettant pas une estimation correcte des variations autour de la moyenne. Les bornes de l'IC 95% de la différence absolue de PDS sont donc données à titre indicatif. Tableau 1. 26 CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 interventionnelle_Georges 19/10/12 15:55 Page 27 Les mesures de l’exposition : les 10 points clés 1. La dose de rayonnement reçue par un patient peut être exprimée en gray (Gy) ou en sievert (Sv). 2. Le gray mesure la « dose absorbée » localement (1 Gy correspond à l’absorption d’une énergie de 1 J/kg de tissu). Les doses directement reçues par le patient, dites doses à la peau, s’expriment en Gy, et il existe un risque de brûlure cutanée ou de radiodermite pour des doses cumulatives > 2 ou 3 Gy (2). 3. La vraie dose à la peau du patient est rarement mesurée, car elle nécessite des films dosimétriques appliqués sur la peau du patient dans la zone recevant les rayons qui varie avec les arceaux mobiles. 4. Les appareils récents de cardiologie interventionnelle fournissent 2 chiffres d’exposition globale : le PDS (produit dose.surface) et la dose cumulée (ou Air Kerma total). 5. Le PDS exprimé en Gy.cm² est une estimation de la dose totale émise et reçue par le patient. Une coronarographie délivre en médiane 30 Gy.cm² et une angioplastie coronaire 60 Gy.cm². 6. La dose cumulée donnée en Gy ou en mGy est calculée par les systèmes à capteur plan pour un point situé 15 cm sous l’isocentre, et est censée estimer la dose à la peau (sans l’atténuation de la table et du matelas). des PDS médians ou moyens (une différence > 0 est en faveur de la fémorale et < 0 en faveur de la radiale). Pour la coronarographie, toutes les études publiées indiquent des durées de scopie ou des doses de radiations supérieures pour la voie radiale, la différence tendant à se réduire pour les études plus récentes. Pour l’angioplastie coronaire, les résultats sont plus discordants. Les études les plus anciennes montrent un PDS supérieur avec la voie radiale. Deux études plus récentes, dont une randomisée (2), ne montrent pas de différence significative. L’étude la plus récente concernant l’angioplastie primaire de l’infarctus aigu montre une différence significative, mais en faveur de la voie radiale ! Les 5 études mettant en évidence une exposition supérieure pour la voie radiale ont en commun leur relative ancienneté : 3 sont issues de la même équipe et rapportent des niveaux de PDS très élevés, largement supérieurs aux valeurs de référence, une étude est basée sur de très petits effectifs. L’étude de Brasselet (3) est plus récente et détaillée, mais souffre de nombreuses limites : non randomisée, effectif modeste, nombreuses exclusions (syndromes coronaires aigus, contrôle de pontages), niveau relativement élevé de l’exposition, et centre de moyen volume pour la voie radiale. A ces études sur le PDS, il faut ajouter une étude observationnelle récente, montrant elle aussi un excès de dose cumulée de 23% pour la voie radiale, constante pour les différents opérateurs (4). D’après les données publiées, il existe donc une tendance pour une irradiation supérieure par voie radiale dans les premières études comparatives, non retrouCONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 7. Deux autres paramètres sont recommandés pour quantifier l’exposition globale et la comparer à des valeurs de référence : la durée de radioscopie (en minutes) et le nombre d’images enregistrées en graphie. 8. Le sievert (Sv) est une unité de « dose efficace » qui tient compte de la quantité d’énergie délivrée, mais aussi de la sensibilité des différents tissus aux rayonnements ionisants. L’exposition en Sv ou plutôt milliSievert (mSv) représente mieux le risque aléatoire, sans effet de seuil, des rayons ionisants : risque de mutations et de cancers radio-induits. 9. Les doses reçues par le personnel (dosimétrie) sont mesurées en mSv, la limite à ne pas dépasser est fixée à 20 mSv/an. Pour donner un ordre de grandeur, la radioactivité naturelle en France est en moyenne d’environ 2,4 mSv/an. 10. Il existe une relation entre l’exposition mesurée en Gy.cm2 et celle mesurée en mSv. Pour la coronarographie et l’angioplastie coronaire, compte tenu des organes traversés par les RX, l’équation habituellement proposée est : équivalent de dose efficace (en mSv) = 0,2 x PDS (en Gy.cm2). vée dans les essais randomisés, et qui semble s’estomper dans les études les plus récentes, et même s’inverser dans l’expérience de centres à haut volume pour la radiale. Toutes les comparaisons sont issues d’études monocentriques, et aucune ne mentionne l’ancienneté du passage du centre à la voie radiale au moment de l’analyse. ➜ Les données françaises de l’enquête RAY’ACT L’enquête RAY’ACT est une enquête multicentrique française réalisée en 2011 sous l’égide du Collège national des cardiologues des hôpitaux dans 48 hôpitaux généraux, ESPIC et hôpitaux militaires. Ses résultats portent sur 60 000 actes consécutifs (33 000 coronarographies, 27 000 ICP) réalisés en 2010, sans exclusion, représentatifs de la pratique quotidienne. Ils ont été présentés au Congrès de l’ESC 2012 (5) et sont en cours de publication. Les comparaisons brutes montrent que les actes réalisés par voie radiale en France sont en moyenne moins irradiants que ceux réalisés par voie fémorale (Tableau 1). Après ajustement sur l’âge, l’IMC, etc., la durée de scopie et le PDS restent inférieurs pour la voie radiale pour les ICP, et ne diffèrent pas significativement entre les deux voies pour la coronarographie. ➜ L’effet volume pour la voie radiale Le caractère multicentrique de l’enquête permet d’approfondir l’analyse de ces résultats discordants avec une partie des données publiées. Par exemple, si on classe les centres en 27 interventionnelle_Georges 19/10/12 15:55 Page 28 Cardio interventionnelle pour le praticien Etude RAY’ACT : différences entre voie radiale et fémorale des doses de RX au patient lors des interventions coronaires percutanées Coronarographie Angioplastie coronaire 80 250 Passage à la voie radiale Plan d'optimisation Changement des doses RX salle Coro Voie fémorale 70 PDS en Gy.cm2 Evolution des doses émises (PDS) pour les interventions coronaires percutanées réalisées entre 2002 et 2011 au CH de Versailles 200 Voie radiale Médiane 25e p 75e p Moyenne 60 150 50 Niveau de référence 100 40 30 50 20 < 50% 59-79% radiale radiale > 80% radiale < 50% 59-79% radiale radiale > 80% radiale Pourcentage d'actes réalisés par voie radiale dans le centre Figure 1. 3 groupes selon le pourcentage d’actes réalisés par voie radiale, on s’aperçoit que les centres à faible volume de radiale (< 50%) ont effectivement une irradiation supérieure avec cette voie, alors que c’est l’inverse pour les centres à moyen (50-70%) ou haut volume (> 80%) de radiale (Figure 1). De plus, il existe une nette tendance, moins attendue, entre le niveau global d’irradiation toutes voies confondues et la voie dominante, les centres à haut volume de radiale délivrant en moyenne des doses de RX beaucoup plus basses, tant pour la coronarographie que pour les ICP. Comme dans toute étude observationnelle, des biais sont possibles. Par exemple, on peut imaginer que dans un centre préférant en routine la voie fémorale, on réserve la voie radiale aux patients très obèses ou aux patients artéritiques polyartériels, ce qui pourra majorer le PDS des procédures par voie radiale. A l’inverse, un centre à haut volume de radiale réservera la voie fémorale aux chocs cardiogéniques, aux échecs de voie radiale, donc à des procédures potentiellement plus longues ou complexes et plus irradiantes. Cependant, étant donné le volume d’actes analysé dans RAY’ACT, il est probable que l’interaction observée entre la différence d’exposition radiale-fémorale et le volume d’actes réalisés par voie radiale ait d’autres explications, comme la courbe d’apprentissage de la voie radiale. L’expérience de notre centre va dans ce sens. Depuis fin 2001, nous suivons les paramètres d’exposition du patient aux radiations pour toutes les procédures consécutives de coronarographie et d’ICP, sans exclusion (6,7). L’évolution sur les 10 dernières années des PDS des angioplasties coronaires est représentée sur la Figure 2. La période 2002-2005 est marquée par une augmentation considérable (+ 50%) des doses émises, qui débute exactement lors du passage à la voie radiale (juillet 2002). Ce n’est qu’au bout de 3 ans que les PDS regagnent le niveau du 1er semestre 2002, lorsque la voie fémorale était quasi exclusive. Il semble réaliste d’im- 28 0 200S21 200S22 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Figure 2. Effet de la courbe d’apprentissage de la voie radiale et du programme d’optimisation des doses. puter l’augmentation transitoire des PDS à la seule courbe d’apprentissage de la voie radiale droite, aucune autre modification de pratique, d’équipement ou d’opérateurs n’ayant été enregistrée dans cette période. La deuxième période (2006-2007) montre l’effet spectaculaire d’un programme simple de réduction des doses, dont les modalités ont été publiées (8) (Figure 3) et sont rappelées dans l’encadré ci-dessous. La dernière baisse de PDS (20082009) correspond au changement d’équipement radiologique qui a permis, entre autres, de réduire les flux d’images en graphie de 15 images/sec à 7,5 images/sec. Durant ces 10 ans, le pourcentage de voie radiale n’a cessé d’augmenter, se stabilisant à 90%, et les différences de doses de RX entre la voie radiale et fémorale se sont inversées. Il est donc tout à fait possible de réaliser l’ensemble de son activité de cardiologie interventionnelle coronaire en privilégiant la voie radiale et en exposant le patient à des doses de RX très faibles, 5 à 10 fois inférieures aux valeurs habituelles de référence (9). Mesures d’optimisation des doses au patient mises en place au CH de Versailles depuis janvier 2006 1. Formation à la radioprotection pour les opérateurs et les IDE 2. Recommandations : a. Faibles flux de RX en scopie (en 2006 : 6,25 images/sec; depuis 2009 7,5 images/sec) et graphie (en 2006 : 12,5 images/sec; depuis 2009 7,5 images/sec) b. Champ large de 23 cm c. Collimation maximale d. Distances tube/patient/détecteur optimisées e. Pas de ventriculographie systématique (nombre de séquences, angulation des incidences laissées libres) CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 interventionnelle_Georges 19/10/12 15:56 Page 29 Evolution des différences de doses émises (PDS) par voie radiale et fémorale au CH de Versailles Coronarographie ICP 160 p < 0,001 Fémorale PDS en Gy.cm2 140 Radiale 120 NS 100 p < 0,001 80 60 p = 0,05 NS 40 p = 0,02 20 0 l Tota 02-2005 06-2007 20 20 l Tota 02-2005 06-2007 20 20 Figure 3. L’excès de dose pour la voie radiale n’est observé que pendant la phase d’apprentissage, se réduit après mise en place du programme d’optimisation des doses, puis s’inverse. La voie radiale expose-t-elle l’opérateur à une irradiation supérieure ? Les 3 études, dont une randomisée, qui ont comparé de façon spécifique l’exposition des opérateurs selon la voie d’abord sont unanimes (Tableau 2) : l’exposition de l’opéra- teur mesurée par dosimétrie est environ le double lorsque la coronarographie est réalisée par voie radiale par rapport à la voie fémorale, et multipliée par 1,5 dans le cas des ICP. Comment expliquer cette différence ? Les durées de scopie ou de PDS supérieures par voie radiale n’expliquent pas à elles seules la surexposition de l’opérateur observée dans les études comparatives. Si on compare les études de Lange et de Brasselet (2, 3), on voit qu’il n’y a pas de parallélisme entre l’exposition globale (PDS) et celle de l’opérateur. A niveau de protection individuelle égal, l’analyse par opérateur ne montre pas non plus de parfaite concordance entre la dose totale et la dose reçue par l’opérateur (3). Toutefois, quel que soit le niveau absolu d’exposition pour l’opérateur, la différence radiale et fémorale reste constante. Est-ce parce que l’opérateur est plus proche de la source de RX lors de la mise en place et de la manipulation des guides et des sondes par voie radiale ? Si c’était le cas, la différence radiale-fémorale serait plus importante pour les ICP (l’opérateur est proche de la source dans toutes les phases irradiantes : mise en place du cathéterguide, franchissement de la sténose, mise en place du ballon ou du stent, etc.) que pour les coronarographies (l’opérateur n’est proche de la source que durant le positionnement des sondes en scopie et peut se reculer pour les acquisitions en graphie), alors que c’est l’inverse qui est observé. Quoi qu’il en soit, il paraît capital de mettre en œuvre toutes les mesures de radioprotection, pour le patient et l’opérateur, lorsqu’on choisit de travailler par voie radiale. Exposition des opérateurs lors de coronarographies ou d’interventions coronaires percutanées réalisées par voie radiale ou fémorale Auteur Randomisée Acte Exposition opérateur Voie radiale Voie fémorale p Coronarographie diagnostique Lange HW, Catheter Cardiovasc Interv 2006 R Coronarographie diagnostique Dosimétrie en μSv 64 ± 55 32 ± 39 < 0,001 Brasselet C, Eur Heart J 2008 NR Coronarographie diagnostique Dosimétrie en μSv 29 [1-195] 13 [1-164] < 0,0001 Mann JT, J Invasive Cardiol 1996 NR ICP élective Dosimétrie en mrem/cas* 13,5 ± 2,1 8,8 ± 1,3 < 0,01 Lange HW, Catheter Cardiovasc Interv 2006 R ICP élective Dosimétrie en μSv 166 ± 188 110 ± 115 < 0,05 Brasselet C, Eur Heart J 2008 NR Coronarographie + ICP ad hoc Dosimétrie en μSv 69 [4-531 41 [2-360] 0,02 Angioplastie coronaire ICP : intervention coronaire percutanée. R/NR : étude randomisée/non randomisée. Les paramètres d'exposition sont exprimés en moyenne ± l'écart type ou en médiane [quartiles]. * Les rem ont été remplacés par les sieverts dans le système international : 1 rem = 10 mSv, donc 1 mrem = 10 µSv. Tableau 2. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 29 interventionnelle_Georges 19/10/12 15:56 Page 30 Cardio interventionnelle pour le praticien Evolution de la dosimétrie opérationnelle des opérateurs du CH de Versailles associée à la voie radiale quasi exclusive Δ 2008 2009 2010 Coro 653 703 782 ICP 360 451 477 + 25% Total actes 1 013 1 154 1 259 + 20% % radiale 89 90 90 Dosimétrie sous tablier Dose annuelle totale des 4 op. principaux Hp (0,07) μSv 452 183 125 Hp (10) μSv 349 118 84 Dose annuelle moyenne par opérateur Hp (0,07) μSv 113 46 31 - 72% Hp (10) μSv 87 30 21 - 76% Dose moyenne opérateur par acte Hp (0,07) μSv 0,45 0,16 0,10 Hp (10) μSv 0,34 0,10 0,07 Tableau 3. L’effet des mesures de radioprotection sur l’exposition par voie radiale ➜ Réduire les doses émises Les mesures d’optimisation des doses totales émises, qui bénéficient à la fois au patient et au personnel, et les mesures individuelles de protection du personnel sont d’égale importance. Les nombreuses techniques de réduction des doses, rappelées dans les formations obligatoires des cardiologues interventionnels à la radioprotection, sont détaillées dans une revue récente (10). Elles sont peu coûteuses, peu contraignantes, et ont des résultats spectaculaires tout en préservant la qualité diagnostique de l’examen. ➜ Mieux protéger l’opérateur Les mesures individuelles de radioprotection du personnel sont aussi capitales, et doivent être optimisées lorsqu’on travaille par voie radiale. Les différences observées entre les études de Lange et de Brasselet (2, 3) illustrent l’effet protecteur de ces mesures (Tableau 2). Dans la première, les PDS des ICP sont modestes (de l’ordre de 50 Gy.cm2) et les doses reçues par l’opérateur sont élevées (de 110 à 166 μSv/examen), alors que c’est l’inverse dans l’étude de Brasselet (PDS élevés > 100 Gy.cm2, doses reçues par l’opérateur modérées, entre 41 et 69 μSv). L’explication réside certainement dans l’utilisation par l’équipe de Brasselet de dispositifs de radioprotection plus efficaces pour l’opérateur. Sontils pour autant optimaux, comme le titre de l’article le suggère ? Une vitre plombée haute, un écran plombé bas (équivalents à 0,5 mm de plomb), un tablier de plomb, et des consignes pour que l’opérateur se tienne le plus éloigné possible du tube à RX paraissent un minimum. Dans notre centre, on y ajoute systématiquement pour tous les opérateurs le port d’un calot plombé, de lunettes plombées avec verres latéraux (prévention de la cataracte radique), l’utilisation systématique de prolongateurs de tubulure > 80 cm, et de façon récente, d’un injecteur automatique et d’un deuxième écran 30 Ce qu’il faut retenir ➜ La voie radiale n’expose pas le patient ou l’opérateur à des doses de radiations supérieures lorsque les opérateurs sont familiers avec cette voie ou dans les centres à haut volume de radiale : « La voie radiale irradie moins quand on la pratique beaucoup, et plus quand on la pratique peu ». ➜ La sur-irradiation existe transitoirement lors du passage de la voie fémorale prédominante à la voie radiale prédominante, et il faut plusieurs mois pour que l’ensemble des opérateurs d’un centre maîtrise la technique spécifique de la voie radiale et stabilise les durées de scopie ou les doses de RX par cette voie. ➜ La différence d’irradiation entre voie fémorale et radiale devient cliniquement négligeable lorsqu’un programme d’optimisation des doses est suivi. ➜ Les opérateurs utilisant la voie radiale sont susceptibles de recevoir des doses de RX supérieures lors des coronarographies et surtout des angioplasties coronaires. Ils doivent bénéficier de mesures de radioprotection individuelles maximales. protecteur sur roulettes, les commandes de la table étant situées aux pieds du patient. Le résultat (Tableau 3) : il est possible d’utiliser quasi exclusivement la voie radiale droite avec des niveaux d’exposition très bas pour les opérateurs, < 0,10 μSv par acte et < 40 μSv par an (pour un seuil maximal toléré de 20 000 μSv), ce qui est sans commune mesure avec ce qui est rapporté dans la littérature. ■ Pour toute correspondance avec l’auteur [email protected] CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 interventionnelle_Meneveau Nicolas Meneveau Pôle Cœur-Poumon, hôpital Jean-Minjoz, Besançon 19/10/12 15:56 Page 31 Prévention des complications hémorragiques en angioplastie Les progrès techniques et les avancées médicamenteuses accomplis au cours de ces dernières années ont conduit à améliorer de façon spectaculaire le pronostic des patients soumis à une angioplastie coronaire, en particulier ceux pris en charge dans le cadre d’un syndrome coronaire aigu. L’efficacité accrue des antithrombotiques a permis de réduire les événements cardiovasculaires ischémiques au prix d’une majoration significative du risque hémorragique. Il est aujourd’hui bien établi que ces complications hémorragiques ont un impact pronostique majeur et justifient une prévention attentive. de facteurs prédictifs de survenue d’une complication hémorragique au décours d’une procédure d’angioplastie. S’y associent un certain nombre de variables périprocédurales telles que le recours aux anti-GPIIb/IIIa, une durée de procédure ≥ 1 heure, le retrait du désilet plus de 6 heures après la fin de la procédure, la prise en charge du patient en unité de soins intensifs ou la mise en place d’un ballon de contrepulsion intra-aortique. Des scores ont été développés pour prédire le risque de survenue d’une complication hémorragique per- ou postangioplastie, limités toutefois aux procédures conduites par voie fémorale. L’ Impact pronostique des complications hémorragiques au décours de l’angioplastie Incidence des complications hémorragiques dans l’angioplastie Le taux de complications hémorragiques varie en fonction de la définition utilisée, du contexte clinique, mais également de la nature et de la posologie du traitement antithrombotique prescrit. Les données de la littérature font état d’un taux de saignements variant entre 1 et 8% des procédures d’angioplastie. En moyenne, le chiffre de 2% d’accidents hémorragiques est le plus souvent rapporté. Ce taux est toutefois probablement sous-estimé. A titre d’exemple, le taux de complications hémorragiques majeures dans STEEPLE était de 2% après angioplastie élective, mais de 5,4% et 6,6% après angioplastie conduite dans le cadre d’un syndrome coronaire aigu ST- et ST+ dans les études ACUITY et HORIZONS, respectivement. De la même façon, l’avènement du prasugrel et du ticagrelor est associé à une majoration de l’ordre de 20% des complications hémorragiques majeures après angioplastie. A l’inverse, dans l’étude REPLACE, la bivalirudine se distingue par une réduction des saignements de près de 40% comparée à l’association héparine non fractionnée-anti-GPIIb/IIIa, pour une efficacité antithrombotique équivalente. L’âge avancé (≥ 75 ans), un poids corporel ≤ 60 kg, le sexe féminin, un tabagisme actif, une hyperleucocytose, la présence d’une insuffisance rénale ou d’une anémie sont autant CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 La survenue d’une complication hémorragique au décours de l’angioplastie est associée à une mortalité à 1 mois multipliée par 5, comme a pu le montrer l’analyse poolée des données du registre OASIS, et des études OASIS 2 et CURE (Figure 1). Le risque de décès est majoré au cours de l’hospitalisation, mais également à distance de celle-ci. Il existe en effet une relation étroite et pérenne dans le temps entre hémorragie hospitalière et mortalité à 1 an, chez les patients Complications hémorragiques et mortalité à 30 jours : analyse poolée des données du registre OASIS et des études OASIS 2 et CURE 14 Complications hémorragiques 12 Evts cumulés (%) évaluation de la fréquence et de l’impact pronostique des saignements a longtemps été sous-estimée. Les multiples définitions utilisées d’une étude à l’autre ont rendu difficile la comparaison du profil de sécurité des différentes molécules antithrombotiques utilisées dans l’angioplastie. Le recours à la définition BARC (Bleeding Academic Research Consortium) a récemment standardisé ces événements hémorragiques afin d’homogénéiser l’analyse des futurs essais conduits en pathologie cardiovasculaire (Tableau 1). 10 12,8% HR = 5,37 [3,97-7,26] 8 6 4 Pas de complications hémorragiques 2,5% 2 0 0 5 10 15 20 25 30 Jours Figure 1. 31 interventionnelle_Meneveau 19/10/12 15:56 Page 32 Cardio interventionnelle pour le praticien BARC 0 Pas de saignement BARC 1 Saignement ne modifiant pas la prise en charge médicale et pour lequel aucune action médicale n'est entreprise mais qui peut induire des épisodes d'arrêt des traitements par le patient sans consultation d'un professionnel de santé BARC 2 Toute hémorragie manifeste ne répondant pas aux définitions BARC de type 3, 4 et 5, mais à l'une des trois caractéristiques suivantes : - justifie un traitement médical non chirurgical par un professionnel de santé - conduit à une hospitalisation ou à une surveillance accrue - conduit à une évaluation médicale BARC 3 - Type 3a - Saignement extériorisé avec chute de l'hémoglobine de 3 à 5 points (g/dl) - Saignement extériorisé justifiant une transfusion sanguine - Type 3b - Saignement extériorisé avec une chute de l'hémoglobine ≥ 5 points - Tamponnade - Saignement nécessitant une hémostase chirurgicale - Saignement nécessitant l’administration d’amines pressives intraveineuses - Type 3c - Hémorragie intracrânienne excluant les microhémorragies liées aux transformations hémorragiques et incluant les hémorragies méningées - Hémorragie cérébro-méningée confirmée par autopsie, imagerie ou ponction lombaire - Hémorragie intra-oculaire compromettant la vision BARC 4 Saignement en rapport avec un pontage aortocoronaire - saignement intracrânien dans les 48 heures postopératoires - réintervention afin de contrôler l'hémostase - transfusion ≥ 5 unités de sang total ou de concentrés globulaires dans les 48 heures postopératoires - drainage thoracique ≥ 2 l dans les 24 heures postopératoires BARC 5 Saignement mortel - Type 5a Saignement mortel probable, non confirmé par autopsie ou imagerie - Type 5b Saignement mortel confirmé par autopsie ou imagerie Tableau 1. 32 Saignements plus sévères se subdivisant en trois sous-catégories ayant un syndrome coronaire aigu pris en charge en angioplastie dans l’étude ACUITY (Figure 2). Si les hémorragies les plus sévères sont associées à un risque de mortalité plus élevé, il ne faut pas négliger l’impact pronostique des saignements mineurs trop souvent sous-estimé. Différents mécanismes interviennent dans le risque de surmortalité observé après saignement. L’arrêt intempestif du traitement antithrombotique peut être responsable de thromboses de stent et d’infarctus. La survenue d’un choc hémorragique majore le risque d’ischémie myocardique, alors que l’anémie et les transfusions sanguines sont à l’origine d’une réaction inflammatoire susceptible d’augmenter le risque de thrombose de stent par le biais de l’activation plaquettaire (Figure 3). Comment prévenir les complications hémorragiques de l’angioplastie ? Prévenir les complications hémorragiques de l’angioplastie est devenu un véritable enjeu thérapeutique. Pour y parvenir il convient de mettre en œuvre un certain nombre de précautions. ➜ Eviter les surdosages… En premier lieu les surdosages des différents traitements antithrombotiques doivent être recherchés et évités. Ils sont responsables d’approximativement 15% des complications hémorragiques graves. Les facteurs prédictifs de surdosage médicamenteux sont les mêmes que ceux associés aux saignements eux-mêmes. Les patients de sexe féminin, de faible poids, ceux souffrant d’insuffisance rénale, de diabète ou d’insuffisance cardiaque sont ainsi plus fréquemment exposés à une complication hémorragique par le biais d’un surdosage médicamenteux. ACUITY PCI : complications hémorragiques et mortalité au long cours 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 * Log rank p < 0,0001 Complications hémorragiques majeures Mortalité (%) Définitions BARC 7,7%* 5,4%* Pas de complications hémorragiques majeures 1,8% 0,8% 0 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 360 390 Jours Figure 2. