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Diagnostic du patrimoine
Pays Segréen / Communauté de communes du Canton de Segré
DGA Proximité / Ser vice départemental de l’Inventaire du patrimoine
Sommaire
Avant-propos................................................................................................................................ p.1
Territoire et patrimoine....................................................................................................... p.2
Introduction........................................................................................................................... p.2
Un très riche patrimoine seigneurial : mottes féodales, manoirs et châteaux...... p.4
Les parcs et jardins.............................................................................................................. p.8
Le patrimoine rural des fermes............................................................................... p.9
Un patrimoine de territoire singulier : l’architecture industrielle. ............................. p.10
Patrimoine des villages : un cadre de vie à préserver. .......................................... p.11
Diagnostics par commune.................................................................................................p.13
Aviré...................................................................................................................................... p.14
Bourg-d’Iré. ......................................................................................................................... p.18
La Chapelle-sur-Oudon.................................................................................................... p.22
Châtelais.............................................................................................................................. p.26
La Ferrière-de-Flée............................................................................................................ p.30
L’Hôtellerie-de-Flée........................................................................................................... p.34
Louvaines............................................................................................................................ p.38
Marans. ................................................................................................................................ p.42
Montguillon......................................................................................................................... p.46
Noyant-la-Gravoyère......................................................................................................... p.50
Nyoiseau.............................................................................................................................. p.54
Saint-Martin-du-Bois......................................................................................................... p.58
Saint-Sauveur-de-Flée...................................................................................................... p.62
Sainte-Gemmes-d’Andigné............................................................................................ p.66
Segré. ................................................................................................................................... p.70
Contacts - Aides - Partenaires.............................................................................................. p.80
Avant-propos
L
e Conseil général de Maine-et-Loire, par l’action du service départemental
de l’Inventaire du patrimoine, a réalisé en partenariat avec la DRAC des
Pays de la Loire (service régional de l’Inventaire) - puis avec la Région des
Pays de la Loire - et le Syndicat mixte du Pays Haut-Anjou Segréen, l’inventaire
du patrimoine architectural des 67 communes de ce territoire.
L’objectif de cette opération a été d’identifier et d’étudier les édifices les
plus remarquables ou les plus représentatifs de l’architecture locale et d’en
conserver la mémoire à travers une couverture photographique systématique :
architecture rurale, seigneuriale, industrielle, religieuse…, l’ensemble du bâti a
été pris en compte de manière à en restituer toutes les caractéristiques.
Ce Diagnostic est une approche synthétique du patrimoine de la communauté
de communes de Segré. Les spécificités de l’architecture sont présentées
dans une première partie, puis, dans un cahier technique établi commune par
commune, des cartes et des tableaux localisent et identifient les éléments du
patrimoine : les édifices déjà protégés au titre des Monuments historiques ; les
bâtiments remarquables ou représentatifs d’un style, d’une famille typologique ;
les édifices secondaires mais qui concourent à l’identité architecturale de la
commune ; enfin le patrimoine d’accompagnement : puits, croix de chemin,
oratoires, jardins...
Ce document est donc un outil de connaissance, de sensibilisation et d’aide
à la décision mis à la disposition des acteurs locaux (élus, aménageurs,
associations…) afin qu’ils prennent en compte « leur patrimoine » dans les
actions de gestion, d’aménagement et de valorisation du territoire communal
et intercommunal.
Inventaire du patrimoine de la communauté de communes de Segré.
Opération menée sous la direction de Thierry Pelloquet et Claire Steimer, conservateurs du patrimoine au service départemental de l’Inventaire du patrimoine de
Maine-et-Loire.
Études communales réalisées par Thierry Pelloquet, avec la collaboration de Guénaelle Bonenfant et Claire Borchiellini, stagiaires au service départemental de l’Inventaire du
patrimoine.
