SARCO-NUTRINECK Place de la sarcopénie chez les patients traités par radiothérapie ou

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SARCO-NUTRINECK
Place de la sarcopénie chez les
patients traités par radiothérapie ou
radio chimiothérapie dans les cancers
des voies aéro-digestives supérieures
(VADS)
Simon DANDOY
Né le 9 Novembre 1988 à Croix (NORD)
MEMOIRE DE DES D’ONCO-RADIOTHERAPIE
PRESENTE ET SOUTENU
Le 23 juin 2017
DIRECTEUR DE MEMOIRE : Docteur Sébastien THUREAU
RAPPORTEUR : Professeur Fréderic DI FIORE
1
Tabledesmatières
Partie 1 Introduction :..........................................................................................................................4
1) Epidémiologie et facteurs de risque des cancers des VADS............................................4
2) Principes de prise en charge des cancers des VADS........................................................6
2.1 Chirurgie.................................................................................................................................6
2.2 Radiothérapie.........................................................................................................................6
2.3 Chimiothérapie et thérapies ciblées...................................................................................6
3) Dénutrition et cancers des VADS..........................................................................................7
3.1 Définition et évaluation.........................................................................................................7
3.2 Impact de la dénutrition........................................................................................................7
4) Composition corporelle...........................................................................................................8
4.1 Les différents compartiments :............................................................................................8
4.2 Les méthodes de mesures...................................................................................................9
5) Sarcopénie..............................................................................................................................11
5.1 Définitions.............................................................................................................................11
5.2 Impact en cancérologie......................................................................................................13
5.3 Méthode de mesure............................................................................................................14
Partie 2 : Matériel et méthodes ; Protocole SARCO NUTRINECK............................................14
1) Etude NUTRINECK...............................................................................................................14
2) Objectifs...................................................................................................................................15
3) Critères d’inclusion et de non-inclusion..............................................................................15
4) Traitements administrés........................................................................................................16
5) Déroulement de l’étude.........................................................................................................17
6) Données relevées..................................................................................................................19
6.1 Mesure de la masse musculaire squelettique et de la masse grasse.........................19
6.2 Mesures anthropométriques..............................................................................................21
6.3 Evaluation du statut nutritionnel et de l’inflammation par méthode biologique..........21
6.4 Evaluation des toxicités et de l’état clinique....................................................................21
6.5 Evaluation nutritionnelle.....................................................................................................22
6.6 Evaluation des caractéristiques tumorales et des caractéristiques du traitement.....22
7) Suivi et durée de l’étude.......................................................................................................22
8) Analyse statistique.................................................................................................................23
Partie 3 : Résultats............................................................................................................................23
2
1) Caractéristiques générales de la population......................................................................23
2) Données de composition corporelle....................................................................................26
3) Influence de la sarcopénie....................................................................................................27
4) Données de survie.................................................................................................................29
Partie 4 : Discussion..........................................................................................................................32
Conclusion..........................................................................................................................................34
Bibliographie.......................................................................................................................................35
Article publié.......................................................................................................................................39
Résumé...............................................................................................................................................43
3
Partie 1 Introduction :
1) Epidémiologie et facteurs de risque des cancers des VADS.
Les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) regroupent les cancers de
la lèvre, de la cavité orale, du pharynx et du larynx. En 2015, les cancers des VADS
sont estimés à 11610 nouveaux cas dont 69 % survenant chez les hommes.
L’incidence de ce cancer a fortement diminué chez l’homme depuis 1980 et cette
tendance s’est accentuée après 2005 (1). Chez la femme, l’incidence est en
augmentation (Figure 1a).
Figure 1a : Evolution de l’incidence et de la mortalité des cancers des VADS en
France entre 1980 et 2012 (INCA)
Les taux d’incidence les plus élevés sont observés dans le nord de la France: Hauts
de France et Normandie (respectivement + 87,4 % et + 44% par rapport à la
moyenne nationale) (Figure 1b).
4
Figure 1b : Taux standardisés à la population mondiale (TSM) d’incidence et de
mortalité des cancers des VADS chez l’homme en France en 2008-2010 (INCA)
Les cancers de la tête et du cou font partie des localisations cancéreuses de
mauvais pronostic. La survie globale à 5 ans et celle à 10 ans des patients
diagnostiqués entre 1989 et 2004 d’un cancer de la tête et du cou sont
respectivement de 34 % et 21 %. Avec 3 027 décès estimés en 2015, dont 75 %
survenant chez l’homme, les cancers des VADS représentent 2 % de l’ensemble des
décès par cancer. Les régions du nord de la France, mise à part l’Alsace, sont les
plus touchées, avec une surmortalité significative par rapport à la moyenne nationale
Hauts de France (+ 93 %) et Normandie (+ 20 %) (2). L’évolution de la mortalité chez
l’homme est assez semblable à celle de l’incidence avec une accélération de la
diminution entre 2005 et 2012. Chez la femme, on constate une diminution de 0,5 %
par an de la mortalité sur la période 1980 à 2012, cette diminution s’accentuant entre
2005 et 2012.
L’incidence de ces cancers est fortement liée à la consommation d’alcool et de
tabac. D’autres facteurs de risque sont connus comme les infections virales à HPV
(Herpes Papilloma Virus) pour les cancers de la cavité buccale et de l’oropharynx et
EBV (Epstein Barr Virus) pour les cancers du nasopharynx. Dans une moindre
mesure certaines expositions professionnelles comme l’amiante, certains métaux,
hydrocarbures et peintures sont impliquées (3).
5
2) Principes de prise en charge des cancers des VADS
Le protocole de traitement est déterminé selon le stade de la tumeur. La chirurgie est
le traitement de référence qui peut être complétée par des séances de radiothérapie
et/ou de chimiothérapie. Il repose sur une prise en charge multidisciplinaire. Les
meilleures options de traitement sont discutées, selon la localisation et l’avancée de
la tumeur (extension locorégionale aux ganglions, extension à distance par des
métastases), selon l’âge du patient, selon son état général mais aussi selon son
souhait. En effet, les traitements sont lourds et potentiellement mutilants (4).
2.1 Chirurgie
L’intervention
est
adaptée
à
la
localisation
tumorale
(glossectomie,
oro
pharyngectomie, laryngectomie). Des interventions dites « partielles » peuvent être
réalisées ainsi que des reconstructions musculaires ou osseuses. Le principe de ces
interventions est de retirer la tumeur avec une marge de tissu sain suffisante (> 1 cm)
pour optimiser l’exérèse de toutes les cellules cancéreuses. C’est un critère pronostic
majeur. Des curages ganglionnaires sont généralement effectués dans le même
temps. En cas de non opérabilité, une radio chimiothérapie concomitante ou une
chimiothérapie d’induction peuvent être proposées.
2.2 Radiothérapie
Elle est le plus souvent réalisée aujourd’hui selon un mode conformationnel avec
modulation d’intensité (RCMI). Elle peut être post opératoire en cas de risque élevé
de récidive à savoir tumeur de grande taille, marges de résection positive, atteinte
ganglionnaire multiple ou exclusive associée ou non à de la chimiothérapie. Le délai
optimal entre la chirurgie et le début de la radiothérapie est de cinq à sept semaines,
en l’absence de toutes complications postopératoires (5).
