VILLE DE SAINT-GERMAIN-EN-LAYE Théâtre Alexandre Dumas Jardin des Arts Place André Malraux 78100 Saint-Germain-en-Laye DOSSIER PEDAGOGIQUE La Pitié Dangereuse D’après le roman de Stefan Zweig Adaptation Elodie Menant Costumes Charlotte Winter et Cécile Choumiloff Décors Linda Pérez / Lumières : Christian Pinaud Mise en scène Stéphane Olivié Bisson Avec Elodie Menant, Arnaud Denissel, David Salles, Jean-Charles Rousseau, Salima Glamine Mardi 13 novembre à 20h45 Pour réserver : Par téléphone 01.30.87.07.07 Par email : [email protected] Tarif lycée : 10€ Tarif collège : 10€ Durée : 1h30 Pour venir au Théâtre : En RER : Ligne A, terminus Saint-Germain-en-Laye (Sortie ÉgliseChâteau). Le théâtre se trouve à 50 mètres à pied. En voiture, par la route RN 13 ou RN 186 : A 13, sortie VersaillesOuest venant de Paris ou Orgeval venant de Mantes. Parking du château, place Charles de Gaulle ; sur présentation du billet, vous réglerez 1,50€ le soir du spectacle de 19h à 1h. L’histoire 1913, dans une ville de garnison autrichienne, le riche M. Kekesfalva organise un bal costumé en l’honneur de sa fille, Edith, malade. La demoiselle, surnommée l’hirondelle, y fait la connaissance d’Anton Hoffmiller, jeune lieutenant de cavalerie. Pris de compassion pour elle, l’officier lui tient compagnie et les visites se succèdent. Edith en tombe follement amoureuse. Comment va-t-il réagir face à cet amour ? Quelles sont les limites de la pitié ? Qui piège-t-elle ? Nondits, réparties cinglantes, pointes d’humour, Stefan Zweig nous touche et nous emporte dans un univers passionnant. Zweig peint ici, dans son tout premier roman « La pitié dangereuse », un monde sur le point lui aussi de finir en cendres à la veille de la première guerre mondiale. Il s’attarde sur ce sentiment si ambigu qu’est la « pitié » qu’il décrit comme « une impatience du cœur à se débarrasser le plus vite possible de la pénible émotion qui vous étreint face à la souffrance d’autrui. » Le JDD : « Stéphane Olivié Bisson met en scène une efficace adaptation du livre de Stefan Zweig. Elodie Menant, superbe dans le rôle d’Edith, a découpé le roman en une quantité de scènes courtes. Le procédé a l’avantage de mettre au jour très distinctement les multiples sentiments et les diverses valeurs morales qui se télescopent au cours de l’intrigue. » ©DR Adaptation de l’œuvre par Elodie MENANT Coup de foudre pour un texte, La pitié dangereuse, de Stefan Zweig. Coup de foudre pour son style, coup de foudre pour ces personnages ciselés avec une précision d’horloger, coup de foudre pour cette histoire poignante, brillante, émouvante et richissime de thèmes passionnants: Quelle importance accorder au regard des autres? Est-il possible d’occulter un amour naissant par peur des conventions sociales? Qu’est-ce que l’amour? Quelles sont les limites de la pitié? A quel instant bascule-t-elle vers le danger?… S’impose alors à moi un défi, celui d’écrire une adaptation théâtrale. L’enjeu est complexe : rester fidèle à Stefan Zweig tout en s’accordant des libertés et un parti pris. Ainsi j’ai occulté les nombreux monologues du lieutenant et ai usé d’insinuations dans les dialogues plutôt que de déballages d’intériorité. On saisit chaque personnage par petite touche tout au long de la pièce et par des caractéristiques imaginées propres à chacun. Edith a pour surnom l’hirondelle, Condor répète souvent la phrase « J’ai un train à prendre et les trains ça n’attend pas », Kekesfalva ne se sépare jamais d’un médaillon… J’ai également travaillé sur les contradictions entre la parole et la pensée, entre les actes, l’apparence