La Lettre du Cardiologue - n° 309 - mars 1999
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INFORMATIONS
–ECG haute amplification, QRS filtrés > 120 ms : valeur pré-
dictive positive de 17 %, valeur prédictive négative de 98 % ;
l’absence de potentiel tardif est un facteur de bon pronostic.
–Altération de la fraction d’éjection lorsqu’elle est < 40 %.
–La variabilité du rythme sinusal multiplie par 5 la mortalité
post-infarctus myocardique.
–Stimulation ventriculaire programmée : valeur prédictive posi-
tive de 18 %, valeur prédictive négative de 93 % ; l’absence de
TV inductible est un facteur de bon pronostic (l’inverse n’est pas
vrai).
Principales études sur le traitement médical et le défibrillateur
automatique implantable (DAI) :
–L’étude CAST a montré l’effet délétère des antiarythmiques de
classe Ic.
–L’étude SWORD avec le D-sotalol a dû être interrompue.
–L’étude CAMIAT, étudiant l’amiodarone avec une fonction ven-
triculaire gauche altérée, n’a pas montré d’augmentation de la
mortalité globale ; il existe même une diminution de la mortalité
rythmique.
–L’étude MADIT concerne une population âgée de 25 à 80 ans,
avec un antécédent d’infarctus myocardique, la présence de
TVNS, une fraction d’éjection ventriculaire gauche < 35 %, un
stade I à III de la NYHA et des tachycardies ventriculaires sou-
tenues inductibles et non supressibles par procaïnamide. Cette
étude a comparé le pronostic de ces patients sous traitement anti-
arythmique conventionnel et sous DAI. L’étude a été arrêtée pré-
maturément car la mortalité dans le groupe DAI était réduite de
54 %. Aux États-Unis, une TVNS avec fraction d’éjection ven-
triculaire gauche < 35 % et une tachycardie ventriculaire induc-
tible non suppressible sont des indications à la mise en place d’un
DAI.
–L’étude MUSTT est en cours. Elle compare par randomisation
le traitement antiarythmique adapté guidé par le “serial testing”
et le DAI dans une population de patients avec antécédents d’in-
farctus myocardique avec TVNS, fraction d’éjection ventricu-
laire gauche < 40 % et tachycardie ventriculaire inductible.
La discussion finale a reposé essentiellement sur l’indication du
DAI : on pose, aux États-Unis, 150 DAI/million d’habitants, pour
7 DAI/million d’habitants en France. Le Pr Kacem a mis en avant
l’attitude trop “frileuse” des Français dans leur indication de pose
de DAI. Par ailleurs, la stimulation programmée n’a pas d’inté-
rêt pour évaluer un traitement antiarythmique (sauf cas très par-
ticulier). Enfin, l’association bêtabloquant-amiodarone n’a jamais
démontré son efficacité.
Le tableau résume la conduite à tenir devant une TVNS décou-
verte au holter.
FIBRILLATION AURICULAIRE (FA) DU SUJET ÂGÉ : QUEL TRAI-
TEMENT ANTICOAGULANT ?
(G. Kirkorian, Lyon)
Faut-il donner un traitement antithrombotique au suget âgé de
plus de 80 ans en FA, et, si oui, lequel ?
Caractéristiques de la FA du sujet âgé
–La FA est une affection du sujet âgé, touchant particulièrement
le sexe masculin et le plus souvent associée à une cardiopathie
sous-jacente (figure 2). Dans une population âgée de plus de
80 ans, 10 % des sujets sont en FA.
–La FA est un facteur majeur de risque d’accident vasculaire céré-
bral (AVC), indépendamment de l’existence ou non d’une valvu-
lopathie rhumatismale. Le risque d’AVC augmente aussi avec l’âge,
l’HTA, la maladie coronaire, une insuffisance cardiaque ; plus l’âge
augmente, plus la FA est un facteur d’AVC prépondérant.
–C’est dans cette population âgée de plus de 80 ans en FA que le
risque d’AVC est important et que la prescription d’un anticoagu-
lant pose le plus de problèmes. Le risque hémorragique est lié à
l’âge (+ 32 % tous les 10 ans), à l’International normalized ratio
(INR) (+ 5,4 % par unité d’INR) et au produit utilisé. La dose
d’AVK nécessaire pour obtenir un INR efficace est de 25 à 50 %
moindre chez le sujet âgé que chez le sujet jeune. L’accident hémor-
ragique sous AVK est d’autant plus grave que le sujet est plus âgé.
Pas de cardiopathie :
●pas de traitement
●bêtabloquant si signes fonctionnels
Cardiopathie ischémique :
●stratification du risque
●DAI si FE < 35 %, TV inductible non suppressible
Cardiopathie non ischémique :
●dysplasie arythmogène du ventricule droit : discuter bêtablo-
quant
●cardiomyopathie hypertrophique : amiodarone si signes fonction-
nels ?
●cardiomyopathie dilatée, hypertension artérielle, prolapsus val-
vulaire mitral : amiodarone/bêtabloquant si signes fonctionnels,
mais pas de modification du pronostic
Tableau. Conduite à tenir devant une tachycardie ventriculaire non
soutenue découverte au holter.
Figure 2. Arythmie complète par fibrillation auriculaire avec bloc de
branche droit complet et séquelle d’infarctus inférieur.
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