La Lettre du Cardiologue - n° 299 - septembre 1998
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aiguës de l’aorte, surtout pour les dissections aiguës et les rup-
tures traumatiques : elle permet de poser d’emblée l’indication
chirurgicale si le diagnostic est formel. En cas de suspicion d’hé-
matome pariétal ou d’examen incomplet, il est indispensable de
compléter l’investigation par un autre examen, habituellement un
scanner spiralé.
Le Dr E. Borrel (CHU de Grenoble) a ensuite développé les moda-
lités de surveillance des dissections aortiques opérées. Une
insuffisance aortique, un anévrysme de l’aorte résiduelle, un faux
anévrysme périprothétique par désinsertion des anastomoses
proximales, distales, ou coronaires, et enfin une dissection rési-
duelle de l’aorte et de ses branches doivent être tout particulière-
ment recherchés. Les facteurs favorisant l’apparition de
complications tardives sont la présence d’une dystrophie artérielle
(Marfan) ou d’une hypertension artérielle, et sont influencés par
la technique chirurgicale utilisée. Cela explique la nécessité d’être
en possession du compte rendu opératoire précis lors de la réali-
sation des examens de surveillance pour ne pas poser de conclu-
sions erronées sur des images souvent trompeuses. Ces compli-
cations sont souvent longtemps asymptomatiques avant de se
manifester par un événement brutal, parfois létal. Une surveillance
systématique tous les six mois, puis tous les ans pendant cinq ans,
est nécessaire. Le scanner spiralé semble être l’examen de réfé-
rence par sa reproductibilité, son caractère peu invasif et le fait
qu’il explore toute l’aorte. L’ETO permet un examen plus précis
de la valve aortique, du segment O et du segment III. Elle peut
compléter le scanner en cas d’anomalie. L’IRM, si elle est pos-
sible, est réservée aux patients chez qui le scanner est contre-indi-
qué (insuffisance rénale) ou dangereux (allergie à l’iode).
Embolie pulmonaire
Le Dr O. Dubourg (Hôpital Ambroise-Paré, Boulogne) a précisé
que l’embolie pulmonaire est une affection fréquente, de dia-
gnostic souvent méconnu, cause de 5 % des décès observés dans
la récente étude de Göteborg.
L’ETT facilite le diagnostic de cœur pulmonaire aigu en mon-
trant une hypertension artérielle pulmonaire et son retentissement
en amont, c’est-à-dire une dilatation des cavités droites. La dila-
tation du ventricule droit (VD) est directement corrélée à l’im-
portance de l’obstruction artérielle, et un rapport de surfaces
VD/VG - recueillies en vue apicale 4 cavités – de 0,60 corres-
pond à un indice de Miller ≥40 %. La fonction systolique ven-
triculaire droite est nettement diminuée en cas d’embolie pul-
monaire massive, et il existe alors une interdépendance
ventriculaire. La sensibilité et la spécificité de l’ETT pour le dia-
gnostic de ces embolies pulmonaires graves sont respectivement
de 76 et 80 %. L’ETT permet par ailleurs de visualiser les caillots
mobiles dans les cavités droites. Le pronostic de ces caillots est
sévère, avec une mortalité de 5 % chez les patients opérés, contre
35 % en cas de traitement par héparine, et de 46 % dans le groupe
thrombolysé.
L’ETO est la méthode de choix pour visualiser ces thrombus, en
particulier lorsqu’ils sont situés dans le tronc de l’artère pulmo-
naire ou dans une de ses branches. La sensibilité et la spécificité
de l’ETO – en considérant le scanner spiralé comme méthode de
référence – sont de 84 % pour les embolies proximales. En
revanche,la sensibilité baisse à 58 %, si l’on considère l’ensemble
des embolies pulmonaires lobaires et segmentaires. L’examen
ultrasonore ne doit pas se limiter à l’étude cardiaque, et l’écho-
graphie veineuse doit compléter cet examen, puisque sa sensibi-
lité et sa spécificité sont supérieures à 90 %.
En pratique, l’échographie doit être l’examen initial à réaliser
en cas de suspicion d’embolie massive. Chez les patients en état
de choc et intransportables, la découverte d’un VD dilaté au cours
d’une ETT et/ou d’une ETO fait évoquer mais ne confirme pas
le diagnostic d’embolie pulmonaire. Toutefois, on peut éliminer
ainsi une autre affection (tamponade, infarctus inférieur avec
extension VD, syndrome de détresse respiratoire, etc.). La pré-
sence d’un thrombus mobile dans l’artère pulmonaire droite (ou
le tronc de l’artère pulmonaire) affirme une embolie pulmonaire.
En son absence, certains s’attachent à rechercher un thrombus
dans l’artère pulmonaire gauche, et surtout au niveau des membres
inférieurs des veines iliaques et de la veine cave. Enfin, la décou-
verte échocardiographique d’un caillot mobile au niveau de
l’oreillette droite devrait faire envisager une thrombectomie chi-
rurgicale.
ÉTUDE DE LA FONCTION AURICULAIRE GAUCHE PAR QUAN-
TIFICATION ACOUSTIQUE
La détermination automatique des contours endocardiques par
quantification acoustique permet d’obtenir des courbes des varia-
tions de surface et de volume des cavités cardiaques. L’étude pré-
sentée par le Pr B. Denis (CHU de Grenoble) a eu pour but de
préciser la morphologie de ces courbes au niveau de l’oreillette
gauche (OG), de déterminer les valeurs normales des volumes et
des temps de remplissage et de vidange auriculaire, et enfin d’éva-
luer la part de la contraction auriculaire gauche dans ces varia-
tions de volume, chez des sujets normaux et chez des patients
présentant un anomalie de la fonction diastolique VG.
Fonction auriculaire gauche normale
La courbe de variation de volume auriculaire gauche (figures 2
et 3) comporte plusieurs parties :
1. Une partie ascendante “S” correspond à la systole ventricu-
laire, pendant laquelle le volume auriculaire gauche augmente.
Cette augmentation de volume auriculaire permet le stockage du
sang arrivant par les veines pulmonaires et représente la fonction
réservoir de l’oreillette gauche.
2. Une partie descendante puis horizontale “D” correspond au
remplissage rapide initial ventriculaire gauche, passif (contem-
porain de l’onde E mitrale et de la première partie de l’onde D
pulmonaire) et au remplissage lent. C’est la fonction conduitde
l’oreillette gauche.
3. Une deuxième partie descendante “A” correspond à la systole
auriculaire. Cette partie descendante présystolique correspond à
l’onde A du doppler veineux pulmonaire : c’est la fonction pompe
de l’oreillette gauche.
Fonction auriculaire et fonction diastolique ventriculaire
gauche
Selon les différents types de doppler mitral et doppler veineux
pulmonaire, la courbe de variation de volume auriculaire se modi-
fie (figure 4).
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NFORMATIONS