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Correspondances en Onco-Urologie - Vol. II - no 3 - juillet-août-septembre 2011
VOCABULAIRE
Vocabulaire
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ANTAGONISME*
e mot, ainsi qu’antagoniste, fait
partie du flot d’hellé nismes passés
en français au XVIe siècle, époque
durant laquelle se constitue le vocabulaire
de l’anatomie et de la médecine.
Il exprime clairement l’opposition, par son
premier élément. Mais le second, que révèle
pourtant le mot agonie, n’était clair que pour
les connaisseurs du grec. Dans cette langue,
les composés antagônisma et antagônistês
transmettaient l’idée de lutte, de combat
entre deux éléments hostiles. Ils venaient
du verbe grec signifiant “ combattre”, dont
le dérivé agônia, qui exprime à l’origine
la vitalité des lutteurs, s’est spécialisé en
français à propos de la lutte, en général
perdue, de l’être vivant lorsqu’il résiste face
à la venue de l’“antagoniste” suprême, qui
est la mort.
L’antagonisme, dans la langue ancienne,
ne retenait de l’idée originelle que celle
d’ opposition dans l’espace et dans le fonc-
tionnement ; elle convenait à l’anatomie, où
les antagonismes d’organes, dans ce sens,
sont fréquents. On disait aussi antagonie,
et les deux formes étaient rares en français
avant le XVIIIe siècle.
Cent ans plus tard, le mot devient courant
et passe de l’anatomie à la médecine, où
il caractérise les effets contraires de deux
pathologies, puis à la chimie et à la bactério-
logie. Il ne s’agit plus alors d’opposition
spatiale, mais fonctionnelle, et l’idée grecque
de lutte réapparaît.
Le mot n’est plus seulement scientifique,
et on peut parler d’antagonismes à propos
d’intérêts, de convictions, d’idées en oppo-
sition et en conflit.
En fait, tout ce qui est le siège d’oppositions
peut relever de l’antagonisme : les incompa-
tibilités, les rejets, les refus se manifestent
dans tout processus naturel, et en particu-
lier dans les processus vitaux. L’antagonisme
était conçu pour exprimer une notion fonda-
mentale, à explorer et à décrire pour pouvoir
en combattre les effets. Encore une agoniâ,
une lutte, mais, cette fois, contre la mort.
* © Le Courrier de la Transplantation 2008;1:8.
Par Alain Rey, directeur de la rédaction du Robert, Paris
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