SARCO-NUTRINECK Place de la sarcopénie chez les patients traités par radiothérapie ou radio chimiothérapie dans les cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS) Simon DANDOY Né le 9 Novembre 1988 à Croix (NORD) MEMOIRE DE DES D’ONCO-RADIOTHERAPIE PRESENTE ET SOUTENU Le 23 juin 2017 DIRECTEUR DE MEMOIRE : Docteur Sébastien THUREAU RAPPORTEUR : Professeur Fréderic DI FIORE 1 Tabledesmatières Partie 1 Introduction :..........................................................................................................................4 1) Epidémiologie et facteurs de risque des cancers des VADS............................................4 2) Principes de prise en charge des cancers des VADS........................................................6 2.1 Chirurgie.................................................................................................................................6 2.2 Radiothérapie.........................................................................................................................6 2.3 Chimiothérapie et thérapies ciblées...................................................................................6 3) Dénutrition et cancers des VADS..........................................................................................7 3.1 Définition et évaluation.........................................................................................................7 3.2 Impact de la dénutrition........................................................................................................7 4) Composition corporelle...........................................................................................................8 4.1 Les différents compartiments :............................................................................................8 4.2 Les méthodes de mesures...................................................................................................9 5) Sarcopénie..............................................................................................................................11 5.1 Définitions.............................................................................................................................11 5.2 Impact en cancérologie......................................................................................................13 5.3 Méthode de mesure............................................................................................................14 Partie 2 : Matériel et méthodes ; Protocole SARCO NUTRINECK............................................14 1) Etude NUTRINECK...............................................................................................................14 2) Objectifs...................................................................................................................................15 3) Critères d’inclusion et de non-inclusion..............................................................................15 4) Traitements administrés........................................................................................................16 5) Déroulement de l’étude.........................................................................................................17 6) Données relevées..................................................................................................................19 6.1 Mesure de la masse musculaire squelettique et de la masse grasse.........................19 6.2 Mesures anthropométriques..............................................................................................21 6.3 Evaluation du statut nutritionnel et de l’inflammation par méthode biologique..........21 6.4 Evaluation des toxicités et de l’état clinique....................................................................21 6.5 Evaluation nutritionnelle.....................................................................................................22 6.6 Evaluation des caractéristiques tumorales et des caractéristiques du traitement.....22 7) Suivi et durée de l’étude.......................................................................................................22 8) Analyse statistique.................................................................................................................23 Partie 3 : Résultats............................................................................................................................23 2 1) Caractéristiques générales de la population......................................................................23 2) Données de composition corporelle....................................................................................26 3) Influence de la sarcopénie....................................................................................................27 4) Données de survie.................................................................................................................29 Partie 4 : Discussion..........................................................................................................................32 Conclusion..........................................................................................................................................34 Bibliographie.......................................................................................................................................35 Article publié.......................................................................................................................................39 Résumé...............................................................................................................................................43 3 Partie 1 Introduction : 1) Epidémiologie et facteurs de risque des cancers des VADS. Les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) regroupent les cancers de la lèvre, de la cavité orale, du pharynx et du larynx. En 2015, les cancers des VADS sont estimés à 11610 nouveaux cas dont 69 % survenant chez les hommes. L’incidence de ce cancer a fortement diminué chez l’homme depuis 1980 et cette tendance s’est accentuée après 2005 (1). Chez la femme, l’incidence est en augmentation (Figure 1a). Figure 1a : Evolution de l’incidence et de la mortalité des cancers des VADS en France entre 1980 et 2012 (INCA) Les taux d’incidence les plus élevés sont observés dans le nord de la France: Hauts de France et Normandie (respectivement + 87,4 % et + 44% par rapport à la moyenne nationale) (Figure 1b). 