
Obstétrique 363
2. EPIDÉMIOLOGIE
La femme enceinte est exposée au sepsis. En effet dans cette population,
l’incidence des bactériémies est élevée: 7,5/1000 dans la population obstétricale
générale, dont 8 à 10% développent un sepsis[5]. Pour les parturientes hospita-
lisées cette incidence des bactériémies est plus élevée: voisine de 10% dans la
plupart des séries[6-8]. Seule une très faible proportion évoluera vers une forme
grave (moins de 4% de sepsis graves parmi ces patientes). La prévalence des
infections sévères en revanche est faible: en France, en 2002, selon le rapport
du comité national d’expert sur la mortalité maternelle (CNEMM) elle était de
22,4±10,5 pour 100000 naissances vivantes[2]. L’incidence du choc septique
dans le péri-partum, varie entre 1/8000 et 1/44000 selon les études[9,10]. En
cas de bactériémie documentée, l’évolution vers un choc septique est observée
dans 0 à 10% des cas. Parmi les parturientes hospitalisées en unité de soins
intensifs, l’incidence du sepsis est voisine de 60%, celle du sepsis sévère de
25% et celle du choc septique seulement de 3%[11]. Ces chiffres ne sont pas
du tout comparables avec la population générale non obstétricale des patients
de soins intensifs chez qui le sepsis sévère constitue l’un des premiers motifs
d’hospitalisation et de morbi-mortalité en réanimation. Dans la période du post-
partum, les principales causes de ré-hospitalisation dans les 6semaines suivant
l’accouchement sont infectieuses(endométrite, cellulites, fasciites nécrosantes,
pneumopathies, cholécystites, appendicites) et toutes sont plus fréquentes après
une césarienne, notamment réalisée en urgence, qu’après un accouchement
par voie basse. En effet, une bactériémie complique 14 % des césariennes
réalisées pour échec du travail, surtout en cas d’accouchement prématuré ou
en contexte de chorio-amniotite[12,13]. La femme enceinte est donc exposée
à des bactériémies fréquentes mais développe rarement des infections sévères.
Si, dans la population générale, la mortalité en cas de choc septique reste
très élevée (30 à 60%), elle est en revanche beaucoup plus faible chez la femme
enceinte: de 0 à 20%. Le sepsis est l’une des 5causes de mortalité maternelle
dans le monde, responsable de 75000décès par an. Cependant, la mortalité
maternelle d’origine infectieuse diffère de façon extrêmement importanteautour
de la planète: de 0,01 à 28,5 pour 100000 femmes selon l’OMS[14]. Dans
les pays en développement, le paludisme, le virus HIV et les pneumopathies
communautaires sont des causes fréquentes non obstétricales de sepsis
maternel [15]. En 2008, le VIH serait impliqué dans 61000 décès maternels
dans le monde (sur un total de 343000 morts maternelles soit une incidence de
251/100000 naissances) dont 95% sont concentrés en Afrique subsaharienne
et en Asie[16]. Le manque d’accès aux soins prénataux ainsi que le statut nutri-
tionnel de la population sont, dans ces pays, fortement associés à une incidence
plus élevée d’infections au cours de la grossesse. Aux Etats-Unis, sur la période
1991-1999, 12% des décès maternels étaient d’étiologie infectieuse (34% dans
la sous-population des morts fœtales in utero et avortements). En France, selon
les données de l’INSERM, entre 1996 et 2002, le sepsis était la cause de 5%
des morts maternelles, les données plus récentes (2004 à 2006) rapportent
un chiffre stable de 3,3 % [2]. L’analyse des registres aux Pays-Bas montre
que pour la même période (2004-2006) 7,7% des morts maternelles étaient
d’origine infectieuse[17]. Au Royaume Uni, le rapport condentiel sur la mortalité
maternelle publié en 2011 rapporte sur la période 2006-2008 un taux de mortalité
dû au sepsis de 1,13 pour 100000grossesses[3]. Dans le précédent rapport,
période 2003-2005, la mortalité due au sepsis était de 0,85 et de 0,65 pour la
période 2000-2002. Dans la moitié des cas, l’infection est survenue après une
césarienne. L’analyse des cas distingue les décès par cause obstétricale directe
résultant de complications obstétricales (grossesse, travail et suites de couches),