Communauté de communes du Canton de Segré
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Territoire
et patrimoine
Châtelais
L'Hôtellerie-de-Flée
Saint-Sauveur-de-Flée
La Ferrière-de-Flée
Montguillon
Nyoiseau
Aviré Saint-Martin-du-Bois
Noyant-la-Gravoyère
Bourg-d'Iré
Segré
Louvaines
La Chapelle-sur-Oudon
Sainte-Gemmes-d'Andigné
Marans
Introduction
Géographie et paysages
Située au nord-ouest du département, pour partie frontalière avec la Mayenne,
la communauté de commune de Segré comporte 15 communes qui couvrent
un territoire d’environ 24 000 hectares. Ce dernier est traversé par l’Oudon,
la Verzée, l’Argos et de nombreux autres ruisseaux dont la Sazée, la Queille,
la Grée, Misengrain et la Richardais. Liés à l’hydrographie, plusieurs étangsréservoirs, difficilement datables, ont été repérés dans la partie nord du territoire
où le relief accidenté se prête mieux à l’aménagement de ces réserves.
Constituées de chaussées, érigées en moellons de schiste et en terre, elles
devaient permettre par un système de vannes et de trop-pleins, de réguler le
débit de l’eau afin d’irriguer les terres cultivées mais aussi les vergers et les
jardins potagers (dans le cas de la chaussée du bourg de l’Hôtellerie-de-Flée).
Ces étangs étaient également à usage de viviers à poissons et d’abreuvoirs
naturels ; la vase récupérée à chaque curage était utilisée pour fertiliser les sols.
On peut enfin penser qu’ils jouaient également un rôle de régulation des eaux en
cas de pluviosité intense. Les chaussées qui les constituent ont probablement
été restaurées au fil du temps en fonction des besoins ; leurs aménagements
les plus récents (vanne, trop-plein) datent le plus souvent du 19e siècle.
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Communauté de communes du Canton de Segré
Le territoire offre un paysage bocager rythmé par des vallonnements
réguliers aux courbes souples. Des lignes de crêtes sont toutefois présentes,
principalement au nord, générant parfois un relief plus marqué que l’on
retrouve le long du cours de l’Oudon. Le bois de la Ferrière-de-Flée est un
témoignage des massifs forestiers importants couvrant autrefois la région.
Fortement agricole, le territoire est un pays de bocage où dominent l’élevage,
les cultures fourragère et céréalière. En 1992 une partie du canton a été
labellisé par le Ministère de l’Environnement comme « Paysage de relance »
afin de redynamiser la culture arboricole fruitière, notamment pour la
production de cidre. L’industrie a également tenu une place importante dans
l’économie locale. Les nombreux sites d’extraction de fer et d’ardoise et leurs
aménagements architecturaux inhérents ont nettement marqué le paysage
même si leur exploitation, commencée au cours des années 1870, fut stoppée
au début des années 1980.
Paysage rural à Châtelais
Communauté de communes du Canton de Segré
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Le patrimoine en quelques chiffres
Si sur cette zone 20 édifices bénéficient d’une protection au titre des
Monuments historiques (inscription ou classement) et 3 lieux sont protégés
au titre des sites. Dans le domaine de l’architecture domestique ce statut
concerne essentiellement des châteaux et des manoirs (12 édifices) auxquels
on peut ajouter une maison à pans de bois et un presbytère. L’architecture
religieuse est représentée par 2 ensembles religieux (l’ancien prieuré de la
Jaillette à Louvaines et les vestiges de l’abbaye de Nyoiseau) ; seule 1 église
(La Madeleine à Segré) a été récemment protégée. On signalera également
3 ensembles mégalithiques, 1 motte féodale et 1 enceinte fortifiée. Aucun
élément de l’architecture rurale et industrielle ne bénéfice aujourd’hui d’une
mesure de protection alors même que le territoire présente un important
corpus d’éléments remarquables pour les 19e et 20e siècles.
L’opération d’inventaire a quant à elle permis d’identifier plus de 700 édifices
auxquels il faut ajouter de nombreux édicules d’accompagnement (croix de
chemin, oratoires, monuments aux morts, lavoirs, puits…). 397 peuvent être
considérés comme des éléments remarquables ; plus de 330 comme des
édifices qui concourent à l’identité architecturale du territoire.
