Échos des congrès 5e réunion annuelle du groupe Diabetes & Cardiovascular Disease de l’European Association for the Study of Diabetes Paris, 15-17 novembre 2012 Emmanuel Cosson* © Valerijs Kostreckis Le présent compte rendu est le lieu d’une sélection issue des excellentes présentations de la 5e réunion annuelle du groupe Diabetes & Cardiovascular Disease (D&CVD) de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD). Le congrès, dont l’organisation a été présidée par Paul Valensi, s’est déroulé à Paris du 15 au 17 novembre 2012 et a réuni plus de 120 spécialistes mondiaux. Les communications ont donné lieu à un numéro spécial de Diabetes & Metabolism (2012, special issue 5), qui comprend 27 présentations d’orateurs invités (Invited Speakers Presentations [ISP]), 13 présentations orales (OP) et 31 présentations affichées (P). Ces journées étaient passionnantes. Elles ont permis de faire avancer notre réflexion sur l’optimisation des soins apportés à nos patients diabétiques. Leur pronostic s’est particulièrement amélioré grâce à notre prise en charge préventive, plus précoce et multifactorielle. Ils gardent cependant un risque résiduel. Le résumé devrait vous aider à améliorer votre pratique et à entrevoir les possibilités d’avenir. Comment mieux évaluer le risque de nos patients ? Utiliser de nouvelles équations de risque L’évaluation du risque par des scores anciens créés à partir de la population générale (Framingham) ou de diabétiques de type 2 (UKPDS risk score) apparaît dépassée. F. Travers a rapporté le score créé plus récemment, à l’ère du traitement optimisé, à partir de l’étude ADVANCE. Dix critères sont pris en compte et pondérés dans l’équation : âge au diagnostic, durée du diabète, sexe, pression pulsée, hypertension traitée, fibrillation auriculaire, rétinopathie, HbA1c, néphropathie et LDL-cholestérol (Kengne A.P. Eur J Cardiovasc Prev Rehabil 2011:393). De façon assez surprenante, ni le tabagisme, ni le traitement, ni l’origine, ni le pays n’étaient prédictifs d’événements cardiovasculaires (ISP10. Travert F., Paris). Ce score a été validé dans la cohorte DIABHYCAR. *Service diabétologie endocrinologie nutrition, pôle spécialités médicochirurgicales à orientation digestive et métabolique, CHU Jean-Verdier, Bondy. 8 Préciser, et éventuellement reclassifier, le risque de nos patients en allant au-delà des équations de risque Des marqueurs supplémentaires peuvent être utiles pour mieux catégoriser le risque des diabétiques, avec même une éventuelle recatégorisation de leur risque. Par exemple, des patients ayant un score de Framingham élevé, mais un score de calcification coronaire (CAC) inférieur à 100 en tomodensitométrie ont en fait un pronostic aussi bon que des patients ayant un score de Framingham bas (Erbel R. J Am Coll Cardiol 2010:1397). Une même stratification peut également être utilisée avec une protéine C réactive supérieure ou égale à 3 (ISP4. Möhlenkamp S., Moers, Allemagne), une épaisseur intima media augmentée (Bernard S. Diabetes Care 2005:1158), la présence d’une neuropathie autonome cardiaque (Pop-Bosui R. Diabetes Care 2010:1578) ou d’une rigidité artérielle plus forte (ISP11. Valensi P., Bondy). L’ischémie myocardique silencieuse est également un marqueur de risque cardiovasculaire indépendant du risque a priori (Cosson E. et al. Diabetes Care 2011:2101). Le syndrome d’apnée du sommeil (SAS) pourrait également être un marqueur pronostique. S. Möhlenkamp a rapporté que SAS et obésité étaient associés au CAC score, mais que l’association pour le SAS disparaissait cependant après ajustement sur les facteurs de risque cardiovasculaire (ISP4. Möhlenkamp S., Moers, Allemagne). Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 2 - février 2013 5e réunion annuelle du groupe Diabetes & Cardiovascular Disease de l’European Association for the Study of Diabetes Le SAS pourrait lui-même être impliqué dans la pathophysiologie du syndrome métabolique. Il est probable que l’hypoxie répétée au niveau du tissu adipeux conduise à une réponse inflammatoire augmentée, à un stress oxydant, avec une activation du système nerveux sympathique et des modifications des adipocytokines. Enfin, l’axe hypothalamohypophysaire corticotrope est probablement modifié par les réveils nocturnes et la fragmentation du sommeil (ISP5. Wilding J., Liverpool, Angleterre). Utiliser de nouveaux outils Marqueurs biologiques Dans une étude cas-témoins réalisée chez des diabétiques de type 2, les niveaux de LDL oxydées étaient plus élevés en cas de coronaropathie (OP3. Rajkovic N., Belgrade, Serbie). La fibuline 1 est une protéine de la matrice extracellulaire (Cangemi C. et al. Clin Chem 2011:1556) dont la concentration au niveau de la paroi artérielle et dans le sérum des diabétiques est augmentée. Des taux augmentés sont également associés à la rigidité artérielle et à une surmortalité (OP4. Rasmussen L.M., Esberg, Danemark). Échographie-doppler cardiaque transthoracique La vélocité du flux coronaire peut maintenant être étudiée par doppler transthoracique, à l’état basal et après une épreuve physiologique stimulant le système sympathique, le test au froid. Les altérations du flux après test au froid sont associées à l’ischémie myocardique silencieuse (ISP6. Cosson E., Bondy) et à la neuropathie autonome cardiaque (P20. Nguyen M.T., Bondy). La faisabilité est d’environ 60 %, et cet examen qui explore directement la microcirculation coronaire n’est utilisable que pour des études physiopathologiques. L’échographie peut actuellement évaluer les phénomènes de torsion au niveau du ventricule gauche. La torsion est augmentée chez les diabétiques de type 2. La neuropathie autonome cardiaque, les anomalies de la microcirculation – mais pas le métabolisme énergétique mitochondrial – semblent impliquées dans son développement (OP11. Kuehl M., Birmingham, Angleterre). La dysfonction diastolique a été retrouvée particulièrement souvent (57,2 %) chez des diabétiques de type 2 dont les pressions artérielles étaient contrôlées et indemnes de valvulopathie ou de coronaropathie connue. Les déterminants en sont l’âge et la rétinopathie. La dysfonction systolique est moins fréquente (26 %) et associée dans 2/3 des cas à la dysfonction diastolique. Ses déterminants sont le sexe masculin, l’indice de masse corporelle et la pression artérielle systolique (OP12. Decker-Bellaton A., Bron). Dans une étude épidémiologique italienne prospective (DYDA) incluant des diabétiques de type 2 de plus de 45 ans sans cardiopathie connue (Giorda C.B. et al. Eur J Cardiovasc Prev Rehabil 2011:415), les prévalences des dysfonctions ventriculaires droite et gauche étaient respectivement de 63,9 et 66,5 % ! Sur un suivi de 2 ans, 16 % des patients avec dysfonction ventriculaire gauche meurent ou sont hospitalisés, essentiellement pour des raisons non cardiovasculaires (ISP25. Giorda C., Turin, Italie). Imagerie moléculaire (ISP26. Rouzet F., Paris) La tomographie par émission de positons (PET) permet de visualiser et de quantifier des processus biologiques sur le plan moléculaire et cellulaire (revue dans Sinusas A.J. et al. Circ Cardiovasc Imaging 2008;1:244). Son emploi est encore limité, mais quelques études sont maintenant disponibles à plus grande échelle, et on entrevoit une utilisation afin de personnaliser les soins aux patients suivant leur métabolisme. Par exemple, l’évaluation de la réserve coronaire par PET, en intégrant à la fois la dynamique des fluides au niveau des artères épicardiques et de la microcirculation, est un marqueur de mortalité cardiaque, indépendant des facteurs de risque cardiovasculaire (Murthy V.L. et al. Circulation 2011:2215). L’étude du flux myocardique au repos et lors d’un stress vasomoteur permet d’évaluer les altérations précoces de la microcirculation, et pourrait identifier les patients les plus à risque (Schindler T.H. et al. JACC Cardiovasc Imaging 2010:623). Enfin, l’activité métabolique au niveau de la plaque d’athérosclérose