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 interventionnelle_Meneveau 19/10/12 15:56 Page 33 Le fondaparinux, les héparines de bas poids moléculaire, l’hirudine, l’argatroban, la bivalirudine et les anti-GPIIb/IIIa ont tous une élimination essentiellement rénale et doivent à ce titre ne pas être utilisés en cas d’insuffisance rénale sévère (clairance de la créatinine < 30 ml/min), ou faire l’objet d’un ajustement posologique. Si l’héparine non fractionnée demeure l’anticoagulant de choix dans ce contexte, elle est malgré tout associée à une majoration du risque hémorragique, proportionnelle à la dégradation de la fonction rénale ➜ …et les changements d’anticoagulant De la même façon, le changement d’anticoagulant est associé à un risque accru de saignement. Dans l’étude SYNERGY, les patients avec syndrome coronaire aigu soumis à une angioplastie étaient randomisés pour recevoir de l’héparine non fractionnée ou de l’énoxaparine. Près de 75% d’entre eux avaient reçu un traitement anticoagulant en amont de la randomisation. Une majoration très nette des complications hémorragiques était observée chez les 8% de patients contraints à un changement de traitement anticoagulant. La règle est donc de s’abstenir de substituer un traitement anticoagulant à un autre, particulièrement si ce changement concerne l’héparine non fractionnée et les héparines de bas poids moléculaire. La durée du traitement anticoagulant doit par ailleurs être la plus courte possible. A l’exception des situations à haut risque thrombotique, les anticoagulants doivent être interrompus au décours de l’angioplastie. ➜ Privilégier les antithrombotiques les plus sûrs d’utilisation Le choix des agents antithrombotiques est également très important et doit se porter sur les molécules dont l’efficacité et la sécurité d’emploi ont pu être établies à partir d’études randomisées. L‘usage de bivalirudine est ainsi recommandé dans l’angioplastie primaire (étude HORIZONS) ou chez les patients avec syndrome coronaire aigu ST- soumis à angioplastie (étude ACUITY), en raison d’un taux de complications hémorragiques inférieur à celui de l’association héparine non fractionnée-anti-GPIIb/IIIa. Dans HORIZONS, la réduction du risque hémorragique était associée à une baisse de la mortalité cardiovasculaire et globale à 1 mois, qui se maintenait à 3 ans. Le recours aux antiGPIIb/IIIa ne se conçoit qu’en situation d’urgence en salle de cathétérisme et ne doit plus être envisagé en amont de la coronarographie dans l’immense majorité des cas. Enfin, l’administration d’un bolus IV unique d’énoxaparine s’est montrée plus efficace dans l’angioplastie primaire que le traitement conventionnel par héparine non fractionnée, sans majoration des complications hémorragiques. ➜ Privilégier la voie radiale Prévenir les complications liées à l’abord vasculaire est essentiel, puisqu’elles sont responsables de deux tiers des hémorragies survenant au décours de l’angioplastie. L’usage de dispositifs de fermeture artérielle fémorale n’a pas fait la preuve de son efficacité à réduire les complications Impact pronostique des complications hémorragiques Patient à risque Complication hémorragique Choc Anémie Ischémie Transfusion Inflammation Arrêt intempestif du traitement antithrombotique Thrombose de stent Mortalité Figure 3. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 33 interventionnelle_Meneveau 19/10/12 15:57 Page 34 Cardio interventionnelle pour le praticien ragiques gastro-intestinales constituent 50% des saignements spontanés de la phase aiguë des syndromes coronaires aigus et justifient la prescription d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) chez les patients aux antécédents d’hémorragie digestive ou d’ulcère. Ce qu’il faut retenir ➜ L’évaluation du risque hémorragique est un élément déterminant de la prise en charge des patients soumis à une angioplastie. ➜ Le traitement antithrombotique doit être déterminé en fonction du niveau de risque hémorragique du patient et la posologie adaptée au poids et à la clairance de la créatinine. ➜ Le remplacement d’un traitement anticoagulant par un autre doit être évité, en particulier si ce remplacement concerne l’héparine non fractionnée et l’énoxaparine. ➜ Le traitement antithrombotique doit être interrompu à l’issue de la procédure dans la majorité des cas et l’usage des anti-GPIIb/IIIa ne pas être instauré en amont de la salle de coronarographie. ➜ Enfin, l’abord radial doit être privilégié au détriment de l’abord fémoral, particulièrement pour les patients pris en charge pour un infarctus. ➜ Le problème du traitement concomitant par les anticoagulants oraux Le problème des patients sous traitement anticoagulant (AVK) pris en charge en urgence pour un syndrome coronaire aigu est en revanche loin d’être éludé. Le recours à une double antiagrégation plaquettaire ne saurait être remis en cause, mais le clopidogrel doit être préféré au prasugrel ou au ticagrelor en raison d’un risque hémorragique moindre. La durée optimale de la triple association est à considérer au cas par cas, en fonction de la pathologie associée (maladie thromboembolique veineuse, fibrillation auriculaire, prothèse valvulaire mécanique) et du niveau de risque thrombotique du patient. Dans tous les cas, l’implantation d’un stent « nu » sera privilégiée à celle d’un stent « actif ». ■ hémorragiques, comparé à la compression manuelle. Le recours à des introducteurs de taille réduite, le retrait précoce de l’introducteur (< 6 heures) et l’usage préférentiel de l’abord radial sont en revanche associés à une réduction nette des complications hémorragiques. L’étude RIVAL, qui comparait les abords radial et fémoral, a montré une réduction des complications vasculaires avec la voie radiale associée à un bénéfice clinique certain chez les patients pris en charge pour un infarctus et dans les centres privilégiant cette approche. Les complications hémor- Pour en savoir plus - Eikelboom JW, et al. Circulation 2006; 114 : 774-82. - Manoukian SV, et al. J Am Coll Cardiol 2007; 49 : 1362-8. - Steg PG, et al. Eur Heart J 2011; 96 :1200-6. Pour toute correspondance avec l’auteur [email protected] LE DOSSIER THÉMATIQUE DU MOIS En novembre Retrouvez tous nos contenus de cardiologie interventionnelle dans le dossier spécial sur : www.consensus-online.fr 34 CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 interventionnelle_OHLMANN 22/10/12 Patrick Ohlmann Pôle d’activité médico-chirurgicale cardiovasculaire, Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Nouvel Hôpital civil, Strasbourg 11:11 Page 35 Alcoolisation septale : résultats, indications L’alcoolisation septale a été réalisée pour la première fois en 1995 par Sigwart (1) comme alternative à la myomectomie chirurgicale dans le traitement de la cardiopathie hypertrophique obstructive. Cette procédure est donc « relativement récente » en comparaison de la myomectomie chirurgicale qui se pratique depuis près de 50 ans (2) et souffre par conséquent, comme d’autres techniques interventionnelles, d’un certain manque de recul par rapport aux techniques opératoires. Pour cette raison la myomectomie chirurgicale demeure la technique de réduction septale de référence (3), mais il n’en demeure pas moins que l’alcoolisation septale est aujourd’hui la technique de loin la plus employée (4). L’ alcoolisation septale consiste à produire un infarctus septal localisé en regard du point de contact entre le septum interventriculaire et le feuillet antérieur de la valve mitrale afin de réduire le gradient intraventriculaire gauche. Elle est réalisée au moyen de systèmes usuels de cathétérisme cardiaque : cathéter porteur, guide d’angioplastie 0,014 inch et ballon d’angioplastie coaxial de petite taille (1,5-2 ou 2,5 mm de diamètre, en fonction du diamètre de l’artère septale cible) par lequel est injecté de l’alcool absolu. Un repérage échographique perprocédure (ETT ou ETO) est essentiel afin de vérifier par injection de contraste in situ dans l’artère septale que la zone de myocarde ciblée correspond bien au septum basal, précisément au niveau de la zone de contact de la grande valve mitrale. Ce dernier point est un critère clé de la réussite de la procédure. De même, l’angiographie suprasélective via le ballon coaxial permet de visualiser précisément la zone cible et de vérifier la bonne étanchéité du ballon dans la septale. Elle permet également de vérifier l’absence de diffusion du produit de contraste vers des structures myocardiques vitales qui contre-indiquerait l’alcoolisation, tels les muscles papillaires ou la paroi libre du VD, ce qui peut s’observer dans 2% des cas (5). Un faible volume d’alcool (1,5-3 cc) est infusé lentement in situ, ce qui permet de limiter la diffusion et les fuites, mais aussi probablement de réduire le risque de BAV complet postprocédure. Le risque de BAV était estimé à 10-15% aux débuts de la technique, il est actuellement de l’ordre de 5% (3). Résultats L’injection d’alcool s’accompagne dans plus de 90% des cas d’une réduction, voire d’une disparition perprocédure du gradient intraventriculaire gauche en cours d’infusion. Cet effet est en partie dû à l’ischémie, à la nécrose, mais aussi CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 à une part de sidération de la zone de myocarde cible (6). Le gradient évolue assez souvent de façon bimodale avec une réduction immédiate en salle de cathétérisme, suivie d’une réascension modeste dans les jours qui suivent présumée en relation avec une récupération de la sidération initiale, mais aussi un œdème myocardique. Secondairement le gradient régresse progressivement dans les 6 mois qui suivent la procédure par rétraction fibreuse de la zone de nécrose. Elle s’accompagne d’un élargissement de la chambre de chasse du ventricule gauche et d’une amélioration de l’insuffisance mitrale, de l’hypertrophie ventriculaire gauche et de la fonction diastolique (7). La pression est réduite dans l’oreillette gauche, ce qui diminue également le risque de fibrillation auriculaire et d’HTAP (7). La taille de la nécrose constituée représente moins de 10% de la masse myocardique totale (8) en IRM cardiaque, et se localise au niveau du septum inféro-basal sous forme d’une atteinte transmurale. Les études en IRM ont également permis de montrer qu’en cas de gradient résiduel après alcoolisation septale, la nécrose se localise sur le versant droit du septum sans atteindre le sous-endocarde gauche du SIV (9). L’alcoolisation septale s’accompagne d’une amélioration symptomatique franche et rapide avec réduction de la dyspnée, amélioration de la capacité de marche et des scores de qualité de vie (10). Le suivi clinique à long terme après alcoolisation septale montre des résultats durables jusqu’à 4, voire 8 ans (11). L’amélioration symptomatique est similaire entre les deux types de procédure (11). Cependant, des cas isolés de troubles du rythme ventriculaire ont été rapportés précocement ou à distance de l’alcoolisation septale et rattachés des phénomènes de réentrée au sein de la zone nécrosée (12,13). Plusieurs méta-analyses, dont une très récente portant sur plus de 4 000 patients traités par alcoolisation septale (entre 1996 et 2005) ou myomectomie (entre 1963 et 2007), montrent des taux de mortalité similaires lors du suivi à long terme (14), le taux d’implantation de défibrillateurs était faible et similaire dans les 2 groupes. D’autre part, sur une série de 109 patients traités par alcoolisation septale et implantés d’un défibrillateur en prévention primaire pour une cardiomyopathie hypertrophique (CMH) considérée à risque rythmique selon les critères cliniques habituels, l’incidence de chocs électriques appropriés est faible (9 chocs sur 3 ans, soit une incidence annuelle de 2,8% (15), comparable à celle attendue pour ce niveau de risque. Il est important de souligner que les études comparant les deux techniques sont toutes observationnelles et biaisées car les patients traités par alcoolisation sont en général plus âgés de 10 ans en moyenne et que leur suivi clinique est sensiblement plus court (14). 35 interventionnelle_OHLMANN 19/10/12 15:58 Page 36 Cardio interventionnelle pour le praticien Comparaison de la myomectomie chirurgicale et de l’alcoolisation septale Paramètres Myomectomie Ablation 1-2% 1-2% Réduction du gradient (au repos) A moins de 10 mmHg A moins de 25 mmHg Symptômes (subjectifs) Diminués Diminués Symptômes (objectifs) Diminués Diminués Efficacité malgré la variabilité anatomique Habituelle Incertaine Pacemaker (BAV de haut grade) 1-2% 5-10% x 15-20 x Très faible Incertain Plus de 40 ans Environ 6 ans Sans Avec Mortalité opératoire Fréquence de la procédure Risque de mort subite (à long terme) Recul Cicatrice intramyocardique Ces données représentent la meilleure estimation à partir des données publiées, en mettant l'accent sur l'expérience clinique la plus récente. Tableau 1. D’après (16). Indications Les techniques invasives de réduction septale, par alcoolisation ou myomectomie chirurgicale, sont réservées aux patients dont les symptômes sont sévères et résistants au traitement médical bien conduit comportant des bêtabloquants et/ou des antagonistes calciques (3) à forte dose. L’indication peut être retenue en présence des critères suivants : 1. Dyspnée de grade III NYHA ou syncope d’effort. 2. Gradient intraventriculaire gauche de plus de 50 mmHg associé à une hypertrophie septale et lié à un mouvement systolique antérieur de la grande valve mitrale (et non à une oblitération intraventriculaire gauche systolique) associé à une fuite mitrale typiquement orientée postérieurement. 3. Epaisseur septale jugée suffisante par l’opérateur (en général plus de 16 mm) pour réaliser la procédure dans de bonnes conditions. Les recommandations américaines de 2011 (3) précisent que les ablations septales doivent être réalisées par des opérateurs expérimentés (plus de 20 procédures) et/ou au sein d’une équipe ayant l’expérience de plus de 50 procédures. La chirurgie de réduction septale est recommandée en première intention (IIa, B), en particulier chez le sujet jeune, mais aussi chez l’enfant (niveau d’évidence C). L’alcoolisation septale peut être envisagée lorsque la chirurgie est contre-indiquée en raison de comorbidités ou d’un âge avancé (IIa, B). Un niveau de recommandation plus faible (IIb B) est préconisé pour répondre à la demande d’un patient exprimant son souhait pour une alcoolisation septale versus une myomectomie 36 chirurgicale après discussion approfondie du rapport bénéfice/risque de chaque technique. Il conviendra ainsi de préciser au patient que la technique présente l’avantage de l’absence de nécessité de chirurgie à cœur ouvert avec un résultat identique sur l’amélioration des symptômes, mais au prix d’un risque supérieur d’implantation de pacemaker (5-10%) et d’un certain degré d’incertitude sur un éventuel risque rythmique à long terme. Enfin, l’alcoolisation septale est peu recommandée en cas de septum extrêmement épaissi de plus de 30 mm de diamètre (II, C). En conclusion L’alcoolisation septale représente une alternative à la chirurgie de résection septale et doit s’adresser à des patients très symptomatiques, résistants au traitement médical. Elle est devenue une technique bien rodée dans les mains d’équipes entraînées, donnant des résultats équivalents à ceux de la chirurgie à condition que l’anatomie soit favorable par la présence d’une branche septale alimentant le septum interventriculaire au niveau du point de contact de la grande valve mitrale. Le recours à l’échographie cardiaque transthoracique ou transœsophagienne en cours de procédure est indispensable pour guider la procédure. Le candidat idéal est le sujet âgé, les formes du sujet jeune devant rester du domaine de la chirurgie de réduction septale. ■ Pour en savoir plus 01. Sigwart U. Non-surgical myocardial reduction for hypertrophic obstructive cardiomyopathy. Lancet 1995; 346: 211-4. 