Le Placenta

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Le Placenta
Plan :
Introduction
1) Le développement et les différents types de placenta
1.1. De la fécondation à l’implantation : l’origine du placenta
1.2. Implantation et différents types de placenta
a) Placentas indécidués
b) Placentas décidués
2) Villosités placentaires et structure du placenta chez
l’espèce humaine
2.1. Les villosités placentaires
2.2. Le placenta à maturité
2.3. Evolution du placenta
3) Rôles du placenta
3.1. Le placenta : une annexe dédiée aux échanges
a) L’ interface placentaire
b) Le transport des nutriments
b) Le transport des nutriments
d) Echanges gazeux
3.2. Rôle endocrine
a) Les hormones peptidiques
b) Les hormones stéroïdes
3.3. Rôle de protection du fœtus
3.4. Régulation homéostatiques
Conclusion
Introduction :
D’un point de vue évolutif, ce n’est que tardivement, c’est à dire chez les Vertébrés et à
partir des Reptiles, que les animaux développent des annexes embryonnaires : ce sont des
éléments transitoires non organogènes, qui assurent à l’embryon des fonctions de protection,
d’autonomie métabolique et qui permettent son implantation dans la muqueuse.
Ces annexes permettent à ces animaux d’avoir un développement qui se déroule entièrement
en milieu aérien terrestre.
Les annexes sont au nombre de trois seulement chez les Sauropsidés (Reptiles + Oiseaux) et
les Mammifères Protothériens (= Monotrèmes = Ornithorynque, Echidné), ce sont la vésicule
vitelline, l’amnios et l’allantoïde. Il apparaît chez les Mammifères Euthériens une 4e annexe :
le placenta. Or les Euthériens ont des œufs de type alécithe, c’est à dire dépourvus de réserve.
Ainsi, le placenta permet à ces animaux de présenter l’originalité d’un œuf de type alécithe et
un mode vivipare.
1) Le développement et les différents types de placenta
Chez les Mammifères Euthériens, aux œufs alécithes, les annexes embryonnaires se
développent avant la gastrulation ou en même temps.
1.1. De la fécondation à l’implantation : l’origine du placenta
L’ovocyte fécondé se transforme rapidement en un blastocyste. Celui-ci comprend une
couche périphérique de blastomères : le trophoblaste, une lumière et une masse cellulaire
interne : l’embryoblaste (futur embryon). Puis, une fois parvenu dans la cavité utérine et après
avoir passé 2 à 3 jours à l’intérieur de celle-ci, l’embryon s’implante par son pôle
embryonnaire au stade blastocyste.
Les tissus de la mère et de l’embryon participent tous les 2 à l’implantation : Le placenta
est produit par l’interaction entre l’endomètre et les tissus de l’embryon. L’implantation du
blastocyste semble impliquer une reconnaissance cellulaire avec des glycoprotéines
membranaires. Les cellules du trophoblaste prolifèrent et le trophoblaste se divise en 2
couches :
- une couche interne de cellules mononuclées : le cytotrophoblaste ( couche de Langhans).
- une couche externe, qui provient de la fusion de cellules du cytotrophoblaste pour
donner un syncytium multinucléé continu : le syncytiotrophoblaste.
Le cytotrophoblaste est également doublé vers l’intérieur d’une somatopleure (
mésoderme) extra-embryonnaire. Trophoblaste et somatopleure extra-embryonnaire,
constituent le chorion. En même temps, une cavité appelée cœlome extra-embryonnaire se
forme.
A partir de là, on distingue 2 types d’implantations, chacune correspondant à 2 types de
placenta :
1.2. Implantation et différents types de placenta
Selon le degré d’incrustation du chorion au niveau de la muqueuse utérine et la + ou –
grande corrosion de celle-ci par le tissu trophoblastique, à la parturition, une partie de la
muqueuse peut être éliminée en étant accompagnée ou non d’un processus hémorragique. On
parle de placentation déciduée ou indéciduée, selon qu’il y ait ou non hémorragie au moment
de la mise bas.
a) Placentas indécidués
L’implantation de l’embryon n’entraîne aucune lésion de l’embryon au niveau de
l’endomètre et l’expulsion du placenta se fait sans hémorragie. Le trophoblaste est accolé à
l’épithélium utérin. La corrosion du tissu utérin, si elle a lieu, ne lèse aucune structure
vasculaire maternelle. 2 types :
-
type épithélio-chorial : chez les Equidés, Suidés, Cétacés et quelques
ruminants.
Ce type est considéré comme primitif. Les villosités choriales s’insèrent
entre les digitations de la muqueuse utérine, mais c’est un simple accolement
entre les structures utérines et embryonnaires, il n’y a aucune lésion.
placenta diffus, car les villosités sont réparties sur toute la surface du
trophoblaste.
