
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVIII - n° 4-5 - avril-mai 2014
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Cœur et diabète : quoi de neuf ?
un rôle certain, dose-dépendant, dans l’incidence du
diabète de type 2. Les bénéfi ces de l’arrêt du tabac
sont déterminants dans le devenir cardiovasculaire
du diabétique et seront d’autant plus importants que
cet arrêt aura été précoce. La prise en charge médica-
lisée active du sevrage tabagique doit être systémati-
quement incluse dans la prise en charge des patients
diabétiques.
Qu’apporte la génétique au clinicien ?
(D’après les communications de P. Froguel,
P. Amouyel et P. Charron)
La génétique – plus précisément la génomique – vise
à rechercher des associations entre les variants géné-
tiques et le risque de maladie, pour apporter de nou-
velles hypothèses de recherche, mesurer le risque et le
prévenir, mettre en place une recherche translationnelle
et pratiquer une médecine de précision personnalisée.
L’avenir de la génétique est dans l’étude des associations
entre variants fréquents ou rares et environnement,
pour identifi er le risque de développer une maladie
et appréhender la complexité de cette maladie ou la
susceptibilité de réponse au traitement. L’étude de
E.A. Ashley et al., parue en 2010, en constitue un très
bon exemple (3). En eff et, elle a poussé l’interprétation
du génome humain au maximum. Stephen, un individu
atteint de nombreuses anomalies familiales dont les
bilans biologique, métabolique et cardiaque sont bons,
a séquencé l’ensemble de son génome et a identifi é
tous les risques possibles (maladies et modifi cation
de la sensibilité aux traitements). Il a ensuite établi les
interactions entre gènes et environnement, dans le but
de comprendre comment la santé de l’individu peut être
conservée le plus longtemps possible en repérant ce
qui doit être corrigé dans son mode de vie.
La cardiologie recense une cinquantaine de gènes de
susceptibilité ; la génétique va informer sur l’origine
des maladies et identifi er des cibles thérapeutiques. Un
bilan cardiaque familial et un test génétique permettent
de surveiller le patient à risque ou de prédire et traiter
la maladie de façon adaptée. La pharmacogénétique
est importante aussi en cardiologie pour expliquer les
diff érences de réponse entre les individus et anticiper
les moins bons répondeurs de manière à adapter le
traitement à l’aide de produits de remplacement. En
ce qui concerne le diabète de type 2, 2 % des cas sont
monogéniques, contre 95 % de formes polygéniques.
Le diagnostic génétique des diabètes monogéniques
est désormais facile, rapide et peu onéreux. Un ques-
tionnaire clinique simple permet de rechercher la pro-
babilité de détecter une anomalie génétique à l’origine
du diabète. La génomique va ensuite permettre de
connaître les causes du diabète et, de ce fait, d’instau-
rer un traitement adapté et effi cace. La connaissance
des diabètes monogéniques a également permis de
construire des cellules β artifi cielles pour une médecine
régénératrice et pour la thérapie génique. Le diabète de
type 2 d’origine polygénique est dû à la combinaison
gènes-environnement. La génomique va alors recher-
cher le rôle de ces gènes dans la toxicité pancréatique,
dans la réponse aux diff érents traitements, dans les
complications du diabète et dans le risque de diabète.
Les nouvelles méthodologies génétiques permettent
aussi une caractérisation génétique des diabètes fami-
liaux et l’amélioration de leur prise en charge.
Dans les maladies monogéniques, le test génétique est
devenu un outil de routine qui peut aider le clinicien
dans le diagnostic, le pronostic, la prédiction ou le traite-
ment de la maladie. Dans les maladies multifactorielles,
le test génétique reste un outil de recherche. Grâce à
l’évolution des technologies, l’analyse du génome est
aujourd’hui rapide et de moins en moins onéreuse. Le
séquençage de haut ou de moyen débit permet depuis
peu de cibler des gènes de susceptibilité de diabète
ou de cardiomyopathie.
L’ischémie myocardique du diabétique
(D’après les communications de P. Henry
et C. Spaulding)
Les recommandations du dépistage de l’ischémie myo-
cardique silencieuse chez le diabétique ont connu de
nombreux changements. Malgré des recommandations
européennes peu favorables au dépistage, la recherche
d’ischémie myocardique est souvent pratiquée en
France. Cependant, le dépistage ne modifi e pas le pro-
nostic du patient : il identifi e les lésions coronaires stables
et ne sait pas prédire les lésions instables, à plus haut
risque. L’utilisation d’une échelle spécifi que au dépis-
tage est utile mais peu défi nie. Depuis peu, la Société
francophone du diabète (SFD) recommande de réaliser
un doppler carotidien et des membres inférieurs afi n
de rechercher la présence de plaques athéromateuses
pouvant être prédictives d’une maladie coronarienne
associée. Le score de calcifi cation, peu onéreux, constitue
également un moyen rapide de détecter les diabétiques
à haut risque. Chez le diabétique, un diagnostic complé-
mentaire d’insuffi sance rénale, qui aggrave le pronostic,
sera intéressant pour optimiser la prise en charge.
L’ischémie myocardique silencieuse sera donc recher-
chée chez les diabétiques à risque, c’est-à-dire ceux pré-