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gonflement de la dette jusqu’à un niveau aujourd’hui proche de 90 % du PIB. Le déficit des
administrations publiques, qui est aussi leur besoin de financement, a été de 103 Md€ en 2011.
Depuis de nombreuses années, les administrations publiques, non seulement ne parviennent pas à
épargner, mais ne peuvent pas assurer le renouvellement du capital public dont elles ont la charge.
L’importance de leur besoin de financement – 103 Md€ – et son poids dans l’ensemble du
financement de l’économie apparaissent quand on le compare à celui des entreprises du secteur
productif, qui est de 65 Md€.
Réciproquement, les autres acteurs de l’économie, banques assurances et ménages, ne
parviennent pas à répondre à ces deux besoins de financement. Ainsi, l’économie française dans
son ensemble présente un besoin de financement de 51 Md€, c’est à dire que son investissement
total, de 411 Md€ n’est pas financé par son épargne totale, de 360 Md€. Ce besoin de financement
est apparu en 2005. Entre 1993 et 2004, la France avait, au contraire, dégagé une capacité de
financement. C’est la dégradation concomitante de sa compétitivité et de ses finances publiques qui
explique cette importante dégradation de sa balance courante, la mettant dans l’obligation de
recourir chaque année à des financements venus du reste du monde, et sans cesse plus
conséquents. Les non résidents, qui possédaient en 1998 moins d’un quart de la dette de l’État, en
détiennent aujourd’hui les deux tiers.
Cette situation place désormais l’économie française dans une situation débitrice par
rapport au reste du monde. La différence entre ses actifs financiers, c’est à dire les biens qu’elle
possède, et ses passifs financiers, c’est à dire les dettes qu’elle a contractées, est devenue négative
depuis une dizaine d’années. Elle atteignait, selon les derniers chiffres disponibles, ceux de 2010,
233 Md€. D’une certaine façon, la France est débitrice à l’égard du reste du monde de cette somme
importante, qui représente l’équivalent de 12 % de son PIB. L’Allemagne est à l’inverse dans une
situation créditrice de 518 Md€. C’est à partir de 2001 que la France est devenue débitrice, sans
bien le mesurer et sans en tirer les conséquences.
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J’en viens maintenant au deuxième message : la crise a aggravé ces fragilités et aura
des conséquences durables sur le financement de l’économie française. On ne reviendra pas
au statu quo ante.
La crise économique amorcée en 2007 a profondément déstabilisé l’environnement
économique et financier. Elle est venue sanctionner les limites d’un modèle excessivement fondé
sur l’endettement et auquel la France elle-même a succombé. Entre 2000 et 2011, l’endettement
global des agents non financiers est passé de 150 % de PIB à 210 %, alors qu’il restait stable Outre-
Rhin. Je ne vais pas vous rappeler ici les causes et l’ampleur de cette crise. J’en viens directement
aux conséquences sur le financement de l’économie française et le rapport en met deux en
évidence. La première concerne la mise en place accélérée de nouvelles règles prudentielles et la
seconde la réduction des capacités d’intervention de l’État.
La crise a touché les offreurs de financement, malgré les mesures prises par la puissance
publique : prêts, prises de participation, octroi de garanties. Ils doivent désormais se conformer à
des normes prudentielles renforcées, pour mieux assurer la stabilité du système financier. Il s’agit
de Bâle III pour les banques et de Solvabilité II pour les assureurs. Même si la pleine application de
ces normes n’est prévue que pour 2019, leurs effets sont anticipés par les marchés et les normes
comptables, ce qui les érige, dès aujourd’hui, en standards de fait. Leur impact sur les banques
françaises est d’autant plus important que celles-ci disposent structurellement de moins de liquidités
que celles de certains autres pays. En effet, elles ne disposent pas de l’essentiel de l’épargne