Strombus gigas La vie du Lambi

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A Kathy Orr
Qui m’a appris l’importance de la
diffusion des connaissances vers les
enfants puisqu’on ne protège bien
que ce qu’on connaît et qu’on aime
depuis son plus jeune âge.
Liliane Frenkiel
A Cosette, Emilie et à tous les enfants des
Caraïbes, parce qu’ils sont l’avenir
Dalila Aldana Aranda
La liberté d´aimer n´est pas moins
sacrée que la liberté de penser
Victor Hugo
Qui pense peu
se trompe beaucoup
Leonard de Vinci
Résurrection des mollusques
Strombus gigas La vie du Lambi, La vida del Caracol rosa, The Queen
conch life story
Le lambi est symbole de vie
l'artiste qui l'a créé
ne lui a pas donné vie seulement au travers de la forme
mais par l'union du volume et du rythme
il atteint, avec des lignes qui s'évasent
doucement, le mouvement constant
et éternel du symbole vital
Dans son infinie beauté
le lambi nous rappelle
l'eau, la mer, la pluie, la fertilité
et enfin, tout ce qui fait
la vie...”
Eduardo Matos Moctezuma
Strombus gigas
La vie du Lambi
La vida del Caracol rosa
The Queen conch life story
 Ce livre doit etre cité de la façón suivante:
Frenkiel Liliane y Aldana Aranda Dalila. 2003. Strombus gigas, la vie du
Lambi, la vida del Caracol, the Queen conch life story. CYTED. Programa
Iberoamericano de Ciencia y Tecnología para el Desarrollo. Yucatán,
México. 170 pp
ISBN 84-96023-11-7
 D.R. Cyted. Programa Iberoamericano de Ciencia y Tecnología para el Desarrollo
www.cyted.org
DIRECTION ET COORDINATION GENERALES
Liliane Frenkiel
[email protected]
www.archipel-des-sciences.com
Dalila Aldana Aranda
Laboratorio de Biologia y Cultivo de Moluscos,
Centro de Investigacion y de Estudios Avanzados – CINVESTAV-IPN.
[email protected]
www.mda.cinvestav.mx
ILLUSTRATIONS
Vonic Laubreton
[email protected]
EDITION, MAQUETTE et COMPOSITION
Miguel Angel Tapia Arjona,
Centro de Investigacion y de Estudios Avanzados – CINVESTAV-IPN.
[email protected]
IMPRESSION
Impresos Profesionales Aranda
Merida, Yucatan, Mexico.
Droits réservés: Les éditeurs souhaitent être informés de toute utilisation.
Tout ou partie du CD ou de livrets issus du CD peuvent être reproduits
librement pour tout document à but éducatif en citant les sources. Tout
usage commercial est soumis à autorisation écrite conformément aux droits
d’édition (copyrights).
Strombus gigas
La vie du Lambi
La vida del Caracol rosa
The Queen conch life story
Liliane Frenkiel
Dalila Aldana Aranda
édité par
Programa Iberoamericano de Ciencia y Tecnología para el Desarrollo
Novembre, 2003
Strombus gigas
La vie du Lambi
CONTENU
Prologue ………………......................................................
i
Préface ………………........................................................ iii
Remerciements ………………............................................ vii
Introduction ……………….................................................
Comment naissent les Lambis? …………………….....…..….
Où vivent les bébés Lambis? ………………........................
Comment grandit un Lambi? ………………........................
Comment se reproduisent les Lambis? …………...............
Qui mange les Lambis? ………………................................
La disparition des Lambis ………………............................
Pourquoi? ………………....................................................
Pourquoi y a-t-il une telle augmentation de l’effort de
capture des lambis? ……………….....................................
Alors que faire? ………………............................................
1. Espaces protégés ………………...................................
2. Petit lambi deviendra grand: Laisse le vivre! …………
3. Laisser les lambis adultes s’accoupler et pondre . . . .
4. Plongée en apnée ou plongée en bouteille? . . . . . . . . .
5. Limiter la pêche pour maintenir une production
durable ………………...................................................
Glossaire ………………......................................................
Bibliographie genéralé ……………….................................
Bibliographie citée ………....….…………….…………......…
1
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50
Présentation
L'expérience que a signifié pour moi diriger le parc natural de
Xel-Há a été une privilège pour moi et pour mon équipe. Cette
expérience m'a permis créer richesses et emplois qui sont très
nécessaires pour le Mexique. Je me suis aussi involucré à la
connaissance du développement durable, et nous avons
adoptés une gestion ayant responsabilité sociale. Ce travail a
fortifié notre esprit et nous sommes maintenant des citoyens
plus responsables. Nous sommes des citoyens de la terre plus
conscients et engagés.
Nous avons eu la chance de participer à différents projets de
recherche et de conservation de la flore et la faune de notre
région, lesquels sont fondamentaux pour le développement du
Quintana Roo. Pour nous un projet fascinant est et sera Le
Lambi Strombus gigas : Connaissance Integral pour sa Gestion
Durable. Ce projet présente une telle importance écologique,
social, économique, politique et culturelle, qu'il constitue un
défi pour les pays, les états, les institutions, les chercheurs qui
y participent. Devant cette réalité il est nécessaire que
l'initiative privée apporte financement et appui.
Pour le Parc de Xel-Há c'est un honneur et un compromis de
présenter cet extraordinaire livre “La vie du Lambi Strombus
gigas” car il représente un produit du Programme Lambi,
lequel a pour objectif l'éducation et le transfert des
connaissances nécessaires à la mise en place de mesures de
gestion rationnelle de la ressource.
Nous remercions tous les participants de ce projet et en
particulier au docteur Dalila Aldana Aranda pour ses efforts,
son lidership, surtout pour son dévouement et surtout pour
nous offrir l'opportunité de participer à cet effort dédie à la
conservation d'une espèce aussi belle et importante pour la
région des Caraïbes
Francisco Córdova Lira
Director Ejecutivo
Grupo Xcaret
Prologue
Le lambi Strombus gigas est un mollusque d’importance
économique, alimentaire et écologique dans toute la Caraïbe.
En 2002, son volume de capture a été estimé à 3 131 tonnes
pour une valeur de 60 millions de dollars US.
La connaissance est la base indispensable pour la
gestion responsable d'une ressource renouvelable mais non
inépuisable, et l'éducation est le moyen pour transmettre les
connaissances au grand public, de manière à assurer une
utilisation rationnelle des ressources naturelles.
Cet ouvrage contient des informations sur la biologie,
l'écologie et les réglementations de la pêche au lambi, et son
objectif est d'établir un pont entre chercheurs et éducateurs de
manière à transmettre les connaissances scientifiques au grand
public et en particulier aux enfants.
Les éditrices remercient tous les collègues et amis qui
ont participé à ce travail destiné à la protection du lambi
Strombus gigas patrimoine culturel, social et économique des
peuples et pays de la Caraïbe.
Liliane Frenkiel
Dalila Aldana Aranda
i
ii
Préface
Le document actuel a pour origine le livret intitulé « La
vie des Lambis » de Liliane Frenkiel qui était, lui-même, une
édition revue et enrichie de « La vie des Lambis » publié en
1985 par Katherine Orr et Liliane Frenkiel au Centre de
documentation
pédagogique
de
Guadeloupe,
et
la
communication « Education pour la sauvegarde du Lambi
Strombus gigas en Guadeloupe » présentée à la session
spéciale sur les Strombes au 55e congrès du Gulf and
Caribbean Fisheries Institute (GCFI)qui s’est tenu à Xel-Ha sur
la riviera maya en Novembre 2002. Miguel Rolon du
Caribbean
Fisheries
Management
Council
(CFMC)
a
immédiatement réagi en proposant à Liliane le financement
nécessaire pour éditer un disque CD comportant les textes
illustrés dans les 3 langues officielles du GCFI qui sont les 3
langues de la Caraïbe, avec la finalité de distribuer largement
des documents pédagogiques dans tous les pays où ils peuvent
être utiles.
Liliane est une chercheuse confirmées dans le domaine
de la reproduction, du développement et de la nutrition des
Mollusques ; au cours des dernières années, elle a réalisé un
iii
important
travail
de
développement
de
programmes
d’éducation à l’environnement, principalement dirigé vers les
enfants dans le cadre d’Archipel des Sciences (Centre de
culture Scientifique et Technique de la Guadeloupe), dans les
Antilles françaises. Liliane m’a invitée à participer à cette
initiative, ce que j’ai considéré comme un honneur parce que
travailler avec elle est une expérience enrichissante pour son
professionnalisme mais aussi pour ses qualités humaines, sa
générosité et sa simplicité ; sans compter le fait d’être une
femme infatigable et passionnée par son travail, capable de
communiquer aux autres, énergie et joie.
