Cancers urologiques DOSSIER THÉMATIQUE Urological cancers Cancer du rein

54 | La Lettre du Cancérologue Vol. XX - n° 1 - janvier 2011
DOSSIER THÉMATIQUE
Rétrospective 2010
Cancers urologiques
Urological cancers
P. Beuzeboc*
* Département d’oncologie médicale,
Institut Curie, Paris.
Cancer du rein
Biologie
Revue systématique des syndromes 
héréditaires (1)
Les cancers héréditaires représentent 3 à 5 % des
carcinomes rénaux. Dix syndromes héréditaires ont
été crits, transmissibles sur un mode autosomique
dominant. Huit gènes ont été identifiés (VHL, MET,
FH, FLCN, TSC1, TSC2, CDC73 et SDHB) dans un ou
plusieurs sous-types (carcinomes à cellules claires,
papillaires, chromophobes, etc.). Ces tumeurs sont
le plus souvent bilatérales et multiples. La tomoden-
sitométrie (TDM) et l’IRM sont les examens de choix
pour la surveillance, mais aucune recommandation
nest établie pour l’IRM. Les traitements conservateurs
doivent être privilégiés, sauf en cas de léiomyomatose.
Tests génomiques ou transcriptomiques 
prédictifs (ARN interférence)
Le consortium européen multidisciplinaire PREDICT
(Personalised RNA interference to Enhance the Delivery
of Individualised Cytotoxic and Targeted therapeutics)
s’est organisé pour accélérer le développement de
biomarqueurs prédictifs de l’efficacité d’agents
anticancéreux, en l’occurrence antiangiogéniques
et inhibiteurs de mTOR (2). Le but est d’identifier
les voies de signalisation importantes pour la survie
et la croissance des cellules cancéreuses.
Chirurgie
Néphrectomie partielle par robot  
pour des tumeurs de plus de 4 cm (3)
Cette étude comparative, unicentrique et rétros-
pective a analysé 71 cas consécutifs de néphrectomie
partielle robotisée : 15 pour des tumeurs de plus de
4 cm (groupe 1) et 56 pour des tumeurs de taille
inférieure ou égale à 4 cm (groupe 2). Malgré une
tendance à un allongement de la durée opératoire
totale dans le groupe 1, la durée de clampage était
le seul paramètre peropératoire significativement
accru : elle était de 25 mn (extrêmes : 20-30) dans
le groupe 1, versus 20 mn (extrêmes : 14-25) dans
le groupe 2 (p < 0,001). Les taux de complica-
tions peropératoires étaient comparables dans les
2 groupes.
Autres types d’interventions
A. Alcaraz et al. ont montré la faisabilité d’une
néphrectomie par voie transvaginale assistée par
laparoscopie (4).
F. Pouliot et al. ont fait le point sur la prise en charge
actuelle des tumeurs avec thrombus veineux (5).
Le type d’approche chirurgicale, ouverte ou laparos-
copique, d’une néphrectomie partielle a peu de
retentissement sur la fonction rénale (6).
Traitement antiangiogénique
néo-adjuvant
Des données préliminaires relatives à 30 patients
– en attendant les résultats des études rando-
misées – ont montré qu’un traitement préopéra-
toire par sorafénib dans les cancers de stades ≥ II
est possible et n’entraîne pas de complications
postopératoires (7).