2.3 Chimiothérapie et thérapies ciblées
Dans le cadre de la radio chimiothérapie concomitante, la molécule employé est le
Cisplatine avec 3 cures selon un schéma J1, J22, J42. Dans certains cas, la
chimiothérapie est remplacée par un anticorps monoclonal, le cétuximab administré
une fois par semaine durant toute la durée de la radiothérapie.
6
La chimiothérapie d’induction consiste en un protocole appelé TPF, qui associe trois
molécules : docetaxel, cisplatine, 5-FU dans le but d’une préservation laryngée. Son
indication est limitée à certaines situations.
3) Dénutrition et cancers des VADS
3.1 Définition et évaluation
La dénutrition correspond à une perte de poids : ≥ 5 % en 1 mois, ou ≥ 10 % en 6
mois, un indice de masse corporelle IMC < 21, une albuminémie < 35 g/l. La
dénutrition sévère correspond à une perte de poids ≥ 10 % en 1 mois ou ≥ 15 % en 6
mois, un IMC < 18 ou une albuminémie < 30 g/l. Celle-ci est facilement évaluée par
des mesures anthropométriques ou un bilan biologique. Les besoins nutritionnels
représentent 1.3 à 1.5 fois la dépense énergétique de base soit 40 Kcal/Kg/j en
moyenne (6).
3.2 Impact de la dénutrition
La problématique de la dénutrition est fréquente en cancérologie et d’autant plus
chez les patients atteints de cancer des VADS. Chez ces patients, la dénutrition est
d’origine multifactorielle. D’une part, la consommation d’alcool et de tabac contribue
à une dénutrition initiale, en dehors du diagnostic de cancer et de tout traitement.
D’autre part la localisation tumorale peut être responsable d’une douleur à
l’alimentation, d’une dysphagie et de troubles de déglutition, avec pour conséquence
une diminution des apports oraux. Ainsi, environ 60% des patients ont déjà perdu du
poids au moment du diagnostic et avant tout traitement (7). 75 à 80 % des patients
en cours de traitement pour un cancer ORL perdent du poids (8) et près de la moitié
de ces patients sont dénutris (9). La perte de poids pendant le traitement est plus
importante lorsque les patients reçoivent de la chimiothérapie en plus de la
radiothérapie avec des apports énergétiques diminués (10). Les mucites de grade 3
et 4 étaient également plus fréquentes en cas de chimiothérapie associée (11). De
plus, une perte de poids importante est corrélée avec des arrêts prématurés de
traitement, la survenue d’infections, l’augmentation de la mortalité précoce et
l’augmentation des hospitalisations (12). Seulement 32 % des patients recevant une
radio chimiothérapie concomitante auraient un traitement complet (radiothérapie
sans interruption et absence de diminution des doses de chimiothérapie), avec un
7
taux de 10 % d’interruptions de la radiothérapie en cas de radiothérapie exclusive et
de 20 % en cas d’association à une chimiothérapie (13). L’impossibilité de réaliser
les traitements oncologiques spécifiques de façon optimale ainsi que la fréquence
augmentée des complications pourraient avoir un impact négatif sur la survie des
patients (7,14). Dans l’étude de Capuano et al, le taux de mortalité précoce était de
35% chez les patients ayant perdu au moins 20% de leur poids contre 4% chez les
patients ayant perdu moins de 20% de leur poids. Il existe un consensus d’experts
quant à la nécessité d’un support nutritionnel en cours de radiothérapie mais sans
justification scientifique.
4) Composition corporelle
4.1 Les différents compartiments :
La composition corporelle correspond à l’analyse du corps humain en plusieurs
compartiments (15).
Il existe différents modèles :
Le modèle anatomique est le plus ancien et sépare le corps en différents tissus
(tissu musculaire, tissu adipeux, organes...). C’est un modèle descriptif qui permet de
comprendre l’organisation spatiale des différents constituants et leur niveau
d’interconnexion. Les progrès de l’imagerie médicale, avec la tomodensitométrie ont
renouvelé l’intérêt de ce modèle. La référence à la notion de tissu permet certaines
approches quantitatives. Ainsi, pour un sujet « idéal de référence », le muscle
squelettique représente 40 % du poids corporel, le tissu adipeux 20 %, la peau 7 %,
le foie et le cerveau 2,5 % chacun, le cœur et les reins 0,5 %.
Le modèle biochimique sépare les composants de l’organisme en fonction de leurs
propriétés chimiques : l’eau, les lipides (extraits par les solvants organiques), les
protéines, les glucides, les minéraux... Les données biochimiques directes sur la
composition corporelle de l’organisme humain sont cependant très limitées. Elles
reposent sur deux études effectuées sur quelques dizaines de cadavres. C’est à
partir de ces travaux qu’ont été observées la densité moyenne de la masse grasse et
8
de la masse maigre et l’hydratation moyenne du corps humain, paramètres qui ont
servi de référence à différentes méthodes d’étude de la composition corporelle.
Les modèles physiologiques permettent d’introduire la notion de compartiments.
Un compartiment regroupe des composants corporels fonctionnellement liés entre
eux, indépendamment de leur localisation anatomique ou de leur nature chimique.
Ce sont ceux-là qui vont nous intéresser pour l’analyse nutritionnelle.
Le modèle à deux compartiments oppose la masse grasse avec la masse non
grasse (nommée masse maigre). La masse grasse correspond aux triglycérides
stockés dans les adipocytes, quelle que soit leur localisation anatomique ; ce
compartiment est virtuellement dépourvu d’eau. La masse maigre correspond à la
somme de l’eau, des os, des organes, en excluant la partie grasse. La masse maigre
est essentiellement constituée d’eau. Le rapport entre l’eau et la masse maigre
définit l’hydratation de la masse maigre.
Le modèle à trois compartiments (où la masse maigre est séparée en deux) prend en
compte lamasse maigre active qui correspond à l’ensemble des cellules des
différents organes et muscles. L’intensité du métabolisme de cette masse détermine
les besoins énergétiques de l’organisme. Cette masse constitue l’essentiel des
protéines de l’organisme. Le deuxième compartiment est l’eau extracellulaire qui
correspond à l’ensemble des liquides interstitiels et au plasma. Elle s’ajoute à l’eau
intracellulaire pour constituer l’eau corporelle totale. Le troisième compartiment est la
masse grasse.
4.2 Les méthodes de mesures
Il existe des méthodes utilisables en pratique courante comme la mesure des plis
cutanés et l’impédancemétrie. D’autres sont utilisées en 2ème intention dans des
centres spécialisés comme l’absorptiométrie bi photonique (DEXA). Enfin certaines
méthodes sont réservées pour le moment aux activités de recherche comme
l’évaluation de la masse maigre et grasse par scanner.