Notre collaboration nous permet de présenter ici aux
Iles Vierges britanniques, au 56e congrès du GCFI , le livre et
le disque compact intitulés « Strombus gigas, La vie du Lambi,
La vida del Caracol rosa, The queen conch life story »
Ce travail se compose de 3 parties: Il commence par la
biologie et l’écologie du Lambi Strombus gigas; la deuxième
partie explique le pourquoi d’une pêche excessive de plus en
plus grave ; la dernière partie propose des actions pour limiter
la surpêche et revenir à un état d’équilibre entre la production
et l’exploitation.
iv
Tout au long du texte, on trouve des mots écrits en
caractères gras qui sont définis dans le glossaire.
La larve véligère du Lambi baptisée Conchita, mascotte
du programme « Le lambi, Strombus gigas, gestion intégrale et
durable » guide le lecteur dans les différentes parties du livre.
Ce livre est écrit pour que des enfants puissent le lire
avec leurs professeurs. Il peut être utile aussi pour les
personnes qui travaillent avec Strombus gigas... chercheurs,
administrateurs des Pêches, administrateurs de Parcs et de
Réserves, associations de marins-pêcheurs, clubs de plongée,
associations de protection de l'environnement, ONG, et tous
les citoyens intéressés à la conservation de ressources
naturelles qui constituent un patrimoine économique, social et
culturel de la Caraïbe.
Dalila Aldana Aranda
v
vi
Remerciements
La parution de ce petit livre résulte d’évènements qui
ont permis de rassembler l’essentiel des informations sur la
Biologie, l’écologie et l’état de la pêcherie de Strombus
gigas et en particulier sur les réglementations nécessaires et les
conséquences du non respect des réglementations de la pêche
de cette espèce.
La mise en chantier de ce travail a débuté en Novembre
2002 au cours du 55° congrès du Gulf and Caribbean
Fisheries Institute (GCFI) qui a été organisé conjointement par
le parc de Xel-Ha, merveille de la Nature sur la riviera maya et
un centre de recherche, dans lequel je travaille, el Centro de
Investigacionès Avanzadas (CINVESTAV). C’était la 3ème fois
que j’avais l’honneur d’organiser le congrès annuel du GCFI et
j’exprime toute ma gratitude aux docteurs Alejandro Acosta,
LeRoy Creswell et Robert Glazer ainsi qu’à tous les membres
du bureau directeur du GCFI.
Depuis Novembre 2002, Liliane Frenkiel et les équipes
de Xel-Ha et du laboratoire de Biologie et culture des
Mollusques du CINVESTAV IPN ont uni leurs efforts, leurs
appuis logistiques et financiers pour faire que cette œuvre
constitue un apport scientifique, culturel et éducatif pour la
vii
conservation et la réhabilitation des populations du Lambi
Strombus gigas, ressource surexploitée dans toute la région
Caraïbe.
Les tâches ont été multiples et parfois invisibles mais sans
l’appui de la direction et de mes collègues des différents
services du CINVESTAV, il n’aurait pas été possible de mener
à bien ce travail et de présenter le livre et le disque compact
Strombus gigas, La vie du Lambi, La vida del Caracol rosa,
The Queen conch life story, ici au 56° GCFI à Tortola, aux
Iles Vierges anglaises.
Merci à Miguel Tapia Arjona, étudiant en postgraduation
et boursier du CONACYT pour la réalisation de la maquette de
cet ouvrage en version CD et en version papier.
En ce qui concerne l’entreprise Xel-Ha , je souhaite
exprimer mes remerciements à son Directeur général,
Francisco Cordova Lira, au gestionnaire du Parc de Xel-Ha ,
Eduardo Briones et au responsable du service d’éducation à
l’environnement, Manuel Sanchez Crespo, ainsi qu’à tous les
collègues et amis de ce parc, en particuliers à ceux du service
d’éducation. Leur travail, leur appui logistique et les
compléments de financement ont rendu possible la réalisation
de cet ouvrage à la fois sous forme CD et sous forme papier.
viii
Merci aussi au Centre de Culture Scientifique et
Technique de de Guadeloupe (CCSTI) , Archipel des Sciences
et merci en particulier à Vonic Laubreton et à Monique Barillot
qui ont généreusement contribué à l’illustration du livre et à la
création des personnages qui accompagnent notre propos.
Merci à l’Ambassade de France qui a financè une mission
pour Liliane Frenkiel, en nous permettant travailler les
materiux de cet livre.
Merci à Megan Davis, à Gabriel Delgado à Bob Glazer,
Silvia
Manzanilla,
Mari-Luz
Nicaise,
Miguel
Rolon
et
Stephanie Thiele, qui ont apporté leur appui tout au long de
cette année pour corriger et améliorer notre livre.
Au Conacyt, organisme partenaire de CYTED (Ciencia y
Tecnologia pour le développement) et au projet II-7 qui s’est
associé à cette initiative, mes remerciements vont aussi à Clara
Moran de la sous direction des collaborations multilatérales.
Cependant, le personnage clé de cette initiative reste
Miguel Rolon du Caribbean Fisheries Management Council
(CFMC – NOAA). Miguel est un homme visionnaire qui rend
possible le passage à l’action dans de multiples projets.
Travailler avec lui est un honneur, car c’est une personne de
grande qualité tant professionnelle qu’humaine, impliqué dans
ix
la conservation et la réhabilitation des espèces marines de la
Caraïbe,
dont
l’importance
est
fondamentale
dans
le
fonctionnement de ces écosystèmes. Toute notre gratitude à
Miguel Rolon pour leur appui financier pour l’élaboration de
cet ouvrage.
Avec énergie, passion et espérance j’écris ces lignes pour
dire à tous les participants ma confiance et mon amitié.
Merci.
Dalila Aldana Aranda
J’ajouterai mes remerciements chaleureux à ceux de
Dalila à tous ceux qui ont répondu présents pour corriger,
améliorer, enrichir notre travail. Merci tout particulièrement à
Megan Davis qui m’a depuis des années offert la possibilité
d’utiliser pour les actions éducatives que je mène en
Guadeloupe, les superbes photos de larves de lambis qui ont
servi de modèles pour bien dessiner les larves. Mais j’ajouterai
que si j’ai eu l’idée de diffuser sous une forme facilement
accessible les informations de base nécessaires à la protection
de nos ressources communes, je n’aurai jamais pu mener à
bien cette entreprise sans la collaboration, l’enthousiasme, le
x
sens de l’humour et la détermination de Dalila. J’espère qu’audelà de ce travail commun nous irons vers de nouvelles
collaborations pour que nous unissions encore plus nos efforts
pour la sauvegarde du bien commun et partagé que représente
le Lambi dans la Région Caraïbe.
Liliane Frenkiel
xi
xii
Introduction
Dans la région Caraïbe, vit depuis très longtemps, plus
longtemps que l'arrivée des premiers hommes, un grand et
beau coquillage que tous les Caribéens connaissent et à qui ils
ont donné une quantité de noms différents. On l’appelle
Caracol
rosa
au
Mexique,
mais
dans
le
Mexique
préhispanique, les Aztèques l’appelaient Teccizmama. On le
connaît sous le nom de Botuto au Venezuela, Cambombia au
Panama, Cambute au Costa Rica, Caracol gigante au
Honduras, Caracol pala en Colombie, Caracol au Nicaragua,
Carrucho à Puerto Rico, Cobo à Cuba. En Floride, aux
Bahamas et dans tous les pays où on parle anglais, on l’appelle
Queen conch. En français, on l’appelle Strombe géant mais, en
1
Guadeloupe et en Martinique, tout le monde le connaît sous le
nom de Lambi, qui vient des temps lointains où les petites
Antilles étaient habitées par des peuples indiens venus
d’Amérique du Sud. On l’appelle aussi Lambí à Haiti et à Saint
Domingue. Tous ces noms traditionnels, différents dans
chaque pays, sont des noms populaires ou noms vernaculaires.
Les biologistes l’appellent Strombus gigas; c’est son
nom scientifique, c’est à dire celui qui permet de le
reconnaître pour les biologistes du monde entier, quelle que
soit la langue qu’ils parlent.