Traitement de première ligne des formes
métastatiques
Effets indésirables des traitements par sunitinib 
et par interféron-bévacizumab : comparaison des 
coûts induits (8)
Le coût moyen induit par les effets indésirables de
grade 3-4 est nettement plus important pour le
sunitinib que pour l’association interféron-bévaci-
zumab : 1 475 versus 804 euros au Royaume-
Uni, 1 785 versus 1 367 euros en Allemagne et
2 590 versus 1 618 euros en France. Un important
critère de choix pour les Anglais…
La Lettre du Cancérologue Vol. XX - n° 1 - janvier 2011 | 55
Résumé
L’année 2010 a été marquée,pour les cancers du rein, par l’avènement du pazopanibe en première ligne des 
formes métastatiques et par l’échec de l’association bévacizumab-temsirolimus dans l’étude TORAVA. On 
se souviendra de 2010 comme de l’année des grands bouleversements, avec 4 études de phase III positives 
permettant l’enregistrement du sipuleucel-T, du cabazitaxel, de l’abiratérone et du dénosumab dans les 
cancers métastatiques résistants à la castration. Il faut aussi relever les résultats encourageants de l’étude 
REDUCE avec le dutastéride et les espoirs suscités par le MDV3100.La radiothérapie(RT) n’est pas en 
reste avec la confirmation des bons résultats à 15 ans de la curiethérapie et à 10 ans de l’étude EORTC de 
M. Bolla et al., mais aussi avec les données des études canadiennes et françaises confirmant la supériorité 
de l’association RT-hormonothérapie (HT) sur l’HT seule dans les formes localement avancées. Le cancer de 
la vessie reste le “parent pauvre”des traitements ciblés.Le sunitinib après chimiothérapie (CT) s’est montré 
décevant et toxique. Dans les cancers du testicule,il n’existe qu’un BEP,le schéma sur 3 jours donnant des 
résultats inférieurs.Les complications cardio-vasculaires de la CT sont très rares mais peuvent être graves.
Dans les cancers du pénis,pour les lésions de grade 3 et de stade pT2-4,le curage extensif(> 8 ganglions 
versus < 8 ganglions) améliore la survie globale à 5 ans.
Mots-clés
Cancer du rein
Cancer de la prostate
Cancer de la vessie
Cancer du testicule
Cancer du pénis
Highlights
The efficacy of pazopanib in first
line metastatic treatment and
the failure of the bevacizumab-
temsirolimus combination in the
TORAVA study have been the
more notable events concer-
ning kidney cancer in 2010. The
data of 4 phase III trials have
overturned the 2010 year and
have permitted the registra-
tion of sipuleucel-T, cabazitaxel,
abiraterone and denosumab in
metastatic castration-resistant
prostate cancer. The effect of
dutasteride on the prevention of
prostate cancer (REDUCE study)
and the antitumour activity
of MDV3100 are also very
encouraging. Updated reports
have confirmed the benefit
at 10 years of the EORTC trial
(Bolla) and at 15 years of
brachytherapy. The two Cana-
dian and French randomised
phase III trials have proved
the impact of radiotherapy
combined with androgen depri-
vation (ADT) versus ADT alone
in locally advanced tumours.
Few targeted treatments are
developed in bladder cancer.
Sunitinib following chemo-
therapy is toxic and disap-
pointing. In testicular cancer,
the classical BEP remains still
the standard of care, the 3-days
regimen is less efficient. The
cardio-vascular complications
secondary to chemotherapy are
rare but can be severe. Exten-
sive inguinal lymphadenec-
tomy (> 8 lymph nodes versus
< 8 lymph nodes) improves
overall 5-year survival in penile
cancer patients with grade 3
and pT2-4 tumours.
Keywords
Kidney cancer
Prostate cancer
Bladder cancer
Testicular cancer
Penile cancer
Le pazopanib concurrencera-t-il prochainement 
le sunitinib ?
Le pazopanib est un autre inhibiteur oral de tyrosine
kinase (ITK) bloquant les récepteurs de VEGFR, de
PDGFR ainsi que de c-Kit. Une première étude,
publiée par T.E. Hutson et al. (9), a démontré son
efficaci: le taux de réponse objective (RO) est de
35 %, la médiane de survie sans progression (SSP)
est de 52 semaines, résultats assez similaires à
ceux du sunitib dans l’étude de phase III d’enre-
gistrement.