La mesure des plis cutanés (évaluation masse grasse) :
L’épaisseur de quatre plis cutanés (bicipital, tricipital, sous-scapulaire et suprailiaque) est déterminée. La somme des quatre plis cutanés est introduite dans des
9
équations prédictives selon Durnin et Wornesley (16), en fonction de l’âge et du
sexe, afin d’estimer la densité corporelle. L’hypothèse de la méthode est que
l’épaisseur de la graisse sous cutanée reflète la masse grasse totale de l’organisme.
Evaluation de l’eau totale :
Dans le modèle à deux compartiments, la masse grasse est dépourvue d’eau et la
masse maigre en contient une proportion fixe (73 %). À partir de l’estimation de l’eau
corporelle totale, il est donc facile de calculer la masse maigre :
Masse Maigre = EAU TOTALE/0,73
La méthode de référence est l’impédancemétrie bioélectrique (évaluation indirecte de
la masse maigre) qui est basée sur la capacité des tissus hydratés à conduire
l’énergie électrique. L’impédance est fonction du volume du compartiment hydroélectrolytique contenu dans le corps. L’impédance (Z) d’un corps est liée à la
résistance spécifique (r), la longueur (L), et le volume conducteur (V) :
V = r L²/Z
L est la taille de l’individu, r est une constante déterminée lors de l’étalonnage du
système. Deux électrodes sont placées au niveau du poignet, et deux le sont au
niveau de la cheville homolatérale. Quand le courant a une fréquence supérieure à
50 kHz, le volume mesuré est assimilé à l’eau corporelle totale. Quand cette
fréquence est inférieure à 5 kHz, le volume correspond à l’eau extracellulaire.
L’absorptiométrie biphotonique à rayons X (Dual X-ray absorptiometry, DEXA),
initialement développée dans les années 80 pour la mesure du contenu minéral
osseux, s’est imposée comme la méthode de référence pour l’étude de la
composition corporelle. Elle consiste à balayer l’ensemble du corps avec un faisceau
de rayons X à deux niveaux d’énergie. Le rapport des atténuations de ces deux
rayonnements est fonction de la composition de la matière traversée.
La DEXA permet de séparer trois compartiments (masse grasse, masse maigre et
contenu minéral osseux) par un traitement informatique des mesures physiques. La
précision est excellente. Par rapport aux méthodes précédentes, la DEXA mesure la
valeur du compartiment osseux.
10
La méthode de mesure de la masse maigre et de la masse grasse par
tomodensitométrie sera détaillée ci-dessous.
5) Sarcopénie
5.1 Définitions
Le terme de sarcopénie a été introduit en 1997 par Rosenberg pour décrire la perte
de masse musculaire des personnes âgées. Cette pathologie affecte aussi bien la
musculature périphérique que celle du tronc. Il n’y a pas encore de consensus sur
une définition de la sarcopénie où au moins 3 composantes doivent être distinguées :
la masse musculaire, la force musculaire et la fonction musculaire. Il a été démontré
que la force musculaire n’était pas toujours corrélée à la masse musculaire et que la
relation entre les deux n’était pas linéaire. La sarcopénie peut donc être définie par la
perte progressive et généralisée de la masse et de la force musculaire avec un
risque de complications liées à la diminution des capacités physiques.
Actuellement, la définition établie par Baumgartner et al. (17) semble la plus adaptée.
Cet auteur définit la sarcopénie par un index de masse musculaire squelettique (SMI)
calculé comme le rapport entre la surface musculaire appendiculaire en m² (ASM)
mesurée à partir des données d’une DEXA et la taille élevée au carré:
SMI (kg/m²) = ASM / taille²
Les individus ayant un SMI inférieur à au moins deux écarts-types par rapport à celui
d’une population de référence plus jeune, sont atteints de sarcopénie.
Toutefois, cette définition présente plusieurs limitations : d’une part la capacité de la
DEXA à distinguer l’infiltration d’eau ou de graisse dans le muscle, d’autre part, la
non adaptation de cette définition à l’estimation de la sarcopénie chez les sujets
obèses qui en plus d’une importante masse graisseuse, ont une masse musculaire
augmentée. Néanmoins, proportionnellement à leur poids corporel total, leur masse
musculaire est en réalité plus faible, alors que chez les individus minces, la masse
musculaire est proportionnellement plus élevée par rapport au poids corporel total.
11
Newman et al (18) en utilisant une méthode qui faisait intervenir la masse grasse en
plus de la masse musculaire et de la taille, ont constaté que la valeur de cet index
montrait des associations plus fortes avec l'incapacité que le SMI seul. Il est
cependant difficile d’établir un seuil précis de SMI responsable d’une altération de la
fonction musculaire et d’une incapacité. Le principal effet de la perte de la masse
musculaire étant la réduction de la force et de la puissance musculaire. Il a été
proposé dès lors d’inclure la mesure de la force et de la puissance musculaire dans
la définition opérationnelle de la sarcopénie. Toutefois, cette suggestion a plusieurs
limitations : en effet, la puissance musculaire n’inclut pas de mesure quantitative et
l’arthrose ainsi que d’autres comorbidités liées à l’âge peuvent la sous-estimer ; la
douleur peut aussi influencer la perte de la force dans les membres.
La constitution d’un groupe européen de travail sur la sarcopénie chez le sujet âgé
en 2010 (EWGSOP : European Working Group on Sarcopenia in Older People) a
abouti à un consensus sur la définition de la sarcopénie (19) (Figure 2) : la
sarcopénie est un syndrome associant une diminution progressive et généralisée de
la masse, de la force et des fonctions musculo-squelettiques qui peut être à l’origine
d’incapacités fonctionnelles, de diminution de la qualité de vie et d’une augmentation
de la mortalité.
Figure 2 : Définition de la sarcopénie selon l’EWGSOP.
Les mécanismes à l’origine de la perte musculaire sont complexes, et impliquent à
des degrés variables la perte physiologique liée à l’âge (sarcopénie primaire), la
12
réduction des apports protéiques, la réduction des efforts musculaires et l’hyper
catabolisme protéique lié au processus tumoral lui-même (Figure 3).
Figure 3 : Différentes étiologies de la sarcopénie selon l’EWGSOP.
5.2 Impact en cancérologie
De plus en plus d’équipes de recherche s’intéressent à la sarcopénie en
cancérologie. Celle-ci reflèterait mieux la composition corporelle en masse maigre et
serait un meilleur indicateur des potentiels effets toxiques des traitements ou d’une
éventuelle meilleure réponse thérapeutique. La masse maigre totale constitue le
volume de distribution de nombreux cytostatiques et il existe une faible corrélation
entre masse maigre et surface corporelle (20). La sarcopénie peut conduire à une
inadaptation potentielle des doses de chimiothérapie. Il a été ainsi estimé qu’à
surface corporelle égale, des variations du volume de distribution des cytotoxiques
pouvaient varier de manière interindividuelle d’un facteur trois (21).
De nombreuses études ont établi la sarcopénie comme facteur pronostic
indépendant de mortalité dans le mélanome de stade 3 (22), le cancer digestif
métastatique (23) ou le lymphome B diffus à grandes cellules (24). Il a été également
mis en évidence un lien entre sarcopénie et toxicité des traitements : sunitinib et
cancer du rein (25), sorafenib et cancer du rein (26), capécitabine et cancer du sein
13
(27). Cependant toutes ces études ont été menées chez des patients en situation
métastatique et il s’agit principalement d’études rétrospectives.