4 Figure 1b : Taux standardisés à la population mondiale (TSM) d’incidence et de mortalité des cancers des VADS chez l’homme en France en 2008-2010 (INCA) Les cancers de la tête et du cou font partie des localisations cancéreuses de mauvais pronostic. La survie globale à 5 ans et celle à 10 ans des patients diagnostiqués entre 1989 et 2004 d’un cancer de la tête et du cou sont respectivement de 34 % et 21 %. Avec 3 027 décès estimés en 2015, dont 75 % survenant chez l’homme, les cancers des VADS représentent 2 % de l’ensemble des décès par cancer. Les régions du nord de la France, mise à part l’Alsace, sont les plus touchées, avec une surmortalité significative par rapport à la moyenne nationale Hauts de France (+ 93 %) et Normandie (+ 20 %) (2). L’évolution de la mortalité chez l’homme est assez semblable à celle de l’incidence avec une accélération de la diminution entre 2005 et 2012. Chez la femme, on constate une diminution de 0,5 % par an de la mortalité sur la période 1980 à 2012, cette diminution s’accentuant entre 2005 et 2012. L’incidence de ces cancers est fortement liée à la consommation d’alcool et de tabac. D’autres facteurs de risque sont connus comme les infections virales à HPV (Herpes Papilloma Virus) pour les cancers de la cavité buccale et de l’oropharynx et EBV (Epstein Barr Virus) pour les cancers du nasopharynx. Dans une moindre mesure certaines expositions professionnelles comme l’amiante, certains métaux, hydrocarbures et peintures sont impliquées (3). 5 2) Principes de prise en charge des cancers des VADS Le protocole de traitement est déterminé selon le stade de la tumeur. La chirurgie est le traitement de référence qui peut être complétée par des séances de radiothérapie et/ou de chimiothérapie. Il repose sur une prise en charge multidisciplinaire. Les meilleures options de traitement sont discutées, selon la localisation et l’avancée de la tumeur (extension locorégionale aux ganglions, extension à distance par des métastases), selon l’âge du patient, selon son état général mais aussi selon son souhait. En effet, les traitements sont lourds et potentiellement mutilants (4). 2.1 Chirurgie L’intervention est adaptée à la localisation tumorale (glossectomie, oro pharyngectomie, laryngectomie). Des interventions dites « partielles » peuvent être réalisées ainsi que des reconstructions musculaires ou osseuses. Le principe de ces interventions est de retirer la tumeur avec une marge de tissu sain suffisante (> 1 cm) pour optimiser l’exérèse de toutes les cellules cancéreuses. C’est un critère pronostic majeur. Des curages ganglionnaires sont généralement effectués dans le même temps. En cas de non opérabilité, une radio chimiothérapie concomitante ou une chimiothérapie d’induction peuvent être proposées. 2.2 Radiothérapie Elle est le plus souvent réalisée aujourd’hui selon un mode conformationnel avec modulation d’intensité (RCMI). Elle peut être post opératoire en cas de risque élevé de récidive à savoir tumeur de grande taille, marges de résection positive, atteinte ganglionnaire multiple ou exclusive associée ou non à de la chimiothérapie. Le délai optimal entre la chirurgie et le début de la radiothérapie est de cinq à sept semaines, en l’absence de toutes complications postopératoires (5). 2.3 Chimiothérapie et thérapies ciblées Dans le cadre de la radio chimiothérapie concomitante, la molécule employé est le Cisplatine avec 3 cures selon un schéma J1, J22, J42. Dans certains cas, la chimiothérapie est remplacée par un anticorps monoclonal, le cétuximab administré une fois par semaine durant toute la durée de la radiothérapie. 6 La chimiothérapie d’induction consiste en un protocole appelé TPF, qui associe trois molécules : docetaxel, cisplatine, 5-FU dans le but d’une préservation laryngée. Son indication est limitée à certaines situations. 3) Dénutrition et cancers des VADS 3.1 Définition et évaluation La dénutrition correspond à une perte de poids : ≥ 5 % en 1 mois, ou ≥ 10 % en 6 mois, un indice de masse corporelle IMC < 21, une albuminémie < 35 g/l. La dénutrition sévère correspond à une perte de poids ≥ 10 % en 1 mois ou ≥ 15 % en 6 mois, un IMC < 18 ou une albuminémie < 30 g/l. Celle-ci est facilement évaluée par des mesures anthropométriques ou un bilan biologique. Les besoins nutritionnels représentent 1.3 à 1.5 fois la dépense énergétique de base soit 40 Kcal/Kg/j en moyenne (6). 3.2 Impact de la dénutrition La problématique de la dénutrition est fréquente en cancérologie et d’autant plus chez les patients atteints de cancer des VADS. Chez ces patients, la dénutrition est d’origine multifactorielle. D’une part, la consommation d’alcool et de tabac contribue à une dénutrition initiale, en dehors du diagnostic de cancer et de tout traitement. D’autre part la localisation tumorale peut être responsable d’une douleur à l’alimentation, d’une dysphagie et de troubles de déglutition, avec pour conséquence une diminution des apports oraux. Ainsi, environ 60% des patients ont déjà perdu du poids au moment du diagnostic et avant tout traitement (7). 75 à 80 % des patients en cours de traitement pour un cancer ORL perdent du poids (8) et près de la moitié de ces patients sont dénutris (9). La perte de poids pendant le traitement est plus importante lorsque les patients reçoivent de la chimiothérapie en plus de la radiothérapie avec des apports énergétiques diminués (10). Les mucites de grade 3 et 4 étaient également plus fréquentes en cas de chimiothérapie associée (11). De plus, une perte de poids importante est corrélée avec des arrêts prématurés de traitement, la survenue d’infections, l’augmentation de la mortalité précoce et l’augmentation des hospitalisations (12). Seulement 32 % des patients recevant une radio chimiothérapie concomitante auraient un traitement complet (radiothérapie sans interruption et absence de diminution des doses de chimiothérapie), avec un 7 taux de 10 % d’interruptions de la radiothérapie en cas de radiothérapie exclusive et de 20 % en cas d’association à une chimiothérapie (13). L’impossibilité de réaliser les traitements oncologiques spécifiques de façon optimale ainsi que la fréquence augmentée des complications pourraient avoir un impact négatif sur la survie des patients (7,14). Dans l’étude de Capuano et al, le taux de mortalité précoce était de 35% chez les patients ayant perdu au moins 20% de leur poids contre 4% chez les patients ayant perdu moins de 20% de leur poids. Il existe un consensus d’experts quant à la nécessité d’un support nutritionnel en cours de radiothérapie mais sans justification scientifique. 