494 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVII - n° 10 - décembre 2008
Résumé
Depuis quinze ans, il est avéré légitime de traiter en adjuvant les stades III des cancers colorectaux. Les malades
âgés n’échappent pas à cette recommandation : améliorer la survie de cette population en respectant au mieux
sa qualité de vie est un objectif prioritaire.
En situation avancée, la question d’une monochimiothérapie versus polychimiothérapie reste posée, le traitement
ne pouvant être éludé. L’évaluation gériatrique permettra d’optimiser ce choix thérapeutique.
Mots-clés
Cancer colorectal
Sujets âgés
Chimiothérapie
adjuvante
Chimiothérapie
palliative
Évaluation gériatrique
Highlights
For fifteen years, adjuvant
chemotherapy has been indi-
cated for stage III colorectal
cancer. Elderly patients can
benefit from the treatment
to improve survival while
preserving quality of life. In
advanced situations, the ques-
tion is: the more efficient treat-
ment is it monochemotherapy
or polychemotherapy? Geriatric
assessment could help the
oncologist to choose the best
personalized treatment.
Keywords
Colorectal cancer
Elderly patients
Adjuvant chemotherapy
Palliative chemotherapy
Geriatric assessment
que de survie globale (SG). Cinq cent six malades
(15 % de l’effectif total) avaient plus de 70 ans et
seuls 23 patients avaient plus de 80 ans. La proba-
bilité de décès d’une autre cause, sans récidive de
cancer, était de 2 % au-dessous de 50 ans, et de
13 % au-delà de 70 ans (3).
La chimiothérapie par fluoropyrimidines orales
est aussi une option validée, avec une tolérance
meilleure (sauf pour le syndrome mains-pieds) et
une efficacité au moins aussi bonne que les modu-
lations du 5-FU/ acide folinique i.v., selon une étude
qui a inclus 397 patients âgés de 70 à 75 ans : leurs
résultats ne sont pas différents de ceux des patients
plus jeunes (4).
Actuellement, l’association de 5-FU et d’oxali-
platine est le traitement standard en situation
adjuvante dans le cancer colique de stade III du
sujet jeune (5). L’oxaliplatine a été évalué chez les
patients âgés à partir de 4 études randomisées ayant
utilisé le FOLFOX-4 en situation adjuvante ainsi
qu’en première et deuxième lignes métastatiques.
Les auteurs ont colligé les données concernant
3 742 patients, dont 614 étaient âgés de plus de
70 ans. En dehors d’une augmentation modérée
des neutropénies et des thrombopénies de grade 3-4,
il ne semblait pas y avoir de différence entre les
patients âgés de plus de 70 ans et les autres, tant
en termes de toxicité que d’efficacité. Les auteurs
concluent que l’index thérapeutique satisfaisant de
cette association est conservé chez les patients de
plus de 70 ans et que l’âge (du moins l’âge civil) seul
ne doit pas être un facteur limitant son utilisation.
On notera qu’il s’agissait cependant de patients
inclus dans des essais thérapeutiques, donc sélec-
tionnés et non représentatifs des patients âgés dans
leur ensemble : 3 des 4 études analysées excluaient
les patients de plus de 75 ans (6).
L’étude anglaise de phase III QUASAR, qui incluait
3 200 patients dont 20 % âgés de plus de 70 ans,
met en doute le bénéfice identique en termes de
risque de récidive et de décès retrouvé par les études
précédemment citées (7).
Les recommandations actuelles ne tiennent pas
compte de l’âge des patients. Elles sont de portée
générale et considèrent que les associations de
chimiothérapies sont le meilleur traitement dans
cette indication.
Aucune étude portant sur les stades II coliques chez
des patients de plus de 75 ans n’est actuellement
en cours.
Toxicité limitante et limitée
Le traitement adjuvant doit être administré selon
un schéma et une posologie recommandés, dans
le respect de la qualité de vie quotidienne. Si l’on
considère l’association FOLFOX comme traite-
ment adjuvant de référence du cancer du côlon de
stade III, les thérapeutes doivent en prévenir les
effets indési rables, en particulier la neuropathie
(12,4 % de grade 3) qui, même si elle régresse le
plus fréquemment à distance de la fin du traitement
(1,1 % de grade 3, 1 an après le traitement), peut être
très invalidante chez une personne âgée présentant
initialement une dépendance physique.
La place des fluoropyrimidines orales comme la
capécitabine dans cette indication soulève princi-
palement le problème de l’observance thérapeutique
à domicile, justifiant, dans une population âgée, une
évaluation des fonctions cognitives et éventuelle-
ment l’organisation de soins à domicile pour le bon
suivi du traitement. Par ailleurs, l’administration de
capécitabine nécessite une fonction rénale conservée
et, donc, une prudence certaine chez les patients
âgés. La toxicité de grade 3-4 hématologique et
digestive est plus rare qu’avec les modulations
5-FU i.v./acide folinique. En revanche, le syndrome
mains-pieds est plus fréquent (4).
Choix de la chimiothérapie adjuvante
En situation adjuvante, la préoccupation essentielle
du praticien est d’améliorer les chances de guérison
des patients en respectant au mieux leur qualité de
vie. Si l’intervention gériatrique améliore la survie,
l’intervention cancérologique est-elle additive chez
les patients âgés ?
Pouvons-nous nous contenter de résultats positifs
mais concernant une population peu représentative
de la population générale âgée ?
La réponse à ces questions se trouve certainement
dans une étude adjuvante spécifique aux sujets