Agrégation interne 2011-2012 Anneaux et corps Quelques rappels Définition : Soit A un ensemble muni de deux lois internes + et . (appelés respectivement somme et produit). On dit que (A, +, .) est un anneau (unitaire) si 1. (A, +) est un groupe commutatif ; on notera 0 son élément neutre. 2. Pour tous x, y et z dans A, on a (x.y).z = x.(y.z) (associativité du produit) ; 3. (unitaire) Il existe e ∈ A (élément neutre pour le produit) tel que e.x = x.e = x pour tout x ∈ A. On notera dans la suite cet élément 1 ; 4. Pour tous x, y et z dans A, on a x.(y + z) = x.y + x.z et (x + y).z = x.z + y.z (distributivité). Définition : Si on a de plus x.y = y.x pour tous x, y dans A, alors A est un anneau commutatif. Exemple : L’ensemble des matrices carrées sur un anneau A (en général R ou C) est un anneau non commutatif pour l’addition et la multiplication usuelle des matrices. On le note Mn (A) où n × n sont les dimensions des matrices. Exemple : Z muni des lois usuelles est un anneau commutatif Exemple : A[X], l’ensemble des polynômes à une indéterminée sur un anneau A est également un anneau. Le plus souvent A est égal à Z, R ou C. Exemple : Si A est un anneau alors quel que soit l’ensemble X non vide, AX (ensemble des fonctions de X dans A) est un anneau pour les lois usuelles. Définition : Soit (A, +, .) un anneau et soit B une partie de A. On dit que B est un sous-anneau de A si 1. (B, +) est un sous-groupe de (A, +) ; 2. Pour tous x et y dans B, x.y ∈ B. 3. 1A ∈ B Définition : Soient A et A0 deux anneaux. On note 1A et 1A0 leurs éléments neutres pour le produit. On dit qu’une application f : A → A0 est un morphisme d’anneaux (unitaires) si 1. Pour tous x, y dans A, f (x + y) = f (x) + f (y) ; 2. Pour tous x, y dans A, f (x.y) = f (x).f (y) ; 3. (unitaire) f (1A ) = 1A0 . Exemple : f : Z → Z définie par f (z) = −z pour tout z ∈ Z n’est pas un morphisme d’anneaux. Proposition : Par un morphisme d’anneau, l’image d’un sous-anneau est un sous-anneau et l’image réciproque d’un sous-anneau est un sous-anneau. Définition : Soit (A, +, .) un anneau. On dit que a ∈ A est un diviseur de zéro à gauche (respectivement diviseur de zéro à droite) dans A si a 6= 0 et il existe b ∈ A, b 6= 0 tel que a.b = 0 (respectivement b.a = 0). On dit que a est un diviseur de zéro si a est un diviseur de zéro à gauche et à droite. Un anneau commutatif (A, +, .) (non réduit à 0) est intègre si A n’admet aucun diviseur de zéro. 1 Exemple : Z est intègre mais Z/4Z ne l’est pas. Exercice 1: Montrer que dans un anneau intègre, un polynôme de degré n ∈ N∗ admet au plus n racines. Définition : Une partie I d’un anneau commutatif A est un idéal si (I, +) est un sous-groupe de (A, +) et pour tout a ∈ A et tout x ∈ I, a.x ∈ I. Définition : On dit qu’un idéal I est un idéal maximal s’il n’existe pas d’idéal de A contenant I autre que I et A. Définition : On dit qu’un idéal I est un Idéal premier s’il est strictement inclus dans A et vérifie : ∀(a, b) ∈ A, a.b ∈ I ⇒ a ∈ I ou b ∈ I Exemple : Dans Z, 4Z est un idéal non maximal car 4Z ⊂ 2Z, avec 2Z qui lui est un idéal maximal. Exercice 2: Montrer que le noyau d’un morphisme d’anneaux commutatifs est un idéal. Définition : Soit A un anneau commutatif et I un idéal de A, l’anneau quotient A/I est l’ensemble des classes d’équivalences de la relation R définie par xRy ⇐⇒ y − x ∈ I, muni des lois : ∀(x̄, ȳ) ∈ A/I, x̄ + ȳ = x + y, x̄ȳ = xy Proposition : Si φ : A → A0 est un morphisme d’anneaux commutatifs, alors Im(φ) est isomorphe à A/Ker(φ). Définition : Un anneau (A, +, .) est principal si A est intégre, commutatif et tout idéal de A est de la forme {x.a; a ∈ A} pour un certain x ∈ A. Exemple : Les anneaux principaux les plus connus sont Z et K[X] où K est un corps. On verra que ces deux anneaux sont euclidiens (c’est à dire disposant d’une division euclidienne), ce