CAS CLInIquE
La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 6 - juin 2009 | 311
d’HER2 et un faible volume tumoral (6, 7). L’âge est apparu aussi
comme un facteur prédictif de bonne réponse, notamment dans
l’étude du NSABP-B18 dont les résultats suggèrent des effets
différents de la chimiothérapie néo-adjuvante, avec un bénéfice,
semble-t-il, plus important chez les patientes jeunes que chez les
patientes âgées de plus de 50 ans (8). En outre, la prolifération
semble exercer aussi un impact sur l’efficacité de la chimiothérapie
préopératoire, les tumeurs présentant une prolifération élevée
répondant mieux au traitement (9).
Au vu des différents essais, la chimiothérapie néo-adjuvante la
plus efficace repose sur une association anthracyclines + taxanes
en concomitant ou en séquentiel. Des données relatives aux
patientes dont la tumeur surexprime HER2 avaient démontré
l’intérêt d’associer le trastuzumab à la chimiothérapie avant
chirurgie, en situation néo-adjuvante. Ainsi, l’étude de phase III,
NOAH (NeOAdjuvant Herceptin®), dont les résultats ont été
communiqués lors de la dernière European Breast Cancer Confe-
rence, et menée auprès de 228 patientes atteintes d’un cancer
du sein localement avancé surexprimant HER2, a permis de
mettre en évidence, après 3 ans de suivi, un bénéfice significatif
en faveur de l’association trastuzumab + chimiothérapie (versus
chimiothérapie seule) sur le critère principal, la survie sans événe-
ment (un événement étant défini par une progression ou une
récidive de la maladie ou un décès). Le trastuzumab a permis de
réduire de moitié le risque de récidive (HR = 0,56 ; p = 0,006),
70 % des patientes traitées par trastuzumab + chimiothérapie
n’ayant pas présenté de récidive (versus 52 % dans le groupe
chimiothérapie). Le taux de réponse histologique complète est
également un critère essentiel en situation néo-adjuvante, car il
est corrélé à la survie sans récidive et à la survie globale. Près de
la moitié des patientes traitées par trastuzumab + chimiothérapie
(43 % versus 23 % ; p = 0,002) ont présenté, après analyse de
la pièce opératoire, une réponse histologique complète, ce qui
témoigne, une nouvelle fois, de l’efficacité de cette association
thérapeutique. Les résultats de cette étude de phase III ont ainsi
confirmé que l’ajout du trastuzumab à la chimiothérapie en
situation néo-adjuvante est intéressant et doit être précoce chez
les patientes dont la tumeur surexprime HER2.
L’expression de la topoisomérase II et de Map-tau malgré
des résultats décevants et contradictoires du congrès de San
Antonio 2008 interviendra peut-être dans les années à venir dans
le choix de la chimiothérapie néo-adjuvante.
Hormonothérapie
adjuvante
Différents types d’hormonothérapie peuvent être proposés actuel-
lement aux patientes atteintes d’un cancer du sein surexprimant
les récepteurs hormonaux RE et/ou RP en fonction de leur âge et de
leur statut ménopausique (patientes non ménopausées, patientes
âgées de moins de 50 ans, réglées ou en aménorrhée primaire ou
secondaire, patientes âgées de plus de 50 ans et encore réglées,
patientes ménopausées avec une aménorrhée datant de plus de
1 an). Outre les traitements de suppression ovarienne (ovariec-
tomie, radiothérapie, ces deux techniques tombant un peu en
désuétude au profit des agonistes de la LHRH), l’hormonothérapie
la plus utilisée aujourd’hui chez les patientes préménopausées est
le tamoxifène pendant 5 ans. Des données inattendues de l’étude
coordonnée par M. Gnant (tamoxifène versus tamoxifène + acide
zolédronique versus anastrozole versus anastrozole + acide zolédro-
nique), menée auprès de 1 803 patientes préménopausées atteintes
d’un cancer du sein RE+, ont été présentées lors du dernier congrès
de l’ASCO (10) : cette étude a en effet mis en évidence un bénéfice
significatif en termes de rechutes (locorégionale, à distance, voire
controlatérale) et de survie sans rechute chez toutes les patientes
ayant reçu en adjuvant un traitement complémentaire par acide
zolédronique (HR = 0,64 ; p = 0,011). Les résultats de cette étude
sur la survie globale ne sont pas encore disponibles.
Différents essais portant sur les patientes ménopausées ont évalué
l’efficacité et la tolérance des inhibiteurs de l’aromatase versus
tamoxifène (anastrozole dans l’étude ATAC, létrozole dans l’étude
BIG, et exémestane dans l’étude TEAM). Les résultats de l’étude
ATAC, publiés dans The Lancet en 2005, avaient mis en évidence l’in-
térêt d’un traitement par anastrozole (versus tamoxifène) pendant
5 ans, avec un bénéfice significatif observé sur la survie sans rechute,
la rechute à distance et le risque de cancer du sein controlatéral (11).
Les résultats actualisés de l’étude BIG, présentés en décembre dernier
au SABC, ont confirmé qu’un traitement de 5 ans par létrozole
(versus tamoxifène) permet une réduction significative du risque de
récidive, et en particulier des récidives à distance. La comparaison
des bras séquentiels au létrozole seul pendant 5 ans ne montre
aucune différence significative entre les 3 bras, mais des résultats
plutôt en faveur d’un traitement continu par l’antiaromatase en
termes d’événements. Les résultats de l’étude TEAM, bien qu’ayant
un suivi encore assez court, semblent eux aussi intéressants. ■
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