Le patrimoine architectural est principalement marqué par un maillage
important d’architectures seigneuriales : on dénombre ainsi 26 châteaux, 52
manoirs mais aussi 1 très belle motte féodale encore conservée (Châtelais).
En parallèle, l’architecture rurale est également très présente avec une
vingtaine de maisons de maître et surtout plus de 70 fermes recensées parmi
lesquelles les deux-tiers comprennent des campagnes de constructions du
19e siècle, illustrant ainsi le renouveau agricole dans le Haut Anjou tout au long
de cette période. Dans les centres-bourgs, les 15 églises paroissiales ont
été reconstruites ou remaniées au cours du 19e siècle. 94 maisons ont été
également retenues pour leur intérêt architectural. La ville Segré, chef lieu de
l’arrondissement, propose pour l’époque contemporaine un habitat diversifié :
hôtels particuliers, demeures suburbaines, lotissements des années 30, une
importante cité ouvrière et quelques exemples de collectifs de la Reconstruction.
On signalera enfin plus d’une vingtaine de témoignages de l’activité industrielle,
principalement minière (ardoise, minerai de fer), comprenant des bâtiments de
production, des équipements annexes et de nombreux logements ouvriers qui
contribuent à marquer l’identité architecturale du territoire.
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Communauté de communes du Canton de Segré
Saint-Sauveur-de-Flée
Un très riche patrimoine seigneurial :
mottes féodales, manoirs et châteaux
En raison d’une situation frontalière stratégique, aux confins du Maine et de la
Bretagne, la région de Segré (notamment
la partie nord de la communauté de communes) présente un réseau très dense
d’édifices liés à une occupation militaire
et/ou seigneuriale dont les vestiges les
plus anciens remontent à la période protohistorique. C’est le cas notamment sur
la commune de Châtelais où l’on trouve
à la fois les traces d’un ancien oppidum,
installé sur une cluse dominant la vallée
de l’Oudon (Saint-Julien l’Ardent), un très
bel exemple de motte féodale 1 (RougeÉcu), comprenant une enceinte circulaire
de 50 mètres de diamètre et une grande
basse cour d’un hectare, et les vestiges
de l’enceinte fortifiée du village élevée
Bouillé-Théval (Montguillon).
dès le 13e siècle. Les implantations seigneuriales se sont probablement développées à partir du Haut Moyen Âge comme l’atteste notamment la toponymie. Si une majorité des manoirs repérés présente des phases de construction
datant des 15e et 16e siècles, des exemples exceptionnels plus anciens ont été
mis en évidence. À la Gortaie (Louvaines) 2 , l’édifice construit au tout début
du 14e siècle proposait une grande salle montant sous charpente selon un type
principalement connu en Bretagne, en Normandie et en Angleterre. Dans le
centre-bourg de Saint-Martin-du-Bois, le profil singulier de la demeure située
rue du Prieuré, avec sa façade pignon et ses longs pans de toiture, traduit
l’organisation interne du bâtiment qui comprend là encore une salle sous charpente encadrée par des bas-côtés abritant des espaces de servitude 3 .
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Communauté de communes du Canton de Segré
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Une analyse similaire de la charpente a permis de dater cet édifice de la fin
du 14e siècle, même si l’ensemble a été profondément modifié par la suite.
Trente-sept édifices comportent des campagnes des 15e et 16e siècles, indiquant ainsi la grande période de construction des demeures seigneuriales dont
on conserve de très beaux exemples avec les manoirs du Grand Rossignol
(Aviré), de la Bourgonnière (Montguillon), de la Cour, la Pézellière et Haute-Rivière (Saint-Gemmes-d’Andigné) ou de la Planchette (Segré). Le phénomène
se poursuit aux 17e et 18e siècles avec des sites comme ceux de la Fleuriaie
(Aviré) ou l’Aunay (Louvaines).
