La Pitié dangereuse

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Reprise à Lyon et en tournée
La Pitié dangereuse
Zweig.Faure
Du mardi 7 au samedi 18 novembre 06
Contacts presse
Isabelle Martin 04 72 07 32 90
[email protected]
Audrey Vega 04 72 07 49 54
[email protected]
Direction Philippe Faure
Place Joannès Ambre 69317 Lyon Cedex 04 - Adm. 04 72 07 49 50 - Loc. 04 72 07 49 49 - Fax 04 72 07 49 51 - [email protected]
www.croix-rousse.com
L’Association Compagnie de la Goutte, gestionnaire du Théâtre de la Croix-Rousse, est conventionnée et subventionnée par la Ville de Lyon,
la Région Rhône-Alpes, la Direction Régionale des Affaires Culturelles et le Conseil Général du Rhône.
Licences d’entrepreneur de spectacles 1-135013, 2-135016, 3-135020. Siret n° 313 915 019 00050. APE 923 A.
La Pitié dangereuse
Zweig.faure
Texte
Stefan Zweig
Adaptation mise en scène
Philippe Faure
Assisté de
Emmanuel Robin
Editions
L'avant-scène Théâtre
septembre 2005
Scénographie
costumes
Alain Batifoulier
Avec
Estelle Bealem
Albert Delpy
Mathieu Loth
Bruno Sermonne
Sylvie Testud
En septembre dernier, la nouvelle création et adaptation de Philippe Faure célébrait
Direction technique
Gilles Vernay
gens s’égarer, se perdre... La Pitié dangereuse, ou comment une innocente invitation
Equipe technique de
création :
Régie son
Laurent Lechenault
Régie lumière
Christophe Renon
Construction des décors Jean-philippe Pozzi
Jean-michel Dailloux
Ateliers du Théâtre
Vidy-Lausanne E.T.E
Régie plateau
Gilles Rissons
Direction technique
Vincent Perreux
Michel Beuchat
Chef constructeur
Thomas Beimowski
Peintre
Christophe Ryser
Réalisation des
costumes
Ateliers Caraco
Lumière
André Diot
Musique
Christian Boissel
Interprétée par
Bruno Sansalone
(Clarinette)
Nadia Kuentz (Violon)
Bernard Guay
(Contrebasse)
Soléa Garcia-fons (Voix)
Patrick Gabard
(Violoncelle)
Étienne Canavesio (Cor)
Christian Boissel (Piano)
Prise de son
Laurent Lechenault
Coiffure, maquillage
Stéphane Malheu
Equipe technique en
tournée :
Théâtre Vidy-Lausanne
E.T.E/ Suisse
Coproduction
Théâtre de La CroixRousse/Lyon, Théâtre
Vidy-Lausanne E.T.E/
Suisse
Coréalisation
MC2/Maison de la culture
de Grenoble
Avec le soutien
du Réseau des Villes
Rhône-Alpes
Avec la participation
artistique
de L’ensatt
En partenariat avec
France-inter, L’express,
La Fnac, L’avant-scène
Théâtre, La Spedidam
Durée
1h30
Tarifs location 24 E
20 EEtudiants - 28 ans, CE, + 65 ans,
famille 4 et +
17 EDemandeurs d’emploi, - 20 ans
M'ra, Pass’Culture. Tarifs groupes :
renseignez-vous
dates des représentations
Ma 7 nov 20h30
Me 8 nov 19h30
Je 9 nov 19h30
Ve 10 nov 20h30
Sa 11 nov 20h30
© Bruno Amsellem/Editing
Du mardi 7 au samedi 18 novembre 06
Ma 14 nov 20h30
Me 15 nov 19h30
Je 16 nov 19h30
Ve 17 nov 20h30
Sa 18 nov 20h30
le retour de Sylvie Testud sur les planches. Le drame poignant de Stefan Zweig est
repris cette saison (à La Croix-Rousse et en tournée), prêt à nous faire (re)plonger
dans la Vienne tourmentée des années vingt, celle qui voit, à son image, deux jeunes
à danser devient le tournant tragique de deux vies.
(Aimer) à en perdre la raison...