4) Composition corporelle 4.1 Les différents compartiments : La composition corporelle correspond à l’analyse du corps humain en plusieurs compartiments (15). Il existe différents modèles : Le modèle anatomique est le plus ancien et sépare le corps en différents tissus (tissu musculaire, tissu adipeux, organes...). C’est un modèle descriptif qui permet de comprendre l’organisation spatiale des différents constituants et leur niveau d’interconnexion. Les progrès de l’imagerie médicale, avec la tomodensitométrie ont renouvelé l’intérêt de ce modèle. La référence à la notion de tissu permet certaines approches quantitatives. Ainsi, pour un sujet « idéal de référence », le muscle squelettique représente 40 % du poids corporel, le tissu adipeux 20 %, la peau 7 %, le foie et le cerveau 2,5 % chacun, le cœur et les reins 0,5 %. Le modèle biochimique sépare les composants de l’organisme en fonction de leurs propriétés chimiques : l’eau, les lipides (extraits par les solvants organiques), les protéines, les glucides, les minéraux... Les données biochimiques directes sur la composition corporelle de l’organisme humain sont cependant très limitées. Elles reposent sur deux études effectuées sur quelques dizaines de cadavres. C’est à partir de ces travaux qu’ont été observées la densité moyenne de la masse grasse et 8 de la masse maigre et l’hydratation moyenne du corps humain, paramètres qui ont servi de référence à différentes méthodes d’étude de la composition corporelle. Les modèles physiologiques permettent d’introduire la notion de compartiments. Un compartiment regroupe des composants corporels fonctionnellement liés entre eux, indépendamment de leur localisation anatomique ou de leur nature chimique. Ce sont ceux-là qui vont nous intéresser pour l’analyse nutritionnelle. Le modèle à deux compartiments oppose la masse grasse avec la masse non grasse (nommée masse maigre). La masse grasse correspond aux triglycérides stockés dans les adipocytes, quelle que soit leur localisation anatomique ; ce compartiment est virtuellement dépourvu d’eau. La masse maigre correspond à la somme de l’eau, des os, des organes, en excluant la partie grasse. La masse maigre est essentiellement constituée d’eau. Le rapport entre l’eau et la masse maigre définit l’hydratation de la masse maigre. Le modèle à trois compartiments (où la masse maigre est séparée en deux) prend en compte lamasse maigre active qui correspond à l’ensemble des cellules des différents organes et muscles. L’intensité du métabolisme de cette masse détermine les besoins énergétiques de l’organisme. Cette masse constitue l’essentiel des protéines de l’organisme. Le deuxième compartiment est l’eau extracellulaire qui correspond à l’ensemble des liquides interstitiels et au plasma. Elle s’ajoute à l’eau intracellulaire pour constituer l’eau corporelle totale. Le troisième compartiment est la masse grasse. 4.2 Les méthodes de mesures Il existe des méthodes utilisables en pratique courante comme la mesure des plis cutanés et l’impédancemétrie. D’autres sont utilisées en 2ème intention dans des centres spécialisés comme l’absorptiométrie bi photonique (DEXA). Enfin certaines méthodes sont réservées pour le moment aux activités de recherche comme l’évaluation de la masse maigre et grasse par scanner. La mesure des plis cutanés (évaluation masse grasse) : L’épaisseur de quatre plis cutanés (bicipital, tricipital, sous-scapulaire et suprailiaque) est déterminée. La somme des quatre plis cutanés est introduite dans des 9 équations prédictives selon Durnin et Wornesley (16), en fonction de l’âge et du sexe, afin d’estimer la densité corporelle. L’hypothèse de la méthode est que l’épaisseur de la graisse sous cutanée reflète la masse grasse totale de l’organisme. Evaluation de l’eau totale : Dans le modèle à deux compartiments, la masse grasse est dépourvue d’eau et la masse maigre en contient une proportion fixe (73 %). À partir de l’estimation de l’eau corporelle totale, il est donc facile de calculer la masse maigre : Masse Maigre = EAU TOTALE/0,73 La méthode de référence est l’impédancemétrie bioélectrique (évaluation indirecte de la masse maigre) qui est basée sur la capacité des tissus hydratés à conduire l’énergie électrique. L’impédance est fonction du volume du compartiment hydroélectrolytique contenu dans le corps. L’impédance (Z) d’un corps est liée à la résistance spécifique (r), la longueur (L), et le volume conducteur (V) : V = r L²/Z L est la taille de l’individu, r est une constante déterminée lors de l’étalonnage du système. Deux électrodes sont placées au niveau du poignet, et deux le sont au niveau de la cheville homolatérale. Quand le courant a une fréquence supérieure à 50 kHz, le volume mesuré est assimilé à l’eau corporelle totale. Quand cette fréquence est inférieure à 5 kHz, le volume correspond à l’eau extracellulaire. L’absorptiométrie biphotonique à rayons X (Dual X-ray absorptiometry, DEXA), initialement développée dans les années 80 pour la mesure du contenu minéral osseux, s’est imposée comme la méthode de référence pour l’étude de la composition corporelle. Elle consiste à balayer l’ensemble du corps avec un faisceau de rayons X à deux niveaux d’énergie. Le rapport des atténuations de ces deux rayonnements est fonction de la composition de la matière traversée. La DEXA permet de séparer trois compartiments (masse grasse, masse maigre et contenu minéral osseux) par un traitement informatique des mesures physiques. La précision est excellente. Par rapport aux méthodes précédentes, la DEXA mesure la valeur du compartiment osseux. 10 La méthode de mesure de la masse maigre et de la masse grasse par tomodensitométrie sera détaillée ci-dessous. 5) Sarcopénie 5.1 Définitions Le terme de sarcopénie a été introduit en 1997 par Rosenberg pour décrire la perte de masse musculaire des personnes âgées. Cette pathologie affecte aussi bien la musculature périphérique que celle du tronc. Il n’y a pas encore de consensus sur une définition de la sarcopénie où au moins 3 composantes doivent être distinguées : la masse musculaire, la force musculaire et la fonction musculaire. Il a été démontré que la force musculaire n’était pas toujours corrélée à la masse musculaire et que la relation entre les deux n’était pas linéaire. La sarcopénie peut donc être définie par la perte progressive et généralisée de la masse et de la force musculaire avec un risque de complications liées à la diminution des capacités physiques. Actuellement, la définition établie par Baumgartner et al. (17) semble la plus adaptée. Cet auteur définit la sarcopénie par un index de masse musculaire squelettique (SMI) calculé comme le rapport entre la surface musculaire appendiculaire en m² (ASM) mesurée à partir des données d’une DEXA et la taille élevée au carré: SMI (kg/m²) = ASM / taille² Les individus ayant un SMI inférieur à au moins deux écarts-types par rapport à celui d’une population de référence plus jeune, sont atteints de sarcopénie. Toutefois, cette définition présente plusieurs limitations : d’une part la capacité de la DEXA à distinguer l’infiltration d’eau ou de graisse dans le muscle, d’autre part, la non adaptation de cette définition à l’estimation de la sarcopénie chez les sujets obèses qui en plus d’une importante masse graisseuse, ont une masse musculaire augmentée. Néanmoins, proportionnellement à leur poids corporel total, leur masse musculaire est en réalité plus faible, alors que chez les individus minces, la masse musculaire est proportionnellement plus élevée par rapport au poids corporel total. 