Les châteaux, possédés par la haute aristocratie depuis le Moyen Âge, ont
évolué tant dans leurs fonctions que dans leurs formes. Le château (castrum) de Segré dont l’énorme motte s’élevait au confluent de la Verzée et de
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Communauté de communes du Canton de Segré
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l’Oudon, est rasé en 1433 par le comte d’Arundel. Beaucoup de ces édifices,
édifiés pour contrôler un territoire au temps de leur construction, perdent tout
intérêt stratégique et militaire à la fin de la guerre de Cent Ans. Au milieu du xve
siècle, de nouvelles grandes demeures seigneuriales apparaissent, succédant
sans doute à des habitats plus anciens (Bouillé Théval à Montguillon). Même si
certaines gardent un aspect défensif très marqué, comme l’ancien château de
la Bijottière (Bourg-d’Iré) reconstruit après 1454 avec un châtelet d’entrée, les
logis s’ouvrent davantage sur l’extérieur : les baies sont plus nombreuses, plus
larges, et composent des travées régulières, comme au château du Percher
(Saint-Martin-du-Bois) 4 . Le décor des façades intègre alors nombre d’éléments italianisants : encadrements à crossettes, baies en plein cintre, corps
de moulures à fasces, frontons triangulaires ou festonnés, comme au Percher
de nouveau ou au château du Hardas (Louvaines). Les tours contenant l’esca-
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lier en vis, si fréquentes aux façades des logis gothiques, tendent à disparaître
au profit d’une distribution verticale intérieure. Le Hardas en est une bonne
illustration : bien que saillant encore au-dessus du mur gouttereau du corps
principal et couverte d’un toit en pavillon, la cage de l’escalier se trouve ici intégrée dans l’œuvre et sert de liaison entre le gros pavillon d’entrée et la partie
droite du logis. Le territoire compte enfin de très beaux exemples du château
français classique des xviie et xviiie : le logis du château de la Faucille (L’Hôtellerie-de-Flée) 5 , présente deux pavillons latéraux de part d’autre du corps de
logis central, tous couverts par des toitures brisées. Plus complexe, avec ses
ailes et ses cours de communs symétriques par rapport à l’axe général de la
composition, la Lorie (La Chapelle-sur-Oudon) a été agrandi et embelli de siècle en siècle. Comme dans les autres secteurs du Pays Segréen, le territoire
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voit une importante phase de construction / reconstruction / réaménagement
de châteaux tout au long du 19e siècle. Les propriétaires fonciers, acteurs politiques et économiques du monde local, réaménagent leurs domaines, modernisent leurs exploitations agricoles et adaptent leurs châteaux aux modes architecturales. Le style néo-classique est adopté à Danne (Saint-Martin-du-Bois)
6 dans les années 1830 ; la Maboulière (Bourg-d’Iré) 7 , édifié pour le comte
Alfred de Falloux, député et ministre de Louis-Napoléon Bonaparte, combine
des influences de la fin de la Renaissance et de la première moitié du 17e siècle. Auguste Bibard multiplie d’imposantes constructions « brique et pierre »,
en référence à l’architecture du règne de Louis XIII à Saint-Julien (Châtelais) ou
à la Douve (Bourg-d’Iré). Enfin Auguste Beignet propose le néogothique pour
la restauration du château de la Ferrière (Ferrière-de-Flée).
Communauté de communes du Canton de Segré
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Les parcs et jardins
À partir du 17e siècle se développent des jardins réguliers qui comprennent un
ou plusieurs axes de composition et de symétrie ainsi que des parties constituantes traitées en surface ou en volume selon des formes géométriques simples : parterres, alignements, boulingrins. Le parc de la Faucille (L’Hôtellerie-deFlée) 8 présente encore une longue avenue rectiligne qui conduit au château.
Vers le sud, des jardins s’étagent en terrasse sur trois niveaux : d’ouest en est
on trouve un jardin fleuriste, deux pièces de gazon interrompues par une allée
de front et un jardin d’agrément au bord de l’Oudon. Les compositions à la
française, dans lesquelles les effets de perspective jouent un rôle majeur, s’organisent autour d’un jeu d’axes perpendiculaires qui utilisent l’entrée principale du château comme point de convergence. L’axe frontal, le plus important,
conduit vers le logis, le traverse en son centre et se poursuit dans le jardin,
parfois au-delà dans le parc boisé ou la campagne. Le parc de la Lorie reprend
ces grands principes de l’époque classique. Aménagé au cours du 18e siècle,
lors des grands travaux menés par la famille Constantin pour le château, on
doit toutefois sa sauvegarde à l’intervention du paysagiste Edouard André qui
entreprend au début du 20e siècle la restauration des jardins en respectant les
caractères de la composition régulière.