Une valse. Le lieutenant Hofmiller se propose d’être le cavalier de la fascinante Édith
Kekesfalva… Et ce soir-là, la jeune fille, clouée sur son fauteuil de paraplégique, assiste
à la gêne insondable du maladroit comme à la fin de sa liberté de jeune homme. Elle
devient l’objet quotidien de ses attentions, chaque visite apaisant la conscience du lieutenant mais nourrissant aussi son désir secret de femme. Être aimé malgré soi, tragédie de
Hofmiller. Se découvrir indigne d’être aimée dans le regard de l’autre, tragédie d’Édith…
Zweig, l’écrivain viennois, biographe, traducteur polyglotte, amoureux de l’Europe, rédige
La Pitié dangereuse meurtri par les démons de la guerre et de 1933. Dans cette civilisation
décadente, le roman prend toute son ampleur, son sens du déchirement et de l’abandon,
basculement des âmes magnifiquement rendu par l’adaptation de Philippe Faure. Au plus
près de ces instants de glissements irréversibles, dans un espace étourdissant qui cache
tant d’autres non-dits, le drame se joue, imperceptible, bientôt inexorable, toujours ardent.
Une passion, une fuite, comme un feu de paille…
La Pitié dangereuse
Zweig ou l'homme éveillé
Au cœur de La Pitié dangereuse, il y a l'infirmité d'Edith, l'héroïne du roman. Pour Anton,
le jeune lieutenant, les jambes paralysées de la jeune femme sont une sorte de cas de
conscience. Tant qu'il considère Edith comme une camarade asexuée, il parvient à être
naturel. Ses gestes et ses paroles sont affectueux. Mais lorsqu'il comprend qu'elle le
désire charnellement, il est terrifié, dégoûté. Jamais il n'avait imaginé que les gens laids,
estropiés ou malades pussent éprouver et manifester le besoin d'un amour physique.
Cette découverte le rebute, l'atterre. Quand Edith se colle à lui pour lui donner des
baisers passionnés, il cherche uniquement à l'apaiser afin de l'éloigner de lui. « Et avant
que j'eusse pu détourner la tête, deux crochets me prirent par les tempes et attirèrent ma
bouche du front jusqu'à ses lèvres. La pression fut si ardente, la succion si avide que ses
dents rencontrèrent les miennes… » Mais la vision de la silhouette de la jeune fille vacillant
sur ses béquilles et s'affalant sur le plancher le fera fuir définitivement.
Stefan Zweig s'est passionné pour tous ses héros toujours torturés, en proie à une
« possibilité de basculement ». Et c'est dans cette possibilité que se dévoilent les
mystères de l'âme humaine. Alors, des zones de l'univers intérieur peuvent être percées
par quelques rais de lumière ; les zones les plus secrètes, où rôdent la mélancolie et de
sombres inquiétudes. « Ouvre-toi, monde souterrain des passions ! », dit le début de l'un
de ses poèmes.
Étrangement, la forme des récits est classique. Certains n'ont-ils pas prétendu qu'elle était
désuète ? Un portrait de Leo Feld décrit ainsi Stefan Zweig : « Cet élégant jeune homme
au visage fin et nerveux dont on ne sait pas s'il est celui d'un poète ou d'un employé de
banque… » Tout est là, dans ce malentendu, dans cette frontière, dans ce glissement
imperceptible.
Chez les Zweig, on parle allemand, italien, anglais et français. Ida, la mère, joue du piano
et est assez snob. Ils vivent dans les beaux quartiers à Vienne. C'est « l'âge d'or de la
sécurité », comme l'écrira plus tard Stefan Zweig. Il ajoutera : « Tout dans ce vaste empire
demeurait stable et inébranlable… à sa place. » Son père Moritz, malgré sa fortune, ne
vit pas comme un nouveau riche. Il était l'un des banquiers du Vatican. Là encore, entre
le père et la mère, les caractères sont assez dissemblables, même s'ils se rejoignent
sur la volonté de donner à leurs deux fils un cadre de règles bourgeoises et de strictes
convenances.
La guerre de 1914 est déclarée. Stefan Zweig se porte volontaire. Il est vite horrifié
par l'ampleur de la catastrophe. « Une dangereuse psychose collective », dira-t-il. L'on
découvre malgré tout que la notion d'engagement lui est étrangère.
Zweig est un homme fragile. Les événements entrent en lui sans rencontrer de résistance.