11 Newman et al (18) en utilisant une méthode qui faisait intervenir la masse grasse en plus de la masse musculaire et de la taille, ont constaté que la valeur de cet index montrait des associations plus fortes avec l'incapacité que le SMI seul. Il est cependant difficile d’établir un seuil précis de SMI responsable d’une altération de la fonction musculaire et d’une incapacité. Le principal effet de la perte de la masse musculaire étant la réduction de la force et de la puissance musculaire. Il a été proposé dès lors d’inclure la mesure de la force et de la puissance musculaire dans la définition opérationnelle de la sarcopénie. Toutefois, cette suggestion a plusieurs limitations : en effet, la puissance musculaire n’inclut pas de mesure quantitative et l’arthrose ainsi que d’autres comorbidités liées à l’âge peuvent la sous-estimer ; la douleur peut aussi influencer la perte de la force dans les membres. La constitution d’un groupe européen de travail sur la sarcopénie chez le sujet âgé en 2010 (EWGSOP : European Working Group on Sarcopenia in Older People) a abouti à un consensus sur la définition de la sarcopénie (19) (Figure 2) : la sarcopénie est un syndrome associant une diminution progressive et généralisée de la masse, de la force et des fonctions musculo-squelettiques qui peut être à l’origine d’incapacités fonctionnelles, de diminution de la qualité de vie et d’une augmentation de la mortalité. Figure 2 : Définition de la sarcopénie selon l’EWGSOP. Les mécanismes à l’origine de la perte musculaire sont complexes, et impliquent à des degrés variables la perte physiologique liée à l’âge (sarcopénie primaire), la 12 réduction des apports protéiques, la réduction des efforts musculaires et l’hyper catabolisme protéique lié au processus tumoral lui-même (Figure 3). Figure 3 : Différentes étiologies de la sarcopénie selon l’EWGSOP. 5.2 Impact en cancérologie De plus en plus d’équipes de recherche s’intéressent à la sarcopénie en cancérologie. Celle-ci reflèterait mieux la composition corporelle en masse maigre et serait un meilleur indicateur des potentiels effets toxiques des traitements ou d’une éventuelle meilleure réponse thérapeutique. La masse maigre totale constitue le volume de distribution de nombreux cytostatiques et il existe une faible corrélation entre masse maigre et surface corporelle (20). La sarcopénie peut conduire à une inadaptation potentielle des doses de chimiothérapie. Il a été ainsi estimé qu’à surface corporelle égale, des variations du volume de distribution des cytotoxiques pouvaient varier de manière interindividuelle d’un facteur trois (21). De nombreuses études ont établi la sarcopénie comme facteur pronostic indépendant de mortalité dans le mélanome de stade 3 (22), le cancer digestif métastatique (23) ou le lymphome B diffus à grandes cellules (24). Il a été également mis en évidence un lien entre sarcopénie et toxicité des traitements : sunitinib et cancer du rein (25), sorafenib et cancer du rein (26), capécitabine et cancer du sein 13 (27). Cependant toutes ces études ont été menées chez des patients en situation métastatique et il s’agit principalement d’études rétrospectives. 5.3 Méthode de mesure La mesure de la masse maigre et de la masse grasse par scanner a été validée en la comparant à des mesures sur des cadavres ou par DEXA (28). Il existe une bonne corrélation entre les mesures par scanner corps entier et les mesures sur cadavre de la masse maigre et de la masse grasse. Il en est de même pour la corrélation entre les mesures par DEXA et la mesure à partir d’une coupe de scanner passant par la vertèbre L3 (29). Cette technique a été validée chez les patients atteints d’un cancer (21,26,27,30). Partie 2 : Matériel et méthodes ; Protocole SARCO NUTRINECK Notre étude Sarco Nutrineck est une étude ancillaire de Nutrineck centrée sur la sarcopénie des patients pris en charge au Centre Henri Becquerel pour un cancer des VADS. 1) Etude NUTRINECK Compte tenu de l’absence de preuve du bénéfice d’une nutrition entérale prophylactique et de la difficulté à identifier les patients qui se dégraderont sur le plan nutritionnel, il a été décidé d’instaurer un protocole de prise en charge nutritionnelle standardisée appelé NUTRI-NECK (actuellement en cours de fin d’inclusion). Il s’agit d’une étude unicentrique observationnelle de soins courants. Ce protocole repose sur la coopération entre les équipes de radiothérapie, d’oncologie médicale, de soins de support et de l’Unité de Recherche Clinique du Centre Henri Becquerel. L’objectif principal de cette étude est de définir des facteurs prédictifs permettant la réalisation d’une radiothérapie ou d’une radio-chimiothérapie complète dans le traitement des cancers des VADS. 14 2) Objectifs L’objectif principal de notre étude est de définir si la sarcopénie pré thérapeutique est un facteur prédictif permettant la réalisation d’une radiothérapie ou d’une radiochimiothérapie complète. Un traitement complet est défini de la manière suivante : - Dose totale de radiothérapie prévue délivrée - Si concernés : o Trois cures de chimiothérapie par Cisplatine à 100% de la dose théorique soit 100 mg/m² par cure, pour les patients traités par radio-chimiothérapie concomitante. o Réalisation de l’ensemble des cures d’Erbitux® (Cetuximab), soit une administration par semaine pendant la radiothérapie. Les objectifs secondaires sont : - Etablir un lien entre la sarcopénie pré thérapeutique et la survenue de toxicité aigüe. - Etablir un lien entre la sarcopénie pré thérapeutique et la survie globale et sans évènement spécifique. 3) Critères d’inclusion et de non-inclusion • Critères d’inclusion : - Homme ou femme - Age supérieur à 18 ans - Etat général conservé OMS ≤ 2 - Patients suivis au Centre Henri Becquerel pour un cancer des VADS localisé en cours de traitement curatif soit par radio chimiothérapie ou radiothérapie postopératoire soit par radio chimiothérapie ou radiothérapie exclusive. - Consentement éclairé signé 15 • Critères de non inclusion : - Antécédents d’autres maladies néoplasiques de moins de 2 ans ou évolutive et les patients métastatiques - Index de performance OMS > 2 - Majeurs protégés (sous tutelle ou sous curatelle) - Impossibilité de se soumettre au suivi médical de l’étude pour des raisons géographiques, sociales ou physiques - Patients ayant déjà reçu de la radiothérapie des VADS - SNG (Sonde naso-gastrique) ou gastrostomie déjà en place en début d’étude - Patients ne parlant pas le français - Scanner de mise en place n’incluant pas la vertèbre L3 4) Traitements administrés En post-opératoire, le traitement de radiothérapie consistait en l’administration de 50 à 54 Gy sur les volumes prophylactiques et de 66 Gy sur