5.3 Méthode de mesure
La mesure de la masse maigre et de la masse grasse par scanner a été validée en la
comparant à des mesures sur des cadavres ou par DEXA (28). Il existe une bonne
corrélation entre les mesures par scanner corps entier et les mesures sur cadavre de
la masse maigre et de la masse grasse. Il en est de même pour la corrélation entre
les mesures par DEXA et la mesure à partir d’une coupe de scanner passant par la
vertèbre L3 (29). Cette technique a été validée chez les patients atteints d’un cancer
(21,26,27,30).
Partie 2 : Matériel et méthodes ; Protocole SARCO NUTRINECK
Notre étude Sarco Nutrineck est une étude ancillaire de Nutrineck centrée sur la
sarcopénie des patients pris en charge au Centre Henri Becquerel pour un cancer
des VADS.
1) Etude NUTRINECK
Compte tenu de l’absence de preuve du bénéfice d’une nutrition entérale
prophylactique et de la difficulté à identifier les patients qui se dégraderont sur le plan
nutritionnel, il a été décidé d’instaurer un protocole de prise en charge nutritionnelle
standardisée appelé NUTRI-NECK (actuellement en cours de fin d’inclusion). Il s’agit
d’une étude unicentrique observationnelle de soins courants. Ce protocole repose
sur la coopération entre les équipes de radiothérapie, d’oncologie médicale, de soins
de support et de l’Unité de Recherche Clinique du Centre Henri Becquerel. L’objectif
principal de cette étude est de définir des facteurs prédictifs permettant la réalisation
d’une radiothérapie ou d’une radio-chimiothérapie complète dans le traitement des
cancers des VADS.
14
2) Objectifs
L’objectif principal de notre étude est de définir si la sarcopénie pré thérapeutique est
un facteur prédictif permettant la réalisation d’une radiothérapie ou d’une radiochimiothérapie complète. Un traitement complet est défini de la manière suivante :
- Dose totale de radiothérapie prévue délivrée
- Si concernés :
o Trois cures de chimiothérapie par Cisplatine à 100% de la dose théorique soit
100 mg/m² par cure, pour les patients traités par radio-chimiothérapie
concomitante.
o Réalisation de l’ensemble des cures d’Erbitux® (Cetuximab), soit une
administration par semaine pendant la radiothérapie.
Les objectifs secondaires sont :
- Etablir un lien entre la sarcopénie pré thérapeutique et la survenue de toxicité
aigüe.
- Etablir un lien entre la sarcopénie pré thérapeutique et la survie globale et sans
évènement spécifique.
3) Critères d’inclusion et de non-inclusion
•
Critères d’inclusion :
- Homme ou femme
- Age supérieur à 18 ans
- Etat général conservé OMS ≤ 2
- Patients suivis au Centre Henri Becquerel pour un cancer des VADS localisé en
cours de traitement curatif soit par radio chimiothérapie ou radiothérapie postopératoire soit par radio chimiothérapie ou radiothérapie exclusive.
- Consentement éclairé signé
15
•
Critères de non inclusion :
- Antécédents d’autres maladies néoplasiques de moins de 2 ans ou évolutive et les
patients métastatiques
- Index de performance OMS > 2
- Majeurs protégés (sous tutelle ou sous curatelle)
- Impossibilité de se soumettre au suivi médical de l’étude pour des raisons
géographiques, sociales ou physiques
- Patients ayant déjà reçu de la radiothérapie des VADS
- SNG (Sonde naso-gastrique) ou gastrostomie déjà en place en début d’étude
- Patients ne parlant pas le français
- Scanner de mise en place n’incluant pas la vertèbre L3
4) Traitements administrés
En post-opératoire, le traitement de radiothérapie consistait en l’administration de 50
à 54 Gy sur les volumes prophylactiques et de 66 Gy sur les volumes à haut risque
de récidive à savoir les zones de résection R1 et d’adénopathies en rupture
capsulaire. La dose de 60 Gy était délivrée sur les volumes adjacents aux volumes à
haut risque. En cas de radiothérapie exclusive (+/- chimiothérapie ou cétuximab), le
volume à haut risque recevant 70 Gy est représenté par la tumeur et les
adénopathies macroscopiques. L’ensemble des patients était traité par technique de
RCMI.
La délinéation des volumes cibles et des organes à risque ainsi que les contraintes
de dose s’appuyaient sur les recommandations internationales (31), les travaux de
Lapeyre et al (32) et de Giraud et al (33). La chimiothérapie administrée était du
Cisplatine à la dose de 100mg/m² à J1-J22-J43 à partir du premier jour de
radiothérapie (34). Le cetuximab pouvait être utilisé chez certains patients
inopérables. La dose d’induction était de 400mg/m² administrée sur 120 minutes 1
semaine avant le début de la radiothérapie. La dose hebdomadaire était de 250
mg/m² en 60 minutes pour toute la durée de la radiothérapie (35).
16
5) Déroulement de l’étude
L’étude est proposée durant la consultation d’annonce de la radiothérapie. Le recueil
du consentement a lieu au moment du scanner de mise en place (TDM de repérage)
réalisé environ dix jours après la consultation initiale et quinze jours avant le début
du traitement par radiothérapie. (Figure 4).
Il est prévu d’inclure 250 patients sur 3 ans.
17
Figure 4 : Déroulement de l’étude
18
La pose de la sonde naso-gastrique est déterminée selon la perte de poids par
rapport au poids initial. En cas de perte de poids supérieure ou égale à 2 kg par
rapport au début de la radiothérapie (J0), le patient est vu en consultation par un
médecin du département de radiothérapie. Si l’alimentation orale est impossible, une
pose de SNG est décidée d’emblée avec l’accord du patient. En cas d’alimentation
orale possible, un traitement symptomatique est débuté (antalgiques, compléments
alimentaires…) et une nouvelle évaluation à 72h est réalisée.
6) Données relevées
6.1 Mesure de la masse musculaire squelettique et de la masse grasse
La mesure de la masse musculaire squelettique est réalisée sur la tomodensitométrie
de mise en place (J0) de radiothérapie et sur celle de surveillance à 3 mois de la fin
du traitement. Cette mesure s’effectue sur une coupe tomodensitométrique en L3 à
l’aide d’un logiciel de contourage automatique des organes en fonction de la densité
en Unité Hounsfield (Figure 5). Ce logiciel a été développé par Romain Modzelewski
informaticien du centre Henri Becquerel à Rouen. Il repose sur le même concept que
le logiciel Slice-O-Matic © (Tomovision, Montréal) utilisé dans plusieurs études et
validé (23,26,27,30). Cette technique permet de délimiter le tissu musculaire (psoas,
muscles para vertébraux, grands dorsaux, carrés des lombes, grands droits, obliques
et transverses), la graisse sous cutanée et la graisse péri-viscérale. Le muscle
correspond à une densité en unités Hounsfield allant -29 à +150 UI, la graisse sous
cutanée de -190 à – 30 UI, la graisse péri-viscérale de -150 à -50 UI. Ce contourage
automatique permet de calculer une surface en cm² sur la coupe en additionnant les
pixels de tissu multipliés par la surface d’un pixel. La méthodologie est celle décrite
par Baracos et al (36).
