Les douleurs pelvi-périnéales Blocs du périnée RÉSUMÉ • RÉSUMÉ • RÉSUMÉ • RÉSUMÉ • RÉSUMÉ • RÉSUMÉ • RÉSUMÉ • RÉSUMÉ • RÉSUMÉ • ■ M. Bensignor* RÉSUMÉ • RÉSUMÉ • L’existence de conflits d’origine neuro-ligamentaire avec le nerf pudendal, au niveau de la pince postérieure (ligament sacro-épineux et ligament sacro-tubéral) ou au contact du prolongement falciforme du ligament sacro-tubéral dans le canal pudendal d’Alcock, justifie la réalisation d’infiltrations à visée diagnostique et thérapeutique. De nombreuses douleurs semblent médiées ou amplifiées par le sympathique, ce qui permet d’envisager des blocs périduraux à différents niveaux. MOTS-CLÉS : douleur périnéale ; névralgie pudendale ; coccygodynie ; douleur anorectale * Unité d’évaluation et traitement de la douleur, clinique Viaud, 40, rue Fontaine de Barbin, 44000 Nantes. Tél. : 02 40 37 26 26. Fax : 02 40 37 26 50. E-mail : [email protected] BLOCS Trois abords principaux ont été décrits : périnéal et transfessier à l’épine sciatique ou dans le canal d’Alcock. Certains gynécologues pratiquent également des blocs paracervicaux dans des indications spécifiques, en particulier obstétricales. Voie périnéale La technique classique décrite dans les manuels d’anesthésie locorégionale (Moore, 1970) consiste en un abord périnéal conduit par un toucher rectal en dedans de la branche ischiopubienne. Elle est inconfortable et peu précise pour le patient comme pour l’opérateur. Elle ne permet pas d’accéder à l’épine sciatique, siège des conflits les plus fréquents. Elle doit donc être abandonnée. Voie transfessière à l’épine sciatique L’épine sciatique est un repère radiologique fiable pour localiser le nerf pudendal dans la pince ligamentaire entre ligaments sacro-épineux et sacro-tubéral (figure 1, voir p. 13). Le bloc est donc effectué de préférence sous amplificateur de brillance. Le patient est installé en décubitus ventral, puis de trois quarts, cuisse légèrement fléchie en glissant un coussin sous la hanche du côté à infiltrer (figure 2). L’épine sciatique est située sur la ligne horizontale qui joint le coccyx au bord supérieur du grand trochanter. Dans cette position, elle est visualisée sur l’écran, à l’union de la grande et de la petite ouverture sciatique, en dedans de l’articulation coxo-fémorale. Il peut être nécessaire d’incliner le tube de 10° à 30° pour la dégager de la branche ilio-pubienne qui se superpose en avant. Après préparation antiseptique de la peau, une aiguille i.m. 22 G50 mm est insérée verticalement à partir du point marqué. Une injection traçante est effectuée avec 2 ml de lidocaïne à 1 %, au retrait de l’aiguille. Une aiguille spinale 22 G-90 mm est ensuite insérée jusqu’au contact de l’épine Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. I - mars 2001 sciatique. Sa position est contrôlée à l’écran et au besoin rectifiée jusqu’à ce que le contact osseux soit perçu, l’aiguille reposant sur la pointe de l’épine sciatique (figure 3). Elle est alors légèrement retirée et réinsérée de 0,5 à 1 cm médialement dans le ligament sacro-épineux dont la consistance et l’épaisseur, très variables, sont notées au passage. Des paresthésies peuvent être évoquées dans l’anus et/ou dans les organes génitaux externes. L’usage d’un neurostimulateur n’est pas nécessaire car la position anatomique du nerf est constante par rapport aux repères anatomiques osseux. Les injections intraneurales doivent bien sûr être évitées. Canal d’Alcock Lorsque l’on cherche à aborder le nerf pudendal dans le canal d’Alcock, le seul repère osseux possible est constitué par le cadre obturateur, oblique en avant, en dedans et un peu en bas. Si la recherche de paresthésies est théoriquement possible, avec ou sans stimulateur, au-dessus du tiers antérieur de la branche ischio-pubienne, elle