les volumes à haut risque de récidive à savoir les zones de résection R1 et d’adénopathies en rupture capsulaire. La dose de 60 Gy était délivrée sur les volumes adjacents aux volumes à haut risque. En cas de radiothérapie exclusive (+/- chimiothérapie ou cétuximab), le volume à haut risque recevant 70 Gy est représenté par la tumeur et les adénopathies macroscopiques. L’ensemble des patients était traité par technique de RCMI. La délinéation des volumes cibles et des organes à risque ainsi que les contraintes de dose s’appuyaient sur les recommandations internationales (31), les travaux de Lapeyre et al (32) et de Giraud et al (33). La chimiothérapie administrée était du Cisplatine à la dose de 100mg/m² à J1-J22-J43 à partir du premier jour de radiothérapie (34). Le cetuximab pouvait être utilisé chez certains patients inopérables. La dose d’induction était de 400mg/m² administrée sur 120 minutes 1 semaine avant le début de la radiothérapie. La dose hebdomadaire était de 250 mg/m² en 60 minutes pour toute la durée de la radiothérapie (35). 16 5) Déroulement de l’étude L’étude est proposée durant la consultation d’annonce de la radiothérapie. Le recueil du consentement a lieu au moment du scanner de mise en place (TDM de repérage) réalisé environ dix jours après la consultation initiale et quinze jours avant le début du traitement par radiothérapie. (Figure 4). Il est prévu d’inclure 250 patients sur 3 ans. 17 Figure 4 : Déroulement de l’étude 18 La pose de la sonde naso-gastrique est déterminée selon la perte de poids par rapport au poids initial. En cas de perte de poids supérieure ou égale à 2 kg par rapport au début de la radiothérapie (J0), le patient est vu en consultation par un médecin du département de radiothérapie. Si l’alimentation orale est impossible, une pose de SNG est décidée d’emblée avec l’accord du patient. En cas d’alimentation orale possible, un traitement symptomatique est débuté (antalgiques, compléments alimentaires…) et une nouvelle évaluation à 72h est réalisée. 6) Données relevées 6.1 Mesure de la masse musculaire squelettique et de la masse grasse La mesure de la masse musculaire squelettique est réalisée sur la tomodensitométrie de mise en place (J0) de radiothérapie et sur celle de surveillance à 3 mois de la fin du traitement. Cette mesure s’effectue sur une coupe tomodensitométrique en L3 à l’aide d’un logiciel de contourage automatique des organes en fonction de la densité en Unité Hounsfield (Figure 5). Ce logiciel a été développé par Romain Modzelewski informaticien du centre Henri Becquerel à Rouen. Il repose sur le même concept que le logiciel Slice-O-Matic © (Tomovision, Montréal) utilisé dans plusieurs études et validé (23,26,27,30). Cette technique permet de délimiter le tissu musculaire (psoas, muscles para vertébraux, grands dorsaux, carrés des lombes, grands droits, obliques et transverses), la graisse sous cutanée et la graisse péri-viscérale. Le muscle correspond à une densité en unités Hounsfield allant -29 à +150 UI, la graisse sous cutanée de -190 à – 30 UI, la graisse péri-viscérale de -150 à -50 UI. Ce contourage automatique permet de calculer une surface en cm² sur la coupe en additionnant les pixels de tissu multipliés par la surface d’un pixel. La méthodologie est celle décrite par Baracos et al (36). Le contourage est réalisé sur deux coupes en L3 distantes d’un centimètre et la moyenne des surfaces obtenue sera retenue comme valeur finale. Ces mesures sont réalisées de manière indépendante par le même investigateur (Simon DANDOY). Cette surface musculaire (en cm²) est rapportée à la surface corporelle pour établir un indice de masse musculaire SMI (en cm²/m²). 19 Le SMI est directement corrélé à la masse maigre : Masse maigre (kg) = 0.3 x (surface musculaire en cm²) + 6.06. Les mesures sur le scanner de mise en place et sur le scanner à 3 mois seront comparées entre elles et aux données déjà publiées : chez l’homme la sarcopénie correspond à un SMI < 52.4 cm²/m² (21) et chez la femme à un SMI < 38.5 cm²/m² (27). La masse grasse totale correspond à l’addition de la masse graisseuse sous cutanée et péri viscérale. Masse grasse (kg) = 0.042 x (surface graisseuse en cm²) + 11.2 En l’absence de consensus, l’adipopénie (déficit en masse grasse) était définie lorsque les valeurs de surface graisseuse étaient inférieures aux valeurs médianes de l’ensemble de la population. Figure 5 : Composition corporelle sur une coupe de scanner en L3. En bleu, la graisse sous cutanée, en rouge le muscle squelettique, en jaune la graisse périviscérale. 20 Figure 6 : Logiciel automatique de délinéation (Vador) 6.2 Mesures anthropométriques Les mesures anthropométriques simples sont colligées lors de l’inclusion (poids, taille), permettant le calcul de l’IMC. Lorsque le patient ne peut tenir debout, la taille est colligée en fonction des indications inscrites sur la carte d’identité, par méthode déclarative. Par la suite, le poids est recueilli de manière quotidienne sur une même balance durant la totalité du traitement de radiothérapie, puis lors des consultations de surveillance. 6.3 Evaluation du statut nutritionnel et de l’inflammation par méthode biologique. Les dosages de l’albuminémie, de la pré-albumine et de la CRP sont réalisés à l’inclusion, puis de manière hebdomadaire durant le traitement de radiothérapie. Les paramètres de surveillance et de tolérance du traitement sont également réalisés dans le même temps (hémoglobine, plaquettes, leucocytes, polynucléaires neutrophiles, créatinine, urée). L’ensemble de ces données biologiques est également contrôlé lors des consultations de surveillance. 6.4 Evaluation des toxicités et de l’état clinique Les toxicités aigues sont relevées selon le grading CTCAE v4 (Common Terminology Criteria for Adverse Events grading system v4) à l’inclusion, au scanner de mise en 21 place de radiothérapie puis de manière hebdomadaire en consultation de radiothérapie puis lors des consultations de surveillance. L’état OMS, la présence d’une douleur (échelle numérique), la présence et le grade d’une mucite, d’une radioépithélite, d’une dysphagie ou d’une odynophagie sont notés dans une grille de toxicité disponible dans le dossier informatisé du patient. La fréquence et la graduation des cytopénies, des neutropénies fébriles, de toutes les autres toxicités grade III-IV, ainsi que le nombre et la durée des hospitalisations durant la radiothérapie sont évalués. 6.5 Evaluation nutritionnelle Durant la radiothérapie, l’ensemble des patients est vu de façon hebdomadaire par une diététicienne qui évalue les apports caloriques journaliers. Une consultation est organisée au moment de la mise en place éventuelle d’une SNG, puis est réalisée une évaluation hebdomadaire des apports respectifs par voie entérale et per os. Le maintien d’une sonde lors des consultations de surveillance est noté ainsi que les apports caloriques apportés par la sonde. 