26 | La Lettre du Cardiologue • n° 474 - avril 2014
Points forts
»L’aphorisme suivant résume les objectifs de la simulation en médecine: “Jamais la première fois chez
le patient”, afin d’améliorer la qualité de la prise en charge et la sécurité des soins.
»
L’éventail des types de simulation est très large: expérimentation animale, mannequins (simulateurs
patients et simulateurs procéduraux), jeux de rôle, cas cliniques sur ordinateur, réalité virtuelle…
»La simulation s’adresse à tous les professionnels de santé, à tous les stades de leur cursus (formation
initiale, formation continue).
»La méthodologie de développement des programmes pédagogiques est maintenant bien codifiée.
Mots-clés
Simulation en santé
Programme
pédagogique
Sécurité des soins
Highlights
»
The following aphorism may
summarize the objectives of
simulation in medicine: “Never
the first time in the patient”,
in order to improve the quality
and safety of patient care.
»
Several modalities are avail-
able: experiments in animals,
manikins (patient and proce-
dure simulators), games, case
reports available on computer,
virtual reality.
»
Simulation may be applied
to all professionals in medi-
cine, throughout their curri-
culum, during initial as well as
continuous education.
»
The methodology for devel-
oping teaching programs has
been well codified.
Keywords
Simulation in healthcare
Teaching programs
Safety of patient care
nombrables applications destinées aux médecins ou
aux autres soignants, du plus simple (défibrillateur,
sites et modes d’une injection sous-cutanée, intra-
musculaire ou intraveineuse) au plus sophistiqué
(reproduction de tous les signes cliniques d’un état
de choc par exemple, y compris coloration cutanée,
mydriase, tachycardie, hypotension, etc., et la réac-
tion aux traitements administrés). Il peut s’agir de
fragments du corps (avant-bras, thorax, tête et cou
pour l’apprentissage des techniques d’intubation
orotrachéale ou de trachéotomie), et l’on parle de
“simulateurs procéduraux” ou de mannequins corps
entier (“simulateurs patients”). Plusieurs modèles
peuvent être entièrement pilotés par ordinateur
(mannequins dits de “haute fidélité”).
Mais il peut s’agir également de patients standar-
disés, de réalité virtuelle, de cas cliniques développés
sur ordinateur, de jeux de rôle (moyen ludique pour
aborder des sujets sérieux), d’entraînement sur
animaux de laboratoire ou sur cadavres ou encore
sur pièces anatomiques humaines, dont l’usage est
très ancien dans les écoles de chirurgie… Certaines
de ces techniques peuvent être associées (“simula-
tion hybride”).
Ces moyens doivent être adaptés au but recherché et
à la situation, selon, en particulier, qu’elle est urgente
(par exemple : arrêt cardiaque, hémorragie de la déli-
vrance, plaie d’un organe au cours d’une intervention
chirurgicale) ou non (visite d’annonce, accouchement
normal). Un des principaux bénéfices est d’offrir une
pratique dans un environnement sécurisé puisque arti-
ficiel, et donc sécurisant pour l’apprenant, en permet-
tant une application répétée et reproductible. Cela
n’est pas incompatible avec une autre condition, qui
est la réalisation aussi réaliste que possible des faits,
des événements, des conditions techniques, y compris
l’environnement visuel et sonore (par exemple : la
reconstitution d’un environnement bruyant semblable
à celui d’une prise en charge dans un lieu public, qui
peut empêcher une auscultation précise ou l’audition
des alarmes sonores des appareils de surveillance).
Les scénarios doivent être basés sur des situations ou
des pathologies authentiques ou se rapprochant de la
réalité (par exemple : prise en charge préhospitalière
ou réalisme des tissus naturels ou artificiels utilisés
pour l’apprentissage des sutures ou des ablations
d’organe) et dont l’évolution doit être réaliste.
Comment développer
un programme de simulation ?
Le développement d’un programme de simulation suit
différentes étapes : définition des objectifs pédago-
giques et des thèmes du programme, choix parmi les
techniques évoquées ci-dessus de la mieux adaptée
pour atteindre l’objectif fixé, puis élaboration du
travail lui-même, décliné en 3 phases successives :
“briefing” (présentation du contexte, de l’environne-
ment, du matériel utilisé), déroulement du scénario et,
enfin, “débriefing” (temps d’analyse et de synthèse).
Selon les objectifs fixés et leur contenu, ces
programmes peuvent être organisés dans des centres
de simulation, où sont habituellement disponibles les
simulateurs et les ressources humaines nécessaires,
ou bien in situ, sur le lieu d’exercice professionnel,
ou encore dans des ateliers de simulation décentra-
lisés (jeux de rôle ou expérimentation animale par
exemple, ou encore programmes informatiques de
réalité virtuelle ou jeux sérieux [“serious games”]
pilotés par ordinateurs).
S’agissant d’actions de formation, initiale ou
continue, un comité pédagogique doit assurer la
qualité scientifique des programmes. Il est habi-
tuellement constitué de personnes ayant acquis
une expérience en simulation, en pédagogie et,
bien entendu, dans le domaine abordé. Il existe des
programmes de formation des formateurs, sous la
forme de diplômes universitaires en particulier.
À qui s’adresse
cet enseignement ?
Un des points communs à ces différentes méthodes
de simulation est leur aspect pluridisciplinaire
et pluriprofessionnel : la plupart des situations
auxquelles l’apprenant est exposé requièrent la parti-
cipation de plusieurs professionnels de santé (méde-
cins ou chirurgiens et infirmières le plus souvent,
mais parfois psychologues ou autre) dont le rôle
est soit commun (apprendre à faire l’annonce d’un
dommage lié aux soins, par exemple) soit complé-
mentaire, chaque intervenant ayant un rôle propre
et prédéfini (par exemple : prise en charge d’un arrêt