Le contourage est réalisé sur deux coupes en L3 distantes d’un centimètre et la
moyenne des surfaces obtenue sera retenue comme valeur finale. Ces mesures sont
réalisées de manière indépendante par le même investigateur (Simon DANDOY).
Cette surface musculaire (en cm²) est rapportée à la surface corporelle pour établir
un indice de masse musculaire SMI (en cm²/m²).
19
Le SMI est directement corrélé à la masse maigre :
Masse maigre (kg) = 0.3 x (surface musculaire en cm²) + 6.06.
Les mesures sur le scanner de mise en place et sur le scanner à 3 mois seront
comparées entre elles et aux données déjà publiées : chez l’homme la sarcopénie
correspond à un SMI < 52.4 cm²/m² (21) et chez la femme à un SMI < 38.5 cm²/m²
(27). La masse grasse totale correspond à l’addition de la masse graisseuse sous
cutanée et péri viscérale.
Masse grasse (kg) = 0.042 x (surface graisseuse en cm²) + 11.2
En l’absence de consensus, l’adipopénie (déficit en masse grasse) était définie
lorsque les valeurs de surface graisseuse étaient inférieures aux valeurs médianes
de l’ensemble de la population.
Figure 5 : Composition corporelle sur une coupe de scanner en L3. En bleu, la
graisse sous cutanée, en rouge le muscle squelettique, en jaune la graisse périviscérale.
20
Figure 6 : Logiciel automatique de délinéation (Vador)
6.2 Mesures anthropométriques
Les mesures anthropométriques simples sont colligées lors de l’inclusion (poids,
taille), permettant le calcul de l’IMC. Lorsque le patient ne peut tenir debout, la taille
est colligée en fonction des indications inscrites sur la carte d’identité, par méthode
déclarative. Par la suite, le poids est recueilli de manière quotidienne sur une même
balance durant la totalité du traitement de radiothérapie, puis lors des consultations
de surveillance.
6.3 Evaluation du statut nutritionnel et de l’inflammation par méthode biologique.
Les dosages de l’albuminémie, de la pré-albumine et de la CRP sont réalisés à
l’inclusion, puis de manière hebdomadaire durant le traitement de radiothérapie. Les
paramètres de surveillance et de tolérance du traitement sont également réalisés
dans le même temps (hémoglobine, plaquettes, leucocytes, polynucléaires
neutrophiles, créatinine, urée). L’ensemble de ces données biologiques est
également contrôlé lors des consultations de surveillance.
6.4 Evaluation des toxicités et de l’état clinique
Les toxicités aigues sont relevées selon le grading CTCAE v4 (Common Terminology
Criteria for Adverse Events grading system v4) à l’inclusion, au scanner de mise en
21
place de radiothérapie puis de manière hebdomadaire en consultation de
radiothérapie puis lors des consultations de surveillance. L’état OMS, la présence
d’une douleur (échelle numérique), la présence et le grade d’une mucite, d’une radioépithélite, d’une dysphagie ou d’une odynophagie sont notés dans une grille de
toxicité disponible dans le dossier informatisé du patient. La fréquence et la
graduation des cytopénies, des neutropénies fébriles, de toutes les autres toxicités
grade III-IV, ainsi que le nombre et la durée des hospitalisations durant la
radiothérapie sont évalués.
6.5 Evaluation nutritionnelle
Durant la radiothérapie, l’ensemble des patients est vu de façon hebdomadaire par
une diététicienne qui évalue les apports caloriques journaliers. Une consultation est
organisée au moment de la mise en place éventuelle d’une SNG, puis est réalisée
une évaluation hebdomadaire des apports respectifs par voie entérale et per os.
Le maintien d’une sonde lors des consultations de surveillance est noté ainsi que les
apports caloriques apportés par la sonde.
6.6 Evaluation des caractéristiques tumorales et des caractéristiques du traitement
La localisation, le stade tumoral TNM, la présence d’une chirurgie, la dose de
radiothérapie ainsi que l’association ou non avec une chimiothérapie par Cisplatine
ou ERBITUX est colligés dans le dossier du patient.
Le critère de jugement principal sera le pourcentage de patients sarcopéniques ou
non ayant reçu un traitement complet.
7) Suivi et durée de l’étude
Les patients ont été suivis en consultation à 1 mois, 3 mois et 9 mois par l’oncoradiothérapeute. Les patients ont ensuite été revus tous les 6 mois en alternance par
le chirurgien ORL et le radiothérapeute. La survenue d’une progression locale,
métastatique ou d’un décès a été définie comme un événement spécifique. Les 180
premiers patients de la cohorte NUTRINECK avec un suivi minimum de 3 mois ont
été analysés. Au 7 juin 2017, 248 patients sur les 250 prévus ont été inclus.
22
8) Analyse statistique
Les comparaisons entre les pourcentages des groupes de patients ont été réalisées
selon le test du Chi-2 ou le test de Fisher lorsque les effectifs étaient faibles. Les
comparaisons de variables quantitatives ont été effectuées grâce au test de Student.
Les probabilités de survie sans événement spécifique et de survie globale ont été
calculées selon la méthode de Kaplan Meier à partir de la date de diagnostic. Les
courbes de survie ont été comparées par les tests du Log Rank. L’ensemble des
analyses a été effectué sur les logiciels MedCalc et SPSS.
Partie 3 : Résultats
1) Caractéristiques générales de la population
180 patients ont été inclus entre avril 2014 et aout 2016 (Figure 7). Au final, 169
patients ont pu être analysés. La durée moyenne de suivi était de 21 mois. L’âge
médian des patients était de 60 ans (23-85) au diagnostic. La population était
majoritairement composée d’hommes à 78%. 75% des patients ont reçu un
traitement complet. 11 patients ont eu une interruption de traitement de plus de 3
jours ouvrés. 62 % des patients ont bénéficié d’une chirurgie avant la radiothérapie.
