Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 2 - avril-mai-juin 2012
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AACR 2012 : une belle moisson…
chimérique, prêts à être injectés au patient. Le récep-
teur pour l’antigène chimérique, codé par un vecteur
lentiviral, comporte une partie extracellulaire, simple
chaîne de reconnaissance d’un antigène spécifique, et
une partie intracellulaire de signalisation avec des motifs
ITAM. Le traitement de 3 patients atteints de leucémie
lymphocytaire chronique réfractaire, par infusion de
lymphocytes armés anti-CD19, a permis d’obtenir des
rémissions moléculaires complètes persistantes chez
2 patients, démontrant ainsi la faisabilité et l’efficacité
de cette approche.
Décidément, l’immunothérapie est de retour, et son
association avec les thérapeutiques classiques ou
ciblées promet de belles avancées !
K. Leroy
La génomique à l’ère du séquençage
massif : des avancées spectaculaires !
Le génome des tumeurs comprend des centaines de
mutations et d’anomalies de nombre et de structure
des chromosomes, successivement acquises au cours
de la carcinogenèse. Le séquençage massif permet d’en
décrypter la complexité et la chronologie.
Eliane Mardis (Washington University in St Louis) a pré-
senté le “paysage génomique émergent du génome
tumoral”. Les résultats obtenus par séquençage mas-
sif montrent le niveau d’hétérogénéité intratumorale
des tumeurs malignes (leucémies aiguës myéloïdes,
carcinomes mammaires) et surtout la chronologie de
survenue des altérations moléculaires. Les analyses
réalisées sur des échantillons avant et après chimiothé-
rapie pour des leucémies myéloïdes aiguës ont identifié
l’acquisition de mutations supplémentaires induites
par les traitements et, en particulier, de nombreuses
transversions (remplacement d’une base purique par
une base pyrimidique).
Une signature de réponse aux antiaromatases en néo-
adjuvant sur une série de 46 carcinomes du sein lumi-
naux (essai clinique du NCI : ACOSOG Z1031) a été définie
à partir des données du séquençage massif. Un haut
niveau de complexité génomique initial (nombreuses
mutations avec oligoclonalité intratumorale) est corrélé
à la non-réponse aux antiaromatases. L’identification de
mutations parmi les tumeurs non répondeuses devrait
permettre de comprendre les mécanismes de résistance
aux antiaromatases et de proposer éventuellement des
thérapies ciblées associées, puisque certaines mutations
sont observées sur des gènes cibles (MET, JAK1, JAK2,
BRAF, PDGFRA, etc.), mais qui n’ont bien évidemment
pas encore l’approbation de pareilles prescriptions par
la Food and Drug Administration !
Bill Sellers (Novartis) a présenté les fruits de la collabo-
ration entre le Broad Institute (MIT, Cambridge, États-
Unis) et Novartis : l’analyse à haut débit par séquençage
massif de plus de 900 lignées cellulaires (1) ainsi que
l’analyse de la réponse à 24 drogues sur plus de 400
lignées cellulaires et les marqueurs génomiques asso-
ciés à la réponse à ces thérapies ciblées.
Les raisons et les objectifs de cette collaboration étaient :
✓
la compréhension incomplète des caractéristiques
des altérations génomiques des cancers ;
✓
la difficulté de développer des drogues qui bloquent
l’activité des oncogènes non kinases comme MYC ou
RAS ou de restaurer l’activité de gènes suppresseurs
de tumeurs comme TP53 ou RB1 ;
✓
le développement de résistances aux thérapies
ciblées ;
✓
le besoin de déterminer les combinaisons les plus
efficaces parmi les thérapies ciblées ;
✓
l’absence d’infrastructures précliniques robustes
pour prédire les essais cliniques les plus pertinents.
Ces travaux ont montré la sensibilité des lignées déri-
vées de myélomes à des inhibiteurs de l’IGF1R, l’expres-
sion forte du gène AHR (Aryl Hydrocarbon Receptor)
comme marqueur de réponse aux inhibiteurs de MEK
dans les lignées NRAS mutées et, enfin, l’expression de
SLFN11 (SchLaFeN family member 11) comme marqueur
de la réponse aux inhibiteurs de la topo-isomérase 1.
Les résultats présentés seront à prendre en considé-
ration pour le schéma des futurs essais cliniques avec
thérapies ciblées seules ou en combinaison et devraient
faire gagner en spécificité et en sensibilité.
Dans le même esprit, Michael Stratton et son équipe
du Sanger Institute (Cambridge, Royaume-Uni) ont pré-
senté les résultats publiés en mars dans Nature (2) d’une
analyse de la sensibilité et de la résistance à plus de 130
drogues de lignées cellulaires in vitro. De ces travaux a
émergé la sensibilité inattendue des lignées de tumeurs
d’Ewing porteuses de la translocation t(EWS;Fli1) à l’ola-
parib (AZD-2281), inhibiteur de PARP, cette sensibilité
venant juste après celle des cellules porteuses de la
translocation t(BCR;ABL) à l’imatinib !
A. Vincent-Salomon
1. Barretina J, Caponigro G,
Stransky N et al. The Cancer
Cell Line Encyclopedia enables
predictive modelling of anti-
cancer drug sensitivity. Nature
2012;483(7391):603-7.
2. Garnett MJ, Edelman EJ,
Heidorn SJ et al. Systematic
identification of genomic
markers of drug sensiti-
vity in cancer cells. Nature
2012;483(7391):570-5.
Références