Une étude randomisée (2:1) de phase III ayant inclus
435 patients a comparé le pazopanib (800 mg/j) au
placebo en première ligne (n = 233) ou après une
immunothérapie (n = 202) [10]. La SSP (critère de
jugement principal) était de 9,2 versus 4,2 mois
(HR = 0,46 ; IC95 : 0,34-0,62 ; p = 0,0001), en faveur
du bras pazopanib. Le taux de RO du pazopanib était
de 30 %, que les patients aient déjà été traités par
immunothérapie ou non. Cette molécule a un profil
de tolérance assez superposable à celui des autres
ITK (l’incidence d’effets tels que la diarrhée, les
nausées et vomissements, l’anorexie, l’hypertension
ou la décoloration des cheveux est supérieure
à 20 %, tous grades confondus). Une toxicité
hépatique (cytolyse hépatique), survenant dans
les 4 premiers mois de traitement, a été retrouvée
chez 12 % des patients.
Lefficacité et la tolérance du pazopanib sont en cours
d’évaluation dans le cadre d’une étude de phase III
versus sunitinib en première ligne métastatique.
La place réelle du pazopanib en première ligne sera
alors précisée.
Biomarqueurs prédictifs dans l’étude TARGET
Dans l’étude TARGET, qui a comparé sorafénib et
placebo chez 903 patients, les taux plasmatiques de
VEGF, de CAIX, de TIMP-1 et de Ras p21 sont pronos-
tiques de survie. Parmi eux, TIMP-1 émerge comme
un facteur indépendant en analyse multivariée (11).
Études CALGB 90206 et AVOREN
L’analyse finale des études de phase III CALGB 90206
(12) et AVOREN (13), comparant l’interféron seul
à l’association interféron-bévacizumab, ne montre
pas d’amélioration statistiquement significative de
la survie globale (SG).
Traitement de deuxième ligne
Devenir des patients métastatiques après 
échec d’une première ligne d’antiangiogénique
Les données rétrospectives de 216 patients de
7 centres américains (14), ayant reçu en deuxième
ligne soit une nouvelle ligne d’antiangiogénique
(sunitinib : 93 patients ; sorafénib : 80 patients ;
bévacizumab : 11 patients ; axitinib : 8 patients), soit
un inhibiteur de mTOR (temsirolimus : 21, évéro-
limus : 3), ont montré que le temps médian jusqu’à
échec de la deuxième ligne était de 4,9 mois pour
les anti-VEGF et de 2,5 mois pour les inhibiteurs de
mTOR. La SG à partir de la deuxième ligne n’était
pas significativement différente, respectivement de
14,2 et de 10,6 mois (p = 0,38).
Évérolimus : résultatsfinaux de l’étude RECORD-1 
et analyse des facteurs pronostiques (15)
L’analyse intermédiaire de l’étude de phase III
RECORD-1 (n = 416) a montré la supériorité de
l’évérolimus sur le placebo. La médiane de SSP était
de 4,9 versus 1,9 mois (HR = 0,33 ; p < 0,001) selon
une revue centralisée indépendante. En revanche,
la médiane de SG était de 14,8 versus 14,4 mois
(HR = 0,87 ; p = 0,162), mais il y a eu un crossover
pour 80 % des patients du bras placebo. En tenant
compte du crossover, la survie corrigée était 1,9 fois
plus longue avec l’évérolimus. Un faible Performance
Status (PS), une élévation de la calcémie, un taux
faible d’hémoglobine et un traitement antérieur par
sunitinib étaient des facteurs pronostiques indépen-
dants de diminution de la survie.
Étude de phase II, sorafénib chez des patients 
réfractaires au sunitinib ou au bévacizumab : une 
activité modeste (16)
Dans cette étude ayant inclus 48 patients, le
traitement par sorafénib était commencé à la dose
de 400 mg × 2/j. Une escalade de dose était possible.
