Infections en obstétrique : un nouveau challenge ? Agnès Le Gouez, Catherine Fischer-Tibi, Hôpital Antoine Béclère, Département d’Anesthésie-Réanimation, 157 rue de la porte de Trivaux, BP 405, 92141 Clamart cedex, France. E-mail : [email protected] Introduction Dans les pays développés, la mortalité maternelle varie de 1,8 à 5,9 pour 100000 naissances [1]. Elle se définit comme étant « décès d’une femme survenu au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours après sa terminaison, quelle qu’en soit la durée ou la localisation, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle, ni fortuite » [2]. Pour les années 2006-2008, 261 femmes sont décédées au Royaume Uni en relation directe ou indirecte avec une grossesse, soit une mortalité maternelle de 11,39 pour 100000 grossesses [3]. Les morts de cause obstétricale directe ont diminué de 6,24 pour 100000 en 2003-2005 à 4,67 pour 100000 grossesses en 2006-2008 (p = 0,02), principalement par une diminution des causes thromboemboliques et hémorragiques à un degré moindre. Malgré cette diminution du taux global de mortalité, le rapport confidentiel sur les morts maternelles au Royaume-Uni entre 2006 et 2008 a mis en évidence une augmentation de la mortalité maternelle liée au sepsis. La mortalité liée au sepsis a quasiment triplé au cours des 25 dernières années [4], le sepsis devenant ainsi la cause principale de mort maternelle directe. Il semble également exister une recrudescence des infections graves à Streptocoque bêta-hémolytique Lancefield du groupe A communautaire (Strepto A). Ces constatations soulèvent plusieurs questions cruciales. Est-ce que la grossesse a un impact sur la survenue de sepsis sévère ? Est-ce que la grossesse influence les chances de survie en cas de sepsis sévère ? La grossesse et ses modifications physiologiques masquent-t'elles les signes de sepsis retardant ainsi son diagnostic et son traitement ? La grossesse interfère-t-elle également avec la réponse de l’organisme aux agressions microbiennes et donc avec le profil évolutif de la maladie infectieuse ? Ou est-ce que, tout simplement, le sepsis sévère a une mortalité élevée qu’il soit ou non associé à une grossesse ? Pourquoi existe-t-il une telle recrudescence des infections à Strepto A ? Cette élévation de la mortalité maternelle liée au sepsis dans le triennium 2006-2008, associée au fait qu’une insuffisance de soins était en cause dans 362 MAPAR 2012 70 % des morts maternelles directes, fait des infections en obstétrique un nouveau challenge pour les anesthésistes réanimateurs, en collaboration étroite avec les équipes obstétricales. Il faut également garder à l’esprit la présence d’un « 2ème patient », représenté par le fœtus : un sepsis en pré-partum peut rapidement conduire à une altération de l’état fœtal. Il est donc primordial de reconnaître rapidement les signes d’infection sévère, de les traiter et de développer des recommandations pour améliorer les soins aux femmes enceintes [3]. 1.Définitions Le terme « sepsis » recouvre une grande variété de symptômes, depuis des signes mineurs jusqu’au choc avec défaillance multiviscérale. Dans la pratique obstétricale il n’existe pas définition claire du sepsis. Le terme de sepsis puerpéral est défini dans la classification internationale (ICD-10) comme une température > 38°C pendant plus de 24 h ou récurrente, après l’accouchement. Il s’y ajoute la définition de l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) d’une infection du tractus génital survenant entre la rupture des membranes ou le travail et le 42ème jour post-partum avec au moins 2 des items suivants présents : douleur pelvienne, fièvre, pertes vaginales anormales, odeur anormale des pertes, retard à la rétraction utérine. Depuis 1992, une conférence de consensus nord américaine a introduit les définitions standards correspondant aux différents stades du processus infectieux : Systemic Inflammatory Response Syndrome (SIRS), sepsis, sepsis sévère et choc septique pour la population générale (Tableau I) Ces définitions des différents stades évolutifs de l’infection ne constituent pas d’excellents outils diagnostics chez la femme enceinte. En effet, tous les critères inclus dans la définition du SIRS sont augmentés physiologiquement au cours de la grossesse : la fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire, le taux de leucocytes. D’autres facteurs expliquent également la difficulté à définir le sepsis en contexte obstétrical. Le sepsis peut survenir n’importe quand pendant la grossesse, le travail ou en post-partum, et provenir de foyers infectieux divers non limités au tractus génital. D’ailleurs dans l’enquête sur la mortalité