6.6 Evaluation des caractéristiques tumorales et des caractéristiques du traitement La localisation, le stade tumoral TNM, la présence d’une chirurgie, la dose de radiothérapie ainsi que l’association ou non avec une chimiothérapie par Cisplatine ou ERBITUX est colligés dans le dossier du patient. Le critère de jugement principal sera le pourcentage de patients sarcopéniques ou non ayant reçu un traitement complet. 7) Suivi et durée de l’étude Les patients ont été suivis en consultation à 1 mois, 3 mois et 9 mois par l’oncoradiothérapeute. Les patients ont ensuite été revus tous les 6 mois en alternance par le chirurgien ORL et le radiothérapeute. La survenue d’une progression locale, métastatique ou d’un décès a été définie comme un événement spécifique. Les 180 premiers patients de la cohorte NUTRINECK avec un suivi minimum de 3 mois ont été analysés. Au 7 juin 2017, 248 patients sur les 250 prévus ont été inclus. 22 8) Analyse statistique Les comparaisons entre les pourcentages des groupes de patients ont été réalisées selon le test du Chi-2 ou le test de Fisher lorsque les effectifs étaient faibles. Les comparaisons de variables quantitatives ont été effectuées grâce au test de Student. Les probabilités de survie sans événement spécifique et de survie globale ont été calculées selon la méthode de Kaplan Meier à partir de la date de diagnostic. Les courbes de survie ont été comparées par les tests du Log Rank. L’ensemble des analyses a été effectué sur les logiciels MedCalc et SPSS. Partie 3 : Résultats 1) Caractéristiques générales de la population 180 patients ont été inclus entre avril 2014 et aout 2016 (Figure 7). Au final, 169 patients ont pu être analysés. La durée moyenne de suivi était de 21 mois. L’âge médian des patients était de 60 ans (23-85) au diagnostic. La population était majoritairement composée d’hommes à 78%. 75% des patients ont reçu un traitement complet. 11 patients ont eu une interruption de traitement de plus de 3 jours ouvrés. 62 % des patients ont bénéficié d’une chirurgie avant la radiothérapie. Aucun patient n’a reçu de chimiothérapie d’induction avant la radiothérapie. 46 % ont eu de la chimiothérapie concomitante à base de cisplatine. 64% des patients avaient une indication de pose de SNG durant le traitement. Les tumeurs oro pharyngées et de la cavité buccale étaient les plus représentées. 80 % des tumeurs étaient localement avancées (stade III et IV). Environ 40% des patients ont présenté une toxicité aigüe à type de mucite, dermite ou dysphagie de grade 3 et plus. (Tableau 1) 23 Femme Homme Agemédian(années) Alcoolisme Tabac IMCmoyenJ0(kg/m²) IMC<20 20<IMC<24.9 25<IMC<29.9 IMC>30 n=169 37 132 60(23-85) 86 151 25(14.9-50.4) 27 63 55 24 % 22 78 Oropharynx Hypopharynx Larynx Nasopharynx Cavitébuccale CAPI Autres 55 19 27 5 46 14 3 32 11 16 3 27 8 3 StadeI StadeII StadeIII StadeIV 10 28 36 35 6 16 21 57 Chirurgiepremière RTseule RTpostopératoire RT+Erbitux RTCTpostopératoire RTCTexclusive 105 21 62 10 43 33 62 12 36 6 25 21 InterruptiondeRT>3jours 11 6 Traitementcomplet IndicationdeSNG Pallierantalgiques 0 1 2 3 NR Albumine<40 Toxicitéaigüe>ou=2 Toxicitéaigüe>ou=3 127 108 17 26 65 52 9 41 154 71 75 64 10 15 38 31 6 24 91 42 51 89 16 37 32 15 Tableau 1 : Caractéristiques de la population 24 Figure 7 : Schéma de l’étude 25 2) Données de composition corporelle (n=169) p Initial A 3 mois 59 103 (35%) (61%) Surface musculaire moyenne (cm²) 155.20 135.72 <0.0001 SMI (cm²/m²) 53.27 46.63 <0.0001 Surface graisse SC moyenne (cm²) 140.5 115.91 0.01 Surface graisse péri viscérale moyenne (cm²) 151.32 117.87 <0.0001 25 22.9 <0.0001 72.4 66.1 <0.0001 Sarcopénique IMC (moyen) Poids (moyen) <0.0001 Tableau 2 : Comparaison de la composition corporelle de la population générale sur le scanner initial et à 3 mois Avant la radiothérapie, 35% des patients étaient sarcopéniques et 61% à 3 mois de la fin de la radiothérapie (p<0.0001). Il existait également une perte statistiquement significative de masse grasse associée après traitement, que ce soit au niveau sous cutané (p=0.01) ou au niveau péri viscéral (p<0.0001). Tous les patients perdaient du poids avec une baisse de l’IMC. (Tableau 2) Données à M0 p Homme Femme n=132 n=37 59 53 (90%) 6 (10%) 0.007 Surface musc moyenne (cm²) 155.2 165.85 117.2 <0.001 SMI (cm²/m²) 53.27 55.3 46.04 <0.001 140.5 124.1 199.11 151.32 162.47 114.31 292.45 286.47 313.41 0.3 25 24.8 25.6 0.5 (n=169) Sarcopénique Surface graisse SC moyenne (cm²) Surface graisse péri viscérale moyenne (cm²) Surface totale adipeuse (cm²) IMC (moyen) Tous <0.001 0.006 Tableau 3a : Comparaison de la composition corporelle sur le scanner initial selon le sexe 26 Données à M3 Homme Femme n=121 n=36 103 88 (85%) 15 (15%) <0.001 Surface musc moyenne (cm²) 135.72 145.08 104.24 <0.001 SMI (cm²/m²) 46.63 48.37 40.08 <0.001 115.91 102.63 160.54 111.87 119.3 86.9 Surface totale adipeuse (cm²) 227.78 221.93 247.44 0.42 Nombre patients perte de MM* 144 114 33 0.58 % moyen de perte de MM* 13.17 13.71 11.62 0.17 IMC (moyen) 22.9 22.9 22.9 0.52 (n=157) Sarcopénique Surface graisse SC moyenne (cm²) Surface graisse péri viscérale moyenne (cm²) Tous p 0.008 0.03 Tableau 3b : Composition corporelle à 3 mois selon le sexe. *MM : Masse musculaire Les compositions corporelles en masse maigre étaient statistiquement différentes entre l’homme et la femme que ce soit au diagnostic ou à 3 mois (Tableau 3a et 3b). Concernant la masse grasse, la perte était au final identique mais au dépend de la graisse sous cutanée pour les femmes et de la graisse péri viscérale pour les hommes. Le pourcentage de perte de masse maigre était par contre identique. 3) Influence de la sarcopénie Sur les 59 patients sarcopéniques en début de traitement : 52 patients le sont restés, un seul patient est devenu non sarcopénique. Pour les 6 autres patients sans données, 3 étaient décédés, 2 patients étaient perdus de vue et un patient avait un scanner qui ne descendait pas assez bas. Sur les 110 patients non sarcopéniques en début de traitement, 53 sont restés non sarcopéniques, 51 patients sont devenus sarcopéniques. Pour les 6 autres patients sans données, 4 étaient décédés et 2 patients étaient perdus de vue. 27 N=169 Age Homme Femme Stade I II III IV Traitementcomplet Toxicitéaigüe>ou=2 Toxicitéaigüe>ou=3 Albumine<40 IndicationSNG Antalgiquesdepallier3 Adipopénie RTseule RTpostopératoire RT+Erbitux RTCTpostopératoire RTCTexclusive Sarcopénique Non N=59 sarcopénique N=110 60.6 61 52(88%) 80(73%) 7(12%) 30(17%) 3(5%) 6(6%) 7(12%) 21(19%) 15(25%) 21(19%) 34(58%) 61(56%) 44(74%) 83(75%) 54(91%) 99(90%) 25(42%) 46(42%) 17(29%) 23(21%) 36(61%) 73(66%) 18(30%) 34(31%) 43(73%) 38(34%) 9(15%) 12(11%) 21(36%) 41(37%) 4(7%) 6(5%) 13(22%) 30(27%) 12(20%) 21(19%) p 0.81 0.49 0.09 0.79 0.41 0.56 0.99 0.93 0.96 0.92 0.47 0.85 0.90 0.009 0.63 0.99 0.99 0.69 0.97 Tableau 4 : Comparaison des caractéristiques des patients sarcopéniques et non sarcopéniques au diagnostic Aucune différence n’a été montrée sur la survenue de toxicité aigüe (p=0.92) ou la réalisation du traitement complet (p=0.93) lorsque les patients étaient sarcopéniques (Tableau 4). Le pourcentage de perte de masse maigre médian était de 12%. Le pourcentage de perte de masse maigre > 12% pendant le traitement n’était pas prédictif de la non réalisation du traitement complet (p=0.45) ou de la survenue d’une toxicité aigüe > grade 3 (p=0.32). 