C'est ainsi que le 22 février 1942, il se donnera la mort en compagnie de sa femme. Il
laissera ces mots : « je salue tous mes amis ! Puissent-ils voir encore les lueurs de l'aube
après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je les précède. »
Zweig n'avait-il pas l'âme trop européenne pour accepter une telle folie ? Il y a quelque
chose de théâtral dans cette catastrophe historique. Le théâtre, justement ! Jamais Zweig
n'y trouvera son bonheur. Le théâtre lui sera comme maudit. Et la nuit tombe dans toute
l'Europe, mais avant la nuit, il y eut l'ombre. L'ombre fut sa complice. Toujours cette idée
que c'est quand il fait sombre que la vérité des âmes peut surgir. Alors seulement, dans le
secret du soir qui tombe, vient le temps des confessions. Vient cette puissante impulsion
vers l'intérieur de nous-mêmes. Vient même la tentation du suicide. Décidément, affronter
le réel est trop difficile, trop injuste. Seul le vertige peut nous sauver.
La Pitié dangereuse
.../...
Zweig n'est pas un sentimental. Il parle lui-même, en se le reprochant, de sa froideur. Il est
simplement à l'affût de ce moment où chacun peut décider de sa vie. Ce moment crucial
où la lucidité est aveuglante, impitoyable. Comme cela arrive dans La Pitié dangereuse.
Anton le lieutenant, Edith la paralytique, seront l'un et l'autre face à leur destin, face à leur
vérité. L'une décidera de mourir, l'autre de fuir.
Zweig traque le mensonge, la tricherie, la complaisance. Avec une infinie délicatesse, il met
chacun face à un choix et peu importe la brutalité des conséquences. Dans son monde,
on ne fait jamais l'impasse sur une prise de conscience. On prend toujours conscience de
ce que l'on est. De ce que l'on se doit d'être pour être digne de la nature humaine. Ce
qui est fascinant justement dans le personnage d'Edith, c'est qu'elle ne pleure pas sur son
sort. Elle se bat de façon souvent cinglante, insolente. Elle n'a pas peur de ses sentiments.
Elle les vit intensément et elle place chacun face à ses responsabilités. Le père, Kekesfalva,
est prêt à tout, le médecin ne renonce pas, le lieutenant fuit. Et elle espère, avec une
énergie folle. Elle provoque les événements, même si plane sur cette histoire, comme sur
toute l'œuvre de Zweig, un pessimisme terrible. Mais est-ce une raison pour ne pas tenter
l'impossible ? Zweig nous dit que seul l'impossible vaut la peine et que si l'on échoue, il
n'y a pas de honte à avoir. La honte est un sentiment inconnu chez Zweig. De ne pas avoir
tenté d'aimer Edith, Anton sera poursuivi par le remords, ce qui est la plus terrible des
punitions. Zweig ou l'homme qui raconte que dans chaque âme existe un impossible rêve.
Zweig ou l'homme éveillé. Et comme lorsqu'on est vraiment éveillé, tout vous arrive… Tout
peut arriver. Chez Zweig, c'est dans la nuit, dans le secret des murs, dans l'entrebâillement
des portes, dans la peur de l'avenir, qu'étrangement, simplement, silencieusement, tout se
décide.
Philippe Faure
La Pitié dangereuse
Une valse viennoise
A travers cette histoire d’amour déchirante comme une tragédie antique, où la fatalité
aveugle ceux qu’elle veut perdre, Anton, Edith, M. de Kekesfalva et le docteur Condor
sont les symboles d’une civilisation sur le point de mourir, le temps d’une valse viennoise.
En 1913, dans une petite ville de garnison autrichienne, Anton Hofmiller, jeune officier de
cavalerie, est invité dans le château du riche Kekesfalva. Au cours de la soirée, il invite la fille de son hôte à danser, ignorant qu’elle est paralysée.
Désireux de réparer sa «gaffe», Anton, pris de pitié pour l’infirme, multiplie bientôt ses
visites. Edith de Kekesfalva cache de plus en plus mal l’amour que lui inspire le bel officier, qui lui ne s’aperçoit de rien, jusqu’au moment où il sera trop tard. De cette histoire
d’amour impossible naîtra chez l’un, une amitié nourrie d’une pitié inavouable, chez l’autre,
une passion douloureuse et sincère. Dangereuse est la pitié...
Ambiances
Dans la salle impressionnante avec ses hautes boiseries d'acajou sombre et ses murs rouge
puissant comme dans le tableau Nabis de Félix Valotton, Chambre rouge avec femme
et enfant ou le fond du Portrait assis de Fritza Riedler par Gustav Klimt, des pans entiers
vont s'ouvrir sur des peintures aux aplats presque schématiques, aux couleurs fortes et
contrastées, figurant des lieux.
La grande culture picturale viennoise est démasquée dans
l'abstraction et l'insolite des décors que l'on découvre dans des envers
de la coulisse.
