La Lettre du Cardiologue • n° 458 - octobre 2012 | 23
DOSSIER THÉMATIQUE
Dans le cas exceptionnel d’arythmies réfractaires
aux traitements médicamenteux, mal tolérées
et mettant en jeu le pronostic maternel, et donc
fœtal, tous les moyens utilisables chez la femme
non enceinte sont permis.
Il peut s’agir de l’ablation par radiofréquence d’une
tachycardie supraventriculaire ou ventriculaire
pendant la grossesse, en limitant l’exposition aux
radiations (13). L’ablation doit se faire si possible
à partir du deuxième trimestre, dans un centre
expérimenté et avec une protection plombée du
fœtus, en utilisant si possible un système de guidage
par échographie ou, idéalement, par cartographie
électro anatomique. La durée d’une ablation est
souvent imprévisible. On peut tolérer une irradia-
tion maximale de 5 mSv sans risques.
L’implantation d’un pacemaker (PM) peut être excep-
tionnellement nécessaire. Les risques de l’implan-
tation permanente d’un PM (de préférence une
chambre) sont faibles, surtout si le fœtus a dépassé
les 8 semaines de gestation. Il est conseillé de guider
l’implantation par échographie (recommanda-
tion IIa c). Une stimulation temporaire peut être
effectuée lors de l’accouchement chez les femmes
ayant un BAV complet mal toléré (syncope).
La pose d’un défibrillateur automatique implantable
(DAI) est possible pour traiter les TV résistantes qui
mettent en jeu la vie maternelle ou les TV associées
à une cardiopathie évoluée avec lesquelles le risque
de MS est élevé (recommandation IIa).
Enfin, dans tous les cas, il faut organiser la grossesse
et l’accouchement avec la maternité.
◆Traitement préventif
Le traitement préventif chez la jeune femme avant
la grossesse est particulièrement important.
Un syndrome de préexcitation ventriculaire asymp-
tomatique doit être exploré chez les jeunes patientes
afin de détecter des formes potentiellement graves
(5 à 10 % des cas).
En présence de tachycardies paroxystiques récidi-
vantes, il faut proposer l’ablation de la voie lente s’il
s’agit d’une tachycardie par réentrée intranodale, ou
l’ablation d’un faisceau accessoire latent ou patent,
responsable de tachycardies par réentrées.
Il faut détecter des arythmies chez les patientes qui
ont une cardiopathie congénitale, opérée ou non,
et proposer une ablation si la patiente présente des
tachycardies auriculaires ou un flutter auriculaire.
La pose d’un DAI doit être envisagée chez des
patientes ayant des facteurs de risque de MS (recom-
mandation Ic) ou ayant présenté une TV dans un
contexte de cardiopathie, comme une dysplasie
arythmogène du VD. L’implantation d’un PM est
habituellement conseillée, même chez des patientes
asymptomatiques ayant un BAV complet congénital.
En cas de grossesse chez une jeune femme ayant une
cardiopathie congénitale opérée à risque d’arythmie
(transposition corrigée, tétralogie de Fallot, etc.), la
surveillance par holter ECG doit se faire en début et
en fin de grossesse.
Conclusion
Les troubles du rythme de la grossesse sont de
moins en moins fréquents, car les cardiopathies
congénitales sont opérées plus tôt et les cavités
ne sont plus dilatées ; les troubles du rythme des
jeunes femmes sont rapidement pris en charge. Les
arythmies pendant la grossesse sont généralement
bénignes. Aucun traitement n’est sûr à 100 % ; le
traitement antiarythmique ne doit donc être pres-
crit que si les symptômes sont intolérables ou si
la tachycardie entraîne un retentissement hémo-
dynamique. ■
1. Shotan A, Ostrzega E, Mehra A, Johnson JV, Elkayam U.
Incidence of arrhythmias in normal pregnancy and relation
to palpitations, dizziness, and syncope. Am J Cardiol 1997;
79:1061-4.
2. Lee SH, Chen SA, Wu TJ et al. Effects of pregnancy on
first onset and symptoms of paroxysmal supraventricular
tachycardia. Am J Cardiol 1995;76:675-8.
3. Kounis NG, Zavras GM, Papadaki PJ, Soufras GD, Kitrou
MP, Poulos EA. Pregnancy-induced increase of supraven-
tricular arrhythmias in Wolff-Parkinson-White syndrome.
Clin Cardiol 1995;18:137-40.
4. Brodsky MA, Sato DA, Oster PD, Schmidt PL, Chesnie BM,
Henry WL. Paroxysmal ventricular tachycardia with
syncope during pregnancy. Am J Cardiol 1986;58:
563-4.
5. Rashba EJ, Zareba W, Moss AJ et al. Influence of pregnancy
on the risk for cardiac events in patients with hereditary long
QT syndrome. LQTS Investigators. Circulation 1998;97:451-6.
6. Regitz-Zagrosek V, Blomstrom Lundqvist C, Borghi C et al.
ESC Guidelines on the management of cardiovascular diseases
during pregnancy: The Task Force on the Management of
Cardiovascular Diseases during Pregnancy of the European
Society of Cardiology (ESC). Eur Heart J 2011;32:3147-97.
7. Fuster V, Rydén LE, Cannom DS et al. 2011 ACCF/AHA/
HRS focused updates incorporated into the ACC/AHA/ESC
2006 Guidelines for the management of patients with atrial
fibrillation. Am Coll Cardiol 2011;57:e101-98.
8. Hagley MT, Cole PL. Adenosine use in pregnant women
with supraventricular tachycardia. Ann Pharmacother 1994;
28:1241-2.
9. Page RL. Treatment of arrhythmias during pregnancy.
Am Heart J 1995;130:871-6.
10. Burkart TA, Kron J, Miles WM, Conti JB, Gonzalez MD.
Successful termination of atrial flutter by ibutilide during
pregnancy. Pacing Clin Electrophysiol 2007;30:283-6.
11. Khan IA, Nair CK, Singh N, Gowda RM, Nair RC. Acute
ventricular rate control in atrial fibrillation and atrial flutter.
Int J Cardiol 2004;97:7-13.
12. Kron J, Conti JB. Arrhythmias in the pregnant patient:
current concepts in evaluation and management. J Interv
Card Electrophysiol 2007;19:95-107.
13. Ferguson JD, Helms A, Mangrum JM, DiMarco JP. Abla-
tion of incessant left atrial tachycardia without fluoroscopy
in a pregnant woman. J Cardiovasc Electrophysiol 2011;
22:346-9.
Références bibliographiques