maternelle, les décès peuvent être classés comme directs ou indirects en fonction de l’origine infectieuse (exemple : Streptocoque A ou méningite respectivement). L’OMS propose alors de remplacer le terme de sepsis puerpéral par l’infection puerpérale, incluant ainsi les infections extra-génitales (exemple l’abcès du sein) et les infections fortuites (exemple le paludisme). Tableau I Définition du sepsis SIRS Température > 38° ou < 36° (Au moins 2 critères) Fréquence Cardiaque > 90/mn Fréquence Respiratoire > 20/mn Globules Blancs > 12000 ou < 4000 Sepsis SIRS + Infection documentée Sepsis sévère Sepsis + Dysfonction d’organe Choc septique Sepsis Sévère + Hypotension nécessitant vasopresseurs ou inotropes Mortalité (parmi les patients de réanimation) 7% 16% 20% 46% Obstétrique 363 2. Epidémiologie La femme enceinte est exposée au sepsis. En effet dans cette population, l’incidence des bactériémies est élevée : 7,5/1000 dans la population obstétricale générale, dont 8 à 10 % développent un sepsis [5]. Pour les parturientes hospitalisées cette incidence des bactériémies est plus élevée : voisine de 10 % dans la plupart des séries [6-8]. Seule une très faible proportion évoluera vers une forme grave (moins de 4 % de sepsis graves parmi ces patientes). La prévalence des infections sévères en revanche est faible : en France, en 2002, selon le rapport du comité national d’expert sur la mortalité maternelle (CNEMM) elle était de 22,4 ± 10,5 pour 100000 naissances vivantes [2]. L’incidence du choc septique dans le péri-partum, varie entre 1/8000 et 1/44000 selon les études [9, 10]. En cas de bactériémie documentée, l’évolution vers un choc septique est observée dans 0 à 10 % des cas. Parmi les parturientes hospitalisées en unité de soins intensifs, l’incidence du sepsis est voisine de 60 %, celle du sepsis sévère de 25 % et celle du choc septique seulement de 3 % [11]. Ces chiffres ne sont pas du tout comparables avec la population générale non obstétricale des patients de soins intensifs chez qui le sepsis sévère constitue l’un des premiers motifs d’hospitalisation et de morbi-mortalité en réanimation. Dans la période du postpartum, les principales causes de ré-hospitalisation dans les 6 semaines suivant l’accouchement sont infectieuses (endométrite, cellulites, fasciites nécrosantes, pneumopathies, cholécystites, appendicites) et toutes sont plus fréquentes après une césarienne, notamment réalisée en urgence, qu’après un accouchement par voie basse. En effet, une bactériémie complique 14 % des césariennes réalisées pour échec du travail, surtout en cas d’accouchement prématuré ou en contexte de chorio-amniotite [12, 13]. La femme enceinte est donc exposée à des bactériémies fréquentes mais développe rarement des infections sévères. Si, dans la population générale, la mortalité en cas de choc septique reste très élevée (30 à 60 %), elle est en revanche beaucoup plus faible chez la femme enceinte : de 0 à 20 %. Le sepsis est l’une des 5 causes de mortalité maternelle dans le monde, responsable de 75000 décès par an. Cependant, la mortalité maternelle d’origine infectieuse diffère de façon extrêmement importante autour de la planète : de 0,01 à 28,5 pour 100000 femmes selon l’OMS [14]. Dans les pays en développement, le paludisme, le virus HIV et les pneumopathies communautaires sont des causes fréquentes non obstétricales de sepsis maternel [15]. En 2008, le VIH serait impliqué dans 61000 décès maternels dans le monde (sur un total de 343000 morts maternelles soit une incidence de 251/100000 naissances) dont 95 % sont concentrés en Afrique subsaharienne et en Asie [16]. Le manque d’accès aux soins prénataux ainsi que le statut nutritionnel de la population sont, dans ces pays, fortement associés à une incidence plus élevée d’infections au cours de la grossesse. Aux Etats-Unis, sur la période 1991-1999, 12 % des décès maternels étaient d’étiologie infectieuse (34 % dans la sous-population des morts fœtales in utero et avortements). En France, selon les données de l’INSERM, entre 1996 et 2002, le sepsis était la cause de 5 % des morts maternelles, les données plus récentes (2004 à 2006) rapportent un chiffre stable de 3,3 % [2]. L’analyse des registres aux Pays-Bas montre que pour la même période (2004-2006) 7,7 % des morts maternelles étaient d’origine infectieuse [17]. Au Royaume Uni, le rapport confidentiel sur la mortalité maternelle publié en 2011 rapporte sur la période 2006-2008 un taux de mortalité dû au sepsis de 1,13 pour 100000 grossesses [3]. Dans le précédent rapport, période 2003-2005, la mortalité due au sepsis était de 0,85 et de 0,65 pour la période 2000-2002. Dans la moitié des cas, l’infection est survenue