À partir des années 1830, la tradition du jardin régulier s’efface au profit de
compositions paysagères et pittoresques qui jouent avec le relief du terrain,
les pièces d’eaux naturelles (rivière, étangs), les allées courbes et les points
de vue sur le château et la campagne. Ce sont de tels aménagements qui sont
effectués autours des châteaux de la Roche (Noyant-la-Gravoyère), Danne
(Saint-Martin-du-Bois), la Douve (Boug-d’Iré), ou encore Saint-Julien (Châtelais). Le parc du château d’Orveau (Nyoiseau) conserve pour sa part un rare
embarcadère de jardin en bois, bel exemple de « fabrique » qui ponctuait « le
tableau de paysage ». Deux exemples de jardins potagers méritent d’être signalés : à Danne, le jardin adopte une forme originale à redents, sans doute
à usage de brise-vent 9 ; à la Devansaye (Marans) le potager aménagé vers
1875 conserve la plupart des ses aménagements d’origine dont son beau mur
de clôture et son portail d’entrée avec dans l’axe, la maison du jardinier qui
ouvre directement dans le jardin.
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Communauté de communes du Canton de Segré
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Le patrimoine rural des fermes
Les implantations seigneuriales ont favorisé depuis l’époque moderne l’établissement de nombreuses exploitations agricoles. Un tiers d’entre elles proposent des campagnes de constructions antérieures au 19e siècle. Elles sont
marquées par l’emploi du type « bloc à terre allongé » appelé habituellement
« longère ». Dans de nombreux cas, ce type est complété par une ou deux
petites dépendances satellites (remise, grange, porcherie) élevées sans organisation précise autour de la cour. Le gros œuvre des murs est constitué pour
l’essentiel de moellons de grès, de calcaire et de schiste liés à la terre le plus
souvent, ou parfois à la chaux et au sable. On utilise par ailleurs le bois en second œuvre pour les linteaux des baies ou le cadre des lucarnes ; l’ardoise est
systématiquement employée pour les toitures.
Les deux autres tiers du corpus proposent des exploitations entièrement
construites ou reconstruites au cours de la seconde moitié du 19e siècle 10 .
Cet ensemble témoigne de l’intense mouvement de reconstruction des bâtiments ruraux lié à la modernisation de l’agriculture dans le Segréen au 19e
siècle : agrandissement des domaines, chaulage des terres, introduction d’une
nouvelle race bovine -la Durham-. Cette action appliquée au bâti est particulièrement visible dans les communes où sont installés les grands propriétaires
terriens de l’époque : au Bourg-d’Iré où est présent le comte de Falloux, à Sainte-Gemmes-d’Andigné où réside la famille d’Andigné, 70 à 80 % des fermes
sont reconstruites (parfois entièrement) à cette époque. Les constructions se
structurent désormais selon un plan régulier, avec des bâtiments dissociés
selon leurs différentes fonctions. Les étables prennent une importance particulière : elles font l’objet d’un traitement architectural recherché, marqué par
l’écriture symétrique des élévations, en jouant notamment sur les pignons-lucarnes des avant-corps. L’utilisation de la brique, parfois en alternance avec le
tuffeau, souligne de façon décorative les chaînes d’angle et les encadrements
des baies. On signalera bien sûr la ferme modèle de la Maboulière (Bourgd’Iré) 11 construite à l’initiative du comte de Falloux, et encore les beaux exemples de la Grande-Noue 12 et la Chauffetière (Châtelais), la Roche (Noyantla-Gravoyère), l’Épine (la Ferrière-de-Flée), l’Englucherie et de l’Ébeaupinière
Le château de St-Julien et la ferme du domaine (Châtelais).
