La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4 - vol. IV - septembre 2001 191
DOSSIER THÉMATIQUE
rinémie efficace diminue rapidement, pour atteindre 5 mg/kg/j
après une à 3 semaines. La dysfonction du greffon ne modifie pas
les doses requises de Néoral®.
Après TH, l’incidence du rejet (18) ainsi que la gravité histolo-
gique du rejet (19) est moindre sous Néoral®que sous Sandim-
mun®.
Le tacrolimus (Prograf®) (17, 20)
Le tacrolimus possède des propriétés proches de la ciclosporine.
Le tacrolimus, comme la ciclosporine, se fixe à une immuno
philine intracellulaire, et inhibe la calcineurine. La forme orale
du tacrolimus est associée à l’hydroxy-propylméthylcellulose,
qui favorise l’absorption du médicament, et la rend indépendante
de la bile. La présence d’aliments ralentit cependant l’absorption
du médicament, qui doit donc être pris à jeun ou à distance d’un
repas (au moins 1 h 30). Le dosage du tacrolimus repose sur une
méthode immunoenzymatique, qui dose à la fois le tacrolimus et
ses métabolites. L’élimination du médicament se fait au niveau
du foie par le cytochrome P450 3A, comme la ciclosporine, et les
mêmes interactions sont à prévoir.
Les doses utilisées sont actuellement de l’ordre de 0,05 à
0,1 mg/kg/j, et le tacrolimus d’emblée utilisé par voie orale. Les
effets secondaires du tacrolimus sont proches de ceux de la ciclo-
sporine (néphrotoxicité, HTA, neurotoxicité, risques infectieux
et tumoral), mais sans hirsutisme et hypertrophie gingivale.
Hyperlipidémie et HTA sont plus importantes sous ciclosporine
(21, 22),alors que le diabète et certaines formes de neurotoxicité
sont plus fréquentes sous tacrolimus (40).
Par rapport au Sandimmun®,le Prograf®réduit l’incidence du
rejet aigu, du rejet aigu cortico-résistant ou réfractaire et du rejet
chronique après transplantation hépatique, et augmente la survie
des patients et des greffons à 3 ans (23). Les apports respectifs
du Prograf®et du Néoral®sont actuellement en cours d’évalua-
tion dans plusieurs études contrôlées. Dans l’une d’elles (24),
64 adultes ont été randomisés entre Néoral®10 mg/kg et tacro-
limus 0,10 mg/kg per os. La survie actuarielle des patients et des
greffons était comparable à 1 et 2 ans.
Plusieurs travaux non contrôlés suggèrent que le tacrolimus est
également capable d’améliorer une proportion élevée (de l’ordre
de 75 % des cas) des rejets “réfractaires” et des rejets chroniques
débutants (ductopénie inférieure à 50 %) (25, 26).
Le mycophénolate mofétil (Cellcept®)
Le mycophénolate mofétil (MMF, Cellcept®)n’inhibe que la voie
de novo, active au niveau des lymphocytes, et épargne la voie de
secours qui existe au niveau de la plupart des cellules mais pas
des lymphocytes (27). De ce fait, sa spécificité d’action sur les
lymphocytes est augmentée. Les études disponibles comparant
Cellcept®et Imurel®en transplantation rénale indiquent que le
mycophénolate réduit l’incidence du rejet aigu, et probablement
du rejet chronique (28). De plus, thrombopénie et leucopénie
étaient moins importantes sous MMF (28). Son effet immuno-
suppresseur est synergique avec celui de la ciclosporine ou du
tacrolimus. Les effets secondaires du Cellcept®sont essentielle-
ment la diarrhée, qui est dose-dépendante, les nausées, la leuco-
pénie, qui est rarement prédominante. Le risque infectieux est
semblable à celui de l’Imurel®. Le risque de complication tumo-
rale est encore mal apprécié.
Dans une étude comportant neuf centres européens et américains,
98 transplantés rénaux recevant du MMF et des corticoïdes asso-
ciés au daclizumab en induction (27)ont eu une incidence du rejet
aigu relativement élevée (45 %). L’introduction d’une anticalci-
neurine a été nécessaire chez 40 des 44 patients atteints de rejet.
Après TH, 32 patients insuffisants rénaux ont reçu le daclizumab
en induction (29) ; 7 d’entre eux ont reçu le daclizumab avec
MMF et corticoïdes sans anticalcineurines ; les 25 autres patients
ont reçu une anticalcineurine dès la première semaine. Tous les
patients du premier groupe ont présenté un rejet. Les autres ont
eu un taux modéré de rejets (36 %).
Après TH, le changement de l’azathioprine pour MMF, chez des
sujets antérieurement traités par l’azathioprine, permet d’obtenir
la régréssion du rejet réfractaire (30),au prix de troubles diges-
tifs fréquents. Associé au Néoral®ou au tacrolimus, il permet de
s’affranchir des corticoïdes dans la majorité des cas (22, 31).
La rapamycine (Sirolimus, Rapamune®)
La rapamycine (sirolimus, Rapamune
®
) est un médicament appar-
tenant à une nouvelle classe d’immunosuppresseurs. Il inhibe la
réponse immunitaire en aval des corticoïdes et des inhibiteurs de
l’IL-2, au niveau de la phase tardive G1 de la cellule, et, de ce
fait, est synergique avec les corticoïdes et la ciclosporine. La cible
intracellulaire de la rapamycine est une kinase du cycle cellulaire
qui joue un rôle dans le passage de la phase G1 à phase S. Le
sirolimus possède également des propriétés anti-prolifératives qui
pourraient lui donner un avantage dans le traitement des patho-
logies néoplasiques. Il est également capable d’inhiber la réponse
lymphocytaire cytotoxique et NK. Il a peu ou pas de néphro-
toxicité (27).
Le sirolimus appartient à la famille des macrolides. Il est méta-
bolisé par le cytochrome P450, a une demi-vie longue, de l’ordre
de 48 heures, permettant une seule prise par jour. Deux formes
galéniques : solution et gélules. Il existe une grande variabilité
interindividuelle de sa biodisponibilité, d’où la nécessité d’un
dosage des taux résiduels, qui sont corrélés à l’efficacité et à la
toxicité : le taux résiduel souhaité en début de greffe est de 20 à
30 ng/ml pendant 6 mois, puis de 15-20 ng/ml. Ses effets secon-
daires sont nombreux : hypertriglycéridémie, hypercholestérolé-
mie, thrombopénie, arthralgies, leucopénie, anémie, pneumopa-
thies interstitielles, céphalées, diarrhées, épistaxis, augmentation
de la fréquence des aphtes. En revanche, il n’y a pas de néphro-
toxicité et pas d’HTA. Cependant, il augmente la néphrotoxicité
de la ciclosporine.