LES PLANTES ENVAHISSANTES Définition : 1

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LES PLANTES ENVAHISSANTES
Définition :
1) Plante importée artificiellement depuis 1500 après J-C
2) Plante qui se multiplie rapidement et concurrence la flore indigène
Généralités
Beaucoup de plantes sont voyageuses et viennent s’installer dans les jardins et dans la nature.
Le phénomène a toujours existé au cours des millénaires, mais l’homme a acquis depuis qu’il
voyage une grande responsabilité dans les transports de graines, de plantes et de terre.
Jardiniers et botanistes font leur petit commerce et des échanges comme nous, les membres de
Jardilisle., le faisons innocemment. Lorsque nous voyageons, nous transportons aussi et sans
le savoir des graines fixées à nos vêtements et semelles ou sur les pneus de nos voitures.
Le commerce des semences se fait aussi à l’échelon planétaire : blé, riz, maïs, soja, tournesol,
colza et autre graines comestibles, Parmi ces lots de graines se cachent parfois des semences
de plantes qui deviendront envahissantes, Les mélanges de graines pour oiseaux en sont un
bon exemple. C’est un peu comme les virus et les moustiques qui circulent librement en
avion, en camion et en voiture. Si l’on veut permettre la libre circulation des personnes et des
marchandises, on s’expose à ce risque de contamination.
Le phénomène, s’il était naturel et progressif, ne causerait aucun risque pour l’environnement,
car une régulation naturelle interviendrait. Transporter des plantes d’un continent à un autre
peut causer des résultats surprenants aux conséquences incalculables.
Le phénomène ne concerne pas que les plantes, des centaines d’autres espèces sont
concernées :
Insectes : doryphore, coccinelle harmonia, moustique tigre
Oiseaux : Tadorne casarca,cygne noir cormoran, perruche
Mammifères : ragondin, vison, écureuil gris,chien viverrin, lapin de garenne, rat brun arrivé
de Russie au 19è siècle
En fin l’homme est souvent une espèce envahissante lors de guerres ou catastrophes
écologiques ou économiques provoquant des migrations massives du sud au nord ou d’est en
ouest avec des phénomènes de rejet de la part des peuples qui subissent l’invasion.
Comment une plante devient envahissante
La plante est importée en général parce qu’elle est jolie ou utile, comme la tomate ou la
pomme de terre qui a été importée d’Amérique pour ses fleurs. Elle peut végéter dans votre
jardin durant des siècles et tout à coup, elle s’est adaptée se multiplie comme le nénuphar qui
double sa surface tous les jours dans le bassin. Devenue envahissante, elle se répand alors
partout dans la nature et il devient presque impossible de l’éradiquer.
Comme exemple, je citerai la Berce du Caucase, magnifique ombellifère de 3m de hauteur à
fleur blanche, mais dont les feuilles provoquent sur la peau des brûlures si violentes et graves
que certaines personnes sont hospitalisées et meurent. Utilisée comme fourrage, elle a été
cultivé et colonise encore actuellement les environs de Moscou.
Les graines de cette plante très décorative et mellifère ont été ramenées du Caucase vers 1900
par deux botanistes italiens et confiées au célèbre botaniste et jardinier genevois Henri
Correvon qui l’a mise en culture au jardin botanique. Elle a mis environ un siècle pour
devenir une peste que l’on trouve maintenant dans les jardins et au bord des ruisseaux.
Sommes-nous aussi des sorciers maléfiques, nous qui cultivons des plantes qui envahirons la
nature au 22ème siècle ?
Quelques plantes envahissantes en Suisse
Chez nous, il existe une trentaine de plantes envahissantes notoires et une dizaine d’entre elles
posent de vrais problèmes pour l’environnement ou la santé humaine : elles font partie de la
liste noire et doivent être éradiquées de nos jardins, des cultures et de la nature. Chacun doit
se sentir concerné et les jardiniers doivent surveiller leur jardin. Mais attention, certaines
plantes sont toxiques et il ne faut pas les manipuler à mains nues et il faut parfois se munir
d’un masque qui retient les pollens. De plus, il faut les détruire par incinération et non par
compostage, processus insuffisant pour détruire les graines et les rhizomes..
L’Ambroisie à feuille d’armoise (Ambrosia artemisiifolia)
Cette plante annuelle à tige dressée pousse surtout dans les champs cultivés, les bords de
chemin et les jachères. Elle peut provoquer de violentes allergies par contact avec les fleurs et
le pollen. Cette plante a un fort pouvoir colonisateur et produit des milliers de graines. C’est
l’ennemi principal à abattre, car les dégâts sur la santé se chiffrent déjà par millions.. On
trouve une affichette descriptive dans les panneaux d’information des communes. On
l’élimine par arrachage et incinération. On trouve souvent l’ambroisie dans les endroits où les
oiseaux sont nourris et dans les champs de tournesol. Comme cette plante et toxique et pas
facile à déterminer, on peut en envoyer un échantillon au Service phytosanitaire de la station
de Changins à Nyon. J’ai été souvent contacté par des gens qui avaient confondu cette plante
avec les artémises et l’absinthe.
La renouée du Japon (Reynoutria japonica)
Cette plante mesurant 1 à 2m de haut colonise surtout les berges des ruisseaux et les bords de
routes. Elle a souvent été introduite dans les jardins comme plante d’ornement. Sa tige en zigzag permet de l’identifier facilement. La multiplication se fait par les rhizomes et un petit
fragment détaché suffit à créer une nouvelle plante.