Aucun patient n’a reçu de chimiothérapie d’induction avant la radiothérapie. 46 % ont
eu de la chimiothérapie concomitante à base de cisplatine. 64% des patients avaient
une indication de pose de SNG durant le traitement. Les tumeurs oro pharyngées et
de la cavité buccale étaient les plus représentées. 80 % des tumeurs étaient
localement avancées (stade III et IV). Environ 40% des patients ont présenté une
toxicité aigüe à type de mucite, dermite ou dysphagie de grade 3 et plus. (Tableau 1)
23
Femme
Homme
Agemédian(années)
Alcoolisme
Tabac
IMCmoyenJ0(kg/m²)
IMC<20
20<IMC<24.9
25<IMC<29.9
IMC>30
n=169
37
132
60(23-85)
86
151
25(14.9-50.4)
27
63
55
24
%
22
78
Oropharynx
Hypopharynx
Larynx
Nasopharynx
Cavitébuccale
CAPI
Autres
55
19
27
5
46
14
3
32
11
16
3
27
8
3
StadeI
StadeII
StadeIII
StadeIV
10
28
36
35
6
16
21
57
Chirurgiepremière
RTseule
RTpostopératoire
RT+Erbitux
RTCTpostopératoire
RTCTexclusive
105
21
62
10
43
33
62
12
36
6
25
21
InterruptiondeRT>3jours
11
6
Traitementcomplet
IndicationdeSNG
Pallierantalgiques
0
1
2
3
NR
Albumine<40
Toxicitéaigüe>ou=2
Toxicitéaigüe>ou=3
127
108
17
26
65
52
9
41
154
71
75
64
10
15
38
31
6
24
91
42
51
89
16
37
32
15
Tableau 1 : Caractéristiques de la population
24
Figure 7 : Schéma de l’étude
25
2) Données de composition corporelle
(n=169)
p
Initial
A 3 mois
59
103
(35%)
(61%)
Surface musculaire moyenne (cm²)
155.20
135.72
<0.0001
SMI (cm²/m²)
53.27
46.63
<0.0001
Surface graisse SC moyenne (cm²)
140.5
115.91
0.01
Surface graisse péri viscérale moyenne (cm²)
151.32
117.87
<0.0001
25
22.9
<0.0001
72.4
66.1
<0.0001
Sarcopénique
IMC (moyen)
Poids (moyen)
<0.0001
Tableau 2 : Comparaison de la composition corporelle de la population générale sur
le scanner initial et à 3 mois
Avant la radiothérapie, 35% des patients étaient sarcopéniques et 61% à 3 mois de
la fin de la radiothérapie (p<0.0001). Il existait également une perte statistiquement
significative de masse grasse associée après traitement, que ce soit au niveau sous
cutané (p=0.01) ou au niveau péri viscéral (p<0.0001). Tous les patients perdaient du
poids avec une baisse de l’IMC. (Tableau 2)
Données à M0
p
Homme
Femme
n=132
n=37
59
53 (90%)
6 (10%)
0.007
Surface musc moyenne (cm²)
155.2
165.85
117.2
<0.001
SMI (cm²/m²)
53.27
55.3
46.04
<0.001
140.5
124.1
199.11
151.32
162.47
114.31
292.45
286.47
313.41
0.3
25
24.8
25.6
0.5
(n=169)
Sarcopénique
Surface graisse SC moyenne (cm²)
Surface graisse péri viscérale moyenne
(cm²)
Surface totale adipeuse (cm²)
IMC (moyen)
Tous
<0.001
0.006
Tableau 3a : Comparaison de la composition corporelle sur le scanner initial selon le
sexe
26
Données à M3
Homme
Femme
n=121
n=36
103
88 (85%)
15 (15%)
<0.001
Surface musc moyenne (cm²)
135.72
145.08
104.24
<0.001
SMI (cm²/m²)
46.63
48.37
40.08
<0.001
115.91
102.63
160.54
111.87
119.3
86.9
Surface totale adipeuse (cm²)
227.78
221.93
247.44
0.42
Nombre patients perte de MM*
144
114
33
0.58
% moyen de perte de MM*
13.17
13.71
11.62
0.17
IMC (moyen)
22.9
22.9
22.9
0.52
(n=157)
Sarcopénique
Surface graisse SC moyenne
(cm²)
Surface graisse péri viscérale
moyenne (cm²)
Tous
p
0.008
0.03
Tableau 3b : Composition corporelle à 3 mois selon le sexe. *MM : Masse musculaire
Les compositions corporelles en masse maigre étaient statistiquement différentes
entre l’homme et la femme que ce soit au diagnostic ou à 3 mois (Tableau 3a et 3b).
Concernant la masse grasse, la perte était au final identique mais au dépend de la
graisse sous cutanée pour les femmes et de la graisse péri viscérale pour les
hommes. Le pourcentage de perte de masse maigre était par contre identique.
3) Influence de la sarcopénie
Sur les 59 patients sarcopéniques en début de traitement : 52 patients le sont restés,
un seul patient est devenu non sarcopénique. Pour les 6 autres patients sans
données, 3 étaient décédés, 2 patients étaient perdus de vue et un patient avait un
scanner qui ne descendait pas assez bas. Sur les 110 patients non sarcopéniques
en début de traitement, 53 sont restés non sarcopéniques, 51 patients sont devenus
sarcopéniques. Pour les 6 autres patients sans données, 4 étaient décédés et 2
patients étaient perdus de vue.
27
N=169
Age
Homme
Femme
Stade
I
II
III
IV
Traitementcomplet
Toxicitéaigüe>ou=2
Toxicitéaigüe>ou=3
Albumine<40
IndicationSNG
Antalgiquesdepallier3
Adipopénie
RTseule
RTpostopératoire
RT+Erbitux
RTCTpostopératoire
RTCTexclusive
Sarcopénique Non
N=59
sarcopénique
N=110
60.6
61
52(88%)
80(73%)
7(12%)
30(17%)
3(5%)
6(6%)
7(12%)
21(19%)
15(25%)
21(19%)
34(58%)
61(56%)
44(74%)
83(75%)
54(91%)
99(90%)
25(42%)
46(42%)
17(29%)
23(21%)
36(61%)
73(66%)
18(30%)
34(31%)
43(73%)
38(34%)
9(15%)
12(11%)
21(36%)
41(37%)
4(7%)
6(5%)
13(22%)
30(27%)
12(20%)
21(19%)
p
0.81
0.49
0.09
0.79
0.41
0.56
0.99
0.93
0.96
0.92
0.47
0.85
0.90
0.009
0.63
0.99
0.99
0.69
0.97
Tableau 4 : Comparaison des caractéristiques des patients sarcopéniques et non
sarcopéniques au diagnostic
Aucune différence n’a été montrée sur la survenue de toxicité aigüe (p=0.92) ou la
réalisation du traitement complet (p=0.93) lorsque les patients étaient sarcopéniques
(Tableau 4). Le pourcentage de perte de masse maigre médian était de 12%. Le
pourcentage de perte de masse maigre > 12% pendant le traitement n’était pas
prédictif de la non réalisation du traitement complet (p=0.45) ou de la survenue d’une
toxicité aigüe > grade 3 (p=0.32).
