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blent de prime abord plus efficaces. Un autre
espoir réside dans l’élaboration de vaccins non
plus peptidiques mais à vecteurs. Les virus
sont bien sûr très étudiés, mais des équipes de
l’INSERM, de l’Institut Curie et du CNRS
explorent de nouvelles voies pour amplifier la
réponse immunitaire via des exosomes ou la
toxine de Shiga. Tout cela reste actuellement
du domaine de la recherche. L’ingénierie géné-
tique pourrait elle aussi avoir son mot à dire.
On discute notamment autour d’une étude
autrichienne sur les oligonucléotides anti-sens
de Bcl-2, un gène exprimé par 90 % des cel-
lules de mélanome humain qui les protège
contre l’apoptose induite par les agents chi-
miothérapeutiques. Ces oligonucléotides ont
permis, chez des patients atteints de méla-
nome malin avancé, une amélioration notable
de la réponse à la chimiothérapie.
En bref, le mélanome est difficile à traiter de par
la complexité des phénomènes biologiques, et
la mortalité reste élevée. Seules des stratégies
innovantes dans la prise en charge des tumeurs
pourront en venir à bout.
Lucie Galion
Mélanomes
ciens. L’essor de la microscopie de surface par
épiluminescence devra passer par une standar-
disation de la technique, afin d’en faire un
outil plus accessible.
Les avancées dans les connaissances de la géné-
tique du mélanome constitueront un point
important. L’analyse moléculaire permettra de
mieux déterminer le potentiel métastatique des
mélanomes diagnostiqués précocement.
L’exploration morphologique reste encore pré-
dominante, mais l’analyse moléculaire prendra
de plus en plus d’importance.
On attend beaucoup des prochaines thérapeu-
tiques qui découlent des progrès de la
recherche fondamentale et de l’amélioration
du diagnostic. Les voies en cours d’exploration
sont nombreuses, toutes plus prometteuses les
unes que les autres.
Déjà, les travaux sur les cytokines permettent
d’envisager des changements dans la prise en
charge des mélanomes localement avancés.
Plusieurs essais cliniques sur l’interféron à
haute dose comme agent adjuvant ont fait de
cette cytokine une option intéressante pour
certaines formes graves de mélanome, même
si les avantages exacts en termes de survie glo-
bale restent encore quelque peu discutés.
Autre voie d’immunothérapie : l’interleukine
(IL), déjà utilisée dans le mélanome aux États-
Unis. Actuellement indiquée uniquement pour
certains cancers du rein métastasés, elle fera
l’objet de nouveaux essais multicentriques,
réalisés par l’Institut Curie en France. L’un des
enjeux majeurs de ces études sera de trouver la
meilleure posologie, eu égard à la grande toxi-
cité du produit.
Certes, les résultats ne sont pas immédiats, car,
pour l’instant, une réponse n’a été obtenue que
pour un petit nombre de cas. D’autres cyto-
kines sont également à l’étude, comme le
Tumor Necrosis Factor (TNF), qui facilite la pré-
sentation des antigènes aux lymphocytes T par
les cellules dendritiques, ou l’IL-12, qui facilite
l’infiltration des cellules T dans les tumeurs.
Des protocoles de vaccination curative sont en
cours d’élaboration pour certaines formes
inopérables. Il y a quelques années, les pre-
miers essais cliniques de vaccins s’étaient avé-
rés décevants. Mais l’identification d’antigènes
plus spécifiques aux cellules tumorales a per-
mis d’élaborer des candidats vaccins qui sem-
Professions Santé Infirmier Infirmière - No38 - juin-juillet 2002
LIBÉRALE
Comment
reconnaître un mélanome ?
L’aspect d’un mélanome peut varier de façon impor-
tante mais il présente souvent une ou plusieurs carac-
téristiques :
–modification de forme, de couleur ou de taille d’un
grain de beauté ;
–asymétrie : seule une partie du grain de beauté
change d’aspect et se distingue singulièrement du
reste ;
–bordure : les bords du grain de beauté deviennent
irréguliers, la pigmentation pouvant même parfois
envahir la peau ;
–coloration : la couleur du grain de beauté perd son
homogénéité, des zones dépigmentées apparaissent,
voire des taches grises, rouges ou bleues ;
–diamètre : la taille du grain de beauté augmente
(> 6 mm) ;
–élévation ou évolution progressive.
Source : Institut Curie
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