-
type conjonctivo-chorial ou syndesmochorial ou encore méso-chorial : chez les
ruminants. L’épithélium utérin est corrodé et devient discontinu, les échanges
sont plus intimes : 5 couches cellulaires seulement séparent le sang fœtal du
sang maternel.
De plus, un épithélium mixte sous une forme syncytiale peut se créer à la
suite de fusions entre cellules utérines et chorioniques. Les villosités sont
regroupées sous forme de plages ou cotylédons placenta cotylédonaire.
b) Placentas décidués
Le tissu trophoblastique pénètre profondément dans la muqueuse utérine, provoquant une
atteinte plus ou moins poussée du système vasculaire utérin. A la mise bas, une partie de
l’endomètre est détruite ou rejetée, cette partie est appelée caduque ou décidue. Il s’ensuit une
hémorragie. Deux types :
-
type endothélio-chorial : chez les Carnivores, quelques chiroptères ou
insectivores (taupe).
Au niveau de l’endomètre, l’épithélium à disparu et le conjonctif est en
partie résorbé, mais sans léser les vaisseaux maternels : il ne subsiste que
l’endothélium des capillaires qui fait barrière entre le trophoblaste et les sang
maternel. Lors de la parturition, ces vaisseaux subissent un arrachement
entraînant une hémorragie limitée. Les villosités sont réparties en une ceinture
autour du sac embryonnaire placenta zonaire.
-
placenta hémo-chorial : chez les Rongeurs, insectivores, Chiroptères et la
totalité des Primates.
Le chorion a corrodé de façon plus poussée le tissu maternel : les parois
des vaisseaux maternels sont détruites. Il se forme des lacunes sanguines au
sein du syncytiotrophoblaste. L’embryon s’enfonce complètement dans la
muqueuse utérine et chez la femme, la pénétration de l’embryon à l’intérieur
de la muqueuse utérine est totale au 13e jour de gestation.
Par contre, les parois vasculaires chorioniques (embryonnaires) ne sont pas
détruites. Ainsi, on n’observe jamais de mélange sanguin entre les deux
circulations fœtale et maternelle. Les villosités ne subsistent que sous la forme
d’une ou deux plages discoïdales placenta discoïdal.
2) Villosités placentaires et structure du placenta chez
l’espèce humaine
2.1. Les villosités placentaires
Au début de la 3e semaine après la fécondation, les travées de syncytiotrophoblaste
situées entre les lacunes sont envahies par des colonnes de cellules cytotrophoblastiques : ce
sont les villosités primaires, qui s’allongent vers la périphérie.
Rapidement, du mésenchyme issu de la somatopleure s’infiltre dans le cytotrophoblaste,
les villosités primaires développent un axe central mésenchymateux et deviennent des
villosités secondaires.
Environ 2 semaines après l’implantation ( 3 semaines après fécondation), dans le
mésenchyme se développe un réseau de capillaires sanguins, en connexion avec le système
circulatoire intra-embryonnaire. On a alors des villosités choriales tertiaires. Les couches de
cytotrophoblaste et de syncytiotrophoblaste constituent le revêtement épithélial des villosités.
A partir de la 10e semaine de grossesse, les villosités choriales du pôle embryonnaire
grandissent et se ramifient davantage. Les villosités plus petites flottent dans les lacunes
baignées par le sang maternel.
2.2. Le placenta à maturité
Le placenta acquiert sa forme définitive à la fin du 4e mois et augmente de diamètre à
partir de ce stade. En fin de grossesse, le placenta à la forme d’un disque de 18/20 cm de
diamètre, de 3 cm d’épaisseur et pèse près de 500g.
Cordon ombilical, vaisseaux ombilicaux, cotylédons, sillons intercotylédonnaires
En résumé, le placenta est constitué à maturité (mais pas en fin de grossesse), en partant
de la face maternelle vers la face fœtale :
-
La couche fibrinoïde ou plaque basale, qui contient des fibroblastes, du
collagène, laminine, fibronectine, sulfate d’héparane.
-
Le syncytiotrophoblaste.
-
Les villosités et la chambre intervilleuse.
-
Le cytotrophoblaste.
-
Le tissu conjonctif mésenchymateux, contenant de nombreuses fibres de
collagène et des cellules riches en lysosomes, à l’aspect de macrophages : les
cellules de Hofbauer.
-
Un épithélium amniotique à cellules cubiques étroitement liées, séparant le
placenta de l’amnios.
2.3. Evolution du placenta chez l’homme
Pendant les trois 1ers mois de grossesse, le placenta est formé des couches précédentes.
Au cours du 4e mois, le cytotrophoblaste disparaît.