extérieure et les émotions enfouies en chacun, la dissimulation de nos failles coute que coute. Enfin, j’ai souhaité rendre Edith plus vive et légère, son sens de la répartie étonne, Condor à un positionnement plus radical envers la médecine, des pointes d’humour apparaissent à travers les échanges afin de créer des bulles d’air dans une situation dramatique et jouer des contrastes. Elodie Menant Metteur en scène : Stéphane Olivié Bisson Stéphane Olivié Bisson a mis en scène Caligula avec Bruno Putzulu, au théâtre de l’Athénée Louis Jouvet à Paris, et qui a été joué au TAD en Avril 2011. Stéphane Olivié Bisson a débuté la mise en scène à Lille au théâtre de la Métaphore aux cotés de Daniel Mesguich. Puis il a mis en scène Sarcelles sur Mer de Jean-Pierre Bisson au théâtre de la Tempête à La Cartoucherie et en tournée, Quatre heures à Chatila de Jean Genet à l’Institut du Monde Arabe à Paris et aux théâtres de Beyrouth, de Jérusalem et d’Amman, en Jordanie; et Costa Dorada à la Manufacture des OEillets à Ivry sur Seine. Il est également, comédien, auteur et réalisateur. Il a fait des études théâtrales à l’Université Paris III, puis à l’ENSATT à Paris. ©DR Note de mise en scène D’après Stefan Zweig, le Viennois évite toujours instinctivement toute occasion de se décider. L’inertie rassurante de ce vaste Empire est devenue presque illusoire. Ce monde sécuritaire maintient la « bonne société » autrichienne dans un halo d’irréalité confortable, niant les révolutions du monde alentour. Cela ne nous apparaît-il pas familier ? Soixante-dix ans après sa mort, l’œuvre de Zweig est toujours autant lue, traduite et appréciée de par le monde. Ses récits fonctionnent à merveille et se lisent avec un incroyable plaisir. Zweig vivant n’a jamais pris soin d’être moderne et n’a jamais composé avec les modes ou les périodes. Tout ce qu’il visait c’était de mettre en lumière nos complexités, nos ambigüités, nos ridicules et nos émotions, tout un alphabet de nos troubles, ceux d’une humanité faible et émouvante. Il parvient toujours à entrouvrir les secrets d’un monde enfoui en nous. Zweig peint ici dans son tout premier roman La pitié dangereuse un monde sur le point lui aussi de finir en cendres à la veille de la Première guerre mondiale et s’attarde sur ce sentiment si ambigu qu’est la « pitié » qu’il décrit comme « une impatience du cœur à se débarrasser le plus vite possible de la pénible émotion qui vous étreint face à la souffrance d’autrui ». Ce qui me passionne dans ce texte déchirant et puissant c’est tout ce marchandage secret entre soi et soi, charriant immanquablement de la violence que chacun rend plus ravageuse encore en la parant de tous les « beaux » mots empruntés à une certaine morale installée. C’est cette mécanique des valeurs trop en place et tout ce qu’elle génère et dégénère en chacun de nous que j’ai envie d’explorer et de démonter, de m’appliquer à observer le cauchemar de cette ronde d’instincts et de sentiments à la manière des chevaux aveuglés d’un manège infernal. Stéphane Olivié Bisson ©DR La presse en parle Suite à la création de La Pitié dangereuse au Festival d’Avignon 2011. Stéphane Olivié Bisson met en scène une efficace adaptation du livre de Stefan Zweig. Elodie Menant, superbe dans le rôle d’Edith, a découpé le roman en une quantité de scènes courtes. […] Le procédé a l’avantage de mettre au jour très distinctement les multiples sentiments et les diverses valeurs morales qui se télescopent au cours de l’intrigue. […] A chacun dans le public de démêler le bouquet de ces fleurs morales séduisantes et vénéneuses présenté avec