
La Lettre du Cardiologue • n° 452-453 - février-mars 2012 | 15
Points forts
Highlights
»
Regarding the diagnosis of
arterial hypertension, ambula-
tory blood pressure monitoring
(ABPM) is recommended in all
patients with repeated clinic BP
figures between 140/90and
180/110mmHg.
»
Regarding the follow-up of
hypertensive patients, home
self BP monitoring (HBPM) is
recognized as an interesting
alternative to ABPM.
»
Considering the therapeutic
management of arterial hyper-
tension, an ACEI or a low-cost
ARB (when ACEI tolerability
is poor) has to be given in
patients younger than 55 years,
as a first-line drug. A calcium
channel blocker (CCB) should
be chosen in patients over
55 years of age, as well as in
Black people of Caribbean or
African origin. A diuretic (chlor-
talidone or indapamide) has to
be considered when CCB toler-
ability is poor and when there
is evidence of heart failure or a
high risk of heart failure. Beta-
blockers should not be given as
first-line drugs, except in young
patients.
Keywords
Arterial hypertension
Ambulatory blood pressure
monitoring
Home self BP monitoring
Therapeutic management
NICE guidelines
Mots-clés
Hypertension
artérielle
Mesure ambulatoire
de la pression
artérielle
Automesure
tensionnelle
Stratégie
thérapeutique
Recommandations
»
Pour le diagnostic de l’hypertension artérielle (HTA), la mesure ambulatoire de la pression artérielle (Mapa)
est recommandée dès que la pression artérielle (PA) clinique se situe entre 140/90mmHg et 180/110mmHg.
»Pour le suivi de l’HTA, l’automesure est reconnue comme une alternative intéressante à la Mapa.
»
Concernant la prise en charge thérapeutique : chez les patients âgés de moins de 55ans, commencer par
un inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC) ou, si l’IEC est mal toléré, par un antagoniste des récepteurs
de l’angiotensine 2 (Ara2), de faible coût. Pour les patients âgés de plus de 55ans et les sujets noirs d’ori-
gine africaine ou caribéenne de tout âge, commencer par un antagoniste calcique (AC). Le diurétique (de
préférence chlortalidone ou indapamide) n’est envisagé que si l’AC est mal toléré ou en cas d’insuffisance
cardiaque manifeste ou potentielle. Les bêtabloquants ne sont pas proposés en première intention, sauf
éventuellement chez les sujets jeunes.
➤
si la PA est supérieure ou égale à 140/90 mmHg,
une deuxième mesure doit être effectuée pendant la
consultation, et même une troisième si la deuxième
diffère significativement de la première. La PA
clinique à retenir correspond à la valeur la plus
basse des 2 dernières mesures. Si cette valeur de
PA clinique est supérieure ou égale à 140/90 mmHg,
le NICE recommande de réaliser une Mapa, ce qui est
une grande nouveauté. Au cas où le profil du patient
paraît peu compatible avec la réalisation de cette
Mapa, l’automesure à domicile peut être proposée
comme une alternative diagnostique.
➤
si la PA clinique est supérieure ou égale à
180/110 mmHg, la Mapa n’est pas considérée
comme nécessaire, ni l’automesure, et un traitement
pharmacologique doit alors être immédiatement
proposé.
La réalisation de la Mapa doit se faire dans de bonnes
conditions techniques : le NICE recommande de
disposer d’au moins 2 mesures par heure en période
d’éveil et propose de prendre la moyenne d’au moins
14 mesures en période d’éveil pour confirmer le
diagnostic d’hypertension.
Commentaire : ainsi se dégage une autre spécificité
britannique : la valeur de la PA en période nocturne
n’est pas présentée comme une information d’impor-
tance majeure, ce à quoi on ne peut souscrire connais-
sant la forte valeur pronostique du statut dipper ou
non dipper qui persiste même après ajustement sur le
niveau tensionnel moyen des 24 heures (3, 4).
Concernant l’automesure tensionnelle, les Britan-
niques recommandent de faire au minimum
2 mesures en position assise à 1 minute d’intervalle
au moins, à 2 moments de la journée (le matin et le
soir) et cela pendant au moins 4 jours (idéalement
7 jours). La valeur retenue est la moyenne des chiffres
tensionnels obtenus à partir du deuxième jour.
Commentaire : pour l’étape diagnostique, les experts
du NICE relèguent donc l’automesure en deuxième
ligne et la réservent aux patients qui paraissent ne pas
pouvoir supporter une Mapa. Ils s’appuient pour cela
sur une revue récente (5) qui conclut à une sensibilité et
à une spécificité insuffisantes de la mesure clinique et
de l’automesure, par rapport à la Mapa, pour la mise en
route ciblée d’un traitement approprié. Ils se réfèrent
également à une analyse médico- économique (6) qui
aurait montré que les surcoûts engendrés par la Mapa
seraient contrebalancés par les économies générées
en termes de prise en charge globale.
Le recours à un spécialiste de l’hypertension est
urgent dans les circonstances suivantes :
➤
hypertension accélérée, c’est-à-dire PA supé-
rieure à 180/110 mmHg avec œdème papillaire ou
hémorragie rétinienne ;
➤
forte suspicion de phéochromocytome fondée
sur les données cliniques ;
➤
et, avec une moindre urgence, en présence de
signes et de symptômes évocateurs d’une HTA
secondaire.
En dehors du cas particulier de l’HTA sévère où, selon
les Britanniques, la prise en charge thérapeutique
doit être immédiate, le praticien prendra le temps
nécessaire pour évaluer le risque cardiovasculaire
(CV) du patient en recherchant notamment une
atteinte des organes cibles.
S’agissant de l’évaluation du risque CV, le NICE
recommande, pour tout patient hypertendu, de
rechercher la présence d’une protéinurie sur un échan-
tillon urinaire (avec estimation du rapport albumine/
créatinine) et de rechercher également une hématurie
sur bandelette. Au niveau plasmatique, il convient
de doser la glycémie, les électrolytes, la créatinine
(avec estimation du débit de filtration glomérulaire),
le cholestérol total et le HDL-cholestérol. Ce bilan
biologique initial doit bien sûr être complété par un
électrocardiogramme à 12 dérivations.
Si l’hypertension n’est pas confirmée par la Mapa ou
par l’automesure, mais qu’il y a une atteinte infra-
clinique des organes cibles, il faut alors poursuivre
les investigations à la recherche de la cause de cette
souffrance viscérale.
Prise en charge thérapeutique
de l’HTA
L’intérêt des mesures non médicamenteuses est bien
sûr rappelé : régime approprié, exercice physique
régulier, techniques de relaxation (éventuellement),
réduction de la consommation d’alcool, évitement
des consommations excessives de café ou d’autres