Maintenant que nous connaissons sa multitude de
noms, pour simplifier, nous l’appellerons dans ce livre, soit par
son nom scientifique soit Lambi en Français, soit Caracol rosa
en Espagnol, soit Queen conch en Anglais.
Il a été très utilisé depuis que les hommes ont colonisé
les îles et les pays de la région Caraïbe. Les peuples
amérindiens en faisaient des outils, des hameçons et aussi des
œuvres d’art; ils mangeaient sa chair probablement grillée sur
les plages où on retrouve des restes de coquilles qui portent
des traces de feu.
Plus tard, au temps de l’esclavage, il permettait de
communiquer de colline en colline pour annoncer les grands
2
événements de la vie; naissance, mariage, mort, mais aussi les
révoltes. Il annonçait l’arrivée des canots de pêche et donnait
le signal de la récolte des ignames. C’était à la fois la radio, le
téléphone et un instrument de musique. Les plus belles
coquilles décoraient les tombes des pêcheurs. Les autres ont
été utilisées pour faire des digues et il reste encore des fours à
chaux, témoins de son utilisation industrielle. Il faisait partie
de la vie de tous les jours, des jours de fête et des jours de
deuil.
Aujourd’hui,
sa
chair
fait
partie
de
la
cuisine
traditionnelle dans beaucoup de pays de la Caraïbe. Sa
coquille, recouverte à l’intérieur de nacre rose, est vendue aux
touristes comme souvenir. Il retrouve sa place comme
instrument de musique et participe aux fêtes traditionnelles
comme le carnaval.
Si on cherche les recettes de cuisine à travers la
Caraïbe, il y en a encore bien plus. Dans les différents pays, on
le mange en ceviche, macéré dans le citron, comme au
Mexique, mais d’autres le préfèrent en brochettes; on le mange
aussi avec une sauce pimentée et du riz et pois rouges.
Aujourd’hui, en Guadeloupe, on fait même du boudin de
lambi et du poulet farci au lambi! Si on va plus au nord, aux
3
Bahamas, on mange du lambi en salade mais surtout des
conch fritters et une délicieuse soupe qui s’appelle conch
chowder.
Savez-vous que les lambis font de très jolies perles roses
et que leur coquille est sculptée et très utilisée en bijouterie
aux
Bahamas
et
dans
certaines
îles
de
la
Caraïbe?
Malheureusement, au soleil, et même dans l’ombre, avec le
temps, la nacre perd aussi sa couleur rose!
Mais le malheur des lambis, est qu’ils sont tellement
appréciés pour leur coquille et pour leur chair, partout dans la
Caraïbe que les pêcheurs, les consommateurs et les
entrepreneurs ne sont pas convaincus que la mer ne pourra
pas toujours nous en fournir en plus grande quantité. Ils ont
oublié qu’il s’agit d’une ressource naturelle renouvelable à
condition de l’utiliser raisonnablement.
Dans certains pays, on consomme beaucoup plus de
lambis que les pêcheurs peuvent en récolter dans leurs zones
de pêche. Dans d'autres pays, les lambis sont surtout pêchés
pour être exportés vers les pays consommateurs. Actuellement
ce commerce international qui peut représenter un bon revenu
pour
certains
pays
de
la
Caraïbe,
est
une
source
d’enrichissement rapide pour les entrepreneurs de certains
4
pays de la Caraïbe, mais il peut aussi conduire au désastre
écologique que serait la disparition de cette ressource
surexploitée un peu partout, si on n'arrive pas à établir et à
respecter des règles de pêche durable.
Pour une exploitation durable, les captures doivent être
limitées à la capacité de régénération de la ressource qui tient
compte du rythme de reproduction et de la vitesse de
croissance de l’espèce exploitée.
Depuis plusieurs années, petit à petit, les lambis sont
devenus plus rares. Ils ont même disparu dans certains endroits
et on a fini par se demander “mais que faut-il faire pour
conserver cette ressource?”
Alors, on s’est retourné vers les biologistes et on leur a
demandé:
“Est ce qu’on pourrait élever les lambis dans des fermes
comme on élève des poulets“? Et les biologistes ont répondu:
“Il faut d’abord bien connaître les lambis, savoir
comment ils vivent, ce qu’ils mangent, qui les mange,
comment ils se reproduisent, comment ils grandissent, jusqu’à
quel âge ils vivent? Et c’est seulement quand on aura répondu
à toutes ces questions qu’on pourra dire si oui ou non il est
possible de les élever dans des fermes marines“
5
Mais les biologistes ont pensé à deux autres pistes de
travail car l’aquaculture d’une nouvelle espèce n’est pas
simple à mettre au point et n’est pas forcément l’unique
solution aux problèmes d’exploitation durable des ressources
marines et du Lambi en particulier.
Les biologistes ont proposé d’autres voies raisonnables
pour maintenir cette ressource et son leur utilisation durable:
a) Protéger les lambis dans des réserves naturelles où
ils existent encore. Ces réserves peuvent être de différentes
sortes; réserves de biosphères, réserves régionales, parcs
marins, dans lesquels tous les animaux et toutes les plantes
sont protégées; on ne doit rien récolter, rien pêcher. Ce sont
des sanctuaires de reproduction.
b) Mener une grande campagne d’éducation en
particulier pour expliquer aux enfants comment vivent les
Lambis, quels sont leurs problèmes, et l’importance d’établir
une protection pour le Lambi comme il est important de
l’établir pour les tortues et pour toutes les espèces que la
surexploitation met en danger.
6
Depuis 40 ans les
biologistes ont travaillé et
ce petit livre raconte ce
qu’ils ont appris et aussi ce
qu’on ne connaît toujours
pas sur la vie du Lambi
Strombus gigas.
”
ita
ch
n
o
“C
Certains des enfants qui liront ce livre seront les
biologistes de demain et certains continueront à travailler pour
que les lambis soient toujours une espèce vivante que tous les
peuples de la Caraïbe pourront continuer à exploiter de
manière durable, digne de l’humanité en harmonie avec son
environnement, et non une pièce de musée.
Comment naissent les Lambis?
Oeuf de
Lambi
Oeuf de
tortue
Oeuf de
poule
7
Le bébé lambi naît dans un œuf comme les poussins ou
les bébés tortues. Mais les œufs de lambi sont beaucoup plus
petits que des œufs de poule ou de tortue. Ils sont plus petits
que des grains de sable, tellement petits qu’on ne peut pas les
voir à l’œil nu.
Les oeufs sont cachés dans un cordon de gelée collante
que la maman lambi dépose avec son pied. Elle se balance
doucement à droite et à gauche pour bien enrouler le cordon
comme on fait une pelote de ficelle. La femelle lambi dépose
toujours sa ponte sur un fond de sable ou de gravier. Les grains
de sable collent au cordon, au fur et à mesure qu’elle le
dépose.
Quand la ponte est terminée, c’est un long cordon qui
mesure jusqu’à 30 mètres si on le déroule mais qui, bien
pelotonné, forme un croissant de 10 à 15 cm tout enrobé de
grains de sable. Cette ponte contient environ 400 000 œufs.
8
Dès qu’elle a fini de pondre, la maman Lambi
abandonne sa ponte, camouflée dans le sable et s’en va. Dans
la ponte, chaque œuf se transforme et devient un embryon qui
deviendra un petit lambi.
Au bout de 5 jours, les œufs éclosent et il en sort des
bébés lambis qui ne ressemblent pas du tout à leurs parents.
Où vivent les bébés Lambis?
6 jours
9 jours
2 jours
0,5 mm
Quand ils sortent de leurs œufs, les bébés lambis sont si
petits qu’on ne peut toujours pas les voir à l’œil nu. On peut
en trouver au moins 10 dans une goutte d’eau et il faut un
microscope pour les voir. Un bébé lambi qui vient d’éclore a
deux voiles arrondies bordées de cils qui battent très vite. Ces
voiles forment le velum qui permet au petit lambi de nager, de
9
respirer et d’envoyer des algues microscopiques vers la
bouche pour les manger! Le velum est donc très important
pour la vie du bébé lambi qui s’appelle une larve véligère. La
larve véligère a déjà une minuscule coquille transparente. Les
bébés lambis vivent dans le plancton et se laissent porter par
les courants marins pendant 3 semaines à un mois. Et il est
difficile de dire où ils arriveront après ce long voyage mais on
sait, par exemple, qu’en un mois ils peuvent aller du Mexique
à la Floride.