conviction par les cinq interprètes. La pièce est emmenée par une Elodie Menant fort émouvante dans le rôle délicat de la petite hirondelle clouée dans son nid de douleur. Elodie Menant incarne à merveille le personnage d’Edith et lui donne une véracité qui nous emporte, son ton est juste. Arnaud Denissel est un superbe lieutenant envahi par la douleur d’une situation qu’il n’arrive pas à dominer. Un roman devenu pièce de théâtre grâce à un très beau travail d’adaptation que l’on voit avec un réel plaisir. L'adaptation du texte au théâtre est audacieuse puisqu’elle exclut le déballage des sentiments, par opposition à un texte original très narratif. Et le résultat est réussi! […] [Le jeu des comédiens] contribue à donner l’image d’une société autrichienne paralysée par les conventions sociales. Un puissant drame amoureux adapté de Stefan Zweig. […] Il faut saluer l’interprétation d’Elodie Menant, sensible et émouvante Edith, Arnaud Denissel (Anton) monte en puissance tout au long de la pièce et vit son rôle avec justesse, Docteur Condor (David Salles) est extraordinaire. Une adaptation réussie qui révèle toutes les « facettes de l'âme humaine». Théâtre et littérature ne font pas obligatoirement bon ménage. Mais quand c’est le cas, quel bonheur! Par la grâce d’une adaptation très réussie d’Elodie Menant, (qui joue Edith), on retrouve complètement le 1er roman de Zweig. Piste pédagogique I) Fiche pédagogique : Comprendre l’œuvre de Stefan Zweig et le contexte culturel et politique en Autriche à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle : http://www.curiosphere.tv/ressource/27496-vie-et-uvrede-stefan-zweig II) Pistes pédagogiques : Histoire : -Début du XXème siècle : Les valeurs morales de la bourgeoisie autrichienne, la vision du handicap. -Comment le cadre figé et cloisonné de la société viennoise de l’époque a-t-il un impact sur l’expression des sentiments des personnages ? Psychologie : -L’influence de Freud et de la psychanalyse. -La passion destructrice et le secret dans ce roman : des thèmes récurrents dans l’œuvre de Zweig. -Le parallèle entre la judéité honteuse du père et le handicap de sa fille Edith. Un récit psychologique sous la forme d’une confession de l’auteur affecté par sa judéité et l’antisémitisme de l’époque. Quelles sont les enjeux de la transposition d’un roman au théâtre ? -Quel décalage y a-t-il entre la mise en scène contemporaine de cette pièce et ce roman du début du XXème siècle ? -Dans le livre, la paraplégie d’Edith contraste avec la personnalité énergique du jeune lieutenant. Comment est-ce retranscrit dans la pièce ? -Dans le livre, le lieutenant est le narrateur, qu’en est-il de cette adaptation théâtrale ? En quoi cette adaptation nous offre-t-elle une autre compréhension des personnages du roman de Zweig ? III) Ressources numériques : Un extrait vidéo du spectacle: http://youtu.be/e9-LlgjkAIw Interview d’Olivier Bisson et d’Elodie Menant sur France Inter : http://www.franceculture.fr/emission-un-autre-jour-est-possible-une-histoire-du-festivald%E2%80%99avignon-la-pitie-dangereuse-2012-06-2 IV) Bibliographie : D. Bona, Stefan Zweig, l'ami blessé, Edition Plon, 1996. S. Niémetz, Stefan Zweig. Le voyageur et ses mondes, Belfond, 1996. V) Filmographie Adaptation télévisée : « La Pitié dangereuse » d'Edouard Molinaro (1970) Découvrez deux autres films récents, proches des thématiques de l’œuvre de Zweig : -« De rouille et d’os » de Jacques Audiard (2012). Adaptation cinématographique du roman « Un goût de rouille et d’os » du Canadien Craig Davidson. -« Intouchables » d’Olivier Nakache (2011).