après une césarienne. L’analyse des cas distingue les décès par cause obstétricale directe résultant de complications obstétricales (grossesse, travail et suites de couches), 364 MAPAR 2012 d’interventions, d’omissions, d’un traitement incorrect ou d’un enchaînement d’événements résultant de l’un quelconque des facteurs ci-dessus, des décès par cause obstétricale indirecte résultant d’une maladie préexistante ou d’une affection apparue au cours de la grossesse sans qu’elle soit due à des causes obstétricales directes, mais qui a été aggravée par les effets physiologiques de la grossesse. Ainsi l’infection représente 24 % des causes directes de décès et en fait la 1ère étiologie. L’analyse montre que la recrudescence des infections graves à Streptocoque bêta-hémolytique Lancefield du groupe A communautaire (Strepto A) est responsable de la moitié des cas de décès d’origine infectieuse (13 cas sur 26). Si la mortalité maternelle reste importante à évaluer, elle reste heureusement très faible dans nos pays et le critère de la morbidité maternelle sévère semble plus intéressant à considérer. En effet, la morbidité maternelle sévère estimée aux Etats-Unis entre 1991 et 2003 s’avère 50 fois plus élevée que la mortalité, soit une incidence pour ce critère de 5,1/1000 [18]. Dans le groupe de patientes qui présentait des critères de morbidité sévère, 4 % étaient représentés par les septicémies en tant que diagnostic principal. Dans les pays qui disposent également de registres performants (Pays-Bas, Royaume Uni), l’analyse de la morbidité sévère d’origine infectieuse montre que l’incidence est de 4 à 21/100000. La survenue du sepsis a lieu dans 44 % des cas en pré-partum, 10 % au moment de l’accouchement, et dans 46 % des cas en post-partum [17]. Les pays industrialisés de l’hémisphère nord (Europe, Etats-Unis, Canada), en 2002, la prévalence des infections maternelles graves nécessitant une hospitalisation en réanimation, étaient de 22,4 ± 10,5 pour 100000 naissances vivantes. Les facteurs de risque de sepsis sévère mis en évidence par ces études épidémiologiques étaient : les grossesses multiples (RR 6,5), les grossesses obtenues en PMA (RR 5,8), l’accouchement par césarienne (RR 3,1), l’âge maternel > 35 ans (RR 1,6) [17]. Les facteurs de risque de sepsis obstétricaux sont résumés dans le Tableau II [4]. Parmi ceux-ci, l’accouchement par césarienne présente un risque d’infection du post-partum de 7,6 % versus 1,6 % pour l’accouchement par voie basse et ce malgré une antibioprophylaxie [4], le risque d’infection de paroi étant 50 % plus élevé en cas de césarienne urgente. A noter que dans les pays où l’interruption volontaire de grossesse n’est pas autorisée par la loi, les avortements septiques contribuent fortement à la morbidité et à la mortalité maternelle infectieuse. Dans une étude argentine, en 2007, 26 % des admissions de patientes obstétricales en soins intensifs étaient liées à un sepsis, parmi lesquelles 46 % compliquaient un avortement [15]. Tableau II Facteurs de risque de sepsis en obstétrique Obstétricaux Liés au patient Amniocentèse et procédures inva- Obésité sives intra-utérine Diabète et intolérance au glucose Sutures du col Déficit immunitaire Rupture prolongée des membranes Anémie Travail prolongé avec plus de 5 exa- Drépanocytose mens vaginaux Pertes vaginales Traumatisme vaginal Antécédents d’infection pelvienne Césarienne Antécédents d’infection à Streptocoque Rétention placentaire B Conditions socio-économiques défavorables Obstétrique 365 3. Grossesse, susceptibilité aux infections et modifications du système immunitaire Les modifications anatomiques et hormonales liées à la grossesse expliquent en partie le risque accru d’infections. Le risque d’infection urinaire est considérablement majoré par ces modifications : l’utérus gravide comprime la vessie et les uretères dont le tonus musculaire est diminué par l’imprégnation hormonale, entraînant une dilatation urétérale, une stase urinaire et un reflux vésico-ureteral. Ainsi, le risque d’évolution vers la pyélonéphrite d’une infection urinaire basse est multiplié par 10 au cours de la grossesse. Ce risque est accru par la présence d’une sonde urinaire en contexte de césarienne. La contamination du contenu utérin par la flore vaginale est responsable de la majorité des chorio-amniotites et endométrites. Ce type d’infections ascendantes est favorisé par la rupture prématurée et/ou prolongée des membranes, par une infection vaginale ou une vaginose bactérienne, par les manœuvres au cours de l’accouchement ou d’une césarienne. D’ailleurs, l’accouchement par césarienne est l’un des principaux facteurs de risque d’infection maternelle sévère [14]. Les infections pulmonaires sont favorisées par le reflux gastro-œsophagien lié à une incontinence du sphincter inférieur de l’œsophage par hyperpression intra-abdominale et imprégnation hormonale, mais aussi par les modifications de la course diaphragmatique et des volumes pulmonaires. De plus, la femme enceinte a longtemps été considérée comme « immunodéprimée ». Il s’agit plutôt d’un état immunitaire modifié dit de « tolérance immunitaire » nécessaire au développement de la grossesse. Cet état d’immunosuppression relatif entraîne principalement une diminution de l’immunité cellulaire et donc des altérations de la réponse maternelle aux infections. L’équilibre du système de réponse immunitaire est modifié : le système T-helper 2 (interleukine 10) prédomine, alors que la réponse cytokinique T-helper 1 (interleukine 12, interféron γ) est réprimée. Cette dysrégulation de la balance cytokinique pro/ anti inflammatoire se traduit par une réduction de la réponse clinique. De plus, plusieurs molécules impliquées dans la modulation de la réponse immunitaire sont modifiées par la grossesse : taux de cortisol, progestérone, noradrénaline. Il s’y associe le développement du système immunitaire fœtal qui peut modifier par lui-même la réponse maternelle aux infections. Ces phénomènes évoluent au cours de la grossesse, ce qui explique les diverses réponses aux infections, variables non seulement en fonction des germes mais aussi du terme de la grossesse. C’est ce phénomène de tolérance et de modification du système immunitaire qui explique au moins en partie la moindre intensité de la réponse clinique et systémique à l’agression bactérienne et modifie le profil évolutif de l’infection. Une autre explication provient des modifications physiologiques cardiovasculaires survenant au cours de la grossesse. L’augmentation du débit cardiaque, du volume d’éjection systolique, de la compliance du ventricule gauche, du volume sanguin et plasmatique, la diminution des résistances vasculaires systémiques et le maintien de la contractilité myocardique contribuent à maintenir un état d’hypervolémie au cours de la grossesse et donc à une meilleure tolérance à l’hypovolémie, phénomène majeur au cours du choc septique. Cependant, certaines de ces modifications cardiovasculaires comme l’augmentation de la fréquence cardiaque et la vasodilatation périphérique conduisent à une diminution 366 MAPAR 2012 de la pression artérielle et à une augmentation du débit cardiaque. Ces changements peuvent d’une part masquer la présentation initiale du sepsis grave et d’autre part ensuite aggraver les défauts de perfusion d’organes observés dans le choc septique [5 , 19]. Au cours du sepsis grave chez la femme enceinte, la défaillance respiratoire est le plus souvent au premier plan. En effet, la diminution des réserves en oxygène et les modifications des volumes pulmonaires ainsi que l’augmentation de perméabilité alvéolo-capillaire et la baisse de pression oncotique favorisent la survenue précoce de l’œdème pulmonaire et exposent au risque de Syndrome de Détresse Respiratoire Aigu de l’adulte (SDRA) [5, 20]. mortalité maternelle en cas de SDRA compliquant un sepsis est élevée : de 10 à 50 % [11, 21]. Plus, la diminution de tonus du sphincter inférieur œsophagien et le ralentissement de la vidange gastrique favorisent les pneumopathies d’inhalation. L’alcalose respiratoire compensée réduit la marge pour compenser une acidose métabolique. L’augmentation de l’activité de l’angiotensine et la vasoconstriction rénale qui en résulte exposent le rein au risque de nécrose tubulaire aiguë. L’augmentation des facteurs de coagulation sans élévation des inhibiteurs se traduit par une exacerbation potentielle du processus de CIVD [5]. L’association d’une CIVD et d’une défaillance respiratoire au cours du sepsis est associée à une augmentation de la mortalité maternelle [22]. Ces changements physiologiques au cours de la grossesse peuvent donc rendre la présentation clinique aspécifique et son début insidieux. 