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(Sainte-Gemmes-d’Andigné) et du Bas-Tertre (Saint-Martin-du-Bois). Une vigilance particulière, notamment lors d’un changement d’affectation, doit donc
être portée sur les bâtiments les plus remarquables afin d’en conserver la
silhouette générale et les caractères architecturaux particuliers.
Des extensions contemporaines (remises, stabulations, hangars) entreprises
tout au long du 20e siècle sont visibles un peu partout ; elles illustrent notamment les nouvelles orientations mises en œuvre après la seconde guerre
mondiale (mécanisation, intensification de la production).
Communauté de communes du Canton de Segré
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Un patrimoine de territoire singulier :
l’architecture industrielle
Les moulins
Vingt-huit moulins ont été repérés au cours de l’enquête. La plupart figurent
sur la carte de Cassini et il est probable que leur construction remonte au
Moyen Age ; les édifices ou les vestiges les plus anciens sont toutefois plus
visibles le long de la Verzée où le gros-œuvre des bâtiments repérés est datable des 17e et 18e siècles ; ceux construits le long de l’Oudon ont été largement remaniés ou reconstruits au cours du 19e siècle (moulin de Quincampois
(Sainte-Gemmes-d’Andigné). Peu de moulins à vent ont subsisté ; ce sont
tous des moulin-tours qui prenaient le relais des moulins de berge en cas de
baisse du niveau des eaux (La Corbinière à Noyant-la-Gravoyère, La Bondrairie
à Nyoiseau).
Les industries d’extraction
Les principales activités industrielles qui se développent sont liées à l’extraction des produits du sous-sol : on signalera tout d’abord le calcaire utilisé pour
obtenir de la chaux afin d’amender les terres ; plusieurs fours à chaux furent
construits sur le territoire (La Chapelle-sur-Oudon, Louvaines) et des vestiges
sont conservés notamment à Noyant-la-Gravoyère. À partir des années 1830,
l’usage de la brique devenant à la mode dans la construction rurale, le nombre des briqueteries augmente : une existait à Noyant, une autre vient d’être
restaurée à Louvaines (La Bodardière). C’est bien sûr l’exploitation des ardoisières (attestée à partir de l’époque médiévale) avec notamment les sites de
Misengrain 13 et de la Gâtelière (Noyant-la-Gravoyère) et celle du minerai de
fer à Segré et Nyoiseau (carreau du Bois) 14 qui présentent les témoignages
patrimoniaux les plus remarquables. À Misengrain le puits principal (n°7) dispose encore de son chevalement en treillis métallique, avec ses deux molettes
(grandes poulies), et du bâtiment de la machine d’extraction. Deux anciens ateliers de fabrication, à structures métalliques, sont également préservés dont
l’un au sud est couvert par une toiture en sheds. Situé à côté de ce dernier,
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Communauté de communes du Canton de Segré
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l’ancien puits n°6, avec son chevalement métallique, a été déclassé à partir
des années 1930 pour servir de puits de secours et d’aérage. À la Gâtelière, on
conserve quelques éléments bâtis en surface transformés pour certains lors
de la réhabilitation des lieux en site d’interprétation.
Concernant l’extraction du fer, outre le carreau de l’Oudon (Segré) où sont
conservés un chevalement métallique, l’ancien bâtiment de la machine d’extraction et les arcs de soutènement de l’estacade supportant une voie ferrée,
le site majeur est celui du carreau minier de Bois 2-Bois 3 à Nyoiseau avec
ses deux chevalements (l’un métallique, l’autre en béton) et leurs bâtiments
abritant les machines d’extraction mais aussi pour Bois 3 le bâtiment principal dit de « la recette ». La tour béton est un exemple exceptionnel de tour
« Koepe » : elle comporte un treuil d’extraction installé en partie haute ; une
simple poulie qui entraîne, en boucle, la cage et le contrepoids reliés au même
câble. Implanté sur les hauteurs d’un plateau et visible de toutes parts à plusieurs kilomètres à la ronde, cet ensemble industriel forme un des points forts
du paysage du Haut-Anjou.