Une seule RO, non confirmée, a été observée. La SSP
a été de 4,4 mois (IC95 : 3,6-5,9).
Temsirolimus hebdomadaire après traitement 
inhibiteur de VEGF
Dans une étude rétrospective américano-
canadienne portant sur 87 patients, le taux de
Figure. Étude TORAVA (1) : schéma de l’étude (d’après Escudier B et al., abstr. 4516).
Étude de phase II, multicentrique, randomisée, 3 bras
n = 80
* Facteurs de stratication
• centre
• ECOG PS (0-1 versus 2)
Critère principal :
taux de non-progression à 48 semaines
Temsirolimus : i.v. 25 mg/sem.
Bévacizumab : i.v. 10 mg/kg toutes les 2 sem.
Sunitinib : p.o. 50 mg/j - 4 sem.-2 o
Interféron α : s.c. 9 MU × 3/sem.
n = 40
n = 40
A
B
C
• mRCC
• PS 0-2
• ≥ 18 ans
• Maladie mesurable (RECIST)
• Pas de métastase cérébrale
Temsirolimus + bévacizumab
Sunitinib
Bévacizumab + interféron α
(2:1:1)
R*
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Cancers urologiques
DOSSIER THÉMATIQUE
Rétrospective 2010
réponse RECIST (Response Evaluation Criteria In
Solid Tumors) a été de 5 %, avec 65 % de stabilisa-
tions, une médiane de temps jusqu’à progression
de 3,9 mois (IC95 : 2,8-4,8) et une médiane de SG
de 11,2 mois (17).
Reprise du sunitinib chez des patients 
sélectionnés
Létude rétrospective de 25 patients ayant reçu
du sunitinib suivi d’un autre traitement après
progression a montré que la reprise du sunitinib
permettait d’obtenir une RO dans 22 % des cas
(18). Les SSP initiale et lors de la reprise du
sunitinib étaient respectivement de 13,7 et de
7,2 mois. La SSP était plus importante lorsque
l’intervalle libre était supérieur à 6 mois (16,5
versus 6,0 mois).
Associations de traitements ciblés
Étude de phase II TORAVA (19)
Cette étude multicentrique, qui randomisait (2:1)
les patients, en première ligne métastatique, selon
les groupes parallèles – temsirolimus + bévaci-
zumab, sunitinib, bévacizumab + interféron α
(figure) –, posait 2 questions : la combinaison des
2 molécules en première ligne métastatique a-t-elle
un effet synergique ou additif ? La toxicité est-elle
acceptable ?
Les arrêts précoces liés à une mauvaise tolérance
de l’association temsirolimus + bévacizumab
représentent une des explications possibles de la
négativité de cet essai.
Bévacizumab-évérolimus en phase II (20)
Deux groupes de patients (50 patients en première
ligne et 30 patients déjà traités) ont reçu une
association de bévacizumab (10 mg/kg i.v. toutes
les 2 semaines) et d’évérolimus (10 mg/j p.o.). Les
médianes de SSP étaient respectivement de 9,1 et
de 7,1 mois, les taux de réponse, de 30 et de 23 %.
La tolérance a été acceptable. Il faut noter un taux
de protéinurie de grade 3-4 plus important qu’at-
tendu (25 %).
Étude de phase I/II du sunitinib  
avec le géfitinib (21)
Cet essai, qui a inclus 42 patients, a permis de
fixer la dose maximale tolérée (DMT) du sunitinib
à 37,5 mg/j 4 semaines sur 6 en association avec
250 mg/j de géfitinib. L’efficacité s’est montrée
comparable à celle du sunitinib seul (taux de RO
de 37 %, taux de stabilisation de 34 %).