4.Diagnostic Plusieurs situations cliniques doivent faire évoquer le diagnostic. Une infection maternelle pouvant rapidement affecter le fœtus, une anomalie sévère du rythme cardiaque fœtale ou a fortiori une mort fœtale doivent faire évoquer le diagnostic. La présence d’une douleur constante, sévère, abdominale ou périnéale résistante aux antalgiques usuels doit être un signe d’alarme. Si la fièvre est fréquente dans le sepsis, une normothermie peut être constatée. L’hypothermie doit toujours être considérée comme un signe d’alarme. Une fièvre oscillante doit faire rechercher une persistance de foyer infectieux ou un traitement inadéquat [3]. L’élévation des globules blancs peut être contemporaine de la fin de la grossesse ou du travail, mais leur élévation persistante à 1 semaine du post-partum ou leur décroissance très rapide ou < à 4000/mm3 doit faire évoquer une infection sévère [4]. Il faut savoir également qu’un des signes le plus sensible et le plus précoce de sepsis est une tachypnée, résultant de la fièvre, d’une acidose lactique ou d’effets cytokiniques sur les centres respiratoires [4]. Une hémorragie grave de la délivrance peut être un facteur favorisant le développement d’une infection grave, comme elle peut être secondaire à un processus infectieux. Dans les deux cas, il est important de ne pas méconnaître le caractère gravissime de leur association. Les complications infectieuses liées aux ruptures prématurées des membranes (RPM) sont fréquentes, la RPM avant terme augmentant le risque d’endométrite. Les conclusions de l’enquête triennale anglo-saxonne indiquent qu’une reconnaissance précoce des signes de sepsis par tous les intervenants potentiels (sage-femme notamment libérale, médecin généraliste, obstétricien…) reste la clé de la prise en charge. Le diagnostic de sepsis peut donc être difficile. En revanche, son évolution peut être fulminante. Les praticiens doivent donc se fier Obstétrique 367 à une forte suspicion clinique plutôt qu’à des critères diagnostiques objectifs. Le transfert rapide en réanimation est essentiel. Comme il vient d’être décrit, le diagnostic clinique reste difficile en contexte obstétrical, un marqueur biologique serait d’une grande utilité. Malheureusement, les méta-analyses disponibles sur la Pro-calcitonine restent contradictoires [4]. 5. Causes et Aspects bactériologiques (Tableau III) Les bactériémies les plus souvent mises en évidence sont très majoritairement liées à Escherichia Coli (E. Coli) (57 %) et au Streptocoque B (28 %) [6]. La particularité des infections chez la femme enceinte est leur caractère polybactérien très fréquent, alors que dans la population générale seuls 15 à 20 % des cas de sepsis sévères sont polymicrobiens [23]. En pré-partum les sites infectieux sont essentiellement représentés par les urines (E Coli 80 %, Klebsiella 10 %) et le liquide amniotique (mycoplasme 30 à 50 %, streptocoque 20 à 30 %, germes anaérobies 20 %), au 3ème rang viennent les pneumopathies (pneumocoque, varicelle). Les infections intra amniotiques sont le plus souvent d’origine ascendantes, dans la majorité des cas polymicrobiennes, anaérobies et aérobies, constituées par la flore vaginale : gardnerella vaginalis, ureaplasma urealyticum, bacteroïdes bivius, streptocoques A, B et D, peptocooccuset E. Coli. Environ 5 à 10 % des patientes présentant une chorio-amniotite développent une bactériémie [24]. En péri et post-partum les foyers infectieux les plus fréquemment en cause sont les endométrites (streptocoques 40 %, anaérobies 25 %), le Streptococcal Toxic Shock Syndrome dû au Strepto A (STSS), les abcès pelviens, les fasciites nécrosantes, les thrombophlébites septiques (Streptocoques, bactéroïdes) et les abcès mammaires. Les infections graves à Strepto A, autrefois responsables d’infections puerpérales de type épidémique, avaient très largement régressé après l’introduction de l’hygiène des mains puis des antibiotiques. Depuis 1980, une augmentation notable des cas de sepsis sévères à streptocoque A est signalée dans la population obstétricale dans la littérature et par les organismes de veille sanitaire dans plusieurs pays (Japon, Pays-Bas, Etats-Unis, France). Tableau III Etiologies des sepsis en obstétrique Causes obstétricales Causes non obstétricales Origine du tractus génital : Chorio-amniotite Endométrite Avortement septique Infections de cicatrices (césarienne, épisiotomie, plaie vaginale) Extra-génitales : Tractus urinaire et pyélonéphrite Abcès du sein et mastite Thrombophlébite pelvienne septique VIH pneumopathie tuberculose paludisme 368 MAPAR 2012 6. Pronostic Le pronostic du choc septique au cours de la grossesse est favorable si on le compare au pronostic des patients non obstétricaux [5, 25, 26]. Le jeune âge des parturientes, la faible incidence des co-morbidités, ainsi que la relative « accessibilité » du foyer infectieux, souvent d’origine pelvienne et donc « drainé » par l’accouchement sont autant de facteurs qui protègent de l’évolution des infections vers une forme grave. Les micro-organismes impliqués dans les infections puerpérales sont, le plus souvent, sensibles à une antibiothérapie usuelle à large spectre ; l’absence de co-morbidités explique la faible incidence de contamination par des souches résistantes, rendant plus souvent efficace une antibiothérapie précoce et réduisant