02. Maron BJ, Maron MS, Wigle ED, Braunwald E. The 50-year history, controversy, and clinical implications of left ventricular outflow tract obstruction in hypertrophic cardiomyopathy from idiopathic hypertrophic subaortic stenosis to hypertrophic cardiomyopathy: from idiopathic hypertrophic subaortic stenosis to hypertrophic cardiomyopathy. J Am Coll Cardiol 2009 ; 54 : 191-200. 03. Gersh BJ, Maron BJ, Bonow RO, Dearani JA, Fifer MA, Link MS, Naidu SS, Nishimura RA, Ommen SR, Rakowski H, Seidman CE, Towbin JA, Udelson JE, Yancy CW. 2011 ACCF/AHA guideline for the diagnosis and treatment of hypertrophic cardiomyopathy: a report of the American College of Cardiology Foundation/American Heart Association Task Force on Practice Guidelines. Circulation 2011; 124 : e783-831. 04. Maron BJ. Role of alcohol septal ablation in treatment of obstructive hypertrophic cardiomyopathy. Lancet 2000; 355 : 425-6. 05. Faber L, Seggewiss H, Welge D, Fassbender D, Schmidt HK, Gleichmann U, Horstkotte D. Echo-guided percutaneous septal ablation for symptomatic hypertrophic obstructive cardiomyopathy: 7 years of experience. Eur J Echocardiogr 2004; 5 : 347-55. 06. Yoerger DM, Picard MH, Palacios IF, Vlahakes GJ, Lowry PA, Fifer MA. Time course of pressure gradient response after first alcohol septal ablation for obstructive hypertrophic cardiomyopathy. Am J Cardiol 2006; 97 : 1511-4. Pour toute correspondance avec l’auteur [email protected] CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 Congres 19/10/12 16:24 Page 37 Dossier réalisé par le Dr Paul Luporsi EuroPCR 2012 CHU Jean-Minjoz, Besançon Le congrès en quelques chiffres… Le congrès européen intéressant tous les cardiologues interventionnels du globe a accueilli cette année 11 387 participants pour 712 heures de formation auprès de 1 259 universitaires. L’organisation a, une fois encore, privilégié les retransmissions « en live » depuis le monde entier (48 centres recevaient une équipe de télévision), soit 63 heures cumulées et 10 heures des fameux « live in a box » dont la renommée croissante justifie leurs rotations lourdes sur Internet ou par échange de données entre « cathétériseurs ». Ce congrès annuel, organisé à Paris depuis deux ans et qui le sera encore à l’avenir, a pu bénéficier du soutien de 134 partenaires industriels. Tous les aspects scientifiques récents de notre spécialité y ont été abordés, dont nous vous présentons un tour d’horizon, en attendant le compte rendu du Congrès américain du TCT (Transcatheter Cardiovascular Therapeutics, Miami, 22-26 octobre 2012) et la prochaine mouture d’EuroPCR 2013 (21-24 mai 2013). The year of the Textbook L’usage en routine de la FFR Le congrès EuroPCR 2012 était marqué par la sortie du Textbook « Percutaneous Interventional Cardiovascular Medicine », annoncé comme la bible incontournable de la cardiologie interventionnelle. Il constitue de surcroît la première publication du genre à visée pédagogique, adhérant strictement aux recommandations de l’ESC et de l’EAPCI, en s’appuyant sur un solide substrat scientifique et se voulant utile pour chaque patient à titre individuel. Cette méthode invasive d’évaluation de la réserve coronaire (Figure 1) n’est pas récente et prône une approche de l’angioplastie coronaire basée sur l’évaluation hémodynamique d’une sténose suspecte sans corrélation parfaite avec l’évaluation anatomique angiographique « de visu », qui demeure souvent en 2012 le seul argument décisionnel en faveur d’une revascularisation… U ne équipe renommée est à l’origine du projet (Eric Eeckhout, Patrick W. Serruys, William Wijns, Alec Vahanian, Mark van Sambeek, Rodney de Palma), à laquelle s’associent de nomTextbook de l'EAPCI. breux angioplasticiens, Plus de renseignements sur spécialistes et coéditeurs. le site pcronline. Les 93 articles publiés par 266 auteurs sont regroupés en 4 volumes. Chaque thème abordé est détaillé, mis à jour et exposé selon un aspect « pratique », associé à de nombreuses illustrations de qualité et à des vidéos de cas cliniques pour la version informatique. ■ CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 Figure 1. Exemples de test positif (à gauche, FFR < 0,80) après injection d'adénosine, et de test négatif (à droite FFR > 0,80). ➜ 37 Congres 19/10/12 16:24 Page 38 Cardio interventionnelle pour le praticien La question soulevée par les études DEFER (Dr Pijls, 2007) et plus récemment FAME (Fractional Flow Reserve versus Angiography for Guiding PCI in Patients with Multivessel Coronary Artery Disease) (Dr Pijls, 2008) est celle de l’intérêt de guider la stratégie de revascularisation par un examen fonctionnel, nous invitant à « mieux stenter » nos patients, au risque de diminuer le nombre total d’angioplasties. En effet, dans cette étude, seulement 46% des patients souffrant de lésions angiographiquement multitronculaires présentaient effectivement des atteintes multitronculaires lors de l’évaluation fonctionnelle proposée. La durée d’hospitalisation, le coût de la procédure, le nombre de stents implantés et la quantité de produit de contraste étaient tous significativement réduits dans le groupe « angioplastie guidée par la FFR ». La réduction significative du nombre de décès, d’infarctus du myocarde et de revascularisations urgentes à un an démontrait de surcroît un intérêt majeur à guider une angioplastie coronaire par la mesure de la FFR chez le patient pluritronculaire. Basées sur ces données, les recommandations édictées par la Société européenne de cardiologie concernant la revascularisation myocardique confortent le praticien à utiliser cet outil lorsque la preuve d’une ischémie n’est pas évidente (I, A). FAME II : résultats préliminaires Le Pr Bernard de Bruyne (Alost, Belgique) a présenté les résultats préliminaires de la cohorte A de FAME II (Fractional Flow Reserve (FFR) Guided Percutaneous Coronary Intervention (PCI) Plus Optimal Medical Treatment (OMT) Versus OMT, soit un même acronyme pour une signification un peu différente de FAME [cf supra] : la lettre M ne concerne plus spécifiquement les multitronculaires, mais l’instauration d‘un traitement médical optimisé). 1 219 patients ont été randomisés dans 28 centres européens et nord-américains dans le cadre d’une maladie coronaire stable (angor d’effort stable ou ischémie silencieuse) et devaient présenter au moins une sténose artérielle épicardique angiographique de plus de 50%. L’excellent pronostic des patients coronariens sous traitement médical seul était déjà évoqué par COURAGE en 2007, et est confirmé dans FAME II chez les patients porteurs de lésions où la FFR reste > 0,80. Dans ce groupe recevant un traitement médical, 86% recevaient un bêtabloquant, 90% un inhibiteur de l’enzyme de conversion et 93% une statine. Cette nouvelle étude démontre en revanche l’intérêt de coupler angioplastie et optimisation du traitement médical en cas de sténose hémodynamiquement significative d’après la mesure de la réserve coronaire (FFR < 0,80) chez des coronariens stables. L’angioplastie (de 1, 2 ou 3 vaisseaux) avec mise en place d’un stent actif en cas de FFR < 0,80 s’accompagnait de taux moindres de revascularisation en urgence à 1 an (0,6%) en comparaison au groupe traitement médical seul (6%). L’étude a été soumise à un arrêt prématuré des inclusions en janvier 2012 en raison d’un sur-risque ischémique dans le bras traitement médical seul - 11,2 fois plus d’événements 38 (HR : 11,2 IC 95% [2,62-47,9] ; p < 0,0001) que dans le groupe angioplastie et traitement médical. La proportion de patients présentant une ischémie démontrée par guide de pression était de 78% au total. L‘absence de lésion ischémiante démontrée (FFR > 0,80) et relevant d’un traitement médical optimal est associée à un pronostic très favorable, comparable à celui des patients avec FFR < 0,80 traités par angioplastie et traitement médical. FAME II propose ainsi d’affiner la sélection de patients coronariens stables et candidats à une angioplastie en alliant des critères anatomiques au critère fonctionnel évaluable par une méthode extrêmement fiable et reproductible. En ce sens, FAME II répond aux questions laissées en suspens après COURAGE, qui n’avait pas démontré de bénéfice de l’angioplastie en termes de mortalité chez ces patients atteints de cardiopathie ischémique stable. FAME II s’inscrit dans la lignée de l’étude COURAGE, et pourrait susciter un regain de revascularisations par angioplastie chez les patients coronariens stables. Ces considérations devraient logiquement mener à l’extension de son utilisation en pratique quotidienne et surtout à son remboursement avant d’envisager l’utilisation à l’avenir de la FFR « non invasive » (couplée au coroscanner), qui est de plus en plus évoquée dans la littérature. D’autres études comparant une revascularisation par angioplastie à un traitement médicamenteux optimal chez les patients coronariens stables sont en cours, notamment l’étude ISCHEMIA qui a débuté récemment (pour un total de 8 000 patients dans 400 centres). Outre ces spécificités avantageuses, le ratio coût/bénéfice est lui aussi à l’avantage de la FFR (Figure 2). Ratio coût/bénéfice de la FFR Coût incrémental ➜ Utilisation de la FFR en 2012 La FFR améliore les résultats QALY incrémentale La FFR réduit les coûts Figure 2. De la FFR non invasive au stenting virtuel… Le caractère hémodynamiquement serré d’une sténose coronaire peut être affiné, comme nous l’avons vu, au moyen de CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 Congres 19/10/12 16:24 Page 39 cette méthode diagnostique à la tomodensitométrie coronaire : il s’agit de la FFRCT (Figure 3). Cette méthode non invasive a prouvé sa Coronarographie FFR FFRCT non-infériorité face aux autres outils diagnostiques pour les lésions ischémiantes documentées, et il existe de plus en plus de preuves quant à son intérêt dans l’évaluation de sténoses intermédiaires. La mise à profit des nouvelles technologies de l’imagerie coronaire a tout simplement conduit au concept de stenting virtuel dont la faisabilité a pu être évaluée dans une petite étude coréenne, prospective et multicentrique : DISCOVER FLOW, englobant 48 lésions sténosantes chez 44 patients coronariens stables (10% dans l’artère circonflexe, 17% au niveau de la coronaire droite, et 73% sur le territoire de l’IVA). Figure 3. Trois examens proposés (de gauche à droite) : FFRCT, coronarographie, Cette étude prouve une grande FFR avant et après stenting de l'IVA moyenne. corrélation entre FFR et FFRCT avec une excellente sensibilité et spécificité (100% et 96% respectivement) pour prédire l’existence la mesure de la FFR. Une nouvelle technologie, primée l’an d’une ischémie résiduelle (FFR < 0,80) après stenting. ■ dernier lors du congrès EuroPCR 2011, permet d’associer Après stenting Avant stenting Une nouvelle technologie : la FFRCT Résultats des études EVOLUTION, SORT-OUT V et COMPARE II EuroPCR 2012 a été l’occasion de commenter les résultats des études EVOLUTION, SORT-OUT V et COMPARE II. L es résultats à un an de l’étude EVOLUTION (A Randomized Study to Evaluate Safety and Efficacy of the Excel Sirolimus Eluting Stent with a Biodegradable Polymer Versus Sirolimus Eluting Stent with a Non-Biodegradable Polymer in the Treatment of Patients with de novo Coronary Artery Lesions) ont été présentés par le Dr Junbo Ge (Shanghai, Chine). Cette étude multicentrique propose de comparer en termes de non-infériorité deux stents actifs au sirolimus : le stent actif à polymère biodégradable (Excel) et le stent actif à polymère permanent (Cypher), même si celui-ci n’est plus commercialisé depuis un an environ. Si la plate-forme diffère peu entre ces deux prothèses, le médicament est identique, et c’est la différence de polymères qui est étudiée. 