22 | La Lettre du Gynécologue • no 374 septembre 2012
DOSSIER Prévention et recommandations de la SFOG en oncologie gynécologique
Le traitement du cancer
de l’endomètre dans le secteur
public du centre tunisien
The treatment of endometrial cancer in tunisian center
M. Jebsi*, S. Tebra*, N. Bouaouina*
E
n Tunisie, le cancer de l’endomètre occupe la
deuxième place des cancers gynécologiques,
après le cancer du col utérin (1). Son incidence
dans le gouvernorat de Sousse du centre tunisien est
de 4 nouveaux cas pour 100 000 habitants par an
entre 2000 et 2007.
Classiquement, le cancer de l’endomètre est une
pathologie de la femme ménopausée dont le type
histologique le plus fréquent est l’adénocarcinome
endométrioïde, dans 75 à 80 % des cas.
La chirurgie constitue la pierre angulaire dans le trai-
tement de ce cancer et la radiothérapie le principal
traitement adjuvant.
Patientes et méthodes
Il s’agit de 85 patientes atteintes d’un cancer du corps
utérin et colligées dans le service d’oncologie radio-
thérapie de Sousse (Tunisie) durant la période de 1995
à 2009. À travers ce travail rétrospectif, nous avons
choisi de reclasser nos tumeurs, selon les nouvelles
classifications FIGO et ESMO 2009 (2, 3). Cela à fin
de comparer, a posteriori, nos conduites thérapeu-
tiques avec les nouvelles recommandations, publiées
par l’Institut national de cancer (INCa) en 2010 (4).
Cinquante-trois patientes (62,4 %) étaient classées
stade I dont 17 (32 %) appartenaient au groupe à
faible risque, 20 (37,7 %) au groupe à risque inter-
médiaire et 16 (30,2 %) au groupe à haut risque.
Trente-deux patientes représentaient le groupe des
stades évolués : 15 (17,7 %) étaient classées stade I,
11 (13 %) stade III et 6 (7,1 %) stade IV.
Les groupes à faible et moyen risques ont béné-
ficié d’une chirurgie, à type d’hystérectomie avec
annexectomie bilatérale, suivie de radiothérapie
externe dans 90 % des cas. Le groupe à haut risque et
celui des stades évolués ont bénéficié d’une chirurgie
suivie d’une radiothérapie dans 54 % des cas, une
chirurgie seule dans 21 % des cas et une chirurgie
suivie de radiothérapie et de chimiothérapie dans
8 % des cas.
Résultats
Après un suivi moyen de nos patientes de 42,1 mois
(extrêmes : 1-168), aucune toxicité, vésicale ou
rectale, de grade 3 ou 4, n’a été détectée, et ce
malgré le recours unique à la radiothérapie externe,
notre centre de radiothérapie ne disposant pas de
structure de curiethérapie.
Quinze patientes (88,2 %) du groupe à faible risque sont
en rémission complète et les 2 autres ont développé des
récidives locorégionales après un délai de 24 et 132 mois.
Dans le groupe à risque intermédiaire (n = 20), nous
avons noté 15 rémissions complètes, 2 récidives locoré-
gionales après 6 et 7 mois de suivi et 2 cas de métastases
osseuse et pulmonaire après 10 et 20 mois de suivi.
Quant aux patientes des groupes à haut risque et à des
stades localement avancés (n = 48), 25 (52 %) sont en
rémission complète, 14 (29,1 %) ont développé des réci-
dives locorégionales, 9 (18,7 %) ont eu des métastases
osseuses, pulmonaires et hépatiques et les 16 autres
patientes (33,3 %) sont décédées.
Pour l’étude analytique, nous avons choisi un sous-
groupe formé de 67 patientes (74,1 %) ayant reçu un
traitement “curatif” : chirurgie à visée carcinologique
complétée d’une radiothérapie externe adjuvante à
dose curative. Les taux de survie globale (SG) et de
survie sans récidive (SSR), à 5 ans et à 10 ans, étaient
respectivement de 82,9 % et 75,3 % et de 94 % et
94 %. Les médianes de survie étaient respectivement
de 134, 9 et 156,6 mois.
* Service oncologie radiothérapie,
hôpital Farhat-Hached, Sousse,
Tunisie.
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