Images en Dermatologie • Vol. IV • n° 2 • mars-avril 2011
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Mise au point
Ainsi, des mutations activatrices de la
guanine nucleotide
binding protein(G protein) Q
sont observées chez40 à 50 % des
mélanomes choroïdiens. Les mutations du codon209 bloquent
cette protéine dans une forme activée qui stimule de façon
continue la voie MAPK avec phosphorylation de ERK. Parmi les
patients avec mélanome de l’uvée sans mutations de type GNAQ,
50 % présentaient une mutationGNA11. Vingt-cinq pour cent
des mélanomes de l’uvée ont ainsi une mutationGNA11. Ces
deux mutationsGNAQ etGNA11 sont exclusives l’une de l’autre.
Alors que les lignées avec GNAQ
wild-type
sont résistantes
à un inhibiteur de MEK, AZD6244, les lignées GNAQ mutées
sont sensibles. Une étude contrôlée évaluant l’AZD6244 contre
témozolomide est en cours.
Des perspectives nouvelles :
vers des combinaisons de traitement
“à la carte”
Les traitements médicaux par les chimiothérapies classiques
utilisées de façon uniforme quelle que soit la nature du méla-
nome restent très décevants dans la prise en charge des méla-
nomes métastatiques. La nouvelle classification moléculaire
des mélanomes a permis d’identifier la voie MAPK comme une
cible majeure avec la mise en jeu de différents effecteurs. Nous
disposons dès à présent d’inhibiteurs de ces effecteurs, mais
il est évident qu’ils seront à l’avenir de plus en plus nombreux
et spécifiques. Il apparaît dès lors important, dans la prise
en charge des mélanomes de mauvais pronostic, de pouvoir
classer ces mélanomes sur le plan moléculaire afin de proposer,
le cas échéant, une thérapeutique ciblée, et ce dès aujourd’hui.
La cascade d’activation de la voie MAPK est toutefois fort
complexe, comme l’illustrent des activations paradoxales lors
de l’emploi d’inhibiteur de BRAF V600E passant par l’activation
deRAF1 favorisée par la présence de mutation de NRAS. Une
“cartographie” complète est donc nécessaire pour à la fois
juger au mieux des résultats et définir à l’avenir les combinai-
sons d’inhibiteurs de la voie MAPK.
En outre, ces traitements ne sont pas sans risque : le dévelop-
pement, par exemple, de kérato-acanthomes et de carcinomes
épidermoïdes avec leRO5185426 témoigne de l’activation
compensatrice deBRAF non muté dans des cellules normales
à l’origine d’un signal de prolifération.
Il est certain que nous sommes au début de l’utilisation de
ces inhibiteurs spécifiques des voies de signalisation. Cette
stratégie thérapeutique ne doit pas faire oublier les récents
progrès rapportés dans le mélanome avec la modulation de la
réponse immunitaire par les anti-CTLA4 (ipilimumab).
Les combinaisons d’inhibiteurs spécifiques des voies de signa-
lisation, d'immunomodulateurs et de chimiothérapies sont
nombreuses. Celles-ci devront être évaluées en prenant en
compte de la “carte génétique” des mélanomes pour pouvoir
proposer un traitement adapté à chaque type de mélanome.
Beaucoup d’avancées et d’espoir s’annoncent pour les années
à venir. Nous, et surtout nos patients, en avions besoin.
II
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