1 923 patients coronariens (ischémie aiguë ou chronique) présentant des sténoses coronaires de novo ont été randomisés dans ces 2 bras (polymère biodégradable [n=1 239] et permanent [n = 670]). Le critère principal est un critère ischémique composite associant décès de cause cardiaque, IDM et revascularisation du vaisseau cible. Les critères secondaires associent thromboses de stent et critères MACE (Major Adverse Cardiac Events). Les résultats à un an confirment la non-infériorité de ce stent de dernière génération vis-à-vis CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 du comparateur plus ancien. Les événements liés aux sténoses traitées s’élèvent à 0,89% au bout d’un an dans le groupe stent à polymère biodégradable et à 1,34% dans le groupe Cypher (critère de non-infériorité atteint ; p = 0,05). L’étude SORT-OUT V (Randomised Clinical Comparative Study of the Nobori and the Cypher Stent) n’a pas permis, quant à elle, au stent Nobori d’atteindre ce critère de non-infériorité face au stent Cypher (p = 0,06). En termes d’ischémie composite (décès cardiaque, IDM, thrombose de stent, revascularisation du vaisseau cible), le stent à polymère biodégradable présentait un taux de 4,1% versus 3,2% pour le polymère permanent. Le Pr Pieter Smits (Rotterdam, Pays-Bas) 39 Congres 19/10/12 16:24 Page 40 Cardio interventionnelle pour le praticien présentait, quant à lui, l’étude de noninfériorité COMPARE II afin de préciser la place de stent Nobori par rapport au stent Xience V. 2 707 patients ont été randomisés dans chacun des 2 bras. Le critère primaire était un critère d’ischémie composite classique dans ce type d’étude et offrait un avantage certain au stent au biolimus (polymère biodégradable), sans atteindre toutefois la significativité statistique. ■ VALENTINES Trial II teste l’efficacité du ballon actif DIOR PLATINUM SMALL VESSEL évalue le stent PROMUS Les ballons actifs ne sont pas issus de réflexions récentes, et l’idée aurait presque périclité il y a une dizaine d’années si le champ d’application au phénomène de resténose n’avait pas émergé. L’angioplastie au ballon est depuis longtemps une modalité thérapeutique des sténoses coronaires intéressant des artères de petit calibre. Stent PROMUS Ballon actif DIOR Figure. L’ efficacité des ballons actifs en termes d’alternative thérapeutique en cas de resténose intra-stent a déjà été démontrée dans plusieurs essais, et ils sont même recommandés dans cette indication par l’ESC (Guidelines on myocardial revascularization, Wijns, Kohl, Danchin). Le Dr Antonio Serra (Barcelone, Espagne) a, lui, présenté les résultats à 9 mois de l’étude VALENTINES TRIAL II. Ce registre multicentrique international permet d’étudier chez des patients souffrant d’angor stable, instable et/ou d’ischémie démontrée l’efficacité du ballon actif DIOR (Drug Eluting Balloon (Figure) pour les lésions coronaires de novo, à assez court terme (6-9 mois), quel que soit le calibre de l’artère (des IVA ostiales ont effectivement bénéficié d’angioplastie par cette méthode !) chez 150 patients dans 50 centres. Les résultats rapportent un faible taux de revascularisation du vaisseau cible (6,9%) avec le DIORDEB, et de la lésion cible (2,9%). Le « late loss » était de 0,30 ± 0,36 mm, et le taux de MACE relativement bas (8,7%). Ces résultats issus de registre nécessitent toutefois une confirmation par la réalisation d’une étude randomisée. ■ 40 P lusieurs alternatives ont été proposées, notamment l’angioplastie au ballon actif, comme l’a rappelé le Dr Antonio Serra, mais aussi le stenting de la lésion, stratégie longtemps considérée comme à risque de dissection du site, de resténose intrastent et surtout de thrombose de prothèse, a fortiori quand celle-ci était recouverte de substance Figure. antiproliférative. L’étude PLATINUM SMALL VESSEL (PLATINUM Clinical Trial to Assess the PROMUS Element Stent System for Treatment of De Novo Coronary Artery Lesions in Small Vessels) évalue l’efficacité et la sécurité d’implantation d’un stent PROMUS Element (PROMUS) de 2,25 mm dont la plate-forme chrome-cobalt est recouverte d’évérolimus (Figure), dans une artère dont le calibre est compris entre 2,25 et 2,5 mm, et démontre encore à 2 ans un excellent profil efficacité/sécurité pour ce stent. Le taux de revascularisation de la lésion cible est de 2,5% seulement avec un risque d’événements cardiovasculaires qui demeure bas à 2 ans : 2,3% de décès cardiovasculaires, 0% d’IDM, 0% de thrombose de stent et sans décès constaté depuis l’année dernière ! ■ Les stents PROMUS et XIENCE V sont rigoureusement identiques. Le stent XIENCE est une marque déposée des laboratoires Abbott, PROMUS est un stent fabriqué par Abbott et distribué par Boston Scientific. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 Congres_ESC:modeles 19/10/12 16:51 Page 42 Congrès I European Society of Cardiology, 25-29 août 2012 • Munich I European Society of Cardiology Nouvelles recommandations et STEMI : le prasugrel en première ligne Les nouvelles recommandations, publiées durant le congrès de la Société européenne de cardiologie, placent les nouveaux antiagrégants plaquettaires comme le prasugrel et le ticagrelor en première intention pour le traitement en phase aiguë des infarctus avec sus-décalage du segment ST (STEMI). L e nouveau texte des recommandations insiste sur l’importance de la prise en charge préhospitalière, rappelle que le délai à respecter pour entreprendre une angioplastie primaire (de préférence par voie radiale) est de 120 min, et souligne la nécessité d’administrer à tous les malades un traitement par aspirine. « Une double antiagrégation plaquettaire devra aussi systématiquement être proposée pour une durée de 12 mois au décours de l’infarctus, avec une durée incompressible d’un mois en cas d’implantation de stent nu et de 6 mois après pose de stent actif », a noté le Pr Petr Widimsky (Prague). Un autre point fort des nouvelles recommandations concernant les STEMI est que le clopidogrel est désormais relégué en seconde intention en phase aiguë de l’infarctus en cas d’angioplastie et n’est, en pratique, plus recommandé que lorsque le prasugrel ou le ticagrelor ne sont pas disponibles sur le marché ou sont contre-indiqués. Le Pr Widimsky a mis en avant les atouts du prasugrel dans le traitement de l’infarctus du myocarde. Dans l’étude TRITON-TIMI 38, cet antiagrégant a démontré sa supériorité sur le clopidogrel chez les 3 534 patients ayant un STEMI avec, à 30 jours, une réduction significative de 32% du critère de jugement primaire associant décès cardiovasculaires, infarctus et AVC, cette plus forte efficacité du prasugrel persistant à 15 mois. Les patients avec un STEMI semblent tirer particulièrement parti du prasugrel. En effet, la réduction du risque ischémique était, dans TRITON-TIMI 38, plus importante chez les malades porteurs de STEMI que ce qui a été observé avec le ticagrelor dans l’étude PLATO, a fait remarquer le Pr Widimsky. Par ailleurs, l’étude TRITON-TIMI 38 a révélé que l’administration de prasugrel (60 mg en dose de charge, puis 10 mg/j) ne provoque pas un surplus d’hémorragies majeures ou mineures en comparaison du clopidogrel chez les patients avec un STEMI ayant eu une angioplastie (alors qu’en revanche, un peu plus d’hémorragies majeures ont été constatées avec cet antiagrégant chez les malades pontés pour STEMI). 42 TRITON-TIMI 38 a également révélé que la population des diabétiques est une bonne cible pour l’utilisation du prasugrel (réduction de 30% du critère primaire portant sur les événements ischémiques sans sur-risque hémorragique) « avec un bénéfice qui est d’autant plus important que le diabète est sévère », a rappelé le Pr Widimsky. Par ailleurs, la prise de prasugrel a l’avantage de ne pas exiger d’ajustement posologique chez les patients dont la clairance de la créatinine est < 60 ml/min. Il est néanmoins important de respecter les contre-indications du prasugrel, qui découlent des données de tolérance observées sur l’ensemble de la population de TRITON-TIMI 38 (plus de 13 000 patients), laquelle associait aux malades avec STEMI des patients ayant subi une angioplastie coronaire pour angor instable ou infarctus sans sus-décalage du segment ST (AI/NSTEMI). « Le prasugrel ne devra ainsi pas être administré aux malades avec des antécédents d’AVC et d’AIT, chez lesquels le risque hémorragique est majoré, et il faudra être prudent pour les mêmes motifs chez ceux de plus de 75 ans, ou avec un poids inférieur à 60 kilos », a reconnu le Pr Widimsky. Il est préférable de réduire la dose de 10 à 5 mg/j chez ces deux dernières catégories de patients. Enfin, le prasugrel ne peut être proposé aux malades thrombolysés, l’étude TRITON-TIMI 38 ayant été uniquement réalisée chez des malades reperfusés. Nouvelles données de registre Une étude de registre allemande, ATACS, ayant rassemblé 5 917 patients inclus entre octobre 2009 et décembre 2011, dont 2 311 avec un STEMI de moins de 24 heures, laisse penser que le prasugrel pourrait aussi faire mieux que le clopidogrel chez des malades tout-venant avec un infarctus ayant le plus fréquemment bénéficié d’une angioplastie. « Une tendance à la baisse de la mortalité a, en effet, été relevée en comparaison du clopidogrel chez les 69% de patients porteurs de STEMI, ayant reçu du prasugrel, et ce sans survenue d’hémorragies importantes », s’est félicité le Pr Uwe Zeymer (Ludwigshagen, Allemagne) en commentant ces données encore non publiées. Ce qui est encourageant même si les deux groupes traités par clopidogrel et prasugrel n’étaient pas totalement comparables. ■ Dr Corinne Tutin D’après un symposium organisé par les laboratoires Daiichi Sankyo et Eli Lilly. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 Congres_ESC:modeles 19/10/12 16:51 Page 43 De ASCOT à AVANT’AGE : pourquoi choisir la stratégie périndopril/amlodipine chez les patients hypertendus ? “A u vu des résultats des études ASCOT et ACCOMPLISH, l’association IEC-inhibiteur calcique est préconisée en première ligne dans les recommandations britanniques sur la prise en charge de l’hypertension artérielle », a rappelé le Pr Frank T. Ruschitzka (Hôpital universitaire de Zurich). L’étude AVANT’AGE, qui a été réalisée chez 710 médecins généralistes ayant recruté au total 6 256 patients, vient de confirmer l’intérêt d’une combinaison de périndopril et d’amlodipine. « L’utilisation, dans cet essai, de cette association aux doses de 5/5, 5/10,10/5,10/10 mg a abaissé de respectivement 20,3 et 11,3 mmHg la PAS et la PAD à 3 mois chez des patients avec une HTA difficile à contrôler », s’est félicité le Pr Jacques Blacher (université Paris-Descartes). Un autre essai ouvert, SYMBIO, entrepris durant 3 mois en Slovaquie chez 2 132 patients hypertendus, a également rapporté une baisse significative de la PA sous cette bithérapie (de 158,5/ 93,6 mmHg à 132,9/80,7 mmHg en moyenne ; p < 0,0001), « ce indépendamment du traitement reçu initialement (IEC seul, IC seul ou déjà combinaison IEC + IC) », a expliqué le Pr Robert Hatala (Institut national cardiovasculaire, Bratislava). En outre, l’addition du périndopril à l’amlodipine a entraîné une réduction de 58% (p < 0,001) des œdèmes imputables à cet inhibiteur calcique. Une très bonne efficacité antihypertensive, avec un taux de contrôle tensionnel de 79% à 3 mois, a également été relevée avec cette bithérapie à base de périndopril et d’amlodipine dans une étude russe, PRORYV, ayant porté sur 4 115 patients, dans 56,2% des cas en surpoids, avec une HTA non contrôlée. Cette bithérapie a là aussi été bien tolérée, « seulement 0,5% des malades étant exclus de l’essai en raison de la survenue d’un œdème et 0,2% d’une toux », a indiqué le Pr Yuri A. Karpov (Centre de recherche cardiologique russe, Moscou). Les données de l’étude ASCOT-BPLA, qui a recruté plus de 19 000 patients hypertendus à risque cardiovasculaire modéré, en prévention primaire sont également favorables à l’emploi de cette association, avec, a souligné le Pr Michal Tendera (Université médicale de Silésie, Katowice), « une plus forte interaction positive entre cette bithérapie et l’atorvastatine avec une réduction de 53% du critère de jugement primaire associant coronaropathies fatales et infarctus non mortels sous atorvastatine en comparaison du placebo dans ce bras contre - 16% dans le bras aténolol-diurétique thiazidique ». Toutes ces études sont la preuve que la stratégie périndopril/amlodipine est efficace quel que soit le profil du patient hypertendu pour diminuer les chiffres tensionnels et prévenir un éventuel accident. ■ Dr Corinne Tutin © BSIP Plusieurs études viennent de mettre en évidence l’intérêt d’une combinaison périndopril/amlodipine dans la prise en charge des patients hypertendus, quel que soit leur niveau de risque. D’après un symposium organisé par les laboratoires Servier. STEMI : l’ajout de tirofiban au traitement standard améliore les résultats cliniques après angioplastie primaire Un traitement antithrombotique associant antiagrégants plaquettaires et héparine, administré le plus précocement possible, améliore l’évolution clinique des patients atteints d’infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST. L’ angioplastie primaire est actuellement le traitement de référence de l’infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST (STEMI) et doit être réalisée dans les délais les plus courts possible après le premier contact médical. Le délai de reperfusion reste un déterminant majeur de la mortalité des STEMI, a souligné le Pr Stephan James (Suède). Selon les nouvelles recommandations de prise en CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 charge des STEMI, en termes de délai la cible à atteindre est 60 min entre le premier contact médical et l’angioplastie. Si la reperfusion par angioplastie ne peut être réalisée dans les 120 min, la thrombolyse, indiquée d’emblée, peut être faite en phase préhospitalière. Quelle que soit la stratégie de reperfusion, l’administration précoce et systématique d’un double traitement antiagrégant (aspirine + prasugrel ou aspirine + clopidogrel) et héparinique est indiquée d’abord avec une dose de charge, puis en traitement d’entretien. De nouvelles données montrent l’intérêt de l’utilisation préhospitalière du tirofiban, un anti-GPIIb/IIIa, chez les patients atteints d’un infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST. 43 Congres_ESC:modeles 19/10/12 16:51 Page 44 Instaurer le traitement dès l’ambulance Les résultats de l’étude FABOLUS PRO (1) comparant l’effet antiagrégant plaquettaire du prasugrel (60 mg) et du tirofiban (25 mg/kg en bolus) chez des patients présentant un STEMI montrent que 2 heures après l’administration des deux molécules, l’inhibition de l’agrégation plaquettaire est significativement plus faible avec le prasugrel (50 %) comparé au bolus haute dose de tirofiban qui atteint une inhibition de 95% dès 15 min. L’étude On-TIME 2 (2) a comparé, chez des patients SCA ST+ ayant reçu clopidogrel 600 mg + aspirine, l’administration dans l’ambulance du Samu d’un bolus haute dose de tirofiban versus placebo dans un délai de 90 min. L’adjonction de tirofiban a permis: - une meilleure résolution du décalage du segment ST, témoignant d’une meilleure reperfusion, à 1 heure post-procédure d’angioplastie ; - une réduction significative des MACE à J30 (de 50% en cas d’angioplastie primaire) ; - une diminution de la mortalité à J30 et à 1 an, et ce sans augmentation significative des hémorragies majeures ou mineures (3). Bénéficient le plus de cette stratégie les patients recevant le traitement précocement et pris en charge par angioplastie primaire. « L’ensemble de ces données démontre l’importance de diagnostiquer les patients atteints de STEMI le plus précocement possible afin d’instaurer un traitement antithrombotique et un triple traitement antiagrégant plaquettaire comprenant le tirofiban dès l’installation dans l’ambulance », a souligné le Dr Arnoud Van’t Hof (Pays-Bas). ■ Dr Micheline Fourcade D’après un symposium organisé par les laboratoires Iroko. Pour en savoir plus 1. Valgimigli M, et al. J Am Coll Cardiol Interv 2012; 5 : 268-77. 