Ce sont des ambiances, des intérieurs style Biedermeier comme dans les peintures de
Walter Hampel ou de Carl Moll, des paysages recomposés pour une stimulation visuelle
ouvrant une multitude d'interprétations.
Ce sont des peintures pleines de nostalgie, de désordre mais d'une modernité optimiste
dans la couleur, une voie ouverte vers l'abstraction.
C'est le grand salon et son paysage qui s'étale au-dessus de boiseries vert sombre, un bois
touffu, des collines, un ciel gris vert embrasé de jaune.
C'est la chambre d'Edith, une peinture qui s'ouvre à la lumière à travers les rideaux orange
de la fenêtre, les panneaux décoratifs violet sur des fonds fuchsia, des impressions de
fleurs dans le style de Josef Hoffmann grand décorateur viennois.
C'est une allée d'arbres pour la promenade en perspective plongeante sous des frondaisons vert acide comme dans les peintures de l'autrichien Richard Gersti qui rejoint dans
son style le français Félix Valotton.
C'est la sobriété presque abstraite de la chambre du lieutenant drapée dans des aplats
orange, vert jaune et brun comme ceux vus dans les fonds des peintures de Gustav Klimt
ou chez le français Paul Sérusier.
Un univers d'artistes précurseurs, à la fois pré et post moderne, enveloppe le récit de La
Pitié dangereuse.
Alain Batifoulier
La Pitié dangereuse
Zweig, maître du récit psychologique
Tout avait sa norme,
sa mesure, son poids
déterminé... Ce siècle
des valeurs assurées,
dans son idéalisme,
était sincèrement
convaincu qu'il se
trouvait sur la route
rectiligne et infaillible
du meilleur des
mondes possibles.
Maintenant que
le grand orage l'a
depuis longtemps
fracassé, nous savons
que ce monde de la
sécurité n'était qu'un
château de nuée.
Pourtant mes parents
l'ont habité comme
une maison de pierre.
Stefan Zweig
Il s’agit sans aucun doute de la plus belle œuvre de Stefan Zweig.
Pour son seul et unique roman, Zweig décrit dans La Pitié dangereuse, les étapes d’une
autre expérience : confronter un jeune homme au cœur tendre à la misère humaine, et lui
donner les moyens de la soulager, au moins partiellement, au prix de douloureux sacrifices
de sa propre existence sentimentale. Quel sera le choix de notre héros ?
L’originalité du thème, la complexité des personnages, le déroulement impitoyable du
drame jusqu’à son dénouement inévitable, fait de ce roman un chef-d’œuvre incontestable, tantôt émouvant, tantôt dur et cruel. L’œuvre de Stefan Zweig ne se laisse pas oublier.
Dérangeante par la vision qu’elle donne de l’âme humaine, de ses faiblesses que l’on veut
déguiser en vertus, elle nous poursuit bien après avoir achevé sa lecture. Et si l’on veut
être honnête avec soi-même, il n’est pas possible de ne pas compatir aux tourments de ce
jeune officier, et de partager avec lui ses indécisions et ses erreurs.
Un roman ambigu et puissant, qui frappe par son intelligence et la justesse de son analyse.
On y découvre également la peinture nostalgique d’une civilisation bientôt morte et
condamnée par l’histoire. Ecrit à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il nous présente,
d’une part, le portrait d’une petite ville autrichienne en 1913, et d’une façon plus large,
celui de l’Autriche toute entière peu avant la chute de l’Empire austro-hongrois, dont la
capitale est encore à l’époque un carrefour de civilisations et de cultures.
La Pitié dangereuse
Zweig, 1881/1942
Né à Vienne dans une famille de la grande bourgeoisie israélite, Stefan Zweig se passionne
très jeune pour la littérature et le théâtre.
L'atmosphère cosmopolite de la Vienne impériale développe chez lui le goût des voyages
et toute sa vie il parcourt les pays d'Europe, l'Amérique du Nord, le Mexique, Cuba, les
Indes, Ceylan et l'Afrique.
A cette passion des voyages s'ajoute celle de la découverte des autres langues, et il
devient en même temps qu'un grand écrivain, un grand traducteur notamment de
Verhaeren, Romain Rolland, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Keats, Yeats.
Il commence par publier des recueils de poèmes : Les Cordes d'argent (1902), Couronnes
précoces (1906).
