La Lettre du Cardiologue • n° 429 - novembre 2009 | 13
CONGRÈS
RÉUNION
souvent sous inotropes et sous ECMO, le plus souvent
avec une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP),
avec un indice cardiaque plus faible, présentant davan-
tage d’insuffisance rénale et de séjours en réanimation
préalables. En revanche, la mortalité opératoire n’a
pas varié de façon significative. De même, la survie
à long terme, quoique médiocre, tend à s’améliorer :
52 % à 5 ans (versus 41 % avant 1996), et 44 % à
10 ans (versus 31 % avant 1996). Cependant, du fait
de la pénurie de greffons, de moins en moins d’équipes
effectuent des transplantations cardio-pulmonaires.
En raison de l’amélioration de la prise en charge médi-
cale, les patients traités pour HTAP arrivent de plus
en plus tardivement à la transplantation, en échap-
pement des moyens médicaux, ce qui nécessite alors
une chirurgie dans le cadre de l’urgence sous support
hémodynamique lourd.
Nouvelles thérapies
De nouvelles approches thérapeutiques semblent
augurer d’espoirs dans l’IC. Comme en témoigne
le Dr J.S. Hulot (Paris), des solutions pourraient
voir le jour au sein de la thérapie génique. Face au
dysfonctionnement des myocytes, aboutissant à
leur perte permanente, la thérapie cellulaire a été
source de travaux multiples. Mais face à l’évolution
des myocytes normaux vers le dysfonctionnement,
la thérapie génique pourrait apporter du renou-
veau. Ainsi, la protéine SERCA, qui est une pompe
du réticulum sarcoplasmique des cardiomyocytes
recaptant le calcium après dépolarisation, devient
progressivement sous-exprimée au cours des altéra-
tions cellulaires dans l’IC. La surexpression de cette
protéine entraîne, a contrario, une augmentation de
la contractilité, une diminution des arythmies ventri-
culaires et une majoration du flux coronaire (grâce à
la NO synthase endothéliale). Par le biais de vecteurs
viraux, que constituent les AAV (Adenovirus Associated
Viruses), dont certains sont à tropisme électivement
musculaire, il est possible de réaliser une transduction
myocardique du gène de la protéine SERCA 2a. Cela
a été l’objet d’études précliniques sur modèle animal
(porc), ayant abouti à l’observation d’une FE plus
importante et d’une diminution des concentrations
sériques de BNP. Ces vecteurs ne sont pas intégratifs
et n’ont donc pas de pouvoir oncogène. Les limites
principales sont la possibilité d’immunisation en dépit
de leur très petite taille, avec apparition d’anticorps
neutralisants anti-AAV. Ce constat est retrouvé dans
30 % des cas et rend inefficace cette thérapeutique.
De plus, le développement d’une réponse immuni-
taire de type T, avec expression cellulaire de protéines
virales, pourrait conduire à une réaction immunitaire
forte de type rejet. Une étude clinique est en cours,
appelée AGENT-HF, et inclut des patients insuffi-
sants cardiaques sévères sous traitement médical
optimal éventuellement resynchronisés, stables et
sans immunisation préalable anti-AAV. L’évaluation
est conduite par tomographie cardiaque en raison du
nombre important de sujets porteurs de stimulateurs,
ce qui interdit le recours à l’IRM. D’autres paramètres
cliniques et biologiques sont évalués, tels que le pic
de VO2 et la concentration de BNP.
Des solutions sont également proposées sur le plan
du traitement médical. Le Dr R. Guillemain (Paris) a
avancé des arguments en faveur de l’emploi du léflu-
nomide comme alternative à l’immunosuppression
conventionnelle, hématotoxique et néphrotoxique. Le
léflunomide est un immunosuppresseur de la classe
des malononitrilamides, commercialisé dans la poly-
arthrite rhumatoïde. Il est converti en tériflunamide,
qui est un métabolite actif de demi-vie prolongée
(2 semaines) secondaire à un cycle entéro-hépatique
majeur. Il est en revanche très tératogène. Il agit en
inhibant la prolifération et la production d’anticorps ; il
inhibe également la réplication du CMV et du BK virus
(polyomavirus), et est peu leucopéniant. Sur une popu-
lation de 17 patients (8 greffés cardiaques et 9 greffés
pulmonaires) souffrant de l’hématotoxicité et/ou de
la néphrotoxicité des thérapeutiques, ce traitement a
été étudié comme alternative avec un suivi de 12 mois.
Deux patients sont décédés, dont 1 d’infection, et 3 ont
arrêté le traitement pour des motifs non rattachés aux
effets du léflunomide. Au cours du suivi, il n’a pas été
observé de rejet, et la tolérance hématologique était
bonne, ce qui est encourageant. Toutefois, la longue
demi-vie du métabolite actif complique la prise en
charge des potentiels effets indésirables (wash-out par
la cholestyramine), et cette molécule ne dispose pas
à ce jour d’Autorisation de mise sur le marché dans
cette indication. Son caractère tératogène majeur et
la méconnaissance des effets sur le long terme sont
également à relever.
Ces Journées n’auraient pu être de cette qualité sans
la pertinence des intervenants et la spécificité de
chacun des orateurs. De même, ces échanges n’au-
raient pu avoir lieu sans l’organisation de la coordi-
nation du déroulement des séances, assurée par le
Pr A. Pavie et son équipe, ainsi que les partenaires.
Qu’ils soient vivement remerciés au travers de cette
synthèse. Nous vous donnons rendez-vous les 13,
14 et 15 octobre 2010 pour les prochaines Journées
de la transplantation et de l’assistance, à l’institut de
cardiologie de la Pitié-Salpêtrière. ■
Découvrez le mois
prochain,
en complément
de cet article,
les échanges
sur l’assistance
circulatoire mécanique.