A partir du 5e mois, les vaisseaux fœtaux se sont multipliés, leur surface augmente.
Pendant le 6e mois, les noyaux du syncytiotrophoblaste se regroupent en zones nuclées
(= zones de synthèse), et les zones anucléés restantes (= zones d’échange).
3) Rôles du placenta
Au début du développement, ce sont les annexes vésicule vitelline et allantoïde qui
assuraient les échanges maternels. Chez les Primates et Rongeurs, le chorion assure toutes les
fonctions placentaires, alors que le sac allantoïdien est vestigial.
Selon le stade du développement fœtal, le placenta assure une multitude de fonctions
variées : échanges gazeux, excrétion, métabolisme hépatique, sécrétion hormonale, maintient
de l’homéostasie.
3.1. Le placenta : une annexe dédiée aux échanges
a) L’ interface placentaire :
L’embryon est lié au placenta par le cordon ombilical. Les vaisseaux sanguins de
l’embryon poussent vers le bas du cordon ombilical et s’étendent dans le placenta pour former
des extensions. Les vaisseaux ombilicaux sont au nombre de trois : deux artères (qui drainent
le sang vers le placenta) et une veine (qui draine le sang vers le fœtus). Schéma.
A l’intérieur du placenta, le sang maternel part des vaisseaux sanguins et passe dans les
espaces entourant les villosités, et forme des mares dans l’espace intervillositaire, afin que les
échanges puissent s’effectuer. Peu à peu, le trophoblaste établit un système d’irrigation
artériel et de drainage veineux.
La surface d’échanges des villosités est de 14 m2 pour le placenta humain.
Le transport à travers la barrière placentaire s’opère par différents moyens :
-
Diffusion passive, par exemple O2, CO2, H2O et stéroïdes ;
-
Diffusion facilitée par transporteurs d’ions et molécules organique ( glucose,
acides aminés) ;
-
Transport actif d’ions, utilisant de l’énergie (ATP);
-
Endocytose directe avec dégradation des molécules et indirecte, sans
dégradation, grâce à des récepteurs.
b) Le transport des nutriments
Pendant les 8 premières semaines de gestation, l’embryon reçoit ses nutriments
directement de l’endomètre dans lequel il est implanté. Mais avec la croissance de l’embryon,
ses besoins en nutriments augmentent et il faut plus d’échanges efficaces entre la mère et
l’embryon, réalisés grâce au placenta.
Ne pouvant métaboliser les acides gras, le fœtus est dépendant du glucose maternel. Le
glucose est transporté par diffusion facilitée par symport glucose/ Na+.
Les protéines ne passent pas la membrane placentaire car elles sont trop grosses. Les
acides aminés et peptides nécessaires pour la synthèse des protéines, passent par transport
facilité (symport Na+). Le placenta est analogue du foie et intestin de l’adulte.
c) Elimination des déchets
La bilirubine issue de la dégradation de l’hémoglobine fœtale, sera transportée par
endocytose à travers le placenta.
L’urée ( produit terminal du métabolisme azoté), est éliminée à raison de 0,5 /1 mg par
Kg de poids de fœtus et par minute.
Le placenta est analogue du rein de l’adulte.
d) Echanges gazeux
Le dioxygène et le CO2 passent par diffusion passive. Il en résulte un gradient de pression
partielle entre le sang maternel et le sang fœtal. PO2 mat > PO2 fœtal. Le placenta est
analogue au poumon de l’adulte.
3.2. Le placenta : un organe endocrine
C’est un volumineux organe endocrine, qui produit diverses hormones. Le placenta joue
tout d'
abord un rôle essentiel par ses messages hormonaux pour prévenir l'
organisme maternel
de la grossesse et l'
adapter à celle-ci. De nombreuses hormones placentaires vont ensuite
relier et supplanter le système endocrine maternel pour permettre le bon déroulement de la
grossesse et la croissance fœtale.
a) Les hormones peptidiques
-
La gonadotrophine chorionique humaine (GCH ou HCG) : glycoprotéine
semblable à la LH. Cette hormone est formée par 2 chaînes peptidiques α (92
acides aminés) et β (145 acides aminés), réunies par un pont dissulfure. Elle
stimule la production de progestérone au niveau du corps jaune et la production
d’œstrogènes placentaires. La sécrétion de GCH est stimulée par la GnRH
placentaire.
-
La CRH (Corticotropin Releasing Hormone), secrétée par l’hypothalamus et le
placenta.
La CRH stimule la libération d’ACTH par l’hypophyse fœtale. L’ACTH stimule
à son tour la synthèse de cortisol par les glandes surrénales fœtales. Le cortisol
favorise la maturation des poumons et stimule la sécrétion de CRH (rétroaction +).
