Chimiothérapie palliative
Plusieurs questions se posent : une chi-
miothérapie est-elle indiquée ? est-elle
plus toxique chez les sujets âgés ? est-elle
efficace ? quelles sont les précautions à
prendre ? Il est difficile de répondre, car
il existe une sous-inclusion des sujets âgés
dans les essais randomisés ayant évalué les
différentes chimiothérapies en cas de can-
cer colorectal métastatique (4). Les résul-
tats des études obtenus chez des sujets
jeunes en bon état général sont-ils appli-
cables aux sujets de plus de 75 ans ?
Compte tenu des modifications liées à
l’âge des sujets, la pharmacocinétique des
drogues est modifiée avec risque d’une
diminution d’efficacité et d’une majora-
tion de la toxicité. En particulier, il a été
démontré qu’il existait chez les sujets un
risque majoré de myélotoxicité, de mucite
ou de diarrhée sous 5-FU (5), de cardio-
toxicité des anthracyclines ou de neuro-
toxicité des taxanes. Les résultats d’études
rétrospectives montrent cependant que,
dans une population sélectionnée, une chi-
miothérapie à base de 5-FU ne semble pas
plus toxique chez le sujet âgé que chez le
sujet plus jeune, avec des taux de réponses
objectives comparables (6, 7). Les résul-
tats des principales études de phase II
ayant évalué l’effet d’une chimiothérapie
chez les sujets âgés sont rapportés dans le
tableau. Ces études ont montré la faisabi-
lité de chimiothérapie à base de 5-FU, en
particulier avec les précurseurs oraux du
5-FU. Le développement des chimiothé-
rapies par voie orale permettant la réali-
sation de traitement en ambulatoire ou à
domicile paraît important chez ces sujets
qui préfèrent souvent privilégier leur
confort et leur qualité de vie. Une seule
étude de phase III, publiée sous forme
d’abstract, a comparé une chimiothérapie
par 5-FU bolus + acide folinique à un trai-
tement purement symptomatique chez
plus de 150 patients ayant le plus souvent
une tumeur colorectale (8). L’âge médian
des patients de cette étude était de 75 ans
(70-85 ans) et le statut de performance
médian égal à 2. Le taux de réponse objec-
tive était de 12,6 %, avec une survie
médiane de 7,5 mois dans le bras chimio-
thérapie versus 5,5 mois dans le bras trai-
tement symptomatique (différence signi-
ficative). Le taux de toxicité grade III était
de 16,4 % dans le bras chimiothérapie.
Aucune toxicité grade IV, aucun décès
toxique n’ont été rapportés.
ment potentiellement curatif. L’indication
de la chirurgie repose sur le bilan d’ex-
tension tumorale et l’absence de contre-
indication anesthésique (score ASA). Elle
devra bien sûr suivre les principes de la
chirurgie carcinologique. Les données du
registre de Côte-d’Or montrent que 77 %
des patients de plus de 75 ans ont une chi-
rurgie à visée curative. La mortalité opé-
ratoire, bien qu’ayant diminué au cours de
20 dernières années (23 % pour la période
1976-1979, versus 15 % pour la période
1992-1995), reste supérieure à celle
observée chez les sujets plus jeunes.
Après chirurgie à visée curative, la survie
relative à 5 ans est restée globalement
stable au cours des 20 dernières années,
passant de 52 % pour la période 1976-
1979 à 54 % pour la période 1992-1995.
Pour la même période, chez les sujets de
moins de 75 ans, ces taux étaient respec-
tivement de 57 et 65 %.
Chimiothérapie adjuvante
Il y a peu de données sur l’indication
d’une chimiothérapie adjuvante après
exérèse à visée curative d’un cancer colo-
rectal. Une étude rétrospective anglaise
chez 124 patients de plus de 70 ans a mon-
tré qu’une chimiothérapie adjuvante par
5-FU, en perfusion continue ou selon le
schéma FUFOL Mayo Clinic, entraînait
significativement plus de mucites graves
que chez le sujet de moins de 70 ans
(mucite essentiellement liée au protocole
FUFOL Mayo) (3). Dans cette étude, les
autres types de toxicité sévère (diarrhée,
nausées, vomissements, leucopénie)
n’étaient pas significativement différents
entre les sujets jeunes et les sujets âgés.
Après exérèse à visée curative d’un can-
cer du côlon stade III (envahissement gan-
glionnaire), si l’espérance de vie du
patient est supérieure au bénéfice de sur-
vie lié au traitement adjuvant, il paraît jus-
tifié de prescrire une chimiothérapie
adjuvante.
Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (15) - n° 6 - juin 2001
159
m
se au po
nt
Mise au point
Tableau. Principales études ayant évalué une chimiothérapie chez des sujets âgés présentant un cancer
colorectal avancé.
Phase Traitement n Âge médian RO (%) Survie
(mois)
Falcone
(9)
II doxifluridine PO 43 74 [69-83] 14
Feliu
(10)
II tegafur PO + AF 38 74 [70-81] 29
Chiara
(7)
II 5-FU-based i.v. 82 70 [65-77] 18
Ferrari
(11)
II tegafur PO + AF 32 76 [70-90] 6
Comandone
(12)
II raltitrexed 30 69 [65-77] 7,7
Beretta
(8)
III BSC 78 – 5,5
75 [70-85]
AF + 5-FU bolus i.v. 79 12,6* 7,5*
* p < 0,05