(3)
(4)
(2)
(1)
(5)
(7)
(6)
Comme le bébé lambi (1), les autres mollusques (2) les
langoustes (3), et les autres crustacés (4), les oursins (5), les
10
palourdes (6), les poissons (7) et bien d’autres animaux ont des
bébés qui flottent dans la mer durant les premiers jours ou
semaines de leur vie.
Tous
les
petits
animaux
et
toutes
les
algues
microscopiques qui flottent dans l’eau de mer forment le
plancton. Mais dans le plancton, tout le monde ne vit pas en
paix. Il y a des larves comme toutes les larves de Mollusques
qui mangent seulement des algues microscopiques (on peut
dire qu’elles sont herbivores) mais d’autres sont carnivores. Par
exemple, les larves de langoustes et de crabes mangent
d’autres petits animaux comme les bébés lambis et les bébés
palourdes.
Larve pédivéligère
20 jours
Après 3 semaines passé dans le plancton, le bébé lambi
mesure à peu près 1 millimètre; il devient lourd à cause de sa
coquille qui a grandit et il descend se poser sur le fond de la
11
mer. En même temps, il se métamorphose (comme la chenille
qui devient papillon ou le têtard qui devient grenouille).
Le velum, qui lui permettait de nager, respirer et de
manger, disparaît. En même temps, il a un pied qui pousse et
qui va lui permettre de ramper ou de sauter sur le fond. Dans
son mufle pousse une petite râpe appelée radula qui lui
permettra de brouter d’autres algues que celles qu’il
rencontrait dans le plancton. Il a aussi une branchie qui lui
permettra de respirer différemment. A partir de ce moment, il
commence à ressembler à l’anatomie d’un lambi… et il ne
pourra plus jamais nager.
Juvénile plantigrade
25 jours
Le petit lambi métamorphosé s’enfonce dans le sable et
se cache pendant un an!!! Mais il sort quand même la nuit
pour manger des algues minuscules et des bactéries collées à
la surface des feuilles de l’herbier et il grossit. Il avale aussi du
sable pour récupérer les algues et les bactéries collées sur les
grains de sable. C’est devenu un lambi miniature qui
12
ressemble à ses parents mis à part le pavillon de la coquille qui
n’appartient qu’aux adultes.
Comment grandit un Lambi?
Le lambi construit sa coquille dès qu’il sort de l’œuf et
peut-être
même
avant.
A
l’éclosion,
sa
coquille
est
transparente et elle a un tour et demi. Quand il se
métamorphose, sa coquille est devenue opaque; elle a 4 tours
et elle est devenue assez grande pour qu’il puisse s’y abriter.
Sa coquille grandit au fur et à mesure que son corps grossit.
Puis elle devient dure et épaisse.
1 cm
3 mois
1 mm
1 mois
Quand il a 2 ou 3 mois, sa coquille est blanche; quand
il a 5 ou 6 mois elle commence à porter des dessins bruns. A 1
an, la surface interne de la coquille a la coloration rose-
13
orangée de la nacre typique du lambi. Sur son pied, se forme
un opercule dur qui lui permet de s’enfermer lorsqu’il se met à
l’abri au fond de sa coquille.
1 an
2 ans
10 cm
15 cm
3 ans
4 ans
20 cm
25 cm
14
Quand on commence à voir les petits lambis de 8 ou
10 centimètres, dans les herbiers, ils ont déjà à peu près un an.
Leur coquille forme des épines pointues, une vraie forteresse!
Quand le Lambi grandit, sa coquille s’allonge et
continue à s’enrouler en spirale. A deux ans il est toujours
enroulé en spirale avec un bord coupant. Quand il a 3 ans, sa
coquille commence à former un large pavillon étalé qu’on
appelle aussi lèvre. Ce pavillon montre que le lambi a fini de
grandir et qu’il sera bientôt mûr c’est à dire capable de se
reproduire. Le Lambi est comme un adolescent; le pavillon de
sa coquille est encore fin et fragile.
Il s’épaissit et atteint sa taille adulte à peu près entre
trois ans et demi et quatre ans. Après 4 ans la lèvre est épaisse.
Quand il vieillit, sa coquille devient de plus en plus
épaisse et plus lourde. Les épines qui étaient longues et
pointues deviennent émoussées, usées ou cassées. Souvent, la
coquille se couvre d’algues et même de petits animaux se
fixent dessus comme si c’était un rocher. Sa coquille épaisse
est souvent plus petite que celle du Lambi adulte parce que le
bord est usé. On appelle ces vieux lambis “Samba Conch”
dans de nombreuses îles de la Caraïbe, dans d'autres on les
appelle "stone conchs" ce qui veut dire "Lambi de pierre".
15
Ils sont tous
petits dans
cette école
Dans ma famille,
pour grandir, on
doit descendre au
fond de la mer et se
métamorphoser
Quand ils
grandisse
nt ils vont
au collège
Et au fond de l'eau,
on grandit jusqu'à ce
qu'on ressemble à
nos parents avec une
coquille qui a un
beau pavillon rose
Beaucoup de gens croient que chaque coquille (grosse,
petite, avec lèvre, sans lèvre, avec des épines longues ou des
épines courtes) appartiennent à des espèces différentes. Et
16
pourtant ces différentes formes sont seulement les différentes
étapes de la croissance du lambi, exactement comme un bébé
est bien différent d’un enfant et encore plus d’un adulte ou
d’un vieillard.
Comme les hommes, tous les lambis adultes n’ont pas
la même taille. On peut trouver des lambis plus ou moins
grands avec un large pavillon.
Mais il y a aussi des Strombes beaucoup plus petits
avec une coquille épaisse et un pavillon blanc qui
appartiennent à une autre espèce mais à la même famille
(systématique). On les appelle Strombe laiteux, leur nom
scientifique
est
Strombus
costatus;
ils
sont
exploités
localement pour compléter la production de lambis mais
n’entrent pas sur le marché international. Il existe aussi
d’autres espèces, tellement plus petits qu’ils n’intéressent
pratiquement que les collectionneurs comme le Strombe coq,
Strombus gallus.
Certaines
petites
espèces
comme
le
Strombe
combattant, Strombus pugilis sont exploitées localement dans
certains pays comme le Mexique.
17
Comment se reproduisent les Lambis?
penis
Canal ovigère
mâle
femelle
accouplement
Comme chez la plupart des animaux, il y a des mâles et
des femelles mais on ne peut pas reconnaître les lambis mâles
des lambis femelles sans les sortir de leur coquille car leurs
coquilles ne sont pas assez différentes.
Lorsque les lambis ont fini de grandir et sont devenus
adultes, la femelle a développé son appareil génital qui se
18
termine par un sillon qui court le long du côté droit du pied et
qui lui permet de pondre ses œufs. L`appareil génital du mâle
se termine grand pénis noir placé à droite en arrière de la tête
et au-dessus du pied. Il est devenu capable de fabriquer les
spermatozoïdes nécessaires pour féconder les œufs et leur
permettre de se développer.
Quand les lambis s’accouplent, ils se mettent tout près
l’un de l’autre jusqu’à ce que leurs coquilles se touchent. Le
mâle se met derrière la femelle; le pénis du mâle s’allonge
sous le manteau de la femelle pour déposer le sperme et
féconder les œufs.
Ça fait combien de
millions de bébés
lambis?
”
ita
ch
n
o
“C
Chaque femelle adulte est capable de pondre 8 fois
chaque année et dans chaque ponte il peut y avoir 400 000
œufs.
Alors on peut se demander ce que deviennent tous ces
petits lambis pour qu’il y ait de moins en moins de lambis
adultes dans la mer.
19
Qui mange le Lambi?
Qui mange les petits lambis dans le plancton, qui
mange les petits lambis quand ils se métamorphosent et qui les
mange quand ils ont grandit?
Et surtout combien, des millions de bébés lambis qui
naissent chaque année, survivront jusqu’à devenir des adultes
capables de se reproduire?
20
Beaucoup de petits animaux carnivores du plancton
mangent les bébés lambis qui ne sont pas encore protégés par
une coquille solide. Quand ils se métamorphosent et jusqu’à
ce qu’ils aient un an, ils se cachent dans le sable et ne sortent
manger que la nuit mais beaucoup sont quand même mangés
par des poissons et par de nombreux animaux carnivores.