-
L’hormone chorionique somatommamotrope (HCS) ou hormone placentaire
lactogène (HPL).
Elle a une activité analogue à l’hormone hypophysaire GH. Elle permet une
adaptation du métabolisme maternel à la nutrition du fœtus : elle joue un rôle dans
la préparation du glucose maternel et des acides gras pour le fœtus. Ainsi, lors de
jeûne, les acides gras sont privilégiés en tant que source d’énergie plutôt que le
glucose, nécessaire au fœtus.
Elle permet le développement de la glande mammaire.
b) Les hormones stéroïdes
-
La progestérone : elle est synthétisée par du cholestérol maternel à l’intérieur du
placenta. La progestérone placentaire remplace celle du corps jaune, en l’augmentant
au cours de la grossesse et est nécessaire à sa poursuite.
Elle inhibe les contractions du myomètre utérin jusqu'
à la fin de la grossesse.
Le test de grossesse permet de détecter la progestérone dans le sang de la mère une
semaine après la fécondation.
-
Les oestrogènes : Comme pour la progestérone, le trophoblaste prélève le
cholestérol dans le sang maternel pour la synthèse d’œstrogènes. L’élaboration des
oestrogènes se fait à partir de précurseurs androgènes produits par les surrénales de
la mère et l’enfant (le sulfate de dehydroepiandrosterone = S.DHEA), mais
contrairement à l’ovaire, la synthèse est indépendante de celle de la progestérone.
Les oestrogènes stimulent la synthèse de prostaglandines. Les prostaglandines
stimulent la production par les cellules du col d’enzymes qui détruisent le collagène.
Au moment de la naissance, ce dernier est plus souple et déformable.
3.3. Rôle de protection du fœtus
Le trophoblaste permet une tolérance materno-fœtale : le fœtus est un greffon dont les
gènes proviennent pour moitié du père et de la mère. Le syncytiotrophoblaste n’exprime pas
ou très peu de récepteurs du CRH. Ainsi, l’embryon n’est alors plus considéré comme un tissu
étranger et le placenta permet d’éviter le rejet par la mère de ce greffon.
Le placenta constitue une barrière efficace contre certains micro-organismes comme le
bacille de Koch, certains virus comme la rubéole, rougeole, certains parasites comme le
parasite de la toxoplasmose. Mais cette barrière reste limitée et le fœtus devient
particulièrement vulnérable dès le troisième mois de grossesse. Ainsi, les anticorps
(immunoglobulines IgG seulement ) de la mère peuvent passer par endocytose et conférer une
immunité au fœtus.
3.4. Régulation homéostatiques
Le placenta joue un rôle dans la thermorégulation (maintient de la température fœtale):
pour éviter la surchauffe, de façon similaire à la peau, le placenta élimine les calories par
diffusion.
Le placenta à un rôle dans la régulation osmotique. Le rein n’étant pas fonctionnel, c’est
le placenta qui remplace le rein. Il y a rétention active de Na+ dans le sang fœtal ( pompe
ATPase Na/K sur la membrane plasmique des cellules du trophoblaste), élimination de l’urée
par le placenta.
Conclusion
Le placenta est le seul organe que deux humains (sauf cas jumeaux) possèdent en
commun. C’est le trait d’union indispensable entre la mère et l’enfant. Il assure à lui seul de
multiples fonctions physiologiques, qui sont chez l’adulte assurées par plusieurs organes
spécialisées tels que les poumons, reins, foie, intestin, peau, ovaire et système immunitaire.
Le placenta est utile pour la détection des maladies génétiques telles que la fibrose
cystique, la maladie de Taysachs et le syndrome de Down. On utilise une technique de
prélèvement de villosités choriales, fournissant un échantillon de cellules et permettant
d’effectuer un caryotype.
Aux endroits minces ou lésés du syncytiotrophoblaste, les globules rouges embryonnaires
peuvent passer dans le sang maternel ce qui, dans le cas d’une mère rhésus – (et d’un enfant
rhésus +), peut amener une sensibilisation de celle-ci en produisant des anticorps anti-Rh+ et
induire, au cours d’une seconde grossesse, une hémolyse des GR de l’embryon. Dans ce cas,
il y a véritablement phénomène de rejet pouvant aboutir à une fausse couche.
Bibliographie :
R.Franquinet, J.Foucrier ; Embryologie descriptive ; 157p ; DUNOD, 2e édition ; 2003.
P.R.Wheater, B.Young, J.W.Heath ; Histologie fonctionnelle ; 413p ; De Boeck Université, 4e
édition ; 2001.
U.Welsch ; Précis d’histologie ; 597p ; Editions Médicales internationales ; 2003.
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