Liés aux différentes exploitations (mines d’ardoise et de fer) et à leurs sites
de production, de nombreux
types de logements ouvriers
ont été répertoriés à Misengrain et Noyant-la-Gravoyère
(cité jardin de la Promenade)
mais aussi à Charmont, Nyoiseau 15 (Brèges, Bois II) ainsi
qu’à Segré avec sa grande
cité des mines de fer. Notons
enfin parmi les équipements
annexes le groupe scolaire et
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le vélodrome de Noyant-laGravoyère.
Ce patrimoine industriel doit donc être considéré comme une richesse singulière au Pays Segréen. Si sa valorisation doit être poursuivie, les enjeux majeurs sont liés aux possibilités de reconversion et/ou réhabilitation de certains
bâtiments afin d’en assurer leur sauvegarde.
Patrimoine des villages :
un cadre de vie à préserver
L’architecture religieuse
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L’architecture religieuse est une composante marquante du paysage urbain et
villageois tant par les édifices monumentaux (abbaye, prieurés, églises paroissiales, chapelles) que par les nombreux édicules (croix de chemin, oratoires)
ou les lieux de dévotion modestes tel l’arbre du Petit Villechien à Noyant-laGravoyère ou le puits-chapelle de Sainte-Gemmes-d’Andigné ou encore les
nombreuse niches pratiquées sur les façades des maisons à la dévotion du
Christ ou de la Vierge (Saint-Martin-du-Bois). L’implantation religieuse remonte
à la création des paroisses et à l’installation des abbayes et des prieurés entre
le 10e et le 12e siècle 16 . Mais on notera surtout la prépondérance de l’architecture du 19e siècle dans le cas des églises paroissiales. Jugées vétustes ou
trop exiguës, toutes les églises du territoire ont en effet été reconstruites (ou
agrandies) au cours de cette période. Parmi les exemples les plus remarquables, on notera la Madeleine de Segré (protégée MH) 17 ainsi que les églises
de Sainte-Gemmes-d’Andigné, Saint-Martin-du-Bois 18 , Marans, Châtelais et
Saint-Sauveur-de-Flée. C’est toutefois l’ensemble de ce corpus d’édifices qui
est aujourd’hui confronté à des enjeux importants en matière de conservation.
Communauté de communes du Canton de Segré
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Les centres-bourgs : un patrimoine de proximité
Les bourgs se structurent autour d’éléments significatifs comme l’église, la
mairie, le presbytère, le cimetière, le monument aux morts ou encore le lavoir.
La rue principale et/ou la place sont des espaces essentiels : axe de passage
et espace public, elles configurent le plan du village.
Le territoire connaît aujourd’hui un développement lié à sa proximité avec Angers renforcée par l’aménagement de nouveaux axes de circulation. Les villes
et villages, qui avaient subi une forte baisse de la population au cours du 20e
siècle, sont à nouveau attractifs et en pleine expansion. Cette évolution se
traduit toutefois par l’étalement des zones d’habitation et la naissance de nombreux lotissements en périphérie. Les centres-bourgs restant souvent à l’écart
de programmes de rénovation ou de réhabilitation de l’habitat.
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Communauté de communes du Canton de Segré
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Le traitement des façades constitue l’une des richesses de ces villages : l’emploi de la symétrie dans les élévations, la variété des encadrements de baies
(matériaux, formes, décor), le dessin des lucarnes, des balcons ou des gardecorps sont autant de détails à préserver et à entretenir 19 20 21 . Les alignements
opérés tout au long du 19e siècle ont contribué à créer une unité architecturale
tant dans l’ordonnancement des façades que dans le gabarit des volumes.
Les bâtiments de dépendance accompagnant les habitations (communs ou
étables-granges), comme les jardins potagers, à l’arrière des maisons ou en
bordure de rivière (Bourg-d’Iré), participent au caractère rural des bourgs. Les
puits, les lavoirs, les fontaines 22 témoignent enfin d’un mode de vie aujourd’hui
révolu. Si les croix de chemin et oratoires ponctuent toujours le territoire rural,
on trouve également de nombreux édicules religieux dans les villages, évocation de la piété passée (rogations, missions, pèlerinages).
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