Ils mangent les
petits lambis
”
ita
ch
n
o
“C
(1)
(2)
(5)
(3)
(4)
21
Quand ils ont un an et une coquille assez solide, ils
sortent plus souvent mais ils sont obligés de se défendre contre
leurs cousins carnivores les conques (1), contre les langoustes
(2), les bernard-l’ermite (3), les autres crabes carnivores (4), les
poissons carnivores (5) et tous les animaux qui, dans la mer,
sont leurs prédateurs naturels.
Ceux qui ont survécu jusqu’à deux ans sont presque sauvés car
leur coquille est devenue assez dure pour bien les protéger.
Ceux-là
mangent aussi
les gros lambis
”
ita
nch
o
“C
(7)
(6)
(8)
(9)
22
Les tortues (6), les poulpes (7) et les raies (8) arrivent
encore à manger des jeunes lambis de deux ou trois ans et
même des lambis adultes. Mais plus encore que tous ces
animaux, l’homme est le plus grand ennemi des lambis
lorsqu’ils sont assez gros pour se défendre contre leurs
prédateurs naturels. Un lambi peut se défendre en se
retournant brusquement et en donnant un bon coup de pied
aux agresseurs. Il peut aussi rentrer dans sa coquille et fermer
l’opercule.
Mais que faire contre les plongeurs (9) qui les attrapent
pour les remonter à la surface et les tuer en les sortant de leur
coquille ? Leur dernier moyen de défense est de descendre
dans les herbiers profonds, là où les pêcheurs de lambis ne
vont pas.
Comme partout dans la nature, des animaux mangent
et sont mangés mais il s’établit un équilibre qui fait que, sur
les millions de petits lambis qui naissent, il en reste toujours
assez pour qu’ils puissent se reproduire et remplacer leurs
parents. Tout fonctionne très bien tant que les hommes ne
détruisent pas l’équilibre de la chaîne alimentaire.
23
La disparition du Lambi
Autrefois, les pêcheurs attrapaient autant de lambis
qu’ils voulaient et chaque année les lambis qui restaient,
produisaient assez de jeunes pour remplacer ceux qui avaient
été pêchés. Maintenant, il est de plus en plus difficile de
trouver des lambis adultes et même des jeunes.
Pourquoi?
Tout
simplement
parce
que,
dans
les
pays
consommateurs, de plus en plus de restaurants touristiques et
de plus en plus de gens achètent des lambis même s’ils
coûtent cher et de plus en plus de pêcheurs se sont mis à les
pêcher parce qu’ils rapportent beaucoup d’argent.
Alors, s’est développé un marché international vorace
qui dépasse largement la Caraïbe et qui exige d’acheter
toujours plus de Lambis pour satisfaire la demande du marché.
Les pêcheurs travaillent dur pour pêcher de plus en plus
de lambis chaque année et ils pêchent aussi bien les jeunes
que les adultes. Et ainsi l’effort de capture par tous les moyens
24
qui s’exerce sur les populations de lambis devient chaque
année plus fort.
Et maintenant, les lambis adultes qui restent dans la mer
ne sont plus assez nombreux pour remplacer chaque année
ceux qui sont pêchés. Et les pêcheurs vont pêcher de plus en
plus profond, là où les adultes reproducteurs pouvaient vivre
tranquillement.
Pourquoi y a-t-il une telle augmentation de l’effort de capture
des lambis?
Parce qu’il est très demandé en particulier par les
restaurants touristiques, parce qu’il est assez cher sur le
marché pour rapporter beaucoup d’argent, parce qu’il
représente une source de travail, parce que c’est un animal
assez grand pour être bien visible et facile à capturer. Sa seule
défense contre ses prédateurs naturels est sa coquille. Au
contraire, pour l’homme, c’est justement sa coquille qui le met
en danger, parce qu’elle est grande et bien visible, et parce
qu’il n’a pas de moyens de s’échapper vu qu’il ne peut ni
courir, ni mordre, ni piquer, et qu’il n’a pas de venin!
25
Le Museum d’Histoire naturelle de Paris a des étiquettes
pour des animaux disparus qui disent: "Je ne mords pas, je ne
pince pas, je ne cours pas, mais ne me touchez pas parce que
je suis le seul exemplaire qui reste".
Et si on ne laisse pas assez de lambis adultes dans la
mer pour faire des petits lambis, ils finiront par disparaître
aussi des écosystèmes de la Caraïbe, et en tout cas, ils seront
tellement rares que l’excès de pêche aura tué la pêche.
”
hita
c
n
“Co
Aujourd’hui, il n’y a pas
assez de lambis pour que
chaque pêcheur puisse
prendre tous les lambis
qu’il trouve, n’importe
où, et n’importe quand.
Alors que faire ?
A la question « alors que faire? » On peut répondre en
prenant différentes mesures:
ü
ü
Arrêter de pêcher les lambis.
Pêcher tous les lambis qu’on veut jusqu’à ce qu’il n’y en
26
ait plus du tout, et alors on ne pourra plus jamais, ni en
manger, ni en vendre.
ü
Prendre encore des lambis, mais en en laissant assez
pour qu’ils se reproduisent, exactement comme on doit
toujours garder des vaches et un taureau si on veut avoir
des veaux l’année suivante.
Chaque pêcheur n’aura pas pêché autant de lambis
qu’il aurait voulu mais il continuera à pêcher et après lui, ses
fils, ou d’autres jeunes pêcheurs pourront encore pêcher. Et le
lambi restera une source de nourriture et de travail pour les
habitants de la Caraïbe.
Beaucoup de gens pensent que cette dernière solution
est la meilleure et la réglementation de la pêche doit permettre
aux lambis de se reproduire pour qu’on puisse continuer à
pêcher.
Tous les pêcheurs doivent savoir combien ils peuvent
pêcher (respecter les quotas de capture), comment ils peuvent
pêcher (respecter les techniques de pêche autorisées) et quand
ils peuvent pêcher (respecter les interdiction de pêche
saisonnières) et ne pas prendre tous les lambis qu'ils trouvent,
n’importe où, et n’importe quand.
27
Mais de plus en plus de scientifiques et même de
pêcheurs pensent que la situation du lambi est tellement grave
dans toute la Caraïbe, que nous n’aurons bientôt plus d’autre
solution que d’arrêter complètement de pêcher pendant
plusieurs années avant qu’il soit trop tard pour que les
populations de lambis puissent se reconstituer.
Et comme chacun ne peut pas décider tout seul
comment utiliser un bien commun, les scientifiques, les
représentants des pêcheurs et des autres usagers de la mer se
sont mis d’accord avec les administrateurs des affaires
maritimes et de la pêche des différents pays pour établir des
règles que tout le monde devra respecter.
Une fois qu’on sait comment vivent et se reproduisent
les lambis, il est plus facile de comprendre pourquoi ont été
prises les décisions de réglementation, de les respecter et
d’expliquer aux autres pourquoi c’est l’intérêt de tout le
monde d’essayer de sauver les ressources de la mer et en
particulier les lambis qui constituent une pièce fondamentale
de la chaîne trophique des écosystèmes de récifs coralliens et
qui représentent un patrimoine commun à tous les peuples de
la Caraïbe.
28
Certains pays ont réussi à établir un plan de gestion de
la ressource en lambis; d’autres ne sont pas encore convaincus
de l’urgence de protéger les populations de lambis dans leurs
eaux pour en organiser l’exploitation durable. Dans ces pays,
les pêcheurs et autres usagers de la mer ont un accès non
contrôlé à cette ressource. D’autres pays encore ont une
réglementation de la pêche mais les pêcheurs ne sont pas
convaincus du fait que tous doivent respecter ces règles pour
maintenir une exploitation durable du Lambi. Enfin certains
pays ont une réglementation de la pêche tellement insuffisante
qu’elle permet en particulier la capture de juvéniles qui ont un
pavillon mince et qui n’ont donc pas eu le temps de se
reproduire; dans ce cas la réglementation est dangereuse
puisqu’elle ne tient pas compte de la réalité des connaissances
pour assurer la protection de façon efficace.
Il existe différents moyens de protection, pour la
ressource en lambis. Les différents moyens de protection sont
basés sur les études de dynamique de population, sur la
connaissance de la biologie de l’espèce et sur les discussions
et les accords entre usagers de la mer et autorités de gestion de
la pêche qui veillent à l’application des règles pour la capture
de cette ressource. Et l’ensemble doit être porté à la
29
connaissance de tous par un programme de publicité et
d’éducation qui ne doit pas se limiter à l’information rapide
des pêcheurs.