2. Van’t Hof A, et al. Lancet 2008; 372 (9638) : 537-46. 3. Ten Berg JM, et al. JACC 2010 ; 55(22) : 2446-55. HTA : les atouts de l’olmésartan Une trithérapie à base d’olmésartan permet d’espérer un taux élevé de contrôle tensionnel chez les patients répondant mal à une bithérapie. «L es données de l’étude EUROASPIRE III, ayant porté sur la période 2006-2007, révèlent qu’à la différence d’autres facteurs de risque cardiovasculaire comme le tabagisme ou le cholestérol, le contrôle tensionnel ne s’améliore pas véritablement en Europe avec seulement 43,9% de patients normalisés contre 50,1% pour EUROASPIRE I », a déploré le Pr Massimo Volpe (Rome). « Or, contrairement à ce que beaucoup de praticiens pensent, un pourcentage non négligeable de patients hypertendus est à haut risque cardiovasculaire », a souligné le Pr Vivencio Barrios (Madrid). 50% des hypertendus suivis en médecine générale sont à haut ou très haut risque cardiovasculaire Une enquête conduite par l’équipe du Pr Barrios auprès de 8 920 patients a révélé que la moitié des malades hypertendus suivis en médecine générale sont 44 à haut ou à très haut risque cardiovasculaire. C’est aussi le cas de plus de 70% des patients pris en charge par des spécialistes. Comment faire mieux ? Le Pr Barrios a suggéré de privilégier certains ARA II, et ajouté que «l’olmésartan a démontré une forte activité antihypertensive en MAPA, dans des méta-analyses comme celle de MJ Fabia (J Hypertens 2007), et ce tant pour la pression artérielle systolique que diastolique ». Dans l’étude randomisée ESPORT, menée chez des hypertendus âgés, l’olmésartan a aussi fait la preuve de sa supériorité comparé à un IEC, le ramipril, et a prouvé son efficacité dans plusieurs essais contrôlés en association avec l’hydrochlorothiazide ou l’amlodipine. « Les recommandations de la Société européenne d’hypertension artérielle rappellent que 15 à 20% des malades hypertendus ne peuvent au minimum être traités uniquement par deux médicaments antihypertenseurs », a admis le Pr Barrios. Une nouvelle stratégie thérapeutique consiste à prescrire à ces patients hypertendus une trithérapie à base d’olmésartan, d’amlodipine et d’hydrochlorothiazide, qui bénéficie depuis 2011 d’une autorisation européenne de mise sur le marché. Une efficacité au long cours Dans l’étude TRINITY, réalisée en double aveugle selon un plan factoriel chez 2 492 patients avec une HTA modérée à sévère, cette trithérapie a normalisé 7 patients sur 10 aux doses de respectivement 40 mg/j, 10 mg/j, 25 mg/j des 3 antihypertenseurs. Le Pr Barrios a insisté sur le fait que « cette trithérapie assure un bon contrôle tensionnel, tant chez les hypertendus non obèses qu’obèses ». Elle est également active chez les patients à haut risque cardiovasculaire et bien tolérée malgré des baisses tensionnelles importantes : - 37 mmHg à 8 semaines pour la PAS dans TRINITY, - 21,8 mmHg pour la PAD. Cette trithérapie a aussi démontré son efficacité au long cours Une nouvelle étude, effectuée par le Pr Volpe auprès de plus de 2 000 patients, présentée sous forme de poster, a ainsi conclu à un taux de contrôle de 78% après un suivi de 54 semaines en ouvert. A noter que, dans cet essai, le taux d’hypotensions est resté inférieur à 1% sous trithérapie. ■ Dr Corinne Tutin D’après un symposium organisé par les laboratoires Daiichi Sankyo et Menarini. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 Congres_ESC:modeles 19/10/12 16:51 Page 45 Le dabigatran bénéficie à plus d’un million de patients-années Le dabigatran, qui a obtenu les autorisations réglementaires pour la prévention des AVC et des embolies systémiques chez les patients atteints de FA, est largement prescrit dans le monde. L e dabigatran étexilate (Pradaxa) bénéficie aujourd’hui à un million de patients-années, et ce dans deux grands cadres nosologiques : - la prévention des événements thromboemboliques veineux chez des patients adultes ayant bénéficié d’une chirurgie programmée pour prothèse totale de hanche ou de genou ; - la prévention des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des embolies systémiques (ES) chez les patients atteints de fibrillation atriale (FA) non valvulaire, associée à un ou plusieurs facteurs de risque : antécédents d’AVC, d’AIT ou d’ES, FEVG < 40 %, insuffisance cardiaque symptomatique (classe NYHA > 2), âge ≥ 75 ans ou > 65 ans chez un diabétique, un coronarien ou un hypertendu. Cette expérience clinique, sans précédent pour un nouvel anticoagulant oral, souligne la large utilisation de Pradaxa dans plus de 70 pays à travers le monde, après l’obtention des autorisations réglementaires pour la prévention de l’AVC et de l’ES dans la FA. Ce niveau d’utilisation clinique montre que les bénéfices importants du dabigatran étexilate mis en évidence dans l’étude RE-LY (Randomised Evaluation of Long term anticoagulant therapY) ont été pris en compte. Les résultats de RE-LY démontrent que le dabigatran étexilate (150 mg x 2/j) a réduit de 35% le risque global d’AVC et d’ES, y compris les AVC hémorragiques, et qu’indiqué à la dose de 110 mg x 2/j chez certains patients, il s’est révélé non inférieur à la warfarine, avec pour les 2 dosages une diminution significative des hémorragies potentiellement mortelles et intracrâniennes. Depuis sa première autorisation dans la prévention des AVC, Pradaxa pourrait avoir évité 40 000 AVC chez des patients atteints de FA non valvulaire par rapport aux patients non traités. Pour le Pr Hans-Christoph Diener (Duisburg-Essen, Allemagne), qui commentait ces résultats, « le nombre estimé d’AVC évités positionne le dabigatran comme un traitement efficace et présentant un bon profil de tolérance chez les patients atteints de FA exposés à un risque d’AVC ». ■ Dr Micheline Fourcade D’après une conférence de presse organisée par les laboratoires Boehringer Ingelheim. Le TAVI fait son entrée dans les recommandations Les Prs Martine Gilard (Brest, France), Bernard David Prendergast (Oxford, Royaume-Uni) et Helmut Baumgartner (Munster, Allemagne) ont commenté l’actualité du TAVI et son entrée dans les nouvelles recommandations sur la prise en charge des valvulopathies. L e Pr Bernard David Prendergast a présenté les dernières données concernant le TAVI à partir des résultats à 2 ans de l’étude PARTNER (The Placement of Aortic Transcatheter Valves) et des résultats à un an du registre SOURCE. Les résultats de l’étude PARTNER se confirment à 2 ans. Dans la cohorte B, qui comparait le TAVI au traitement médical (pouvant inclure une angioplastie au ballon) chez les patients inopérables, la mortalité toute cause est de 43,3% chez les patients traités par TAVI et de 68% chez les autres (HR : 0,56 ; IC 95% 0,44-0,75 ; p < 0,0001) (Figure 1, p 46). L’amélioration fonctionnelle constatée précocement après TAVI se maintient à 2 ans avec une réduction au cours du temps de la classe NYHA. Dans la cohorte A, qui comparait les TAVI par voie apicale ou fémorale au traitement chirurgical chez les patients à haut risque opératoire, le taux de mortalité à 2 ans est similaire dans les 2 groupes (RVA 35% versus TAVI 33,9% ; HR : 0,88 ; IC 95% 0,70-1,12 ; p = 0,310). Concernant la survenue d’AVC, il a été noté un taux d’AVC à 30 jours nettement supérieur dans le groupe TAVI (4,6% versus 2,4%), mais cet écart diminue au fil du temps avec au-delà de 2 ans une inversion des courbes et un taux d’AVC supérieur CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 dans le groupe chirurgie. A ce jour, les mécanismes précis de ces excès d’AVC périprocéduraux sont inconnus. Cependant, les données à plus long terme sont jugées rassurantes. Les résultats de PARTNER confirment que la présence d’une fuite paravalvulaire significative après TAVI est de mauvais pronostic. Même une fuite peu importante peut être à l’origine d’une surmortalité équivalente à la présence d’une fuite moyenne ou sévère. Le taux de mortalité à 2 ans est de 24,8% quand il n’existe pas de fuite ou qu’elle est à l’état de trace, de 39,2% quand elle est minime et de 41,7% quand elle est modérée ou sévère. Le registre SOURCE confirme les progrès du TAVI SOURCE est un registre prospectif, européen, recueillant les données de patients traités avec les valves Edwards Sapien XT, par voie fémorale ou apicale. Ce registre confirme les bons résultats du TAVI avec une survie à un an de l’ordre de 76,5%, supérieure dans le groupe voie fémorale par rapport au groupe voie apicale (80,1% et 74,2% respectivement) (Figure 2, p 46). Cela est en partie expliqué par le fait que les patients du groupe transapical ont plus de comorbidités, avec un EuroScore en moyenne plus élevé que dans le groupe transfémoral (21,8 et 19,9 respectivement ; p = 0,0004). De même, le nombre de patients à très haut risque, avec EuroScore > 40, est significativement supérieur dans le groupe apical. La mortalité chez ce type de patients, après TAVI par voie apicale, est extrêmement élevée, de l’ordre de 22,4%. 45 Congres_ESC:modeles 19/10/12 16:51 Page 46 PARTNER cohorte B : mortalité à 2 ans 80% 100 Traitement standard TAVI HR 0,57 IC 95% [0,44-0,75] 95 p (log rank) < 0,0001 90 85 67,6% 60% Δ à 1 an = 20% NNT = 5 pts 50,7% 40% 43,3% 30,7% 20% 0 6 12 Mois 80,1% 80 76,5% 75 74,2% 70 Tous (n = 2 307) Voie transfémorale (n = 920) Voie transapicale (n = 1 387) 65 60 Δ à 2 ans = 24,3% NNT = 4,1 pts 0% Survie (%) Mortalité toutes causes (%) 100% Registre SOURCE : survie à 1 an 18 55 50 0 24 3 6 9 12 15 Survie (mois) 18 21 Figure 1. Figure 2. Les données concernant les complications confirment les progrès réalisés, on note un taux d’AVC de 2,1% et la survenue de complications vasculaires majeures dans 6,3% des cas. risque et des critères permettant de faire le choix entre les deux types d’intervention. Actuellement, aucun score de risque ni aucun élément clinique ne permet de répondre à ces questions, raison pour laquelle les recommandations se réfèrent au jugement de la Heart Team, composée de cardiologues et de chirurgiens cardiaques. L’absence de Heart Team est une contre-indication à la réalisation de TAVI. Le Pr Alec Vahanian (Paris) a commenté la prise en charge des patients à risque intermédiaire. Il a noté qu’il n’est pas recommandé actuellement de traiter ce type de patients par TAVI, en attendant d’autres études. Le Pr Martine Gilard a ajouté que, au-delà des scores, il faut s’intéresser à la fragilité du patient. D’après elle, il est nécessaire de développer un nouveau score, dédié au TAVI, en prenant en compte les différents registres et études publiés. ■ Le TAVI : réelle alternative à la chirurgie dans les recommandations Le Pr Baumgartner a commenté les nouvelles recommandations sur la prise en charge des valvulopathies. Le point essentiel et le plus attendu de ces recommandations concerne le TAVI puisque aucune recommandation n’existait. Ces recommandations découlent des différents registres, mais surtout des résultats de l’étude randomisée PARTNER. Les résultats à 2 ans de la cohorte A de PARTNER ont validé le fait que le TAVI peut être considéré comme une réelle alternative à la chirurgie chez les patients à haut risque. Cependant, se pose le problème de la définition du patient à haut Dr Timmy Plastaras D’après un symposium organisé par les laboratoires Edwards Lifesciences. SHIFT : diminution des hospitalisations récurrentes chez les insuffisants cardiaques chroniques avec l’ivabradine Au cours d’une session consacrée à l’actualisation des essais cliniques, le Dr Jeffrey Stephen Borer (New York) a présenté une sous-analyse de l’étude SHIFT. Il en ressort que chez les insuffisants cardiaques chroniques, l’ivabradine réduit les hospitalisations pour aggravation de la maladie et l’incidence des réhospitalisations. L 46 e Pr Borer a rappelé les résultats de l’étude SHIFT (Systolic Heart Failure Treatment with the If inhibitor ivabradine Trial), étude internationale randomisée en double aveugle contre placebo menée chez 6 505 insuffisants cardiaques symptomatiques, montrant que l’adjonction de l’ivabradine, un bradycardisant pur, au traitement conventionnel permet de réduire de 18% l’incidence du critère composite associant décès cardiovasculaires et hospitalisations pour insuffisance cardiaque par rapport au placebo. La sous-analyse de SHIFT montre qu’à 30 mois, l’incidence cumulée des hospitalisa- tions pour insuffisance cardiaque est inférieure de 25% dans le groupe ivabradine comparé au groupe placebo (p = 0,0002) et que l’incidence des réhospitalisations est diminuée. Les patients ayant reçu l’ivabradine sont moins souvent réhospitalisés pour aggravation de leur insuffisance cardiaque que ceux du groupe placebo. Par ailleurs, le délai entre la randomisation, la première, la deuxième et la troisième hospitalisation a tendance à être plus long dans le groupe ivabradine que dans le groupe placebo. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 24 Congres_ESC:modeles 22/10/12 11:14 Page 47 En France, l'insuffisance cardiaque représente 1% des dépenses de santé, et le coût des hospitalisations s'élève à 1 milliard d'euros par an, l'ivabradine en réduisant le nombre et la durée des hospitalisations va donc permettre de réduire ce coût, et avoir un impact favorable sur l'économie de la santé. Pour expliquer le rationnel de cette sousanalyse, le Pr Stefan Anker (Berlin, Allemagne) a souligné que les analyses ne tenant compte que du délai entre la randomisation et la survenue d’un premier événement composite (décès cardiovascu- laires ou hospitalisations) ne reflètent pas complètement le poids que représente aujourd’hui l’insuffisance cardiaque dans la population. « Un patient peut mourir après une première hospitalisation ou avoir été préalablement hospitalisé plusieurs fois, ce qui n’est pas pris en compte dans les analyses basées sur le délai de survenue du premier événement composite. » Les résultats de cette sous-analyse sur les récurrences d’hospitalisation pourraient donc permettre d’apprécier l’impact du traitement sur le fardeau que représente l’insuffisance cardiaque. Toutefois, comme en a convenu le Pr Borer, cette sous-analyse comporte des limites dans l’approche temporelle des hospitalisations : l’effet du traitement dépend de l’évolution de la maladie, donc des hospitalisations antérieures ; par ailleurs, les données sur le poids des hospitalisations peuvent être influencées par les différences existant entre les systèmes de santé. ■ Dr Micheline Fourcade D’après la session : « Clinical trials & Registry II: Updates on Heart Failure and Coronary Artery disease ». Edoxaban : un large programme de phase III dans la FA et la thrombose veineuse L’edoxaban est un inhibiteur direct, spécifique et réversible du facteur Xa. Il s’adresse à la fois à la prévention des AVC et des embolies systémiques dans la FA ainsi qu’à la prévention et au traitement de la maladie thromboembolique veineuse, avec deux grandes études de phase III : ENGAGE AF-TIMI 48 et HOKUSAI-VTE. FA : prévention des AVC et des embolies systémiques Les études de phase II avaient établi dans la FA non valvulaire que le traitement avec une dose unique de 30 mg ou 60 mg/j d’edoxaban avait un profil de tolérance identique à celui de la warfarine. Les nouveaux anticoagulants oraux sont très attendus quand on connaît les difficultés pour le patient à gérer les contraintes liées à la prise d’AVK, comme l’illustre parfaitement l’enquête EUPS-AF (EUropean Patient Survey in Atrial Fibrillation). L’edoxaban est actuellement évalué dans ENGAGE AF-TIMI 48 (Effective aNticoaGulation with factor xA next GEneration in Atrial Fibrillation), une très large étude internationale multicentrique menée en double aveugle dans la FA (1 400 sites cliniques de 46 pays). Elle a inclus plus de 20 500 patients, entre novembre 2008 et novembre 2010, ayant une FA paroxystique, permanente ou persistante authentifiée, évoluant depuis moins de 2 ans et dont le score CHADS2 était ≥ 2; à l’inclusion, 52% avaient un CHADS2 ≥ 3, il s’agissait donc de patients à risque moyen ou élevé de complications ischémiques (respectivement 32%, 30% et 87% des participants de RE-LY, ARISTOTLE et ROCKET-AF avaient un score CHADS2 ≥ 3). Ils étaient ou non naïfs d’AVK. Les participants ont été randomisés en 3 groupes : edoxaban 30 mg/j, edoxaban 60 mg/j en monoprise et warfarine avec une durée moyenne de suivi de 24 mois. L’objectif primaire est de prouver la noninfériorité de l’edoxaban comparé à l’AVK sur un critère composite : AVC, embolies systémiques. Les critères secondaires portent sur la mortalité toute cause, les AVC, les embolies, ainsi que sur les MACE, la sécurité étant évaluée sur les saignements majeurs ou non majeurs, mais cliniquement significatifs. « ENGAGE AF-TIMI 48 présente des spécificités particulièrement intéressantes, a détaillé le Pr RP Giugliano (Etats-Unis). C’est la plus large étude randomisée menée dans la FA avec un nouvel anticoagulant oral, son suivi est long et elle permet de tester deux dosages en une prise quotidienne. C’est aussi la première à ajuster en permanence les doses qui passent de 60 à 30 mg et de 30 à 15 mg en fonction de la clairance de la créatinine, d’un poids < 60 kg ou de la prise CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 concomitante d‘inhibiteurs de la glycoprotéine P. » HOKUSAI-VTE dans le traitement et la prévention secondaire de la thrombose veineuse HOKUSAI-VTE est une étude clinique randomisée, internationale (400 centres de 38 pays). Les 8 250 participants sont inclus après une thrombose veineuse (TVP) ou une embolie pulmonaire symptomatique afin de montrer la non-infériorité du traitement par HBPM et relais par l’edoxaban 60 mg/j par rapport au schéma classique HBPM/warfarine (maintenant l’INR entre 2 et 3) sur un critère associant TVP et embolie pulmonaire (EP) fatale ou non à un an. Le critère secondaire d’efficacité concerne la récidive de TVP symptomatique, d’EP non fatale et la mortalité toute cause. La sécurité sera évaluée sur la non-infériorité de l’edoxaban sur le taux de saignements majeurs et non majeurs cliniquement significatifs. Le design est original par la dose unique quotidienne, l’ajustement de la dose sur les mêmes critères que dans ENGAGE AF-TIMI 48 et la flexibilité de la durée de traitement de 3 à 12 mois afin de refléter la réalité de la pratique clinique. Dans la thrombose veineuse, on disposait déjà de 2 études japonaises : STARS E-3 (Studying Thrombosis After Replace- 47 Congres_ESC:modeles 22/10/12 11:14 Page 48 ment Surgery) et STARS J-V après prothèse de genou ou de hanche comparant l’edoxaban 30 mg/j en une prise à l’énoxaparine 20 mg/2 fois/j. Chez les 1 326 opérés, l’edoxaban a significativement réduit les événements du critère primaire : TVP symptomatique ou non et embolie pulmonaire (5,1% versus 10,7% ; RRR = 52,7% ; p < 0,001). Ces résultats sont homogènes dans les divers sous-groupes, quels que soient l’âge, le poids ou les autres traitements. Il n’y avait pas de différence sur les saignements (4,6% sous edoxaban ver- sus 3,7% sous énoxaparine ; p = 0,427). Le Pr Naonobu Takahira a témoigné de son expérience clinique « dans la vraie vie » avec l’edoxaban qui est approuvé depuis avril 2011 dans la prévention de la thrombose veineuse après prothèse de genou ou de hanche et fracture de hanche. Chez les 91 patients de l’hôpital universitaire de Kitasato (âge moyen : 63 ans, 63% de femmes) qui ont reçu soit de l’edoxaban 15 mg (n = 23), soit de l’edoxaban 30 mg (n = 68) pendant 7 à 14 jours, les résultats ont été identiques sur la prévention des thromboses et le risque de saignement par rapport au fondaparinux. La pharmacovigilance post-marketing pour 2 000 patients sous edoxaban et 23 000 sous fondaparinux a révélé moins d’événements indésirables, moins de saignements totaux et de saignements graves et aucun saignement fatal sous edoxaban. ■ Dr Maia Gouffrant D’après une conférence de presse organisée par les laboratoires Daiichi Sankyo. EMPHASIS-HF : même bénéfice et sécurité d’emploi équivalente pour l’éplérénone chez les insuffisants cardiaques à haut risque a mortalité à 5 ans est comparable à celle observée pour les adénocarcinomes du côlon : environ 45%. Chez les patients souffrant d’une IC de classe II de la NYHA, la plus fréquente (69% des IC), - considérée comme modérée -, le taux annuel de mortalité peut atteindre 10%. Après un épisode de décompensation, le risque de réhospitalisation à 6 mois oscille entre 30 et 60%, et la mortalité augmente après chaque nouvelle hospitalisation. Pour améliorer le pronostic, il faut donc être efficace le plus tôt possible au cours de l’évolution de la dysfonction ventriculaire, a souligné Johann Bauersachs (Hanovre, Allemagne) rappelant que dans l’EURObservational Research Programme (ESC-HF Pilot), plus de 80% des patients reçoivent un inhibiteur du système rénineangiotensine et un bêtabloquant, mais seuls 40% d’entre eux bénéficient d’un traitement par antagoniste des récepteurs minéralo-corticoïdes, avec des doses cibles atteintes chez seulement 25 à 30% des patients. L’application des nouvelles recommandations thérapeutiques de l’ESC devrait permettre d’améliorer la survie des patients insuffisants cardiaques, a-t-il conclu. Ces nouvelles recommandations tiennent compte des nombreuses études publiées ces 4 dernières années, parmi lesquelles EMPHASIS-HF qui a permis à l’éplérénone de trouver sa place dans la prise en charge de l’IC systolique à fraction d’éjection basse (IC classe II de la NHYA, FEVG < 35%). avait été arrêtée avant son terme en raison de l’efficacité du traitement actif : réduction de 37% (p < 0,0001) du critère primaire (mortalité cardiovasculaire ou hospitalisation pour insuffisance cardiaque). Une sous-analyse de l’étude, commentée par Bertram Pitt (Ann Arbor, Etats-Unis), a mis en évidence une réduction significative de 47% (p < 0,001) des hospitalisations récurrentes chez les patients sous éplérénone comparés à ceux du groupe placebo. La crainte de l’hyperkaliémie explique la réticence de certains médecins à utiliser les antagonistes des récepteurs minéralo-corticoïdes. Dans EMPHASIS HF, les hyperkaliémies (K+ > 5,5 mmol) sont plus fréquentes chez les patients sous éplérénone par rapport au groupe témoin (11,8% versus 7,2% ; p < 0,001), mais n’entraînent pas davantage d’arrêts de traitement (environ 1% dans les 2 groupes). L’analyse de sous-groupes de population à haut risque (patients diabétiques ou ayant une dysfonction rénale avec un DFG < 60 ml/min/1,73m2) a confirmé ces résultats : l’augmentation du potassium sérique observée n’empêche pas le bénéfice clinique de l’éplérénone sur la mortalité et les hospitalisations : la réduction du critère primaire atteint 46% chez les patients diabétiques et 38% chez les insuffisants rénaux. Pour B. Pitt, l’augmentation d’incidence des hyperkaliémies et insuffisances rénales qui serait observée « dans la vraie vie » avec les antagonistes des récepteurs minéralo-corticoïdes pourrait s’expliquer par une prescription non appropriée au patient, un défaut de surveillance biologique de la kaliémie et de la fonction rénale et l’utilisation de la spironolactone 25-50 mg/j, dont les propriétés pharmacologiques diffèrent de celles de l’éplérénone (sélectivité et affinité pour les récepteurs, demi-vie). Résultats de l’étude EMPHASIS-HF L’IC dans les nouvelles recommandations ESC L’étude EMPHASIS-HF, qui compare l’éplérénone à un placebo chez plus de 3 000 patients avec FEVG < 30% en classe II de la NYHA, avec traitement de fond optimal par IEC et bêtabloquant, Faïez Zannad (Vandœuvre-lès-Nancy, France) est revenu sur la mise à jour des recommandations européennes sur l’insuffisance cardiaque qui s’est particulièrement attachée aux niveaux de Malgré les énormes progrès thérapeutiques réalisés ces dernières décennies, l’insuffisance cardiaque systolique reste un problème de santé publique majeur, l’incidence et la prévalence de la pathologie ne cessant de progresser. L 48 CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 Congres_ESC:modeles 19/10/12 16:51 Page 49 preuve, établis sur la base des nombreux travaux menés dans l’IC ces dernières années, mais aussi à leur application en pratique quotidienne. La gestion du traitement par les antagonistes des récepteurs minéralo-corticoïdes y est clairement détaillée : une bonne prescription est synonyme de prescription aux bons patients et aux bonnes doses - initiation du traitement à dose faible, sans dépasser les 50 mg/j - avec une surveillance adaptée à l’état fonctionnel des patients (vigilance accrue chez les sujets âgés, fragiles, avec une dysfonction rénale sous-jacente), mais aussi aux événements intercurrents (déshydratation, troubles digestifs, associations médicamenteuses : supplémentation potassique, AINS ou autres médicaments néphrotoxiques). Faïez Zannad a aussi rappelé l’importance de l’éducation du patient et de son entourage pour limiter le risque de complications. Analyse coût/efficacité de la prise en charge de l’insuffisance cardiaque Enfin, J. McMurray (Glasgow, Royaume-Uni) a terminé en abordant les aspects économiques de la prise en charge de l’insuffisance cardiaque, soulignant son coût élevé, principalement lié à celui des hospitalisations (69%). Dans l’étude EMPHASIS-HF, le nombre d’hospitalisations et le nombre cumulé d’hospitalisations, critère reflétant la survie, la progression et aussi le coût de la prise en charge de l’insuffisance cardiaque, ont été réduits et l’analyse coût/efficacité utilisant l’unité de mesure QALY (Quality Adjusted Life Year) fait apparaître un rapport coût/bénéfice favorable pour l’éplérénone. ■ Dr Pascale Lefèvre D’après un symposium organisé par les laboratoires Pfizer. Prise en charge de l'hypertension artérielle pulmonaire associée aux cardiopathies congénitales En présentant deux cas cliniques, le Dr Dimopoulos (Londres) et le Pr Rosenkranz (Cologne) ont permis de discuter de la gestion actuelle et des difficultés rencontrées lors de la prise en charge des patients ayant une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) associée à une cardiopathie congénitale. Syndrome d'Eisenmenger Le syndrome d’Eisenmenger (ES) est l’évolution ultime d’un shunt gauchedroit non corrigé précocement : canal artériel persistant, communication interventriculaire, canal atrioventriculaire. Ce shunt va entraîner des lésions artériolaires pulmonaires, qui elles-mêmes auront pour conséquence une élévation des résistances vasculaires pulmonaires (RVP), puis une inversion du shunt et donc une cyanose. Historiquement, la gravité des ES a été comparée à celle des autres formes d’HTAP, dont la mortalité