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La Lettre du Rhumatologue • N° 357 - décembre 2009 | 39
VIE PROFESSIONNELLE
éléments de la littérature. Le processus est sans
doute imparfait, mais il a le mérite d’être entiè-
rement coordonné par les médecins eux-mêmes,
ce qui est intéressant à prendre en compte, dans
la mesure où les autres processus d’EPP dont nous
avons connaissance sont coordonnés par la HAS
et utilisent des listes d’items fournies par la HAS.
Nous pensons, pour notre part, que la constitution
d’une liste d’items est un travail fondamental, car
il implique personnellement chacun des membres
du Réseau. De ce fait, le processus n’est plus tant
une EPP qu’une formation continue associée
à une EPP.
Un aspect essentiel de réflexion face à l’EPP porte
sur les conséquences en termes de qualité de soin.
Bien sûr, le but ultime de l’EPP n’est pas tant l’éva-
luation que l’amélioration de la qualité des soins,
or notre méthode d’EPP ne permet pas d’évaluer
la qualité des soins (par exemple, l’adéquation de
décisions thérapeutiques selon la situation). C’est
une des limites des processus d’EPP tels qu’ils sont
conçus actuellement.
Ce projet d’EPP de rhumatologues coordonné par un
réseau fut une expérience pilote que nous estimons
réussie et riche d’enseignements : une évaluation
est possible au sein d’un réseau ; elle est acceptée
et appréciée par les rhumatologues, quel que soit
leur mode d’exercice, y compris sous la forme
d’une hétéroévaluation, bien que l’autoévaluation,
plus simple à mettre en place, semble donner des
résultats équivalents. D’autres initiatives ayant des
méthodologies différentes sont nécessaires pour
permettre d’améliorer les techniques d’EPP, de les
rendre acceptables en pratique rhumatologique et
surtout de vérifier qu’elles sont efficientes.
Le réseau de soins RHEVER a reçu l’agrément du
CFMR pour l’EPP et la FMC en décembre 2008 et
en janvier 2009. ■
1. Journal officiel du 15 avril 2005, texte 4 sur 102. Décret
n° 2005-346 du 14 avril 2005.
2. Fechtenbaum J, Lecoq d’André F, Nataf H et al. ; RHEVER
Network (réseau hôpital et ville en rhumatologie). Prac-
tice patterns in outpatient rheumatology: a pilot evalua-
tion of medical file content. Joint Bone Spine 2007;
74:171-4.
3. Fechtenbaum J, Gossec L, Nataf H et al. ; Medical Network
RHEVER. Professional practice assessment in ambulatory
private rheumatology: a pilot evaluation of the medical
file content for rheumatoid arthritis. Clin Exp Rheumatol
2008;26:343-6.
Références bibliographiques
Les acronymes se suivent et ne se ressemblent pas…
Le DPC nouveau est arrivé
Isabelle de Gaudemar (service ORL, hôpital Saint-Vincent-de-Paul, Paris)
I
l y avait l’EPP, la FMC... Voilà le DPC
ou “développement professionnel
continu”.
La loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009
“Hôpital, patients, santé et territoires”
(HPST), dans son article 19, devrait aussi
mettre fin à la longue traversée du désert
de la FMC, obligatoire mais non reconnue
depuis 1996, pour laisser place au DPC.
Le DPC est déjà actif dans presque tous les
pays européens et en Amérique du Nord.
Le but est toujours le même : améliorer
les pratiques médicales, en montrant que
les connaissances sont à jour, par l’inter-
médiaire d’une forme d’évaluation mise au
point par des organismes agréés.
Sur le fond, le DPC, rassemblant l’EPP et la
FMC, permet de sortir du faux débat entre
l’évaluation et la formation.
Sur la forme, avant même la sortie des
décrets d’application, plusieurs dispositions
du DPC semblent déjà très lourdes et bien
compliquées, avec un Conseil national de
DPC, une commission scientifique indépen-
dante et un organisme gestionnaire.
À l’heure des hyperspécialisations, un seul
thème annuel par spécialité sera prioritaire.
Les autres principales nouveautés sont
l’implication plus importante du Conseil de
l’Ordre, et des évaluations identiques quel
que soit le statut du médecin : libéral, hospi-
talier, universitaire. Enfin, la question cruciale
du financement est aussi générale que floue.
Au final, quel est l’intérêt de monter une
telle usine à gaz ? L’objectif est toujours le
même depuis 15 ans : tenter de réduire le
déficit abyssal de la Sécurité sociale, avec
le peu de succès que l’on sait.
Et si l’on faisait confiance aux médecins ?
Et si le meilleur DPC était celui organisé par
les praticiens eux-mêmes, au contact de la
maladie et des malades plutôt que par les
bureaucrates des ministères ?
Roselyne Bachelot devrait y penser. Ce serait
une vraie rupture, celle qu’appelait de ses
vœux le président Sarkozy en 2007. ◾
© La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale 2009;319:3.