Nous pouvons résumer ici les principales méthodes de
gestion de la ressource en Lambis mais différentes méthodes
peuvent être employées pour limiter l’effort de capture à un
niveau correct en fonction de l’état de la ressource et de la
capacité à faire respecter mieux une limitation qu’une autre,
dans chaque pays.
1. Espaces protégés
Pour protéger l’ensemble de l’environnement marin et
les ressources marines, on a délimité des zones de réserves
naturelles de biosphère et des réserves régionales: dans ces
réserves, tous les animaux et toutes les plantes sont protégés.
On ne peut pas y pêcher et on ne doit rien récolter, ni les
pierres, ni les coraux, les gorgones, les mollusques, les
crustacés, et autres organismes; ce sont des sanctuaires pour la
reproduction de tous les animaux et des plantes qui y vivent.
Les réserves doivent être bien surveillées. Ce sont aussi
des lieux privilégiés d’étude des espèces qui y vivent sans
30
agressions majeures. Les réserves peuvent permettre des
activités et des revenus autres que la pêche comme les
observations d’animaux et d’autres activités ecotouristiques.
2. Petit Lambi deviendra grand: laisse le vivre !
En tout temps et en tous lieux, il est interdit de récolter
les jeunes lambis dont la coquille n’a pas de pavillon. Cette
règle est vraiment très importante parce que ces lambis sont
les survivants de la grande disparition des jeunes qui sont
soumis à la prédation naturelle. Leurs chances d’arriver à l’âge
adulte sont très importantes si on laisse faire la nature parce
qu’à partir de la taille de 15 cm, ils ont peu de prédateurs à
part l’homme. Le problème est que ces petits lambis vivent de
préférence dans les herbiers peu profonds et qu’ils peuvent
être récoltés par n’importe qui, même par des enfants.
3. Laisser les lambis adultes s’accoupler et pondre
Pour garder suffisamment de lambis adultes pour
assurer la reproduction on doit interdire la pêche pendant la
principale saison de reproduction. L’interdiction peut être de 4
31
à 8 mois en fonction des conditions de milieu et de
populations de chaque pays. Cette réglementation est
nécessaire et doit être appliquée strictement pour protéger la
période d’accouplement et de ponte et éviter que les lambis de
toute une région disparaissent parce qu’ils se sont rassemblés
pour s’accoupler.
4. Plongée en apnée ou plongée en bouteille?
Pour la vie des jeunes
et des lambis: Stop a la
pêche en bouteille !
”
ita
nch
o
“C
Dans de nombreux pays, il est interdit de pêcher les
lambis, et aussi les langoustes et les poissons, en utilisant des
bouteilles de plongée ou des compresseurs qui permettent de
respirer sous l’eau et donc d’aller de plus en plus profond
durant des temps de plus en plus longs pour capturer des
animaux qui n’ont aucune chance d’échapper. Il est important
que les adultes reproducteurs qui vivent au dessous de 20 m
ne soient pas pêchés.
32
De plus la pêche avec des bouteilles de plongée met en
danger la vie des pêcheurs du fait que la plongée doit
respecter des règles de sécurité que les jeunes qui font la
pêche illégale des lambis ne connaissent pas. En braconnant le
lambi, ils risquent leur vie ou risquent de rester handicapés à
cause d’accidents de plongée.
Mais pour le marché, ne comptent ni le respect des
ressources renouvelables ni la vie des hommes; seule compte
la loi du marché et du profit.
Les bouteilles de plongée doivent servir à travailler sous
l’eau, elles doivent aussi servir à observer les animaux dans
leur milieu; pas à les chasser sans aucun respect des règles
d’exploitation durable.
Ce serait un objectif important pour les conférences
internationales d'obtenir que l'interdiction de pêche avec
équipement de plongée soit adoptée par l'ensemble des pays
de la Caraïbe.
5. Limiter la pêche pour maintenir une production durable
Quand le suivi d'une pêcherie montre que le nombre
de lambis récoltés par un bateau pendant le même temps de
33
pêche diminue, au cours des quelques mois d’ouverture, c'est
un signal de surexploitation. Il est urgent dans ce cas de limiter
l'effort de pêche. Cette limitation peut être différentes selon les
pays: limitation par bateau, par jour, nombre de jours de
pêche autorisés dans la semaine, le mois ou l'année, quotas de
pêche pour l'année, limitation du nombre de bateaux autorisés
à pratiquer cette pêche ou limitation du nombre de mois de
pêche dans l'année.
Il peut même être nécessaire d'arrêter complètement la
pêche durant une période de récupération ou de reconstitution
du stock qui peut être de 4 ans ou plus.
Mais pour que l’ensemble des règles de survie des
populations de lambis soient efficaces, il faut que tous les pays
de la Caraïbe passent de sérieux accords pour que les lambis
pêchés dans un pays ne puissent pas être vendus dans un
autre.
Une première étape devrait être pour tous les pays de la
Caraïbe le respect des règles de gestion les plus urgentes:
ü
Tous les pays sont encouragés à mettre en réserve des
zones naturelles et à s’engager à faire respecter leurs zones
de réserve naturelles qui sont la garantie pour l'avenir non
34
seulement des lambis mais de toutes les ressources du
milieu marin.
Et si on vend les lambis
sans la coquille comment
reconnaître si ce sont des
adultes qui avai ent un
large pavillon épais?
”
ita
nch
o
“C
C’est facile; il faut les peser
et il ne doit pas y en avoi r
plus de 4 pour faire un kilo.
Mais cette norme doit être
vérifiée dans chaque pays
parce qu’il peut y avoi r des
popul ations où les adultes
sont plus ou moins grands
ü Tous les pays devraient s'engager à respecter au moins:
a) La limite de taille et de poids à des niveaux corrects pour
protéger sérieusement les juvéniles et ne pas permettre la
pêche de lambis qui n’ont pas pondu pendant au moins
une saison.
35
b) Existence d’un pavillon assez épais pour ne pas être cassé
à la main et poids correspondant de chair lorsque les
animaux sont vendus sans coquille (4 lambis dans 1 kilo).
Ces deux limites appliquées correctement sont les seuls
moyens de protéger les jeunes qui n'ont pas encore eu le
temps de se reproduire.
ü Tous
les pays devraient être encouragés à organiser le
suivi de leur pêcherie. Mais il est important pour tous
d'appliquer le principe de précaution qui veut qu'on
décide de mesures de protection sans attendre les résultats
des études. Il est plus facile de diminuer la protection que
de reconstituer ce qui a été détruit.
ü Tous les pays doivent pouvoir respecter une limitation de
production en relation avec leurs zones de pêche.
Et il faut aussi une grande concertation entre tous les
pays et un grand effort pour éliminer la pêche illégale qui est
une véritable piraterie du bien commun.
Cette pêche pirate ne sera éliminée que par un effort
d’éducation pour que tout le monde comprenne que c’est à la
fois l’intérêt des pêcheurs et celui des consommateurs et de
36
tout le monde d’instituer une exploitation durable des
ressources de la mer. Mais il ne suffit pas d’établir des règles, il
faut aussi que tous les pays soient prêts à organiser la
surveillance de leurs ressources et de leurs réserves naturelles
et à punir sévèrement ceux qui ne les respectent pas.
ü Tous
les pays doivent être encouragés à organiser des
programmes éducatifs sur le bon usage des ressources de
la mer et à prendre le lambi comme exemple d'une
gestion sage des ressources aussi bien pour les enfants que
pour les pêcheurs et pour les consommateurs.
Et ce livre et les documents qui l'accompagnent sont
faits pour aider les pays de la Caraïbe à mettre en chantier leur
programme d'éducation.
Rendez-vous dans quelques années, pour savoir si ces
mesures ont permis de reconstituer le stock de lambis. Il faut
des millions de jeunes lambis pour qu’il y ait des lambis
adultes reproducteurs en quantité suffisante si on veut laisser
des ressources normales à nos enfants et aux enfants de nos
enfants.
37
Glossaire
ACCOUPLEMENT. L’accouplement se fait avec un allongement très
important du pénis qui pénètre dans la bourse copulatrice sans gêner la
ponte qui se fait jusqu’à la gouttière de ponte qui court le long du côté
droit du pied. Mais les œufs pondus ne sont pas ceux qui viennent d’être
fécondés puisqu’ils transitent dans l’utérus où ils sont entourés par les
enveloppes protectrices. Le mâle profite plutôt de l’immobilité de la
femelle pendant la ponte.