28
N=104
Age
Homme
Femme
Stade
I
II
III
IV
Traitementcomplet
Toxicitéaigüe>ou=3
Albumine<40
IMCmoy
RTseule
RTpostopératoire
RT+Erbitux
RTCTpostopératoire
RTCTexclusive
Restentnon
Deviennent
sarcopéniques sarcopéniques
N=53
N=51
59.8
61.05
32(60%)
42(82%)
21(40%)
9(18%)
1(2%)
1(2%)
10(19%)
10(19%)
13(25%)
13(25%)
26(54%)
27(54%)
38(72%)
41(80%)
22(42%)
22(43%)
11(21%)
11(21%)
27.5
26.5
5(9%)
6(12%)
22(42%)
17(33%)
0(0%)
5(10%)
16(30%)
13(25%)
10(19%)
10(20%)
p
0.55
0.38
0.1
0.49
0.86
0.89
0.95
0.81
0.94
0.88
0.10
0.98
0.69
0.08
0.85
0.87
Tableau 5 : Facteurs prédictifs influençant la survenue de la sarcopénie en cours de
traitement
Les patients devenant sarcopéniques à 3 mois de la fin des traitements ne
présentaient pas plus de toxicité aigüe de manière statistiquement significative
(p=0.94) et il n’y avait pas de différence sur la réalisation du traitement complet
(p=0.81). Aucun facteur prédictif influençant la survenue d’une perte de masse
maigre en cours de traitement n’a été identifié (Tableau 5).
4) Données de survie
37 patients ont présenté une récidive loco régionale, 5 patients ont présenté une
rechute métastatique. 31 patients sont décédés durant la période de suivi. 27 de ces
décès étaient liés à une rechute locale ou métastatique, 2 patients sont décédés d’un
second cancer pulmonaire, un patient d’une complication infectieuse liée aux
traitements et un patient d’un arrêt cardiaque à un an de la fin de la prise en charge.
29
La durée moyenne de suivi dans le groupe sarcopénique initial était de 19.9 mois
(2.3-37) et de 21.5 mois (2.1-36.9) dans le groupe non sarcopénique.
Figure 8a, 8b : Effets de la sarcopénie au diagnostic sur la survie globale et la survie
sans évènement spécifique.
La sarcopénie au diagnostic n’était pas associée à une survie globale plus faible
(p=0.13). En revanche, on retrouve une amélioration de la survie sans évènement
30
spécifique de manière significative dans le groupe non sarcopénique 31.1 mois vs
26.9 mois (IDC95% 1.13-1.9) p=0.01 (Figure 8b).
Nous n’avons pas retrouvé d’impact de l’IMC quel que soit le seuil au diagnostic sur
la survie globale et sur la survie sans évènement spécifique (Figure 9a et 9b). Un
IMC inférieur à 25 n’était pas associé à une meilleure survie globale (p=0.06) ou à
une différence de survie sans évènement spécifique (p=0.18). Un IMC inférieur à 30
n’était pas associé à une meilleure survie globale (p=0.14) ou à une différence de
survie sans évènement spécifique (p=0.59) (Figure 10a et 10b).
Figure 9a, 9b, 10a et 10b : Effets de l’IMC initial sur la survie globale et sans
évènement spécifique.
31
Partie 4 : Discussion
Notre étude montre qu’un tiers des patients sont sarcopéniques au moment de
débuter la radiothérapie et deux tiers le sont à 3 mois de la fin de la séquence
thérapeutique. Aucun facteur clinique, biologique ou en rapport avec le traitement ne
permet de prédire l’apparition d’une sarcopénie.
Notre étude est la première étude prospective s’intéressant à la sarcopénie dans les
cancers des VADS. De plus, il s’agit d’une des plus grandes cohortes prospectives
de suivi nutritionnel chez des patients bénéficiant d’une radiothérapie avec un projet
curatif. La mesure de la surface musculaire est facilement mesurable sur une coupe
de scanner. Cette imagerie est très souvent réalisée dans le bilan initial. La
prévalence de la sarcopénie chez les patients atteints d’un cancer avancé varie
considérablement selon le type de cancer et le stade de la maladie. A mesure que le
cancer progresse et devient non résécable ou métastatique, la prévalence de la
sarcopénie augmente. Ces valeurs se rapprochent des données de la littérature
concernant les patients ayant un cancer localement avancé et non métastatique
intéressant les organes impliqués dans la fonction nutritionnelle. Une seule étude de
Grossberg et al (37) relève un suivi rétrospectif de 175 patients traités par
radiothérapie pour un cancer des VADS. Il existait 37.1% de patients sarcopéniques
au diagnostic. 42.7% étaient sarcopéniques après traitement. Pour d’autres
localisations tumorales avec des profils de patients similaires, on retrouvait des
résultats similaires. Par exemple, Cooper et al 2015 (38) retrouvait 52 % de patients
sarcopéniques chez des patients atteints d’un cancer du pancréas potentiellement
résécable. Harada et al 2015 (39) retrouvait 33% de patients sarcopéniques chez
des patients atteints d’un cancer de l’œsophage localement avancé. Plusieurs
études sur le carcinome hépato cellulaire rapportent environ 50% de patients
sarcopéniques au diagnostic (40–42).
La sarcopénie initiale chez les patients atteints d’un cancer des VADS n’est pas
prédictive dans notre étude de la non réalisation du traitement complet ou d’une
majoration des toxicités aigues. Dans de multiples localisations tumorales, la
sarcopénie est un facteur prédictif de complications notamment post opératoires. Elle
est prédictive d’une toxicité hépatique et de la survenue d’abcès intra abdominaux
32
après chirurgie des cholangio carcinomes (43). Les patientes avec un cancer du sein
métastatique sous capécitabine avaient une toxicité du traitement accrue (27). La
chimiothérapie adjuvante des cancers coliques étaient moins bien tolérée en cas de
sarcopénie (30). De même, les patients bénéficiant d’une chimiothérapie néo
adjuvante ou adjuvante dans le cadre d’un sarcome à base de doxorubicine
présentaient plus de toxicité hématologique en cas de sarcopénie (44). La plupart de
ces études étaient rétrospectives.
Nous avons retrouvé un impact de la sarcopénie sur la survie sans évènement
spécifique. De nombreuses études rétrospectives ont montré que la sarcopénie était
un facteur pronostique indépendant sur la survie globale dans les cancers
métastatiques avec des traitements systémiques ou en péri opératoire (22,24,45,46).
La seule étude rétrospective dans les cancers des VADS (37) montre un impact de la
sarcopénie sur la survie globale et sans progression. 47% des patients présentaient
un IMC > 25. L’IMC élevé dans notre étude n’était pas associée à une survie
prolongée.
La principale limite de notre étude est l’absence de recueil du poids de forme
permettant le calcul du pourcentage de perte de poids au moment du diagnostic. Ces
données manquantes entrant dans la définition de la dénutrition. Les patients atteints
d’un cancer des VADS sont souvent dénutris au moment du diagnostic avec une
perte de poids variable selon le délai de consultation et le retentissement de la
localisation tumorale sur l’alimentation orale. Nous avons choisi comme cut off de
SMI chez l’homme et chez la femme ce qui avait été décrit par les équipes de Vicky
Baracos (36). Il est possible que ces seuils ne soient pas adaptés aux patients
atteints d’un cancer des VADS. La sarcopénie est un concept récent qui fait l’objet de
nombreuses études actuellement. Cependant, elle implique également une perte
musculaire fonctionnelle qui peut être évaluée grâce par exemple aux Hand grip test
ou au « Timed up and go » test. Cet aspect-là n’a pas été évalué dans notre étude.