le risque de développer un tableau sévère. Les outils pronostics qui permettraient, à un stade précoce, d’évaluer le risque de développer une infection grave, et qui sont utilisés dans la population générale ne peuvent pas être extrapolés pour la femme enceinte [27]. Les scores SIRS et MEWS (Modified Early Warning Score) basés sur les critères cliniques et biologiques n’identifient pas les patientes à risque de sepsis grave comme le montre l’étude de Lappen et al. Dans cette analyse rétrospective de 15000 accouchements, l’incidence de la chorio-amniotite était de 6,1 % (913 patientes) : dans cette population, la valeur prédictive positive pour la survenue d’un sepsis grave d’un score MEWS supérieur à 5 était de 0,05 % et celle de la présence des critères du SIRS de 0,9 % [27]. De la même façon, les scores de gravité des patients de réanimation (APACHE II : Acute Physiology and Chronic Health Evaluation) permettant d’estimer le risque de mortalité surestiment ce risque chez la femme enceinte [15]. Cependant, le score MEOWS (Modified Early Obstetric Warning Score) pourrait être utile pour prédire la morbidité de nos patientes admises en réanimation, avec une sensibilité de 89 %, une spécificité de 79 %, une valeur prédictive positive de 39 % et une valeur prédictive négative de 98 % [28]. 7. Prise en charge thérapeutique La prise en charge optimale d’un état septique chez une femme enceinte requiert une prise en charge par une équipe multidisciplinaire possédant une expertise en obstétrique : obstétricien, pédiatre, anesthésiste-réanimateur, infectiologue. Les principes de réanimation du choc septique ont été précisés par les sociétés savantes selon le schéma « Early Goal-Directed Therapy » après avoir démontré une nette amélioration de la mortalité (moins 16 %) par ce type de prise en charge précoce et agressive [29-31]. Malheureusement, les femmes enceintes étant constamment exclues dans les études, les objectifs appropriés restent donc à définir. Selon ces recommandations, la réanimation initiale vise à remplir 4 critères hémodynamiques avant la 6ème heure : 8 < PVC < 12 mmHg, PAM ≥ 65 mmHg, Diurèse > 0,5 ml.kg-1.h-1, sVO2 ≥ 70 %. Il apparaît que ces objectifs thérapeutiques ne peuvent pas être extrapolés à l’identique pour la femme enceinte mais doivent être modulés en fonction des seuils de valeurs physiologiques. Néanmoins, les axes fondamentaux de la prise en charge doivent être retenus [4, 32]. La réanimation hémodynamique doit débuter précocement, c’est-à-dire dès l’arrivée aux urgences, sans délai de transfert dans un service de réanimation. Les moyens nécessaires à la restauration hémodynamique en phase initiale du choc septique comportent le remplissage par cristalloïdes et colloïdes, la transfusion (maintien de l’hématocrite > 30 %), les vasopresseurs (noradréna- Obstétrique 369 line) et les agents inotropes positifs. La limitation de la compression aorto-cave par latéro déviation de l’utérus ou positionnement en décubitus latéral gauche est fondamentale en cas d’instabilité hémodynamique, notamment au cours du 3ème trimestre de la grossesse. La PVC est mal corrélée à la PAP moyenne chez la femme enceinte. Ce paramètre est peu interprétable au cours de la grossesse : une PVC normale peut s’observer en cas de dysfonction ventriculaire gauche, à l’inverse la PVC peut être élevée en l’absence d’œdème pulmonaire [33, 34]. Il n’existe pas d’étude évaluant spécifiquement l’utilisation de la PVC chez les patientes obstétricales au cours des états septiques sévères, mais il apparaît raisonnable d’utiliser ce monitorage pour guider le remplissage initial pour ces patientes présentant des signes d’hypoperfusion si la PVC est basse, ce d’autant que le risque d’œdème pulmonaire est majoré par la grossesse. Ce risque majoré de surcharge pulmonaire justifie le recours rapide aux amines vasopressives, le contrôle de la volémie et l’évaluation de la fonction ventriculaire gauche par échographie cardiaque afin de conduire un remplissage « éclairé » en limitant le risque de surcharge iatrogène. Il n’y a pas de contre-indication à l’utilisation des agents inotropes et vasopresseurs et ceux-ci doivent être administrés selon les protocoles standardisés ; la noradrénaline étant la molécule de référence dans le choc septique. Cependant il faut tenir compte du fait que l’utilisation d’agents vasoconstricteurs modifie le débit sanguin utéro-placentaire et requiert une surveillance fœtale rapprochée [35]. Une antibiothérapie empirique doit être instaurée immédiatement (au cours de la 1ère heure), choisie en fonction des micro-organismes le plus souvent en cause chez la femme enceinte et de la tolérance maternelle et