L’accouplement n’est pas très sélectif puisqu’on a observé des
mâles essayant de s’accoupler avec des femelles d’autres espèces. De plus,
une femelle peut avoir été fécondée par plusieurs mâles ce qui met en
compétition les spermatozoïdes.
ANATOMIE. Toutes les espèces de Strombes ont en commun des
caractères anatomiques caractéristiques. Ils ont en particulier des
pédoncules oculaires (voir oeil) très grands et des tentacules oculaires très
petits, un long mufle appelé proboscis, un pavillon ou lèvre plus ou moins
grand de la coquille qui se développe chez les adultes. Tous ces caractères
ont été décrits surtout chez Strombus gigas mais sont valables pour les
autres espèces.
APPAREIL GENITAL FEMELLE. L’appareil génital femelle comporte un
ovaire brun qui est situé dans la région superficielle des derniers tours de
spire de la masse viscérale et un appareil plus compliqué que celui du mâle
puisqu’il comporte des poches qui permettent l’accouplement (bourse
38
copulatrice), le stockage du sperme (réceptacle séminal) et une région
sécrétrice très développée qui participe à la formation des enveloppes
protectrices de chaque œuf et à la constitution des enveloppes protectrices
de la ponte, qu’on appelle «utérus» mais qui n’a pas du tout le même rôle
que l’utérus d’une femelle de mammifère.
La disposition des différentes parties de l’appareil génital permet
l’accouplement en même temps que la ponte avec des trajets bien distincts
pour les œufs et pour le sperme.
APPAREIL GENITAL MALE. L’appareil génital mâle comporte un testicule
qui est la glande blanche qui occupe l’extrémité spiralée de la masse
viscérale. En réalité le testicule recouvre la glande digestive et n’occupe
que la région superficielle des 3 derniers tours de spire même en période
de reproduction. Les tubules du testicule débouchent dans un canal très
replié (canal déférent ou vas deferens) qui contient les spermatozoïdes
murs. Ce canal se prolonge par une gouttière formée par la prostate et le
manteau qui arrive jusqu’au pénis qui est situé sur la droite de l’animal au
dessus du pied et en arrière de la tête. Le développement du pénis est le
repère le plus évident de l’état adulte de maturité. Cependant ce n’est que
la partie la plus visible du développement du tractus génital.
Chez les juvéniles l’ébauche de pénis forme une petite
protubérance jaune.
CONCHITA. En espagnol "Conchita" signifie petit coquillage. Conchita
c’est une larve veligère du Lambi. Elle est la mascotte de ce livre et du
Program Lambi.
39
COQUILLE. Strombus gigas, comme la plupart des mollusques fabrique sa
coquille dès les premiers stades du développement embryonnaire, c'est à
dire avant l'éclosion de l'œuf.
La coquille des Strombes est spiralée comme celle de la plupart
des Gastéropodes
Au moment de l'éclosion, la petite coquille est transparente parce
qu'elle n'est pas encore calcifiée mais elle a déjà un tour et demi. Elle est
constituée uniquement par la trame protéique de la coquille.
Elle a 4½ tours au moment de la métamorphose et elle est devenue
opaque à cause du dépôt de calcium mais c'est encore une coquille
larvaire qui restera au sommet de la coquille adulte qui commence à
grandir au moment de la métamorphose.
Formation de la coquille adulte. Les Strombes ont une croissance limitée
qui s'arrête peu avant la maturité sexuelle. A partir de 3 ans, le Strombe
forme le pavillon de la coquille en 2 temps. (voir pavillon).
Structure de la coquille. La coquille est formée par le dépôt de cristaux de
carbonate de calcium dans une matrice protéique. Elle comporte 3 parties :
La couche externe brune qui se dessèche et se détache à la surface externe
des coquilles mortes est le periostracum qui se forme à partir du bord de
manteau
La coquille proprement dite formée de prismes de conchioline
(partie protéique) et de carbonate de calcium sous forme de calcite ou
40
d'aragonite s'agrandit avec la croissance à partir du bord palléal comme le
périostracum.
La nacre est la couche interne de la coquille, lisse, brillante et
colorée, qui est déposée par toute la surface externe du manteau Elle
s’épaissit par dépôt de nouvelles couches par toute la surface du manteau
qui peut aussi produire des perles si des petites particules sont introduites
entre le manteau et la coquille. La nacre pigmentée en rose du pavillon,
perd sa couleur au soleil et même avec le temps à l'obscurité.
LARVE VELIGERE. La larve de Strombe est une larve véligère qui possède
un velum qui lui permet de nager, respirer, se nourrir. La larve véligère a
une petite coquille transparente qui est assez grande pour qu'elle puisse se
rétracter et se mettre à l'abri dans sa coquille mais ceci n'empêche pas de
nombreux animaux planctonophages (mangeurs de plancton) d'engloutir
des quantités de petits animaux du plancton. Il y a donc une perte très
importante de juvéniles durant la vie larvaire.
LEVRE de la coquille = PAVILLON.
MANTEAU. Le manteau est le tissu qui sécrète la coquille ; il recouvre le
corps de tous les mollusques en contact avec la coquille.
Il recouvre la cavité palléale dans laquelle se trouve la branchie et
dans laquelle débouche le tube digestif, le rein et l'appareil génital.
Il forme chez le lambi un bourrelet orangé qui borde la coquille et
qu'on appelle bourrelet palléal ou bord palléal. C'est la région du manteau
41
qui permet à la coquille de grandir au fur et à mesure que l'animal grandit.
Cependant l’épaississement de la coquille se fait par toute la surface.
METAMORPHOSE. La métamorphose est l'ensemble des modifications
anatomiques et physiologiques qui permettent de passer d'un milieu de vie
à au autre au cours du développement. Chez les strombes comme chez
beaucoup d'autres mollusques, les œufs éclosent en donnant une larve très
différente de l'adulte: larve nageuse planctonique appelée larve véligère.
Au cours de la métamorphose, la larve véligère perd son organe essentiel
qui est le velum et devient benthique. Elle acquiert essentiellement un pied
qui lui permet de se déplacer, une branchie qui lui permet de respirer et
une radula qui lui permet de manger.
La larve qui est prête à la métamorphose a déjà un pied
fonctionnel mais pas encore de branchies.
La métamorphose est une période de la vie durant laquelle la
mortalité naturelle est très importante du fait que la destruction du velum
ne permet plus une bonne respiration alors que la nouvelle branchie n’est
toujours pas fonctionnelle. Le stade intermédiaire entre la larve véligère
planctonique et le
juvénile métamorphosé qui est benthique s'appelle
pédiveligère (ce qui signifie qu'il a en même temps un pied et un velum).
Les problèmes de la métamorphose ne sont pas particuliers aux strombes ni
même aux Gastéropodes mais concernent tous les mollusques.
Comme chez beaucoup de mollusques, le succès de la
métamorphose dépend pour les strombes de la présence de facteurs
environnementaux
qui
permettent
une
métamorphose
rapide.
La
connaissance de ces facteurs déclenchants de la métamorphose est
42
essentielle pour la réussite d’élevages en aquaculture. Pour les strombes, le
principal facteur déclenchant reconnu est une algue rouge mais la
métamorphose peut aussi être déclenchée par d’autres facteurs chimiques.
ŒIL. Comme tous les escargots de mer, les strombes ont des yeux placés à
la base des tentacules céphaliques alors que les yeux sont au bout des
tentacules chez les escargots terrestres. Mais, avec des yeux à la base des
tentacules, Strombus gigas, à l'abri sous son grand pavillon ne voyait pas
grand-chose à l'extérieur. Le pédoncule oculaire (c'est à dire la base de
l'œil) s'est allongé de telle façon que ce pédoncule ressemble à un
tentacule. Le vrai tentacule est la toute petite excroissance qui a l'air de
faire une petite casquette pour protéger l'œil. Et pour mieux surveiller
l'ennemi, les Strombes ont un pli spécial au bord du pavillon de la coquille
qui leur permet de surveiller d'un œil tout ce qui se passe à l'extérieur.