Étude de phase I d’escalade de dose 
du trémélimumab et du sunitinib (22)
Sur la base de la potentialisation additive ou syner-
gique des effets antitumoraux par immunostimu-
lation, 28 patients ont reçu, toutes les 12 semaines,
6, 10 ou 15 mg/kg de trémélimumab (anticorps
anti-CTLA4), associés à 50 mg/j de sunitinib
4 semaines sur 6 ou 37,5 mg/j en continu. Cette
combinaison s’est révélée toxique, avec, notamment,
la survenue d’une insuffisance rénale aiguë
inattendue, dont le mécanisme reste à déterminer.
Métastases osseuses et cérébrales
Effet négatif de la présence de métastases 
osseuses (23)
Une étude rétrospective portant sur 223 patients
métastatiques, traités par sunitinib dans 4 centres
français et belges, a montré, avec un suivi de 40 mois,
que la SSP et la SG étaient significativement plus
courtes en cas de présence de métastases osseuses :
elles étaient, respectivement, de 8,2 versus 19,1 mois
(p < 0,0001) et de 19,5 versus 38,5 mois (p < 0,0001).
En analyse multivariée, la présence de métastases
osseuses apparaît comme un facteur indépendant.
À ajouter aux critères du Memorial Sloan-Kettering
Cancer Center, validés avec le sunitinib (24) ?
Le sorafénib pourrait avoir une action préventive 
sur la survenue de métastases cérébrales (25)
Létude de 139 patients traités dans 2 institutions
(institut Gustave-Roussy et Central Clinical Hospital
La Lettre du Cancérologue Vol. XX - n° 1 - janvier 2011 | 57
DOSSIER THÉMATIQUE
of Military Medical Academy de Varsovie) a retrouvé
une baisse significative de l’incidence de métas-
tases cérébrales de 3 % (2/70) dans le bras sorafénib,
versus 12 % dans le bras placebo (8/69) [p < 0,005].
Le sunitinib en cas de métastases cérébrales(26)
À partir d’une base de données de 4 564 patients
(provenant de 52 pays) traités dans un programme
d’expansion, 321 (7 %) présentaient des métastases
à l’inclusion ; ils ont reçu une médiane de 3 cycles
de sunitinib. Parmi les 213 patients évaluables, le
taux de réponse a été de 12 % (26 patients). Les
médianes de SSP et de SG ont été de 5,6 mois
(IC
95
: 5,2-6,1) et de 9,2 mois (IC
95
: 7,8-10,9). Le
profil de tolérance a été comparable a celui observé
habituellement.
Sujets âgés
Techniques “ablatives” (27)
Le développement de la radiofréquence et de la
cryothérapie a modifié le traitement des petites
tumeurs (de moins de 4 cm). Ces techniques
exposent à plus de rechutes locales. La morbidité
n’est pas négligeable, le taux de complications
pouvant approcher les 10 %. Avant d’envisager un
traitement local chez les sujets âgés, l’espérance
de vie et les comorbidités des patients doivent
également être prises en compte.
Le traitement desformes métastatiques doit 
être, dans la mesure du possible, identique à celui 
du sujet jeune (28)
Les études de phase III ont inclus des patients de
plus de 80 ans. Aucune adaptation de dose au départ
n’est recommandée.
Place du sorafénib (29)
La moitié des cancers du rein sont diagnostiqués
après 65 ans. L’incidence des effets indésirables
n’apparaît pas plus élevée chez le sujet âgé que chez
le sujet jeune. Le sorafénib représente une option
thérapeutique particulièrement intéressante dans
ce cas.
Imagerie
N. Lassau et al. ont rapporté que l’évaluation précoce
par échographie dynamique avec contraste, avant
traitement et à J15 du suninitib (50 mg/j 4 semaines
sur 6), pouvait prédire l’efficacité du traitement (30).
Formes juvéniles avec translocation Xp11
(TFE3 nucléaire +)
Les formes juvéniles avec translocation Xp11 (TFE3
nucléaire +) représentent 15 % des tumeurs rencon-
trées avant 45 ans.