fœtale des antibiotiques. Si l’utilisation des tétracyclines et des quinolones doit être évitée au 1er trimestre, les pénicillines, macrolides et céphalosporines peuvent être prescrites quel que soit le terme. Il faut tenir compte également de l’augmentation du volume de distribution au cours de la grossesse et du raccourcissement de la ½ vie de certains antibiotiques, justifiant des adaptations posologiques. Chaque heure de retard dans l’administration d’un antibiotique approprié réduit les chances de survie de 7,9 % [3]. Si une ventilation assistée est instaurée, elle se fera avec de faibles volumes, en position ½ assise. Le PEEP peut être utilisé. L’hypercapnie permissive expose le fœtus au risque d’acidose et doit être contre-indiquée tant que celui-ci est in utero. De même la sédation maternelle continue gêne la surveillance fœtale. Les mesures de prophylaxie thromboembolique pharmacologiques et/ou mécaniques doivent être mises en place, l’hypercoagulabilité liée à la grossesse majorant le risque de thrombose. Le contrôle de la glycémie est également recommandé. En revanche, les traitements adjuvants comme la protéine C activée ne peuvent être recommandés : ils ne sont pas évalués pendant la grossesse, ils majorent le risque hémorragique et les implications fœtales sont inconnues. La corticothérapie, telle que proposée au cours du sepsis sévère n’est pas non plus évaluée chez la femme enceinte, mais n’est théoriquement pas contre-indiquée d’autant que certains corticoïdes ne passant pas la barrière placentaire peuvent être choisis. Par précaution, il paraît préférable d’utiliser les protocoles à plus faibles doses [36]. Le contrôle de la source infectieuse est essentiel, notamment lorsque l’origine est pelvienne : toutes les mesures de drainage et de débridement chirurgical doivent être envisagées rapidement jusqu’à l’hystérectomie. Dans une série de 18 femmes enceintes en choc septique, un abord chirurgical du foyer infectieux a été nécessaire dans 44 % des cas [9]. La surveillance fœtale est concertée avec l’équipe obstétricale et adaptée selon le terme. La réanimation 370 MAPAR 2012 maternelle s’accompagne d’une amélioration des conditions hémodynamiques et métaboliques fœtales ; l’extraction fœtale n’est pas indiquée dans un contexte d’instabilité maternelle car elle aggrave la morbidité maternelle et la mortalité néonatale [37]. L’évacuation du contenu utérin peut néanmoins être discutée s’il constitue l’origine du foyer infectieux. Dans l’étude de Clark en 1988, pour 40 % des patientes, il a été nécessaire d’extraire le fœtus [38]. L’accouchement peut être indiqué pour un motif de nature obstétricale, mais dans les autres cas l’extraction fœtale n’a pas fait la preuve d’une amélioration du pronostic maternel, excepté en cas d’arrêt cardiaque maternel où la césarienne péri-mortem est indiquée pour optimiser les manœuvres de réanimation. 8. Prise en charge anesthésique Le rôle de l’anesthésiste réanimateur est souvent central dans ce contexte, établissant souvent la communication entre les différents intervenants. En cas de nécessité d’extraction fœtale, la décision appartient à l’obstétricien, mais l’anesthésiste l’informe de l’état maternel et du moment adéquat en fonction de la réanimation maternelle. En ce cas, l’extraction peut se faire sous anesthésie générale ou locorégionale. La possibilité ou non de réaliser une anesthésie périmédullaire dans ce contexte repose sur 3 craintes : le risque d’abcès péridural ou de méningite, la mauvaise tolérance hémodynamique du bloc sympathique et l’existence potentielle d’une coagulopathie. D’une part l’abcès épidural est rare (1/505000 en obstétrique) [4] et concerne surtout des cathéters laissés en place pour des durées très prolongées. Les recommandations de l’American Society of Regional Anesthesia and Pain Medicine, en termes de prévention des complications infectieuses, sont en faveur de la réalisation de l’anesthésie péri-médullaire sous couvert d’une antibiothérapie efficace. D’autre part, la possible intolérance hémodynamique et l’existence d’une coagulopathie incitent à une grande prudence et à une analyse au cas par cas du ratio bénéfice/risque. 