Plus récemment, l’étude de la densité musculaire squelettique (DMS) a été
approfondie. Le muscle lui-même peut être infiltré par du tissu adipeux. Ces
mécanismes sont notamment présents chez les patients atteints de diabète ou
d’inflammation chronique comme c’est le cas en cas de cancer. Cette graisse
33
ectopique peut contribuer à la sarcopénie. La DMS est extrapolée par calcul de
l’atténuation musculaire. Celle-ci semble être un facteur pronostic indépendant
péjoratif de survie et de toxicité dans certains cancers solides et hématologiques
beaucoup plus discriminant que le SMI (47,48).
La question de l’intérêt d’un support nutritionnel en cours de radiothérapie reste
entière pour améliorer la tolérance du traitement et peut être la survie. Les résultats
de l’étude Nutri-Neck nous aideront à répondre à ces questions et à savoir si les
pourcentages de masse maigre et de masse grasse sont impactés par l’initiation
d’une alimentation entérale en cours de traitement.
Conclusion
Dans notre étude, aucun impact de la sarcopénie n’a été mis en évidence que ce soit
sur la réalisation ou la toxicité du traitement. Aucun élément clinique ou biologique ne
permet de prédire la survenue d’une perte de masse maigre en cours de traitement.
Une diminution de la masse maigre au diagnostic est corrélée à une moins bonne
survie sans évènement spécifique.
34
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Article publié
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Résumé
Objectif de l’étude : Analyser l’impact de la sarcopénie comme facteur prédictif de
réalisation d’une radiothérapie ou d’une radio-chimiothérapie complète, de la
survenue de toxicités ainsi que sur la survie globale chez des patients traités pour un
cancer VADS.
Matériel et Méthode : Dans le cadre d’une étude unicentrique prospective sur les
paramètres nutritionnels des patients en cours de radiothérapie des cancers des
VADS, l’ensemble des patients a bénéficié d’une TDM avec des coupes en L3 pour
le calcul de la surface musculaire en cm² rapportée à la taille au carré pour établir
l’indice de masse musculaire SMI (en cm²/m²).
Résultats : 180 patients ont été inclus entre avril 2014 et aout 2016 dont 169 patients
analysables. La durée moyenne de suivi est de 21 mois. 41 patients ont récidivé dont
37 patients avec une récidive loco régionale et 5 patients de manière métastatique.
31 patients sont décédés durant la période de suivi. 75% des patients ont reçu un
traitement complet. 35% des patients étaient sarcopéniques à la TDM de
planification avec un SMI moyen de 155,2 cm2 contre 61% des patients à 3 mois
avec un SMI moyen de 135.7 cm2 (p=0,001). La sarcopénie n’était pas associée à la
non réalisation du traitement complet (p=0.93) ou à la survenue d’une toxicité aigüe
de grade 3 ou plus (p = 0.92) que le traitement soit associé ou pas à une
chimiothérapie. On retrouve une amélioration de la survie sans évènement
spécifique de manière significative dans le groupe non sarcopénique 31.1 mois vs
26.9 mois (IDC95% 1.13-1.9) p=0.01. La survie globale n’était pas différente.
Conclusion: La présence d’une sarcopénie avant la radiothérapie pour les cancers
des VADS n’est pas associée à une toxicité aigüe plus importante. Il existe une
diminution de la survie sans événement spécifique en cas de sarcopénie au
diagnostic.
43
Présence aux journées DES
année de
concours
Nom
Prénom
DANDOY
SIMON
2012
28/11/2014
23/01/2015
27/02/2015
16/11/2012
01/02/2013
05/04/2013
08/11/2013
13/12/2013
10/01/2014
07/03/2014
ORL/VADS
Pédiatrie
Sénologie
Gynécologie
Oncogériatrie
Urologie
Digestif
hors
colorectal
1
1
1
abs non
excusée
abs non excusée
0
1
20/11/2015
05/02/2016
01/04/2016
09/12/2016 06/01/2017 03/02/2017
05/05/2017
Nbtotal
Cancer
colorectal
Peau,
tumeurs
endocrines,
ACUP
Prostate
Sarcomes et
tumeurs
conjonctives
NeuroOncologie
Sénologie
VADS
DU
RADIOBIO
LOGIE
1
1
1
1
1
1
Gynécologi Oncologie
Oncogériatrie viso-conf.
e
thoracique
1
1
1
13
INTERNE DE SPECIALITE MEDICALE ONCOLOGIE-RADIOTHERAPIE
FORMATION et DIPLOMES
2012 – 2017 : DES d’oncologie radiothérapie à Rouen.
Simon DANDOY
Né le 9 Novembre 1988
à Croix (59)
8, Avenue Bailly Ducroquet
59130 LAMBERSART
Tél : 06.23.14.35.57
Courriel :
[email protected]
2017 : Thèse de médecine : Rôle de la TEP et de l’IRM dans l’évaluation
de la réponse à la radio chimiothérapie des cancers du col utérin.
2015 – 2016 : DIU d’onco-rhumatologie (Univ Paris Descartes)
2014 – 2015 : DU de radiobiologie- radioprotection (I. Gustave Roussy).
2012 : Examen classant national. Spécialité Oncologie.
2008 – 2012 : Deuxième cycle des études médicales et validation du
Certificat de synthèse clinique et thérapeutique. Faculté de médecine
Henri Warembourg. Lille II.
2009 : Master 1 Neurophysiologie et Physiologie cardio pulmonaire.
2006-2008 : Premier cycle des études médicales 1 et 2. Reçu 49ème,
Faculté de médecine Henri Warembourg. Lille 2.
2006 : Baccalauréat Scientifique. Mention Très Bien. Lycée Notre Dame
de la Paix, Lille
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE
2013-2017 : Stages d’internat  1er semestre en Radiothérapie, 2ème
semestre en Oncologie médicale, 3ème semestre en Hématologie, 4ème
semestre en Soins palliatifs, 5ème semestre en Radiothérapie, 6ème
semestre dans le département de chirurgie cancérologique. 7ème et 8ème
semestre en Radiothérapie. 9ème semestre en Oncologie médicale. Centre
Henri Becquerel de Rouen. 10ème semestre Inter-CHU en Radiothérapie au
Centre Oscar Lambret de Lille.
2015-2017 : Remplacements multiples en Oncologie Radiothérapie
Clinique Saint Hilaire de Rouen, Centre de Radiothérapie d’Evreux,
Oncologie médicale au CH de Boulogne sur Mer, Oncologie médicale
Clinque La Louvière de Lille.
CONGRES ET PUBLICATIONS
Congrès SFJRO : Stéréotaxie (Lille 2015), Curiethérapie (Nice 2016)
2015: Nutritional management of patients with head and neck cancer
treated with radiation. Cancer Radiothérapie 2015 Oct;19(6-7):552-5.
LOISIRS /ASSOCIATIF
Depuis 2014 : Interne référent d’oncologie à Rouen, Membre de
l’association des jeunes oncologues Rouennais (AJOR).
Depuis 2011 : Sportif de haut niveau universitaire, équipe
masculine de Lille puis Rouen (Golf de la Forêt Verte), niveau
national amateur.
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