1 INTRODUCTION
L’incidence du cancer de l’œsophage a augmenté au cours de ces dernières années (1,2), le
classant aujourd’hui au 8ème rang mondial. En Europe également, son incidence est croissante et
estimée à 4,5 cas/100 000 habitants/an (3). Même si le nombre d’adénocarcinomes de
l’œsophage augmentent, en particulier dans les pays occidentaux, le carcinome épidermoïde de
l’œsophage reste l’histologie majoritairement retrouvée (4) en particulier en Normandie, en
Bretagne et dans le Nord de la France (5). Le cancer de l’œsophage est une maladie agressive
avec un taux de survie à 3 ans de moins de 1% (6,7). Environ 50% des patients présentent
d’emblée des métastases au diagnostic (8) et 25% des patients présentant une tumeur localisée
vont développer une maladie métastatique (1) avec une médiane de survie dans ce groupe de
patients estimée à 24 mois et une survie à 5 ans de moins de 30% (9).
1.1 CHIMIOTHERAPIES DES CARCINOMES EPIDERMOIDES DE L’ŒSOPHAGE METASTATIQUES
En situation métastatique, l’objectif de la chimiothérapie palliative est de contrôler
l’évolution tumorale, maintenir voire améliorer la qualité de vie et prolonger la survie. Il convient de
différencier la prise en charge des adénocarcinomes métastatiques de celle des carcinomes
épidermoïdes de l’œsophage. En effet, les adénocarcinomes de l’œsophage sont souvent
regroupés en une entité regroupant à la fois les adénocarcinomes gastriques, du cardia et de
l’œsophage. Pour les adénocarcinomes, le rôle de la chimiothérapie en situation métastatique est
clairement établi (3). A l’inverse, il n’existe à ce jour pas de démonstration d’un bénéfice en survie
d’une chimiothérapie palliative pour les carcinomes épidermoïdes de l’œsophage métastatiques
(CEM) (3).
Peu de cytotoxiques ont fait la preuve d’une efficacité, même si des réponses intéressantes ont
été rapportées avec le Cisplatine, le 5-fluorouracile, la Vindésine, la Mytomicine, l’Irinotécan,
l’Oxaliplatine, le Paclitaxel et la Vinorelbine. Des associations de ces molécules ont montré de
meilleur taux de réponse mais au prix d’une toxicité accrue (10). A ce jour, il n’existe pas d’essai
de phase III randomisée démontrant un bénéfice de la chimiothérapie dans les CEM. La plupart
des essais ayant étudié la question sont des essais de phase II rarement contrôlés (tableau 1). Le
plus souvent, la chimiothérapie a consisté en une association à base de sels de platine (10–16).
Seules 3 études randomisées sont disponibles en matière de chimiothérapie des CEM (11,12,16).
La première, une étude de phase II randomisée, publiée en Europe il y a plus de 20 ans, a montré
que l’association Cisplatine/5-fluorouracile était supérieure au Cisplatine seul en terme de taux de
réponse mais sans bénéfice significatif sur la survie. En contrepartie, les toxicités étaient plus
importantes dans le bras bithérapie avec 16% de décès toxique (11).
La seconde a comparé l’association Cisplatine/5-fluorouracile au traitement symptomatique chez
156 patients [13]. La population de cette étude était rendue hétérogène du fait de la présence de 4
strates thérapeutiques en fonction du stade, des traitements reçus antérieurement et leur qualité
(strate I : envahissement ganglionnaire après chirurgie (n=62), strate II : résection R1 ou R2
(n=58), strate III : cancer non réséqué pour cause d’extension locale (n=22), strate IV : cancer non
réséqué pour cause de métastases (n=14)). Globalement, il n’y eu aucune différence de survie
entre les 2 modalités de prise en charge, mais un pourcentage élevé de complications toxiques
avec la chimiothérapie, ainsi que 6% de décès toxiques. Aucune information n’est spécifiquement
donnée en ce qui concerne le devenir, sous chimiothérapie ou sous traitement symptomatique,
des cancers localement évolués et des formes métastatiques. Par contre, la médiane de survie
des patients des strates II, III et IV était de 8 mois, avec ou sans chimiothérapie (12). Cette étude,