nécessite d’utiliser une aiguille longue, flexible et difficile à diriger. La localisation de l’extrémité de l’aiguille dans le plan sagittal est constamment incertaine : dans la graisse de la fosse ischiorectale (en dedans) ou trop profond dans le muscle obturateur (en dehors), le bloc sera inefficace. Le risque de perforation rectale, vaginale ou vésicale est loin d’être négligeable. La ponction ou l’électrostimulation de la paroi latérale du vagin, de la loge prostatique ou des vésicules séminales provoquent une douleur qui peut simuler des paresthésies dans le territoire du nerf pudendal. Pour toutes ces raisons, un repérage tomodensitométrique est indispensable. Le patient est installé en décubitus ventral. Un “mode radio” (scout view) est réalisé sur le bassin, puis une coupe verticale passant par le milieu du trou obturateur (figure 4). Le trajet idéal de l’aiguille est simulé sur l’écran en joi- 15 d o s s i e r 2. Figure 2. Position du patient lors de l’infiltration transfessière du nerf pudendal dans la pince ligamentaire, au voisinage de l’épine sciatique sous ampli de brillance. 3. Figure 3. Infiltration transfessière du nerf pudendal dans la pince ligamentaire, sous ampli de brillance : repère osseux de l’épine sciatique. 4. Figure 4. Infiltration du nerf pudendal dans le canal d’Alcock sous scanner : le scout view. gnant le bord postérieur de la symphyse pubienne au bord interne de l’ischion en passant entre le muscle obturateur et son aponévrose et en prolongeant ce segment en arrière jusqu’au revêtement cutané (figure 5). La distance du point de ponction ainsi obtenu au sillon interfessier est mesurée ainsi que la longueur d’aiguille nécessaire. Le plan de coupe est tracé sur le patient et le point de ponction marqué en fonction des données recueillies sur l’écran. Une injection traçante de 2 ml de lidocaïne à 1 % est effectuée lors du retrait d’une aiguille i.m. de 50 mm insérée en visant le bord interne de l’ischion selon l’angle donné par l’écran. Une aiguille spinale 22 G de 5 pouces (12,7 cm) ou plus rarement de 6 pouces (15,2 cm) est ensuite insérée obliquement en avant et en dedans, en prenant garde de rester dans le plan vertical définissant la coupe. L’angle de l’aiguille avec le plan sagittal n’est pas constant ; il est, en règle, nettement plus ouvert chez les femmes que chez les hommes. Il n’est nécessaire ni d’utiliser un stimulateur ni de rechercher des paresthésies. Après avoir dilué 1 ml d’un produit de contraste dans 9 ml de lidocaïne à 1 %, on injecte 1 ml de cette solution qui permettra de vérifier son espace de diffusion. Une nouvelle coupe est réalisée dans le même plan (figure 6, p. 18). Si la diffusion du contraste ne s’effectue pas entre le muscle obturateur et son aponévrose, l’aiguille est repositionnée et l’on procède à une coupe supplémentaire. Lorsqu’une diffusion correcte est obtenue, une injection traçante est effectuée sur 5 cm au retrait de l’aiguille avec un mélange de 8 ml d’anesthésiques locaux et 40 mg d’acétate de méthylprednisolone. Une coupe de contrôle est alors réalisée pour vérifier la diffusion de la solution injectée (figure 7, p. 18). INDICATIONS DES INFILTRATIONS 5. Blocs anesthésiques Figure 5. Infiltration du nerf pudendal dans le canal d’Alcock sous scanner : la simulation du trajet de l’aiguille. 