COMPTE-RENDU DE CONGRÈS
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La Lettre du Pneumologue - Volume IV - no2 - mars-avril 2001
longue survie après un traitement d’induction. Ces facteurs pro-
nostiques sont résumés dans le tableau IV.
Ces traitements d’induction ne sont pas exempts d’effets se-
condaires puisqu’une étude présentée à Tokyo et analysant
rétrospectivement 13 études de chimiothérapie préopératoire
montre un taux de décès de 4 % environ, de syndrome de
détresse respiratoire aiguë à 5 % et de fistules bronchopleu-
rales à 2 % (7).
Cela témoigne de la toxicité potentielle de nos schémas d’induc-
tion préopératoire, toxicité à maîtriser dans l’avenir. La maî-
trise de ces complications passera par le choix des protocoles
néoadjuvants, mais aussi par des modifications des techniques
chirurgicales.
Dans ces stades, il nous faudra déterminer à l’avenir si les at-
teintes N doivent être traitées par chimiothérapie seule, comme
le pensent Roth et Rosell, ou par chimiothérapie-radiothérapie,
comme le laissent penser les études de Depierre et Mattson.
Par ailleurs, la place de la chirurgie dans des stades inopérables, mais
rendus opérables après traitement d’induction, doit être discutée.
Pour les stades métastatiques, le standard de soins est la chimio-
thérapie. Celle-ci augmente la durée et la qualité de vie ; actuel-
lement, les essais comparant soins palliatifs et chimiothérapie
n’ont plus de raison d’être à ce stade.
Trois associations ont été largement étudiées et ont montré leur
efficacité ainsi qu’un profil de toxicité acceptable : l’association
cisplatine-gemcitabine, l’association cisplatine-vinorelbine, l’asso-
ciation carboplatine-paclitaxel.
Ces trois associations ont été étudiées dans des études compara-
tives récentes.
On sait notamment que l’association cisplatine-gemcitabine est
supérieure au cisplatine seul et à l’association cisplatine-étopo-
side et, en termes de réponses objectives, au schéma MIP.
L’association carboplatine-paclitaxel, quant à elle, est équiva-
lente à l’association cisplatine-vinorelbine.
Enfin, l’association cisplatine-vinorelbine est supérieure au cis-
platine seul et à la vinorelbine seule.
L’essai randomisé à 4 bras de l’ECOG a montré une supériorité
du bras gemcitabine-cisplatine en termes de survie sans pro-
gression tandis que le bras carboplatine-paclitaxel présentait un
avantage en termes de tolérance. Aucune différence en termes de
survie ou de taux de réponses n’a été observée.
Le problème du choix de la chimiothérapie se pose donc.
Ce choix doit tenir compte de l’état du patient, de ses comorbi-
dités, qui sont souvent inévitables en raison du tabagisme du
patient, de ses situations familiale et sociale, et on pourrait ajou-
ter, de sa situation géographique par rapport au centre qui doit le
prendre en charge.
En pratique, on peut proposer pour des patients en bon état géné-
ral, ayant peu maigri, d’index de performance 0 ou 1, et qui n’ont
pas de contre-indication au cisplatine, une association gemcita-
bine-cisplatine, ou vinorelbine-cisplatine.
Le schéma carboplatine-paclitaxel, plus onéreux, pourra facile-
ment être proposé pour des patients fragiles, insuffisants rénaux
ou cardiaques.
Pour les patients dont l’état général est plus mauvais, il est rai-
sonnable de proposer une chimiothérapie sans sels de platine et,
au minimum, une monochimiothérapie, par gemcitabine ou vino-
relbine seule éventuellement.
Pour les patients d’état de performance 3 ou 4, on ne peut recom-
mander à ce jour qu’un traitement symptomatique. Pour les sujets
âgés, une monochimiothérapie peut être proposée.
Au-delà de ces recommandations, il faudra déterminer, à l’ave-
nir, si les sels de platine sont indispensables, le nombre de
drogues à administrer, la meilleure séquence d’administration
en intégrant les traitements de seconde ligne, qui sont mainte-
nant efficaces.
Pour cela, on pourra s’aider éventuellement de la pharmacogé-
nomique, qui permettra de déterminer au préalable les caracté-
ristiques de sensibilité de la tumeur et de choisir les meilleurs
agents disponibles dans ce contexte.
Les nouveaux agents tels que le MTA, le CPT 11, l’oxaliplatine
par exemple devront intégrer notre arsenal thérapeutique.
Enfin, la mise à disposition de nouveaux agents “non chimio-
thérapiques” ciblant la vascularisation tumorale ou les récepteurs
aux facteurs de croissance pourra modifier notre prise en charge
thérapeutique mais celle-ci sera sûrement une combinaison
hybride entre agents cytotoxiques et biothérapie.
Les conclusions de ce symposium font état d’un optimiste rai-
sonné car les progrès sont incontestables, concernant tous les
stades de la maladie depuis la prise en charge diagnostique jusqu’à
la prise en charge thérapeutique.
Le chemin à faire est encore long, mais les progrès sont mainte-
nant sensibles.
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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Tableau IV. Facteurs pronostiques après chimiothérapie préopératoire.
Rôle pronostique prouvé
Downstaging de N2 à N0
RC pathologique
Résection complète
T4N0-1
LDH et sexe féminin
(pas dans tous les essais)
Rôle non significatif
Histologie
Réponse estimée
sur la TDM
Stade IIIAN2
contre IIIB