Le cancer de la prostate avec
métastases
1-Que veut dire métastatique ?
Le cancer de la prostate est comme beaucoup d’autres cancers,
une maladie locale au début.
Avec le temps, les cellules cancéreuses finissent par diffuser
à l’ensemble de l’organisme. Les localisations à distance
s’appellent des métastases. Ces métastases gardent longtemps
les mêmes propriétés que la tumeur initiale, notamment en ce
qui concerne la sécrétion de PSA.
Le transport des cellules cancéreuses se fait passivement par
le sang ou la lymphe. On peut donc dire schématiquement que
les métastases sont équivalentes à de petits fragments de la
tumeur prostatique qui se seraient libérés pour aller se fixer
à distance, et y recréer d’autres tumeurs prostatiques avec
les mêmes caractéristiques.
Les organes les plus fréquemment atteints par les métastases
du cancer de la prostate sont les os et les ganglions de
l’abdomen et du petit bassin. Les autres localisations (foie,
poumons, cerveau) sont beaucoup plus exceptionnelles.
2- Les signes cliniques des
métastases
Les signes cliniques des métastases ou symptômes, découlent de
leurs localisations. Dans les os, elles peuvent engendrer des
douleurs souvent imprécises et variables au début, qui se
localisent plus nettement au cours de l’évolution.
Dans les ganglions, les métastases vont grossir,
progressivement et entraîner des douleurs ou des blocages par
compression de voisinage. Ceci aura pour effet de faire
apparaître des gonflements au niveau des chevilles (oedèmes),
des difficultés pour uriner, voire de la constipation.
3- Les moyens diagnostiques
Pour mettre en évidence et visualiser ces métastases, on
utilise la scintigraphie osseuse pour le squelette, et le
scanner abdomino-pelvien pour les ganglions.
L’IRM (imagerie par résonance magnétique nucléaire) permet une
meilleure visualisation de l’enveloppe (capsule) prostatique
atteinte par le cancer ou franchie ?
Le PSA (prostatic specific antigen) dosé dans le sang, est un
indicateur utile. Il est maintenant admis qu’un chiffre de 100
ng/ml ou plus, est associé à des métastases, alors qu’en
dessous de 10 ng/ml, la tumeur est presque toujours localisée.
4- Les moyens thérapeutiques
Le traitement du cancer de la prostate métastatique utilise le
fait que les cellules prostatiques ont besoin d’hormones de
types androgènes pour survivre, le cancer est hormono-
dépendant. Le traitement hormonal est le traitement de
référence à ce stade.
Les cellules cancéreuses prostatiques gardent longtemps cette
propriété, et l’objectif du traitement sera de supprimer la
sécrétion de ces hormones pour faire disparaître le maximum de
cellules. Ces hormones sont synthétisées pour plus de 70 % par
les testicules (testostérone), et pour le reste par les
glandes surrénales.
La base du traitement du cancer de prostate avec métastases
est donc une castration qui peut être soit chirurgicale soit
chimique, afin d’obtenir une diminution maximale du taux des
hormones mâles dans le sang et dans les organes sensibles à
son action, comme la prostate et les cellules étastatiques.
La pulpectomie ou orchidectomie bilatérale (interventions
chirurgicales sur les testicules) a été la première
alternative en 1941, avec un excellent résultat thérapeutique.
Les analogues LH-RH en bloquant la sécrétion d’une glande
cérébrale (hypothalamus), aboutissent à cette chute du taux
plasmatique de la testostérone, au prix d’une injection sous-
cutanée ou intramusculaire qu’il faut refaire régulièrement
pour entretenir l’effet. Les anti-androgènes périphériques
(effet bloquant au niveau des récepteurs périphériques),
peuvent être couplés aux analogues LH-RH, ou être utilisés
seuls sous forme de comprimés dans la journée, sous certaines
conditions.
Les effets secondaires de ces traitements » dits hormonaux
« , sont essentiellement constitués de bouffées de chaleur et
d’une disparition de la libido (désir sexuel et érection),
sauf en cas d’utilisation des anti-androgènes seuls chez
certains patients.
Le traitement hormonal peut être entrepris de façon
intermittente entre 3 et 9 mois, suivi d’un arrêt et d’une
simple surveillance des malades jusqu’à ce que le taux de PSA
remonte progressivement indiquant une nouvelle série
d’injection des produits anti-hormonaux. Le département
d’urologie de l’Institut Montsouris possède la plus large
expérience mondiale du Traitement Hormonal Intermittent (THI).
A 16-year clinical experience with intermittent androgen
deprivation for prostate cancer: oncological results. (World J
Urol. 2009 Feb 27).
La chimiothérapie cytotoxique est indiquée en cas d’évolution,
malgré un traitement hormonal bien conduit, et fait l’objet
actuellement de nombreux protocoles d’évaluation.
Conclusion
Même au stade métastatique, le cancer de la prostate reste une
maladie que l’on peut traiter efficacement au prix d’une
surveillance attentive, et de modifications thérapeutiques
régulières et successives, permettant longtemps un bon
contrôle du processus de multiplication cellulaire.
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