9. Infection invasive à Streptocoque bêta-hémolytique Lancefield du groupe A communautaire (Strepto A) Depuis les années 1980 on observe une résurgence inexpliquée d’infections graves à Streptocoques du groupe A (Etats-Unis, Japon, Europe) [39]. Aux PaysBas, sur la période 1993-2006, sur les 21 morts maternelles d’origine septique, 9 (43 %) étaient imputables au Strepto A ; entre 2004 et 2006 le STSS était responsable de 32 % de la morbidité maternelle sévère d’origine infectieuse. L’enquête triennale sur la mortalité maternelle conduite au Royaume Uni rapporte 3 décès liés au Strepto A entre 2000 et 2002, 8 entre 2003 et 2005, et 13 entre 2006 et 2008 ; ce qui en fait la première cause d’origine infectieuse de mort maternelle dans ce pays [3]. Ce micro-organisme communautaire est très répandu puisque 5 à 30 % de la population en est porteur sain (peau, ORL) et est une étiologie fréquente d’infection chez les jeunes enfants [40]. La présentation clinique débute par un syndrome grippal, le plus souvent au cours du 3ème trimestre ou en post-partum, peut s’accompagner d’un rash cutané scarlatiniforme puis d’un état de choc précoce et sévère avec plusieurs défaillances d’organes (hémodynamique, hépatique, rénale, CIVD, SDRA), de nécroses cutanées et musculaires ou de gangrènes, ou d’une myométrite purulente. La mortalité maternelle est élevée : 3,5 à 14,3 % et jusqu’à 58 % Obstétrique 371 dans une série japonaise [39]. 34 à 66 % des fœtus décèdent in utero ou en période néonatale. Certaines souches posséderaient un pouvoir pathogène lié à la protéine M membranaire responsable de la propriété antiphagocytose de la bactérie (souches M1 M3 M28) déterminant des facteurs de plus grande virulence [41]. L’association avec certains polymorphismes génétiques (TLR9, HSP70-2, IL1b) impliqués dans la réponse immunitaire de l’hôte a été également évoquée pour expliquer la résurgence récente de ces infections graves au cours de la grossesse. Le Strepto A sécrète une exotoxine A qui stimule directement les lymphocytes T et déclenche une libération massive de cytotoxines responsable de l’état de choc précoce. Le traitement repose sur une antibiothérapie précoce (pénicilline, clindamycine, érythromycine, vancomycine), et un abord chirurgical du foyer infectieux, voire une hystérectomie. La prévention de l’infection repose sur l’information aux parturientes concernant l’hygiène personnelle et le lavage des mains afin de prévenir toute contamination périnéale ainsi que sur des mesures spécifiques à la salle d’accouchement (port du masque). Conclusion Les infections graves ou sepsis sévères et les chocs septiques survenant au cours de la grossesse ou en post-partum sont des situations rares et ce malgré l’importante fréquence des bactériémies, mais restent l’une des 5 premières causes de mortalité maternelle dans le monde. Au cours des dernières années, les progrès accomplis dans la réanimation du choc septique ont permis d’en réduire la mortalité dans la population générale. Même si peu de données sont disponibles au cours de la grossesse, les mêmes principes de prise en charge et de modalités thérapeutiques doivent être retenus pour la femme enceinte, tout en prenant en compte les modifications physiopathologiques induites par la grossesse et le post-partum. Notamment les objectifs précis hémodynamiques, biologiques et respiratoires de la réanimation initiale restent à déterminer. De la même façon, des scores prédictifs de gravité doivent être validés chez la femme enceinte. Compte tenu du caractère insidieux des premiers signes et de la rapidité d’évolution, un traitement agressif doit rapidement être entrepris. L’antibiothérapie doit être ultra-précoce et à large spectre, en tenant compte des germes les plus fréquemment en cause et du caractère souvent poly microbien des infections. Le foyer infectieux, dans la plupart des cas d’origine pelvienne, est souvent accessible à un traitement chirurgical. Si l’extraction fœtale n’améliore pas le pronostic maternel, elle reste indiquée pour des motifs obstétricaux ou fœtaux, notamment elle doit être envisagée en cas de chorio-amniotite. Une attention particulière doit être portée sur l’infection invasive à Strepto A qui connaît une résurgence récente et est grevée d’une lourde morbi-mortalité maternelle et fœtale. Le UK Obstetric Surveillance System a lancé une étude cas témoin de grande envergure afin de déterminer l’incidence, les facteurs de risque, la prise en charge et le pronostic du sepsis maternel sévère. Ces résultats seront d’une grande utilité pour améliorer la prise en charge de ces patientes. Dans l’attente, les recommandations issues du rapport CMACE visant à reconnaître tôt le sepsis et à suivre les recommandations du Surviving Sepsis Campaign ont toute leur place, des protocoles devraient être rédigés au sein de toutes les maternités. 372 MAPAR 2012 Références Bibliographiques [1] Conde-Agudelo A, Romero R. Amniotic fluid embolism: an evidence-based review. Am J Obstet Gynecol. 2009;201:445 e1-13 [2] 3ème rapport du Comité National d’Expert sur la Mortalité Maternelle (CNEMM) Unité Inserm 953. (période 2001-2006). 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