Éditorial Vers une prise en charge optimisée des formes graves de tumeurs germinales en France ? Toward an optimized management of poor risk germ cell tumor patients in France A u cours des 30 dernières années, l’optimisation de la chimiothérapie comportant du cisplatine et le recours à la chirurgie des masses résiduelles ont permis d’obtenir un taux de guérison dépassant 80 % pour les patients atteints de tumeurs germinales métastatiques. L’application des recommandations internationales dans le traitement des tumeurs germinales est une nécessité absolue afin d’éviter de faire perdre des chances de guérison à ces jeunes patients. Ainsi, le diagnostic pathologique – traité dans ce numéro par Philippe Camparo – et la détermination du pronostic des patients atteints de tumeurs germinales métastatiques à l’aide de la classification inter­nationale (IGCCCG) permettent d’orienter la thérapeutique et doivent donc systématiquement être réalisés de manière rigoureuse. En première ligne thérapeutique, le pivot de la prise en charge des tumeurs germinales non séminomateuses métastatiques fait appel au protocole BEP, dont les doses et le schéma d’administration ont été définis dès 1987. Ce protocole permet la guérison de plus de 95 % des patients atteints de formes métastatiques de bon pronostic, de 80 % environ de ceux atteints de formes de pronostic intermédiaire, mais seulement d’un patient sur deux parmi ceux atteints de formes de mauvais pronostic (lorsque les marqueurs sériques sont très élevés, qu’il existe des métastases viscérales extrapulmonaires ou encore lorsque la tumeur est médiastinale primitive). Ces derniers patients doivent donc nous inciter à focaliser nos efforts de recherche sur des traitements plus efficaces, ce qui implique leur inclusion systématique dans les essais thérapeutiques en cours, comme le développe Christophe Massard dans son article. 60 Les patients non guéris par une première ligne de chimiothérapie voient leur pronostic s’assombrir d’une façon certaine : ces patients doivent bénéficier de l’expertise des centres de recours, qui pourront adapter le traitement de rattrapage et discuter une éventuelle intensification avec greffe dans le cadre d’essais thérapeutiques, tels que présentés dans l’article de Christine Chevreau. Enfin, Benjamin Besse et Sylvestre Lemoulec nous rappellent l’importance primordiale d’une chirurgie experte des masses résiduelles (curage ganglionnaire rétropéritonéal mais aussi chirurgie des métastases viscérales), qui contribue clairement aux chances de guérison et ne doit pas être omise dans la prise en charge de ces patients. Les résultats des récentes enquêtes menées sur le territoire, mais aussi l’expérience personnelle de patients référés en situation d’échec thérapeutique alors que leur prise en charge initiale était à l’évidence non optimale et sans adéquation avec les standards internationaux nous ont incités à rédiger cette mise au point. Soyons clairs : si nous voulons sauver quelques vies supplémentaires, le moment est probablement venu pour notre pays de s’acheminer vers une centralisation systématique de ces jeunes patients, comme plusieurs autres pays européens l’ont déjà fait avec succès. La littérature médicale est limpide sur le sujet : à facteurs pronostiques similaires, les chances de guérison d’un patient augmentent si celui-ci est pris en charge dans une structure qui traite annuellement au moins 5 patients atteints de tumeurs germinales graves. À méditer et, surtout, à mettre rapidement en application. K. Fizazi Institut Gustave-Roussy, Villejuif. Correspondances en Onco-Urologie - Vol. II - n° 2 - avril-mai-juin 2011