peut être évaluée par PET en utilisant comme marqueur le 18-fluorodésoxyglucose (Fayad Z.A. et al. Lancet 2011:1547). L’utilisation à grande échelle n’est pas encore possible en raison du coût de la méthode et des conséquences de l’irradiation qui doivent limiter cette exploration à certains patients dans des indications précises. Enfin, l’étude de l’innervation sympathique cardiaque grâce à la méta-iodo-benzylguanidine marquée à l’iode 123 (Jacobson J. et al. Am Coll Cardiol 2010:2212) pourrait permettre la sélection des patients insuffisants cardiaques pouvant bénéficier d’un défibrillateur implanté. Améliorer encore les traitements Comment lutter contre le risque résiduel, chez des patients bien contrôlés pour leurs facteurs de risque ? En plus d’être éventuellement plus incisifs, il faut bien sûr lutter contre l’inertie thérapeutique, favoriser la compliance de nos patients. Des points spécifiques ont également été développés en termes de thérapeutique. Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 2 - février 2013 9 Échos des congrès Traitement médical Le fénofibrate a montré des résultats encourageants chez les diabétiques dans la protection contre la microangiopathie et les événements cardiovasculaires chez les diabétiques de type 2 avec dyslipidémie athérogène (HDL-cholestérol bas et triglycérides élevés) ayant un LDL-cholestérol à l’objectif thérapeutique (ISP11. Valensi P., Bondy). Les nouvelles classes impliquant les voies des incrétines apportent des résultats rassurants en termes d’événements cardiovasculaires, avec, par exemple, une réduction du risque (hazard-ratio = 0,36 [0,17-0,74]) sous linagliptine par rapport au comparateur (placebo ou glimépiride ou voglibose) dans une méta-analyse (OP5. Johansen O., Inghelheim, Allemagne). Il s’agit probablement d’un effet de classe thérapeutique (ISP2. Avogaro A., Padoue, Italie). Concernant les antiagrégants plaquettaires (ISP21. Gilard M., Brest), il n’y a pas de preuves de l’utilité de l’aspirine en prévention primaire chez le diabétique. En outre, on observe une résistance aux antiagrégants chez un grand nombre de diabétiques (Angiolillo D. et al. Diabetes 2005:2430). Notamment, la résistance à l’aspirine est due à un turnover plaquettaire augmenté chez le diabétique, qui devrait nous faire prescrire le traitement par aspirine en 2 prises par jour (ISP23. Dillinger J.G., Bal dit Sollier C., Henry P., Drouet L., Paris). Malheureusement, il n’existe pas de tests utilisables en routine pour évaluer cette résistance. Une dose standard de prasugrel permet une meilleure inhibition plaquettaire chez des diabétiques de type 2 traités par aspirine qu’une double dose de clopidogrel (Angiolillo D.J. et al. Eur Heart J 2011:838). Enfin, l’efficacité du ticagrelor, un antagoniste du récepteur P2Y, est meilleure que celle du clopidogrel et réduit les événements cardio-vasculaires des patients faisant un syndrome coronarien aigu, qu’ils soient diabétiques ou non, sans augmentation de l’incidence des hémorragies graves (James S. et al. Eur Heart J 2010:3006). Revascularisation coronaire (ISP20. Varenne O., Paris) La revascularisation coronaire est remise en cause par rapport à un traitement médical multifactoriel intensifié, notamment depuis l’étude COURAGE (Boden W.E. et al. New Engl J Med 2007:1503) qui montrait des résultats homogènes dans la population diabétique ou non, puis l’étude BARI 2D, qui montrait que, dans une population diabétique avec coronaropathie stable, les patients relevant d’une angioplastie randomisés pour une angioplastie ou un traitement médical seul avaient le même pronostic. En revanche, les patients avec indication de pontage et randomisés dans le groupe revascularisation et pontés avaient un meilleur pronostic que ceux FreCan French ® 10 Bandelettes réactives PP667047-Bayer AP USB 388x130-220113.indd 1 Contour® next USB : Dispositif d’Auto Surveillance Glycémique (ASG) destiné aux patients diabétiques. Utilisation : le lecteur de glycémie Contour® nex dans le manuel d’utilisation du lecteur de glycémie et la notice des bandelettes réactives. L’ASG ne doit pas être une mesure automatiquement généralisée à Correspondances en(Suisse). Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol.II XVII n° 2 - février 2013 Bayer Consumer Care AG Classification : DMDIV Liste B, conformément à l’annexe de la -Directive 98/79/CE. Organisme notifié : Lloyd’s Registe (adulte : 1 / 4 ans - enfant : 2 / 4 ans), bandelettes réactives (200 / an pour DT2 non insulinodépendant). 5e réunion annuelle du groupe Diabetes & Cardiovascular Disease de l’European Association for the Study of Diabetes La mise en pratique : un exemple pour finir Considérons un patient diabétique de type 2 depuis quelques années, avec hypertension artérielle et dysli- pidémie traitées selon les standards actuels. Il présente, en outre, une néphropathie, qui est associée à un risque cardiovasculaire augmenté et à une plus forte prévalence d’ischémie myocardique silencieuse et de sténose coronaire (OP2. Sanghoon S., Séoul, Corée), de même que la présence d’une rétinopathie, le sexe masculin, la présence d’une artériopathie périphérique (Cosson E. et al. Nutr Metab Cardiovasc Dis 2012:epub ahead of print). On peut envisager la recherche d’une ischémie myocardique silencieuse, qui reste un bon marqueur de risque additionnel aux facteurs de risque conventionnels (Young L. et al. JAMA 2009:1547; Cosson E. et al. Diabetes Care 2011:2410). En cas de positivité, le traitement médical pourra être encore intensifié : objectifs de LDL-cholestérol plus bas encore, traitement par fénofibrate en cas de dyslipidémie athérogène persistante après mesures hygiénodiététiques (ISP11. Valensi P., Bondy), coronarographie pour identifier des sténoses coronaires qui pourront être revascularisées, au mieux par pontage (Faglia E. et al. Am Heart J 2005:e1). Une démarche active incluant le dépistage de l’ischémie myocardique silencieuse et sa prise en charge spécifique apparaît en effet efficace pour améliorer encore le pronostic des diabétiques de type 2 (Gazzaruso C. et al. Intern Emerg Med 2012:257). ■ ARSENAL-CDM - PP667047 - 01/2013 - Bayer Santé - 220 avenue de la Recherche - 59120 Loos - SIREN : 706 580 149 RCS Lille traités médicalement (Chaitman B.R. et al. Circulation 2009:2529). Les revascularisations permettaient toutefois de réduire la symptomatologie, même après angioplastie (Dagenais G. et al. Circulation 2011:1492). Depuis, les angioplasties avec stent actif ont montré une meilleure efficacité que les anciennes méthodes d’angioplastie (Banning A.P. et al. J Am Coll Cardiol 2010:1067), avec cependant un risque de thrombose plus important qu’après pontage. L’étude FREEDOM, réalisée chez des diabétiques de type 2 – dont 80 % présentaient des lésions tritronculaires – et publiée très récemment (Farkouh M.E. et al. N Engl J Med 2012:epub ahead of print), a montré que les performances du pontage restaient meilleures que celles de l’angioplastie avec stent actif. Au final, en cas de lésion unique simple, le traitement médical seul pourrait être envisagé ; en cas de lésions multiples ou plus complexes, chez des patients opérables, il faut actuellement privilégier les pontages. Dans les autres cas, les angioplasties doivent être réalisées avec stent actif et double antiagrégation. Des choix éclairés, une consultation dynamisée. Pour vous et vos patients. Contour® next USB de Bayer : • Utilisation simple et intuitive guidée par des messages textuels. • Journal électronique complet intégrant les glucides et l’insuline. • Tendances et comptes rendus à consulter directement sur le lecteur ou sur l’ordinateur. • Logiciel de gestion du diabète Glucofacts® Deluxe embarqué dans le lecteur. Quand le design et l’innovation s’allient pour optimiser l’autosurveillance glycémique. e glycémie Contour® next USB s’utilise avec les bandelettes réactives Contour® next. 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