
Le Courrier de la Transplantation - Vol. XIII - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2013 131
combinée foie/rein (3 patients), de novo pour 6 patients
et plus tardivement pour les 25 autres (en raison d’un
syndrome lymphoprolifératif, d’une charge virale EBV
élevée [11 patients] ou d’une toxicité des anticalcineu-
rines [14 patients]). Il n’est pas possible de conclure
quant à la fertilité des patients, car aucune paternité ou
maternité n’a encore été rapportée, mais la production
d’hormones sexuelles étudiée chez 10 garçons et 8 filles
était normale, sauf chez un garçon (12).
Transplantation ABO-incompatible
Au Japon, en raison d’un manque de donneurs décédés,
plus de 80 % des patients pédiatriques reçoivent un rein
d’un parent vivant. Ainsi, en l’absence de donneur vivant
ABO-compatible (ABOc), la greffe ABO-incompatible
(ABOic) a été proposée. S. Shishido et al. rapportent
52 transplantations ABOic à partir de donneurs vivants
réalisées entre 1990 et 2011, et montrent que les résul-
tats en termes de survie du greffon sont comparables
à ceux des greffes ABOc à partir de donneurs vivants
réalisées durant la même période (13). Le taux de survie
des greffons était respectivement, à 1, 5, 10 et 15 ans,
de 94, 88, 86 et 86 % dans le groupe ABOic, et de 95,
92, 88 et 78 % dans le groupe ABOc. En revanche, le
taux de rejets aigus au cours de la première année était
significativement plus élevé dans le groupe ABOic que
dans le groupe ABOc (44 versus 26 %). Le débit de fil-
tration glomérulaire à 1 an n’était pas significativement
différent entre les 2 groupes (86 ml/mn pour les ABOic
versus 99 ml/mn pour les ABOc). Dans le groupe ABOic,
un patient a perdu sa greffe en raison d’un rejet hype-
raigu 5 jours après la transplantation (13).
De nouveaux schémas ont été établis depuis quelques
années afin de réduire les comorbidités et la mortalité
liées à la splénectomie, aux protocoles immunosuppres-
seurs lourds (sérum antilymphocytaire + cyclophospha-
mide) et aux échanges plasmatiques. Les protocoles
actuels de préconditionnement associent du rituximab
(une seule dose), des séances d’immunoadsorption (avec
des colonnes déplétant seulement les anticorps anti-A ou
anti-B) jusqu’à obtenir un titre d’isoagglutinine inférieur
à 1/8, des immunoglobulines humaines intraveineuses
(IgIV) avant la greffe et un traitement immunosuppresseur
conventionnel associant méthylprednisolone, tacrolimus
et MMF débuté lors de la première séance d’immunoad-
sorption. Dix patients ont été traités avec ce protocole
et ont reçu avec succès une greffe ABOic. Aucun n’a
présenté de rejet lié au rebond des anticorps anti-ABO.
Il n’a pas été observé de réapparition tardive des anti-
corps durant la période de suivi (14). Une autre équipe
rapporte son expérience récente de 3 patients ayant
reçu une transplantation rénale ABOic avec un protocole
de préconditionnement identique. À la différence de la
précédente étude, ils recevaient un traitement d’induc-
tion par basiliximab. Deux d’entre eux ont présenté des
complications hémorragiques immédiatement après la
greffe, mais tous avaient une fonction rénale normale
dans les jours suivant la greffe (15). Les résultats sont donc
tout à fait encourageants. L’incompatibilité ABO ne doit
donc plus être considérée comme une contre-indication
absolue à la greffe de rein.
Protéomique
Dans leurs travaux rapportés à l’American Transplant
Congress en 2012, M. Delville et al. ont étudié le sérum
prégreffe de patients adultes avec un syndrome néphro-
tique corticorésistant. L’analyse protéomique (protein
arrays) a permis d’identifier des anticorps significative-
ment augmentés dans le sérum des patients ayant vu
leur maladie initiale récidiver sur le greffon. La combi-
naison d’ELISA pour CD40, FAS, P2RY11, CGB-5 et PTPRO
était capable de prédire la récidive après transplantation
rénale avec une sensibilité de 76 % et une spécificité
de 93 % (16).
■
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Références bibliographiques
L’auteur n’a pas précisé
seséventuels liens d’intérêts.
Transplantation rénale pédiatrique : actualités