16 La disparition de la douleur périnéale en position assise dans les 10 minutes suivant un bloc anesthésique indique une probable souffrance du nerf pudendal. Le bloc diagnostique permet d’apporter un argument en faveur d’une organicité du syndrome douloureux à condition d’être strictement péritronculaire, d’utiliser de faibles volumes d’anesthésiques locaux et de faire l’objet d’un contrôle rigoureux. Blocs thérapeutiques L’adjonction d’un corticoïde retard permet d’avoir un effet thérapeutique plus ou moins durable. Une aggravation transitoire de la douleur pouvant durer de 2 à 10 jours est possible et le patient doit en être averti. Elle s’estompe ensuite progressivement pour parfois récidiver, le plus souvent de façon atténuée, quelques semaines plus tard. Une nouvelle infiltration procurera fréquemment un soulagement plus complet et plus durable. Deux ou trois infiltrations sont généralement nécessaires. La première est en règle réalisée au niveau de l’épine sciatique car c’est le site le plus fréquent du conflit. La localisation de la deuxième infiltration dépend du résultat obtenu par la première : si un soulagement de quelques semaines a été obtenu après une injection à l’épine sciatique, celle-ci est renouvelée. Si l’amélioration n’a pas dépassé nettement la durée d’action des anesthésiques locaux, la deuxième injection est effectuée dans le canal d’Alcock. L’effet analgésique des corticoïdes injectés ne se dessine habituellement que deux à trois semaines après l’injection, parfois après une aggravation transitoire de quelques jours. Il est peutêtre plus en rapport avec une atrophie des tissus fibreux comprimant le nerf qu’avec un effet anti-inflammatoire, en règle, plus prompt à se manifester. COMPLICATIONS DES INFILTRATIONS Les contre-indications classiques de toute anesthésie locorégionale doivent être, bien entendu, respectées : infection au point de ponction, troubles de la crase sanguine, traitement anticoagulant. La réalisation d’un test d’aspiration devrait permettre d’éviter une injection intravasculaire. L’utilisation d’un corticoïde retard peut être à l’origine d’effets généraux souvent bénins : gastralgies, rétention hydro-sodée, bouffées vasomotrices du visage pendant quelques jours. Des injections péritronculaires itératives de corticoïdes retard sont susceptibles de provoquer une atrophie du nerf avec dégénérescence graisseuse. Il est donc préférable de réaliser les explorations électrophysiologiques du nerf pudendal avant de répéter les infiltrations. Il convient d’espacer les infiltrations de 6 à 8 semaines au moins et de limiter le nombre d’injections (2 à 4). Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. I - mars 2001 Les douleurs pelvi-périnéales RÉSULTATS DES INFILTRATIONS Globalement, dans les névralgies pudendales, les infiltrations du nerf pudendal permettent de soulager 70 % des patients avec un recul de 12 mois au moins par rapport à la dernière infiltration, avec une moyenne de 2,2 infiltrations par patient. articulaire, végétative, psychologique et émotionnelle, et sociale. Les blocs diagnostiques et thérapeutiques constituent un des éléments importants d’une approche pluridisciplinaire souvent nécessaire. ■ POUR CONCLUSION L’approche clinique des douleurs périnéales nécessite une analyse symptomatique rigoureuse pour apprécier les parts respectives des composantes neurologique, musculaire, ostéo- Figure 6. Infiltration du nerf pudendal dans le canal d’Alcock sous scanner : l’infiltration entre l’aponévrose de l’obturateur interne et le muscle. 6. ☞ 24 revues indexées avec moteur de recherche ☞ un e-mail offert ☞ l’actualité des grands congrès EN SAVOIR PLUS ... ❒ Bensignor M, Labat J, Robert R, Lajat Y. Douleur périnéale et souffrance des nerfs honteux internes. Douleur et analgésie 1990 ; 3 : 99-101. ❒ Moore DC. Regional block, 179-187. 1 vol. C. Thomas (ed.) Springfield. U.S.A. Figure 7. Infiltration du nerf pudendal dans le canal d’Alcock sous scanner : le contrôle de la bonne diffusion de la solution injectée. 7. ABONNEZ-VOUS... ABONNEZ-VOUS... ABONNEZ-VOUS... ABONNEZ-VOUS... ABONNEZ-VOUS... ABONNEZ-VOUS... voir p. 4 ABONNEZ-VOUS... ABONNEZ-VOUS... http://www.edimark.fr Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. I - mars 2001 17