qui entraîne qu’ils sont principaux. Mais il existe des anneaux principaux non euclidiens. Définition : Soit (K, +, .) un anneau. On dit que (K, +, .) est un corps (commutatif) si (K, +, .) est un anneau (commutatif) et si pour tout élement de K distinct de 0, il existe x0 ∈ K \ {0} tel que x.x0 = x0 .x = 1. Cet élément x0 s’appelle l’inverse de x et se note x−1 . Exemple : Q, R et C sont les corps les plus connus. Exercice 3: Vérifier qu’un corps est un anneau intègre. Exercice 4: Montrer qu’un anneau fini est un corps ssi il est intègre. Définition : Soit L une partie d’un corps K. On dit que L est un sous-corps du corps K si L est un sous-anneau de K et si pour tout x ∈ L \ {0}, x−1 ∈ L. Définition : La caractéristique d’un corps K est le plus petit entier p ∈ N∗ , quand il existe, p fois z }| { tel que p1 = 1 + 1 + ... + 1 = 0 ; sinon on dit que K est de caractéristique nulle. Définition : Un corps est dit premier lorsqu’il ne possède pas de sous-corps strict (à ne pas confondre avec un idéal premier). Il est facile de voir qu’un corps premier est isomorphe à Q lorsque sa caractéristique est nulle, et à Z/pZ lorsque sa caractéristique est p. 2 Définition : Un ensemble est dénombrable s’il est en bijection avec N Proposition : S’il existe à la fois une injection et une surjection entre deux ensembles, alors il existe également une bijection entre ces ensembles. Proposition : Toute réunion dénombrable d’ensembles dénombrables est dénombrable. Proposition : Tout produit fini d’ensembles dénombrables est dénombrable. Définition : Soit K ⊂ L deux corps. On dit que a ∈ L est algébrique sur K, s’il existe un polynôme à coefficient dans K qui admet a comme racine. Proposition : Q est dénombrable et les nombres algébriques sur Q ⊂ R sont dénombrables. Exercice 5: (Anneau des entiers de Gauss) Soit Z[i] l’ensemble des nombres complexes de la forme a + ib où a, b ∈ Z. 1) Montrer que Z[i] est un sous-anneau de C. 2) Soit z ∈ Z[i]. Montrer que z ∈ Z[i] et que |z|2 ∈ N. 3) Soit z ∈ Z[i]. Montrer que z appartient au groupe des éléments inversibles de l’anneau Z[i] si et seulement si |z|2 = 1. 4) Expliciter le groupe des éléments inversibles de Z[i]. 5) Montrer que pour tout z ∈ C, il existe z0 ∈ Z[i] tel que |z − z0 |2 < 1. En déduire que pour tout z0 ∈ Z[i] et tout z1 ∈ Z[i] non nul, il existe a0 , a1 ∈ Z[i] tels que z0 = a0 z1 + a1 et |a1 |2 < |z1 |2 . 6) Montrer que Z[i] est un anneau principal. √ Exercice 6: Pour tout nombre premier p, on note Q( p) l’ensemble des nombres réels de la forme √ a + pb où a, b sont des nombres rationnels. √ 1) Soit p un nombre premier. Montrer que Q( p) est un Q-espace vectoriel de dimension 2. √ Montrer que Q( p) est un sous-corps de R. √ √ 2) Montrer que 2 n’appartient pas à Q( 3). √ √ 3) Montrer que l’on a Q( 2) ∩ Q( 3) = Q. √ 4) Déterminer tous les automorphismes de Q( 2). Exercice 7: Soit A un anneau commutatif. 1) Montrer qu’un idéal I est premier ssi A/I est intègre. 2) Montrer qu’un idéal I est maximal ssi A/I est un corps. Exercice 8: Soit A un anneau. Un élément x ∈ A est dit nilpotent si et seulement s’il existe n ∈ N∗ tel que xn = 0. 1) Montrer que si x et y sont nilpotents et commutent, alors x + y est nilpotent. 2) Montrer que si x est nilpotent et commute avec y, alors xy est nilpotent. 3) Soit x nilpotent dans A. Montre que 1 − x est inversible et calculer (1 − x)−1 . 4) Montrer que tout élément nilpotent appartient à tout idéal premier de A. Exercice 9: Un idéal I est dit primaire si la condition xy ∈ I implique qu’il existe un entier n tel que xn ∈ I ou y n ∈ I. 1) Quels sont les idéaux primaires de Z. √ 2) Etant donné un idéal I, on appele radical de I et on note engendré par les éléments p√ I l’idéal √ n x tels qu’il existe un entier n tel que x ∈ I. Montrer que I = I. 3) Montrer que le radical d’un idéal primaire est premier. 3