OPERCULE. L'opercule est une plaque cornée dure qui est fixée à la partie
dorsale postérieure du pied qui existe chez la plupart des Gastéropodes
Prosobranches. L'opercule de Strombus gigas a une forme caractéristique
en virgule; il est pointu d'un côté et arrondi de l'autre. Cet opercule joue
deux rôles: il permet de fermer l'orifice de la coquille quand l'animal se
cache au fond de la coquille. Chez Strombus gigas, la taille assez réduite
de l'opercule ne permet pas de fermer correctement l'ouverture de la
coquille. L'animal est obligé de se rétracter au fond de la coquille pour que
l'opercule s'adapte à une section plus étroite. Les poulpes arrivent à forcer
l'ouverture de la coquille et à manger même des lambis adultes.
43
Le rôle très particulier de l'opercule chez les strombes est qu'il
permet à l'animal de prendre appui sur le sol et d'effectuer des sauts en
utilisant la puissance musculaire du pied. Ce comportement joue un rôle
important dans la défense contre les prédateurs.
PAVILLON ou LEVRE de la coquille. Le pavillon commence à se former à
partir de 3 ans en deux étapes.
Le bord de la coquille commence à s'étaler et atteint sa taille
maximale en environ 6 mois. Ensuite, la coquille continue sa croissance
uniquement en épaisseur. Les études sur la reproduction et la croissance
ont montré que la maturité sexuelle est atteinte chez les Strombes de 4 ans
dont le pavillon mesure plus de 4 mm d'épaisseur. Cette mesure est trop
compliquée à prendre pour être utile dans le domaine de la
réglementation. Il est par contre facile de vérifier la solidité du pavillon. Si
on peut casser le bord à la main, l'animal n'est pas encore mûr. Il faut lui
laisser une saison de reproduction supplémentaire. Cette caractéristique
devrait être introduite dans les projets de réglementation
PIED. Le pied du Lambi est constitué essentiellement de muscles très
puissants. Sa surface extérieure est riche en cellules qui produisent le
mucus qui permet le glissement mais les lambis sont capables de faire de
véritables sauts soit pour se retourner soit pour échapper à des prédateurs.
Pour le faire, ils prennent appui au sol sur l'extrémité pointue de l’opercule
qui est fixé à la face dorsale du pied.
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Le pied et le muscle columellaire (muscle qui fixe les
Gastéropodes à leur coquille) sont les deux parties de l'animal qui sont
principalement consommées.
PLANCTON. On appelle plancton, l'ensemble des petits animaux et des
petites algues qui flottent librement dans la mer. L'ensemble du plancton
dérive avec les courants et peut donc parcourir des distances importantes.
L'ensemble des cellules qui possèdent du pigment photosynthétique
constitue le phytoplancton. L'ensemble des petits animaux forme le
zooplancton. Le zooplancton est constitué à la fois d'animaux, de petite
taille qui passent toute leur vie en pleine eau et de stades larvaires
d'animaux dont les adultes vivent au fond de l'eau comme les strombes et
beaucoup de mollusques et de crustacés. Dans ce cas on dit que l'adulte
est benthique et que les stades larvaires sont planctoniques. La phase
larvaire planctonique permet par sa grande mobilité de disperser l'espèce
sur de grandes surfaces. Cependant des études génétiques sont encore
indispensables pour connaître avec précision le niveau de brassage ou
d'isolement de certaines populations.
La phase planctonique est une phase de déperdition très
importante en nombre d'individus par rapport au nombre de larves issues
des pontes.
Le passage du stade planctonique au stade benthique se fait par
une transformation très importante des organes vitaux de l'animal qui est la
métamorphose.
45
PONTE. La ponte est à la fois le fait d’émettre les œufs qui sont déjà
fécondés (fécondation interne) et le résultat de cette ponte, c’est à dire le
cordon contenant les œufs organisé pour former une masse en forme de
croissant contenant les œufs. La ponte constitue un dispositif très efficace
de protection des œufs durant les premiers jours du développement.
Chaque œuf est enveloppé dans une gangue muqueuse et possède une
coque protectrice particulièrement résistante. Et l’ensemble est enveloppé
dans un tube muqueux qui agglutine les grains de sables ce qui renforce la
protection en terme de résistance et en terme de camouflage.
PROBOSCIS. Probablement toujours en relation avec l'existence du
pavillon, la bouche est placée à l'extrémité d'un mufle très extensible qui
peut s'allonger jusqu'à arriver au bord du pavillon. C'est ce mufle qui
s'appelle proboscis. Dans la bouche une petite bandelette qui porte des
dents constitue la radula (ou petite râpe).
RADULA. La radula est un ruban situé dans le bulbe buccal et la bouche
qui existe chez tous les Gastéropodes. Sur la radula sont fixées des dents
cornées qui permettent de râper la surface des feuilles de Thalassia ou de
manger des algues plus tendres.
STYLET CRISTALLIN. Le lambi possède un bâtonnet gélatineux translucide
qui mesure à peu près 10 cm et qu'on voit sortir de la masse viscérale
lorsqu'on les nettoie pour les préparer. A travers toute la Caraibe court la
légende de ce bâtonnet qui aurait des propriétés aphrodisiaques. En réalité,
ce bâtonnet est un élément du tube digestif qui existe chez la plupart des
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mollusques; il est sécrété par la paroi d'une annexe du tube digestif
appelée sac du stylet. C'est un comprimé d'enzymes qui se dissout
progressivement dans l'estomac et participe à la digestion.
SYSTEMATIQUE. Le Lambi Strombus gigas est l’espèce la plus étudiée des
72 espèces de la famille des Strombidae et des 55 espèces du genre
Strombus qui vivent dans les mers tropicales et subtropicales du monde. Il
vit dans la grande région Caraibe des Bermudes au nord, jusqu'au Brésil au
sud. Il appartient à l'embranchement des Mollusques (animal mou protégé
par une coquille calcaire dure), à la classe des Gastéropode (qui veut dire «
qui a l'estomac près du pied »). Comme tous les Gastéropodes, il a subit la
torsion qui ramène la cavité palléale vers l'avant ce qui a d'importantes
conséquences sur son anatomie puisque les Gastéropodes n'ont qu'une
branchie, qu'un rein, qu'une gonade. Il n’a aussi qu’un pied comme tous
les Mollusques même ceux qui n’ont pas subi la torsion. Il appartient à la
sous-classe des Prosobranches avec la branchie située vers l'avant. Il
appartient à l'ordre des Caenogastropodes et à la famille des Strombidae.
Les autres espèces de Strombes. Dans la région Caraibe, Strombus gigas est
la seule grande espèce de Strombe. Il existe 4 espèces plus petites : le
Strombe blanc, Strombus costatus qui a un pavillon blanc très épais; le
Strombe combattant Strombus pugilis qui a un petit pavillon rouge; le
Strombe coq, Strombus gallus et le Strombe aile de faucon moins fréquent,
Strombus raninus qui ne sont récoltés qu'occasionnellement et vendues
comme objets touristiques.
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Au nord, on peut aussi trouver Strombus alatus uniquement en
Floride, et au sud Strombus goliath, encore plus grand que Strombus gigas,
qui existe au Brésil.
Pour plus de détails, il faut consulter American sea shells de Abbott
(1974).
TENTACULE. Les vrais tentacules sont très réduits chez les strombes. Ils ne
doivent pas être confondus avec les pédoncules oculaires qui portent les
yeux et qui sont très allongés chez les Strombes.
Les tentacules sont des organes sensoriels qui portent différents
récepteurs.
Ils
peuvent
détecter
des
substances
chimiques
(chemorecepteurs), qui permettent d'identifier soit la nourriture, soit les
partenaires sexuels soit les prédateurs. Les tentacules peuvent aussi porter
des
récepteurs
qui
permettent
de
détecter
les
mouvements.
(mécanorecepteurs). Il n'y a pas d'étude particulière des récepteurs
sensoriels chez les strombes.
VELIGERE= LARVE VELIGERE.
VELUM. Le velum est formé par des lobes transparents bordés de cils qui
battent ce qui permet un renouvellement rapide de l'eau, un déplacement
et l'envoi de particules de nourriture vers la bouche. C’est un organe qui
permet de respirer, de nager et de manger en capturant les particules du
phytoplancton qui sont envoyées vers la bouche. Les véligères de
mollusques sont des microphages, pas des filtreurs.
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Le velum des strombes grandit pendant toute la vie larvaire. A
l'éclosion de l'œuf, il possède deux lobes et avant la métamorphose il en a
six.
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Bibliographie générale
http://www.oakhammockbooks.com/conchnews
http:// www.savetheconch.org.
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Bibliographie citée
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