Une étude française (31) sur les caractéristiques
cliniques et biologiques de 54 patients présentant
une tumeur juvénile TFE3 et TFEB a retrouvé un âge
moyen de 24 ans (extrêmes : 1-64) et un sex-ratio
de 1:1. La tumeur était localisée dans 65 % des cas
et métastatique dans 35 % des cas. En analyse
univariée, il existe une association entre la survie
sans récidive, le stade et l’atteinte ganglionnaire.
Avec un suivi médian de 19,2 mois, la SG à 3 ans
était de 14,3 % en cas de tumeurs métastatiques et
de 70,6 % en l’absence de métastases.
Sur le plan thérapeutique, parmi 21 patients métas-
tatiques (32), 7 ont présenté une RO à un traitement
ciblé. En première ligne, la SSP était de 8,2 mois
(IC
95
: 2,6-14,7) pour le sunitinib versus 2 mois
(IC95 : 0,8-3,3) en cas d’utilisation de cytokines.
Cancer de la prostate
Biologie
Un ensemble de marqueurs de transcripts de
fusion TMPSS2 : ERG dans les urines devrait aider
à la détection des cancers de la prostate avec une
spécificité et une sensibilité importantes (33).
Aucune association n’a été retrouvée entre la
présence du gène de fusion TMPRSS2 : ERG et le
pronostic dans une série de 178 cas traités par
hormonothérapie (34). En revanche, l’expression
de SPINK1 retrouvée en immunohistochimie dans
environ 10 % des cancers, est associée à une forme
agressive de la maladie et pourrait servir de biomar-
queur dans les tumeurs traitées par hormono-
thérapie.
Un à deux pour cent des tumeurs ont des trans-
locations impliquant les gènes RAF ou BRAF (35).
Elles pourraient peut-être bénéficier dans l’avenir
de traitements ciblés spécifiques.
La surexpression d’HER2 a fait l’objet d’une
méta-analyse de 38 articles publiés entre 1991
et 2008 (36). Les données ne sont pas faciles à
analyser du fait de l’hétérogénéité des techniques.
Si une surexpression 2+ ou 3+ en immuno-
histochimie a été retrouvée dans 31 % des cas
(6 744 tumeurs évaluables), il n’y a pas en général
d’amplification du gène. Cette surexpression est
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Cancers urologiques
DOSSIER THÉMATIQUE
Rétrospective 2010
associée à un risque plus élevé de décès (RR = 1,63 ;
IC95 : 1,47-1,82 ; p < 0,0001). Elle est également
corrélée avec un score de Gleason supérieur à 7,
mais pas avec le stade ni le taux de PSA (Prostate-
Specific Antigen).
Facteurs de risque
Exposition au chlordécone et risque de prostate 
de cancer : une accumulation de preuves (37)
Le chlordécone, insecticide organochlorine
aux propriétés estrogéniques bien connues, est
largement utilisé aux Antilles françaises (dans la
culture de bananes), et contamine la population
depuis plus de 30 ans. Une étude cas-témoins de
l’Inserm (623 patients avec un cancer de la prostate,
671 témoins) a montré une élévation du risque
corrélée avec l’augmentation de la concentration
des taux plasmatiques de chlordécone (OR = 1,77 ;
IC
95
: 1,21-2,58 pour le tertile le plus élevé au-dessus
de la limite de détection ; p = 0,002) et avec l’indice
d’exposition cumulée (OR = 1,73 ; IC
95
: 1,04-2,88
pour le quartile le plus haut ; p = 0,04). Des associa-
tions plus fortes étaient observées chez les patients
ayant des antécédents familiaux ou ayant vécu
dans des pays occidentaux. Les effets carcinogènes
pourraient être plus importants pour certains
variants du gène de la chlordécone réductase,
rs3829125 et rs17134592, dont la protéine a une
activité enzymatique plus faible.
