12 | La Lettre du Cancérologue • Suppl. 4 au vol. XIX - n° 6 - juillet 2010
Cancers du sein
DOSSIER THÉMATIQUE
46e congrès américain
en oncologie clinique
Il y a donc, dans ces 3 études importantes, de manière
constante et très similaire aux séries historiques,
et quelles que soient les méthodes d’analyse, des
taux de discordance d’environ 15 % pour le récepteur
estrogénique (RE), 40 % pour le récepteur de la
progestérone (RP) [en général dans le sens de la perte]
et, probablement, de moins de 10 % pour HER2. Les
tumeurs triple-négatives sont les moins variables
(moins de 7 % de variations). Plusieurs explications
sont possibles : des explications méthodologiques,
comme le délai de fixation souvent plus long pour
la tumeur mammaire, avec un risque de faux négatif
pour les RH (3), ou le seuil choisi pour l’expression
des récepteurs ; ou des explications biologiques,
comme l’hétérogénéité intratumorale ou la véritable
variation. La conclusion fait cependant l’unanimité :
il faut traiter la maladie en place et, quelle que soit
la raison de la discordance, préciser ses principales
caractéristiques biologiques est crucial. Le pronostic
de la maladie avancée semble en effet relié plus à sa
caractérisation propre qu’aux caractéristiques de la
tumeur initiale (Karlsson E et al., abstr. 1009).
◆◆Topo-isomérase◆αII◆et◆anthracyclines
A. Di Leo et al. (abstr. 519) ont présenté les
résultats d’une méta-analyse de 4 études rando-
misées comparant une CT de type CMF à une CT
comportant des anthracyclines dans lesquelles les
statuts HER2 et topo-isomérase αII étaient revus de
façon centralisée. Le statut HER2 était assez repro-
ductible entre l’analyse centralisée et le laboratoire
local. En revanche, on observait près de 30 % de
discordance pour le statut de la topo-isomérase αII.
Ces 2 facteurs sont faiblement prédictifs du bénéfice
des anthracyclines mais sont indépendants. Ainsi,
le bénéfice des anthracyclines n’est pas restreint
aux seules patientes dont la tumeur présente une
amplification de HER2. Cette étude ne permet donc
pas de limiter clairement l’utilisation des anthra-
cyclines à une sous-population précise.
L’étude de M.F. Press et al. (abstr. 518) a porté sur
les statuts de la topo-isomérase αII et de HER2 dans
l’essai BCIRG 06, qui comparait AC (cyclophos-
phamide et doxorubicine) puis docétaxel versus
AC puis docétaxel + trastuzumab ou 6 cures de
docétaxel + carboplatine + trastuzumab. Il n’y avait
pas d’anomalie du statut de la topo-isomérase II
en l’absence d’anomalie de HER2 ; le bénéfice du
trastuzumab est minime lorsqu’on donne des anthra-
cyclines en cas de topo-isomérase II anormale ; le
gain du trastuzumab est surtout net en cas de topo-
isomérase II normale.
Traitement adjuvant
Hormonothérapie
◆◆Surpoids◆et◆efficacité◆des◆inhibiteurs◆◆
de◆l’aromatase
L’étude ABCSG-12 avait fait beaucoup parler d’elle à
l’ASCO en 2008, car elle rapportait un bénéfice en
termes de survie sans récidive de l’ajout en adjuvant
d’un diphosphonate, le zolédronate (3). Cet essai
comparait, chez des femmes non ménopausées, un
traitement par agoniste de la LHRH associé soit
au tamoxifène, soit à un inhibiteur d’aromatase,
l’anastrozole. L’actualisation de cette étude ayant
inclus 1 803 patientes avec un suivi médian de
5 ans ne fait état d’aucune différence de survie
sans récidive ni de SG entre les 2 HT et confirme,
en revanche, le bénéfice en survie sans récidive de
l’adjonction du zolédronate. La différence de SG n’est
pas significative (Gnant M et al., abstr. 533). Une
analyse rétrospective de sous-groupes en fonction
de l’indice de masse corporelle (IMC) montre en
revanche une moindre efficacité de l’anastrozole
chez les patientes en surpoids (IMC > 25 kg/m2), qui
représentaient un tiers de la population de l’essai.
Cela pourrait s’expliquer par un blocage incomplet
de la production d’estrogènes par l’agoniste de la
LHRH chez les obèses et, surtout, par une production
accrue par le tissu adipeux d’estrogènes par aromati-
sation. L’inhibition de l’aromatase serait insuffisante
chez ces patientes (Pfeiler G et al., abstr. 512).
Cela pose le problème de l’efficacité de l’association
inhibiteur de l’aromatase et agoniste de la LHRH
chez la femme non ménopausée, qui n’apparaît pas
supérieure dans cet essai, et serait même inférieure
à celle du tamoxifène chez les patientes en surpoids.
Des dosages d’estrogènes résiduels seraient particu-
lièrement intéressants pour valider cette hypothèse.
Il faut rappeler que ce traitement n’est pas un
standard chez les femmes non ménopausées, à la
différence du tamoxifène.
Traitement néo-adjuvant
Une session de présentations issues de groupes
européens a été consacrée entièrement au traitement
néo-adjuvant du cancer du sein.
Une étude espagnole du GEICAM (Grupo Español
de Investigación en Cáncer de Mama) comparait
une chimiothérapie de type FEC (5-FU, épirubicine
et cyclophosphamide) à une HT par exémestane en
situation néo-adjuvante chez les patientes ayant