La Lettre du Gynécologue • n° 382-383 - mai-juin 2013 | 21
DOSSIER THÉMATIQUE
Dans le cas exceptionnel d’arythmies réfractaires
aux traitements médicamenteux, mal tolérées
et mettant en jeu le pronostic maternel, et donc
fœtal, tous les moyens utilisables chez la femme
non enceinte sont permis.
Il peut s’agir de l’ablation par radiofréquence d’une
tachycardie supraventriculaire ou ventriculaire
pendant la grossesse, en limitant l’exposition aux
radiations (13). L’ablation doit se faire si possible
à partir du deuxième trimestre, dans un centre
expérimenté et avec une protection plombée du
fœtus, en utilisant si possible un système de guidage
par échographie ou, idéalement, par cartographie
électro anatomique. La durée d’une ablation est
souvent imprévisible. On peut tolérer une irradia-
tion maximale de 5 mSv sans risques.
L’implantation d’un pacemaker (PM) peut être excep-
tionnellement nécessaire. Les risques de l’implan-
tation permanente d’un PM (de préférence une
chambre) sont faibles, surtout si le fœtus a dépassé
les 8 semaines de gestation. Il est conseillé de guider
l’implantation par échographie (recommanda-
tion IIa c). Une stimulation temporaire peut être
effectuée lors de l’accouchement chez les femmes
ayant un BAV complet mal toléré (syncope).
La pose d’un défibrillateur automatique implantable
(DAI) est possible pour traiter les TV résistantes qui
mettent en jeu la vie maternelle ou les TV associées
à une cardiopathie évoluée avec lesquelles le risque
de MS est élevé (recommandation IIa).
Enfin, dans tous les cas, il faut organiser la grossesse
et l’accouchement avec la maternité.
◆Traitement préventif
Le traitement préventif chez la jeune femme avant
la grossesse est particulièrement important.
Un syndrome de préexcitation ventriculaire asymp-
tomatique doit être exploré chez les jeunes patientes
afin de détecter des formes potentiellement graves
(5 à 10 % des cas).
En présence de tachycardies paroxystiques récidi-
vantes, il faut proposer l’ablation de la voie lente s’il
s’agit d’une tachycardie par réentrée intranodale, ou
l’ablation d’un faisceau accessoire latent ou patent,
responsable de tachycardies par réentrées.
Il faut détecter des arythmies chez les patientes qui
ont une cardiopathie congénitale, opérée ou non,
et proposer une ablation si la patiente présente des
tachycardies auriculaires ou un flutter auriculaire.
La pose d’un DAI doit être envisagée chez des
patientes ayant des facteurs de risque de MS (recom-
mandation Ic) ou ayant présenté une TV dans un
contexte de cardiopathie, comme une dysplasie
arythmogène du VD. L’implantation d’un PM est
habituellement conseillée, même chez des patientes
asymptomatiques ayant un BAV complet congénital.
En cas de grossesse chez une jeune femme ayant une
cardiopathie congénitale opérée à risque d’arythmie
(transposition corrigée, tétralogie de Fallot, etc.), la
surveillance par holter ECG doit se faire en début et
en fin de grossesse.
Conclusion
Les troubles du rythme de la grossesse sont de
moins en moins fréquents, car les cardiopathies
congénitales sont opérées plus tôt et les cavités
ne sont plus dilatées ; les troubles du rythme des
jeunes femmes sont rapidement pris en charge. Les
arythmies pendant la grossesse sont généralement
bénignes. Aucun traitement n’est sûr à 100 % ; le
traitement antiarythmique ne doit donc être pres-
crit que si les symptômes sont intolérables ou si
la tachycardie entraîne un retentissement hémo-
dynamique. ■
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Références bibliographiques