est plus élevée. La gestion globale des patients se limitait alors à des mesures de soutien : supplémentation martiale, saignées, diurétiques. Aujourd’hui, il ne fait nul doute que l’ES est une maladie grave et progressive, associée à une mauvaise qualité de vie et à un mauvais pronostic, relevant d’un traitement spécifique. L’étude BREATHE-5 a montré que le bosentan (Tracleer), un antagoniste des récepteurs de l’endothéline, réduit significativement les RVP et améliore la distance parcourue au test de marche des 6 min, sans aggraver ni le shunt ni la cyanose. Selon les recommandations européennes, le bosentan est un des traitements de première intention chez les patients en classe fonctionnelle III avec ES (recommandation IB). Par ailleurs, plusieurs études sur les prostanoïdes et les inhibiteurs de la 5-phosphodiestérase ont montré leur efficacité sur l’amélioration des paramètres hémodynamiques et sur le statut fonctionnel des patients avec ES. HTAP après correction chirurgicale cardiaque La réparation chirurgicale est le traitement de choix pour la plupart des enfants présentant une cardiopathie congénitale hémodynamiquement significative. Le timing de la chirurgie est essentiel, car elle doit être réalisée avant que ne se développe la maladie vasculaire pulmonaire. L‘élévation des RVP peut survenir en postopératoire (aiguë) ou plus tardivement (chronique). En postopératoire immédiat de correction d’un shunt, une élévation brutale CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 des RVP n’est pas rare, appelée crise d’hypertension pulmonaire. Malgré un taux de mortalité élevé, > 20%, ces épisodes sont en général transitoires, et les patients considérés par la suite comme guéris. Cependant, 12 à 13% d’entre eux vont développer une HTAP. L’HTAP chronique résiduelle est de moins bon pronostic que si la chirurgie n’avait pas été réalisée. L’étude rétrospective pédiatrique de Haworth, et al. (Heart 2009) montre que cette sous-population a une survie moins bonne que les patients avec ES. Chez l’adulte, le défect peut souvent passer inaperçu, faisant porter à tort le diagnostic d’HTAP primitive, et contribue au retard de prise en charge chirurgicale de la malformation. Même si les études font défaut dans cette pathologie, les traitements spécifiques de l’HTAP (prostanoïdes, antagonistes des récepteurs de l’endothéline, inhibiteurs de la 5-phosphodiestérase) peuvent être bénéfiques. D’autres études sont nécessaires pour améliorer la prise en charge de ces patients, et pour mieux comprendre les mécanismes qui mènent à l’HTAP parfois plusieurs années après chirurgie. ■ Dr Sarah Cohen D’après un symposium organisé par les laboratoires Actelion. 49 Congres_ESC:modeles 22/10/12 11:20 Page 50 Réduire le risque d’AVC dans la FA : une approche risque/bénéfice La prévention des AVC en cas de fibrillation atriale est en pleine évolution. Les données cliniques récentes et l’actualisation des recommandations de l’ESC simplifient les messages à transmettre. A la différence des AVK, les nouveaux anticoagulants oraux ont l’avantage de ne pas nécessiter de monitoring avec de faibles interactions médicamenteuses et alimentaires. Quel que soit le nouvel anticoagulant oral étudié, le taux d’hémorragies intracrâniennes est inférieur à celui observé sous AVK. Les messages clés des recommandations 2012 Tous les anticoagulants (AVK et les nouveaux) sont indiqués en classe I avec un niveau de preuve A chez les patients avec FA et indication d’anticoagulation. Les femmes de moins de 65 ans ont le même risque que les hommes du même âge et ne justifient aucun traitement antithrombotique en l’absence d’autres facteurs de risque. Les nouveaux anticoagulants sont indiqués en première intention et préférés aux AVK (IIa A). Enfin, les antiagrégants ont quasiment disparu. L’apixaban supérieur aux AVK même chez l’insuffisant rénal L'étude ARISTOTLE a inclus des patients présentant une FA non valvulaire et qui avaient au moins un facteur de risque d'AVC. Les patients ont été randomisés en 2 groupes pour recevoir soit de l'apixaban 5 mg 2 fois/j (2,5 mg 2 fois/j chez les patients à risque), soit de la warfarine. Le critère primaire comprenait les AVC et les embolies systémiques. Il s’agit d’une étude de noninfériorité, mais une analyse de supériorité était prévue. Dans le groupe apixaban, une diminution significative du critère primaire de 21% (1,2%/an sous apixaban versus 1,60%/an sous warfarine [HR : 0,79]) ainsi qu’une diminution significative des hémorragies majeures, principal critère de tolérance (réduction du risque de 31% [HR : 0,69] ; p = 0,047), ont été retrouvées. Parmi les critères secondaires, il a été noté une diminution des hémorragies intracrâniennes et une réduction de la mortalité totale (- 11%). La sous-étude présentée à l’ESC a évalué les différences entre apixaban et warfarine selon le degré d’altération de la fonction rénale, ses résultats montrent que : - l'apixaban est plus efficace que la warfarine sur le critère primaire quel que soit le degré d'insuffisance rénale ; - il y a moins d’hémorragies majeures sous apixaban : la baisse pouvant atteindre 50% chez les patients ayant une clairance de la créatinine à 50 ml/min. En conclusion, la supériorité de l’apixaban comparé à la warfarine en termes d’efficacité et de tolérance se maintient même en cas d’insuffisance rénale. ■ Dr Michel Brenil D’après un symposium organisé par les laboratoires BMS-Pfizer. Dyslipidémie : le risque cardiovasculaire au centre de la prise en charge Les recommandations ESC-EAS sur la prise en charge des dyslipidémies mettent au centre de la stratégie l’évaluation du risque cardiovasculaire avec le LDL-cholestérol comme cible thérapeutique principale. C hez les patients à très haut risque cardiovasculaire, l’objectif est d’obtenir un taux de LDL-C < 0,70 g/l ou de le réduire d’au moins 50% ; chez les patients à haut risque, le taux de LDL-C devra être < 100 mg/l, et chez ceux à risque modéré, il devra être < 115 mg/l. Les statines, dont l’efficacité sur la réduction du LDL-C a été démontrée, sont utilisées en première intention, néanmoins chez de nombreux patients à haut risque, les valeurs cibles recommandées ne sont pas atteintes. Les options thérapeutiques sont alors soit d’augmenter la posologie, soit de passer à une statine plus puissante, soit d’avoir recours à une association : statine-ézétimibe (un inhibiteur de l’absorption intestinale du cholestérol) ou statine-acide nicotinique. L’addition d’ézétimibe à une statine réduit de 19% à 23% le taux de LDL-C par rapport à la statine seule ; son effet sur la morbi-mortalité cardiovasculaire est en cours d’évaluation dans l’étude IMPROVE-IT. L’acide nicotinique augmente le taux de HDL-C, diminue les taux de LDL-C et de triglycérides chez les patients traités par une statine, mais ses effets sont dose-dépendants, et la plupart des 50 patients n’atteignent pas la dose de 2 g/j en raison des effets secondaires, dont les plus importants sont des bouffées vasomotrices par vasodilatation cutanée (flushs). Le laropiprant, un antagoniste sélectif des récepteurs de type 1 de la prostaglandine D2, récepteurs dont la stimulation provoque une vasodilatation, permet d’améliorer la tolérance de l’acide nicotinique. L’étude de Maccubbin montre que la combinaison fixe d’acide nicotinique (2 g) et de laropiprant (40 mg) associée à un traitement par une statine réduit significativement les bouffées vasomotrices, effet qui se maintient à long terme (> 24 semaines). HPS2-THRIVE (Treatment of HDL to reduce the incidence of vascular events) est une vaste étude destinée à évaluer les effets de la combinaison fixe acide nicotinique (2 g)-laropiprant (40 mg) associée à un traitement par statine (40 mg/j) et ézétimibe sur les événements cardiovasculaires chez des patients âgés de 50 à 80 ans ayant des antécédents d’infarctus du myocarde, d’AVC, ou d’athérosclérose périphérique. 25 673 patients recrutés dans des centres coordinateurs au Royaume-Uni, en Scandinavie et en Chine ont été randomisés pour recevoir, associé à la statine, soit un placebo, soit la combinaison acide nicotinique-laropiprant, avec un suivi de 4 ans. Les résultats sont attendus en 2013. ■ Dr Micheline Fourcade D’après un symposium organisé par les laboratoires MSD-Chibret. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 actuamedicament:art 22/10/12 11:22 Page 51 Actualité I Événements - AMM - nouvelle indication - conditionnement I Le rivaroxaban obtient l’AMM dans deux nouvelles indications Le rivaroxaban est le premier inhibiteur direct du facteur Xa administré par voie orale approuvé en France dans trois indications, dont deux nouvelles. L e rivaroxaban (Xarelto, laboratoires Bayer HealthCare) vient d’obtenir le remboursement dans deux nouvelles indications : - la prévention des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des embolies systémiques chez les patients atteints de fibrillation atriale (FA) non valvulaire et présentant un ou plusieurs facteurs de risque : insuffisance cardiaque congestive, hypertension artérielle, âge ≥ 75 ans, antécédents d'AVC ou d'accident ischémique transitoire sans surveillance biologique en routine ; - le traitement des thromboses veineuses profondes (TVP) et la prévention des récidives sous forme de TVP ou d'embolie pulmonaire (EP) suite à une TVP aiguë chez l'adulte. Xarelto a été spécifiquement développé pour être administré en une seule prise par jour afin de favoriser l'adhésion au traitement et d’améliorer l'observance : la dose recommandée est de 20 mg/j, ou de 15 mg en cas d'insuffisance rénale modérée à sévère. Les nouvelles recommandations internationales (ESC 2012) pour la prévention de l'AVC et des embolies systémiques en cas de FA non valvulaire préconisent un anticoagulant oral pour presque tous les patients (seuls ceux âgés de moins de 65 ans avec une FA isolée ou présentant une contre-indication peuvent ne pas recevoir d'anticoagulant) et confirment que les nouveaux anticoagulants (dont le rivaroxaban) offrent une prise en charge efficace (non-infériorité établie) avec un bon profil de tolérance ; elles les positionnent en alternative à la prise en charge conventionnelle par antivitamines K (AVK), dans le respect de l'indication validée. La place du rivaroxaban a été établie dans la prévention de l'AVC chez les patients atteints de FA, en alternative à la prise en charge conventionnelle par AVK et en alternative à la prise en charge combinée HBPM + AVK dans le traitement de la TVP et la prévention de sa récidive sous forme de TVP et d’EP. Les limites de maniabilité avec les thérapeutiques actuelles expliquent pourquoi les AVK sont la première cause de iatrogénie médicamenteuse en France. « Le problème fondamental est l'anticoagulation à long terme avec les antivitamines K, a déclaré le Pr Jean-Marc Davy (Montpellier). Ces médicaments ont une bonne efficacité, mais une fenêtre thérapeutique étroite. La dose requise peut varier de manière importante d'un individu à un autre, et il y a de nombreuses interactions avec les médicaments et l'alimentation, de sorte que les contrôles réguliers effectués par le biais des analyses biologiques de la coagulation sont inévitables. » En revanche, peu d'interactions cliniquement significatives avec d'autres médicaments sont observées avec le rivaroxaban qui ne nécessite ni restrictions alimentaires ni examens biologiques de routine. ■ D'après une conférence de presse des laboratoires Bayer HealthCare. Dénervation rénale : première étude de faisabilité avec le système Symplicity de prochaine génération Medtronic annonce avoir achevé avec succès la première phase de l’étude de faisabilité de son système de dénervation rénale composé d’un cathéter multiélectrodes et d’un générateur de radiofréquence (RF) élaboré. Au total, 9 patients ont été traités avec un taux de succès de 100% pour l’accès aux vaisseaux et l’administration du traitement. L e système de dénervation rénale de prochaine génération se fonde sur l'expérience acquise par Medtronic avec le système Symplicity dans le traitement de l’hypertension artérielle résistante. Il comportera un nouveau cathéter à 4 électrodes fournissant de l’énergie RF simultanément. Il est conçu pour réduire considérablement le temps d’ablation durant les procédures de dénervation rénale et sera compatible 6 Fr, hautement conformable et non occlusif. Cette nouvelle conception est destinée à faciliter la mise en place et la cohérence de l’application d’énergie RF tout en permettant le traitement d’une grande diversité d’anatomies rénales. CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012 Le système de dénervation rénale Medtronic de prochaine génération est également composé d’un nouveau générateur doté d’une interface utilisateur améliorée et sera compatible avec le cathéter Symplicity à une seule électrode et avec le cathéter multiélectrodes de prochaine génération. « La dénervation rénale est une évolution importante dans la gestion du traitement de l’hypertension résistante », a déclaré Robert Whitbourn (Melbourne, Australie), principal investigateur de l’étude. « Ce système de prochaine génération présente plusieurs fonctions novatrices qui pourraient faire évoluer cette procédure en offrant la flexibilité nécessaire au traitement d’une grande diversité d’anatomies, tout en aidant à améliorer l’efficacité des soins grâce à une réduction significative des temps d’ablation et de procédure. » « Cette étude de faisabilité symbolise l’engagement de Medtronic à offrir aux médecins une gamme plus étendue de solutions pour la réalisation de dénervations rénales », a déclaré Sean Salmon, senior vice-président et président de la division Coronaire et Dénervation Rénale de Medtronic. ■ D’après un communiqué de presse de Medtronic. 51