Surpoids et obésité
Le surpoids et l’obésité (IMC > 30 kg/m2) sont la
cause d’une augmentation de la mortalité par cancer
dans la zone Asie-Pacifique. Le risque relatif (RR) est
de 1,5 (0,97-2,19) pour le cancer de la prostate (38).
Prévention
Par rapport à l’essai avec le finastéride, l’étude
REDUCE (REduction by DUtastéride of prostate
Cancer Events) présente la particularité de s’adresser
à une population bien sélectionnée (39). Multicen-
trique, randomisée, en double aveugle, en groupes
parallèles, elle a comparé le dutastéride à la dose
de 0,5 mg/j à un placebo chez des patients âgés
de 50 à 75 ans ayant un taux de PSA entre 2,5 et
10 ng/ ml et ayant eu une seule série de biopsies
(6-12 biopsies) négative dans les 6 mois précédant
l’inclusion. Une biopsie guidée par échographie trans-
rectale était alisée à 2 et 4 ans. Les dones du
PSA étaient masquées pour maintenir l’aveugle (le
taux de PSA étant diminué de moitié environ par
le dutastéride).
Parmi les 6 729 hommes ayant eu une biopsie ou
une chirurgie prostatique, un cancer a été détecté
chez 659 des 3 305 patients du groupe dutastéride et
chez 858 des 3 424 hommes du groupe placebo, ce
qui représente une réduction du RR de 22,8 % (IC
95
:
15,2-29,8) sur une période de 4 ans (p < 0,001).
Durant les quatre premières années, 220 patients
sur 3 299 ont présenté une tumeur de Gleason de
grade 7 à 10 dans le bras dutastéride versus 233
sur 3 407 dans le groupe placebo (p = 0,81). Durant
les troisième et quatrième années, 12 tumeurs de
Gleason de grade 8 à 10 ont été relevées dans le bras
dutastéride versus une seule dans le bras placebo
(p = 0,003).
Il y avait également, dans le groupe dutastéride,
moins de PIN (lésions précancéreuses) de haut grade
(3,7 versus 6,0 %, réduction du RR de 39,2 % ; IC95 :
24,2-51,1 ; p < 0,001).
Le dutastéride diminue aussi le risque de rétention
aiguë d’urine (1,6 versus 6,7 %, soit une réduction
du RR de 77,3 %).
Le taux d’effets indésirables était comparable dans
les 2 groupes, sauf pour l’insuffisance cardiaque,
plus élevée dans le groupe dutastéride : 0,7 %
(n = 30) versus 0,4 % (n = 16) ; p = 0,03 (il n’y avait
néanmoins pas de différences en termes d’événe-
ments cardiaques entre les 2 groupes). Une baisse
de la libido était observée chez 3,3 % des patients du
groupe dutastéride versus 1,6 % de ceux du groupe
placebo (p < 0,001), et des troubles de la fonction
érectile dans 9 % versus 5,7 % des cas (p < 0,001).
Les auteurs ont conclu à la double prévention par
le dutastéride sur 4 ans du risque de cancer et
des complications de l’hyperplasie bénigne de la
prostate.
Un traitement par aspirine journalier pendant
5 ans ou plus diminue non seulement le risque de
cancer colorectal mais aussi celui d’autres cancers,
comme le montrent les données de 8 études
contrôlées avec un total de 25 570 patients et
674 décès par cancer (40). La réduction du risque
de décès à 20 ans est plus marquée pour les adéno-
carcinomes (HR = 0,66 ; IC
95
: 0,56-0,77 ; p < 0,001) ;
elle représente un bénéfice absolu de 7,08 % à partir
de 65 ans. Pour le cancer de la prostate, aucun
bénéfice significatif n’a été retrouvé (HR = 0,81 ;
IC95 : 0,61-1,06 ; p = 0,12).
Une méta-analyse des essais randomisés évaluant
les inhibiteurs du récepteur de l’angiotensine
(sartans) dans le cadre du traitement de l’hyper-
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