28 N=104 Age Homme Femme Stade I II III IV Traitementcomplet Toxicitéaigüe>ou=3 Albumine<40 IMCmoy RTseule RTpostopératoire RT+Erbitux RTCTpostopératoire RTCTexclusive Restentnon Deviennent sarcopéniques sarcopéniques N=53 N=51 59.8 61.05 32(60%) 42(82%) 21(40%) 9(18%) 1(2%) 1(2%) 10(19%) 10(19%) 13(25%) 13(25%) 26(54%) 27(54%) 38(72%) 41(80%) 22(42%) 22(43%) 11(21%) 11(21%) 27.5 26.5 5(9%) 6(12%) 22(42%) 17(33%) 0(0%) 5(10%) 16(30%) 13(25%) 10(19%) 10(20%) p 0.55 0.38 0.1 0.49 0.86 0.89 0.95 0.81 0.94 0.88 0.10 0.98 0.69 0.08 0.85 0.87 Tableau 5 : Facteurs prédictifs influençant la survenue de la sarcopénie en cours de traitement Les patients devenant sarcopéniques à 3 mois de la fin des traitements ne présentaient pas plus de toxicité aigüe de manière statistiquement significative (p=0.94) et il n’y avait pas de différence sur la réalisation du traitement complet (p=0.81). Aucun facteur prédictif influençant la survenue d’une perte de masse maigre en cours de traitement n’a été identifié (Tableau 5). 4) Données de survie 37 patients ont présenté une récidive loco régionale, 5 patients ont présenté une rechute métastatique. 31 patients sont décédés durant la période de suivi. 27 de ces décès étaient liés à une rechute locale ou métastatique, 2 patients sont décédés d’un second cancer pulmonaire, un patient d’une complication infectieuse liée aux traitements et un patient d’un arrêt cardiaque à un an de la fin de la prise en charge. 29 La durée moyenne de suivi dans le groupe sarcopénique initial était de 19.9 mois (2.3-37) et de 21.5 mois (2.1-36.9) dans le groupe non sarcopénique. Figure 8a, 8b : Effets de la sarcopénie au diagnostic sur la survie globale et la survie sans évènement spécifique. La sarcopénie au diagnostic n’était pas associée à une survie globale plus faible (p=0.13). En revanche, on retrouve une amélioration de la survie sans évènement 30 spécifique de manière significative dans le groupe non sarcopénique 31.1 mois vs 26.9 mois (IDC95% 1.13-1.9) p=0.01 (Figure 8b). Nous n’avons pas retrouvé d’impact de l’IMC quel que soit le seuil au diagnostic sur la survie globale et sur la survie sans évènement spécifique (Figure 9a et 9b). Un IMC inférieur à 25 n’était pas associé à une meilleure survie globale (p=0.06) ou à une différence de survie sans évènement spécifique (p=0.18). Un IMC inférieur à 30 n’était pas associé à une meilleure survie globale (p=0.14) ou à une différence de survie sans évènement spécifique (p=0.59) (Figure 10a et 10b). Figure 9a, 9b, 10a et 10b : Effets de l’IMC initial sur la survie globale et sans évènement spécifique. 31 Partie 4 : Discussion Notre étude montre qu’un tiers des patients sont sarcopéniques au moment de débuter la radiothérapie et deux tiers le sont à 3 mois de la fin de la séquence thérapeutique. Aucun facteur clinique, biologique ou en rapport avec le traitement ne permet de prédire l’apparition d’une sarcopénie. Notre étude est la première étude prospective s’intéressant à la sarcopénie dans les cancers des VADS. De plus, il s’agit d’une des plus grandes cohortes prospectives de suivi nutritionnel chez des patients bénéficiant d’une radiothérapie avec un projet curatif. La mesure de la surface musculaire est facilement mesurable sur une coupe de scanner. Cette imagerie est très souvent réalisée dans le bilan initial. La prévalence de la sarcopénie chez les patients atteints d’un cancer avancé varie considérablement selon le type de cancer et le stade de la maladie. A mesure que le cancer progresse et devient non résécable ou métastatique, la prévalence de la sarcopénie augmente. Ces valeurs se rapprochent des données de la littérature concernant les patients ayant un cancer localement avancé et non métastatique intéressant les organes impliqués dans la fonction nutritionnelle. Une seule étude de Grossberg et al (37) relève un suivi rétrospectif de 175 patients traités par radiothérapie pour un cancer des VADS. Il existait 37.1% de patients sarcopéniques au diagnostic. 42.7% étaient sarcopéniques après traitement. Pour d’autres localisations tumorales avec des profils de patients similaires, on retrouvait des résultats similaires. Par exemple, Cooper et al 2015 (38) retrouvait 52 % de patients sarcopéniques chez des patients atteints d’un cancer du pancréas potentiellement résécable. Harada et al 2015 (39) retrouvait 33% de patients sarcopéniques chez des patients atteints d’un cancer de l’œsophage localement avancé. Plusieurs études sur le carcinome hépato cellulaire rapportent environ 50% de patients sarcopéniques au diagnostic (40–42). La sarcopénie initiale chez les patients atteints d’un cancer des VADS n’est pas prédictive dans notre étude de la non réalisation du traitement complet ou d’une majoration des toxicités aigues. Dans de multiples localisations tumorales, la sarcopénie est un facteur prédictif de complications notamment post opératoires. Elle est prédictive d’une toxicité hépatique et de la survenue d’abcès intra abdominaux 32 après chirurgie des cholangio carcinomes (43). Les patientes avec un cancer du sein métastatique sous capécitabine avaient une toxicité du traitement accrue (27). La chimiothérapie adjuvante des cancers coliques étaient moins bien tolérée en cas de sarcopénie (30). De même, les patients bénéficiant d’une chimiothérapie néo adjuvante ou adjuvante dans le cadre d’un sarcome à base de doxorubicine présentaient plus de toxicité hématologique en cas de sarcopénie (44). La plupart de ces études étaient rétrospectives. Nous avons retrouvé un impact de la sarcopénie sur la survie sans évènement spécifique. De nombreuses études rétrospectives ont montré que la sarcopénie était un facteur pronostique indépendant sur la survie globale dans les cancers métastatiques avec des traitements systémiques ou en péri opératoire (22,24,45,46). La seule étude rétrospective dans les cancers des VADS (37) montre un impact de la sarcopénie sur la survie globale et sans progression. 