Elle concurrence la végétation des berges et favorise l’érosion. Présente de long de nombreux
ruisseaux, on essaie de la contrôler le long de la Venoge et du Veyron. On peut la manipuler
sans danger. Il faut arracher les rhizomes et brûler les plantes, ce qui constitue un sérieux
travail. On peut utiliser un désherbant si on ne se trouve pas à proximité d’un ruisseau, car la
loi l’interdit..
Le Buddleia (Buddleia davidii)
Cette magnifique plante très populaire nous vient de Chine, C’est le fameux arbre à papillons
très courant dans nos jardins et qui fleurit en été. On peut encore l’acheter en jardinerie.
Mais voilà, il produit des millions de graines et il colonise les terrains vagues, les réserves
naturelles et les friches. Et cette plante est maintenant répandue dans toute la Suisse. Pour
lutter, on arrache les semis et l’on coupe les plantes adultes avant la floraison. Il est plus facile
de planter que d’éliminer une telle plante.
Le Robinier (Robinia pseudoacacia)
C’est un arbre qui nous vient d’Amérique (Est des USA) et que l’on a importé pour stabiliser
les talus des voies ferrées et des routes. Sa croissance est très rapide et il est très difficile de
l’arracher à cause d’un système racinaire très performant. Les racines comportent des
nodosités qui fixent l’azote, ce qui enrichit le terrain, favorisant l’apparition d’autres plantes
envahissantes.Il colonise les friches, les zones alluviales et les lisières.
Le bois du robinier est solide et résiste aux insectes et on l’utilise pour la fabrication de pieux.
Le Solidage géant (Solidago gigantea) et le Solidage du Canada (Solidago canadensis)
Ces plantes à épis jaune appelées verge d’or sont très courantes dans les jardins, les talus et
les friches. L’expansion se fait par les rhizomes et des graines poilues qui se dispersent avec
le vent (20'000 graines par plante). Le solidage étouffe la végétation indigène. L’arrachage est
très difficile, mais efficace. La fauche régulière affaiblit la plante.
Le Sénéçon du Cap (Senecio inaequidens)
Cette plante nous vient d’Afrique du Sud. Elle ressemble à une grande marguerite jaune
mesurant 50 à 150 cm. Elle colonise les friches et les pâturages. Cette plante est toxique pour
le bétail et les chevaux. Sa multiplication se fait par graines et par marcottage, On
recommande dans le canton de Vaud de lutter systématiquement contre cette plante, surtout le
long des voies de communication.
L’Ailante (Ailanthus altissima)
Il s’agit d’un arbre d’origine Est Asiatique qui peut atteindre 25 m de haut et très robuste. Il se
reproduit pas graine ou par drageonnement. Il colonise les bords de route, les friches et les
terrains vagues. Ses racines très robustes peuvent endommager les ouvrages de sécurité. Les
peuplements denses de cette plante étouffent toute autre végétation.
Le Sumac ou Vinaigrier (Rhus typhina)
Cet arbuste nous vient de l’Est des Etats-Unis. On le reconnaît à ses fruits rouges et coniques.
Très décoratif, il est assez fréquent dans les jardins. La plante est toxique et allergène. Très
résistant, il peut coloniser de nombreux milieux pionniers et il peut s’étendre facilement par
drageonnement et forme des touffes. On l’élimine surtout le long des routes et on l’arrache
des jardins publics
L’Elodée de Nutall ou peste d’eau (Elodea canadensis)
Cette plante nous vient d’Amérique du Nord. Elle colonise avec ses longues tiges les
ruisseaux et les lacs et sa reproduction est végétative. Elle n’est pas consommée par la faune
lacustre et concurrence les plantes aquatiques indigènes. C’est une plante courante des
aquariums et c’est en vidangeant ces derniers que les morceaux de plante ont colonisé les
mieux naturels. On intervient dans les ports et les zones de baignade.
La lutte s’organise en Suisse romande
L’ODE (ordonnance sur la dissémination dans l’environnement) oblige les cantons à prendre
des mesures contre les organismes dangereux pour l’environnement, les animaux et les
plantes.
La lutte a commencé à Genève, suite à des études conduites par le Conservatoire et jardin
botanique. Genève a été le premier canton touché, ce qui explique son avance. Elle s’est
poursuivie à Neuchâtel suite à des études de l’Institut de botanique, puis Vaud, Fribourg et
Valais ont suivi.
La tâche est telle que chacun doit se sentir concerné. Les moyens financiers sont largement
insuffisants et on agit en priorité dans les cultures, les bords de routes et les réserves
naturelles.
Les principaux intervenants sont les voyers, les agriculteurs et les forestiers qui ont tous à
gérer de grandes surfaces.
Conclusion
Faut-il laisser faire ou intervenir ? pour certaines plantes, le combat semble déjà perdu et il
faut s’attendre à la disparition d’une partie de notre flore indigène qui sera remplacée par des
néophytes. La biodiversité actuelle est menacée, mais la nature n’a rien de fixe et elle a connu
d’autres évènements dans le passé et il y en aura dans le futur avec le réchauffement
climatique. Le nombre total de plantes reste assez constant dans un milieu donné, mais la
composition floristique va changer.
Je dois préciser que tous les continents sont touchés par les envahisseurs et que certaines de
nos gentilles plantes indigènes sont des pestes aux USA ou en Australie. La Chine et le Japon
ont-ils peur du péril Suisse en important des vacherins contenant d’horribles bacilles ?
Mais dans notre jardin on peut tout de même faire un effort avec certaines plantes exotiques,
comme le laurier cerise toxique qui s’échappe facilement dans la nature et les plantes
envahissantes inscrites à la liste noire qui sont les plus dangereuses pour l’environnement.
Internet : www.cps-skew.ch/francais/liste_noire.htm
Bernard Dufour, octobre 2008
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