47% des patients présentaient un IMC > 25. L’IMC élevé dans notre étude n’était pas associée à une survie prolongée. La principale limite de notre étude est l’absence de recueil du poids de forme permettant le calcul du pourcentage de perte de poids au moment du diagnostic. Ces données manquantes entrant dans la définition de la dénutrition. Les patients atteints d’un cancer des VADS sont souvent dénutris au moment du diagnostic avec une perte de poids variable selon le délai de consultation et le retentissement de la localisation tumorale sur l’alimentation orale. Nous avons choisi comme cut off de SMI chez l’homme et chez la femme ce qui avait été décrit par les équipes de Vicky Baracos (36). Il est possible que ces seuils ne soient pas adaptés aux patients atteints d’un cancer des VADS. La sarcopénie est un concept récent qui fait l’objet de nombreuses études actuellement. Cependant, elle implique également une perte musculaire fonctionnelle qui peut être évaluée grâce par exemple aux Hand grip test ou au « Timed up and go » test. Cet aspect-là n’a pas été évalué dans notre étude. Plus récemment, l’étude de la densité musculaire squelettique (DMS) a été approfondie. Le muscle lui-même peut être infiltré par du tissu adipeux. Ces mécanismes sont notamment présents chez les patients atteints de diabète ou d’inflammation chronique comme c’est le cas en cas de cancer. Cette graisse 33 ectopique peut contribuer à la sarcopénie. La DMS est extrapolée par calcul de l’atténuation musculaire. Celle-ci semble être un facteur pronostic indépendant péjoratif de survie et de toxicité dans certains cancers solides et hématologiques beaucoup plus discriminant que le SMI (47,48). La question de l’intérêt d’un support nutritionnel en cours de radiothérapie reste entière pour améliorer la tolérance du traitement et peut être la survie. Les résultats de l’étude Nutri-Neck nous aideront à répondre à ces questions et à savoir si les pourcentages de masse maigre et de masse grasse sont impactés par l’initiation d’une alimentation entérale en cours de traitement. Conclusion Dans notre étude, aucun impact de la sarcopénie n’a été mis en évidence que ce soit sur la réalisation ou la toxicité du traitement. Aucun élément clinique ou biologique ne permet de prédire la survenue d’une perte de masse maigre en cours de traitement. Une diminution de la masse maigre au diagnostic est corrélée à une moins bonne survie sans évènement spécifique. 34 Bibliographie 1. Jégu J, Binder-Foucard F, Borel C, Velten M. Trends over three decades of the risk of second primary cancer among patients with head and neck cancer. Oral Oncol. janv 2013;49(1):9‑14. 2. Colonna M, Mitton N, Bossard N, Belot A, Grosclaude P, French Network of Cancer Registries (FRANCIM). Total and partial cancer prevalence in the adult French population in 2008. BMC Cancer. 19 mars 2015;15:153. 3. Les facteurs de risque | Face au cancer [Internet]. Fondation ARC pour la recherche sur le cancer.. Disponible sur: http://www.fondation-arc.org/Face-au-cancer/les-facteurs-de-risque.html 4. Grégoire V, Lefebvre J-L, Licitra L, Felip E, EHNS-ESMO-ESTRO Guidelines Working Group. 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La durée moyenne de suivi est de 21 mois. 41 patients ont récidivé dont 37 patients avec une récidive loco régionale et 5 patients de manière métastatique. 31 patients sont décédés durant la période de suivi. 75% des patients ont reçu un traitement complet. 35% des patients étaient sarcopéniques à la TDM de planification avec un SMI moyen de 155,2 cm2 contre 61% des patients à 3 mois avec un SMI moyen de 135.7 cm2 (p=0,001). La sarcopénie n’était pas associée à la non réalisation du traitement complet (p=0.93) ou à la survenue d’une toxicité aigüe de grade 3 ou plus (p = 0.92) que le traitement soit associé ou pas à une chimiothérapie. On retrouve une amélioration de la survie sans évènement spécifique de manière significative dans le groupe non sarcopénique 31.1 mois vs 26.9 mois (IDC95% 1.13-1.9) p=0.01. La survie globale n’était pas différente. Conclusion: La présence d’une sarcopénie avant la radiothérapie pour les cancers des VADS n’est pas associée à une toxicité aigüe plus importante. Il existe une diminution de la survie sans événement spécifique en cas de sarcopénie au diagnostic. 43 Présence aux journées DES année de concours Nom Prénom DANDOY SIMON 2012 28/11/2014 23/01/2015 27/02/2015 16/11/2012 01/02/2013 05/04/2013 08/11/2013 13/12/2013 10/01/2014 07/03/2014 ORL/VADS Pédiatrie Sénologie Gynécologie Oncogériatrie Urologie Digestif hors colorectal 1 1 1 abs non excusée abs non excusée 0 1 20/11/2015 05/02/2016 01/04/2016 09/12/2016 06/01/2017 03/02/2017 05/05/2017 Nbtotal Cancer colorectal Peau, tumeurs endocrines, ACUP Prostate Sarcomes et tumeurs conjonctives NeuroOncologie Sénologie VADS DU RADIOBIO LOGIE 1 1 1 1 1 1 Gynécologi Oncologie Oncogériatrie viso-conf. e thoracique 1 1 1 13 INTERNE DE SPECIALITE MEDICALE ONCOLOGIE-RADIOTHERAPIE FORMATION et DIPLOMES 2012 – 2017 : DES d’oncologie radiothérapie à Rouen. Simon DANDOY Né le 9 Novembre 1988 à Croix (59) 8, Avenue Bailly Ducroquet 59130 LAMBERSART Tél : 06.23.14.35.57 Courriel : [email protected] 2017 : Thèse de médecine : Rôle de la TEP et de l’IRM dans l’évaluation de la réponse à la radio chimiothérapie des cancers du col utérin. 2015 – 2016 : DIU d’onco-rhumatologie (Univ Paris Descartes) 2014 – 2015 : DU de radiobiologie- radioprotection (I. Gustave Roussy). 2012 : Examen classant national. Spécialité Oncologie. 2008 – 2012 : Deuxième cycle des études médicales et validation du Certificat de synthèse clinique et thérapeutique. Faculté de médecine Henri Warembourg. Lille II. 2009 : Master 1 Neurophysiologie et Physiologie cardio pulmonaire. 2006-2008 : Premier cycle des études médicales 1 et 2. Reçu 49ème, Faculté de médecine Henri Warembourg. Lille 2. 2006 : Baccalauréat Scientifique. Mention Très Bien. Lycée Notre Dame de la Paix, Lille EXPERIENCE PROFESSIONNELLE 2013-2017 : Stages d’internat 1er semestre en Radiothérapie, 2ème semestre en Oncologie médicale, 3ème semestre en Hématologie, 4ème semestre en Soins palliatifs, 5ème semestre en Radiothérapie, 6ème semestre dans le département de chirurgie cancérologique. 7ème et 8ème semestre en Radiothérapie. 9ème semestre en Oncologie médicale. Centre Henri Becquerel de Rouen. 10ème semestre Inter-CHU en Radiothérapie au Centre Oscar Lambret de Lille. 2015-2017 : Remplacements multiples en Oncologie Radiothérapie Clinique Saint Hilaire de Rouen, Centre de Radiothérapie d’Evreux, Oncologie médicale au CH de Boulogne sur Mer, Oncologie médicale Clinque La Louvière de Lille. CONGRES ET PUBLICATIONS Congrès SFJRO : Stéréotaxie (Lille 2015), Curiethérapie (Nice 2016) 2015: Nutritional management of patients with head and neck cancer treated with radiation. Cancer Radiothérapie 2015 Oct;19(6-7):552-5. LOISIRS /ASSOCIATIF Depuis 2014 : Interne référent d’oncologie à Rouen, Membre de l’association des jeunes oncologues Rouennais (AJOR). Depuis 2011 : Sportif de haut niveau universitaire, équipe masculine de Lille puis Rouen (Golf de la Forêt Verte), niveau national amateur.