En 1910, au cours d'un de ses nombreux séjours en France, il rencontre Romain Rolland ;
c'est le début d'une amitié qui durera toute sa vie.
Passionné de théâtre, il écrit des drames : Thersite (1908), Le Comédien métamorphosé
(1910), La Maison au bord de la mer (1911), qui marquent le début de son succès d'auteur
dramatique. Mais sa pièce la plus connue reste Volpone (1927) adaptée de Ben Johnson,
traduite en français par Jules Romains. En 1914, la Première Guerre mondiale inspire à
Zweig de violentes protestations antimilitaristes dans des drames comme Jérémie (1916).
En 1917, Zweig, accompagné de sa première femme Friderike, se rend à Zurich pour la
présentation de Jérémie. Il y rédige Le Cœur de l'Europe, profession de foi pacifiste. De
1922 à 1939, il écrit ses nouvelles et romans les plus célèbres : Amok (1922), La Confusion
des sentiments (1926), Les Heures étoilées de l'humanité (1928), Vingt-quatre heures de la
vie d'une femme (1934), Impatience du cœur (1938), La Pitié dangereuse (1938).
Il est aussi l'auteur de nombreuses biographies romancées dont celles de Marceline
Desbordes-Valmore, Marie-Antoinette, Marie Stuart, Magellan, Fouché.
Établi à Salzbourg de 1919 à 1934, Zweig prend peu à peu conscience du danger nationalsocialiste. En 1933, Hitler est nommé chancelier et l'incendie du Reichstag a lieu.
C'est l'année de l'adaptation cinématographique de sa nouvelle Brûlant Secret qui attise
la colère des nazis voyant dans le livre et dans le film une provocation. Un autodafé de
ses livres a lieu à Berlin. De nombreux écrivains comme Thomas Mann et Hermann Hesse
s'exilent.
En 1937 paraît la nouvelle Le Chandelier enterré et Souvenirs et rencontres. La Pitié
dangereuse paraît en 1938 simultanément en français, en anglais et en allemand chez des
éditeurs hollandais et suédois et connaît un immense succès.
En 1939, Freud dont Zweig fut un proche, meurt à Londres ; ce dernier rédige et lit son
oraison funèbre.
Après la rupture avec son éditeur et une perquisition de sa maison à Salzbourg, Zweig
se rend en Angleterre pour mener à bien ses recherches sur Marie Stuart. Ce départ est
interprété en Autriche comme une fuite et il est proscrit.
En 1940, Zweig obtient la nationalité britannique et se remarie avec sa secrétaire Lotte
Altmann.
Après un séjour à New York, Stefan Zweig s'établit au Brésil en 1941 où il rédige Le Joueur
d'échecs et un essai biographique sur Montaigne.
En 1942, Zweig se donne la mort avec sa femme au lendemain de la chute de Singapour.
Des funérailles nationales sont organisées.
Le Monde d'hier (son autobiographie) et Le Joueur d'échecs seront publiés juste après
sa mort. Balzac, Montaigne, ainsi qu'un roman inachevé, Ivresse de la métamorphose,
paraîtront après la guerre.
© La Comédie-Française
La Pitié dangereuse
Philippe Faure
Adaptation, mise en scène
Philippe Faure est un homme de théâtre complet. Auteur, adaptateur, metteur en scène,
comédien (en jeu masqué avec Omar Porras dans El Don Juan ou sous la direction de
François Bourgeat), il est aussi directeur du Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon depuis
1994.
Philippe Faure, auteur, a publié un grand nombre de textes, qu’il met en scène la plupart
du temps. Ses pièces sont à l’image de l’homme : sensibles, inquiètes ou burlesques.
Elles évoquent tantôt la difficulté de communiquer (La Caresse, Le Drap blanc de Marie,
Le petit Silence d’Élisabeth, La Muette, L’Homme des giboulées, Petits croquis sur le
vif, coécrit avec Emmanuel Robin), tantôt la manière dont le théâtre se prend au sérieux
(Moi tout seul, farce autobiographique écrite, mise en scène et jouée seul, renouvelée en
2004 avec Tout moi), tantôt ces rencontres nécessaires, ces indispensables transmissions
entre les poètes et le public (Le Poumon imaginaire ou Molière dans un souffle ; Moi, Paul
Marie Verlaine, père et mère ; La Nuit de Michel-Ange). Philippe Faure, passeur, a toujours
pris soin de monter les classiques, aussi bien les grandes pièces du répertoire, celles de
Molière (Le Malade imaginaire, 2003), Marivaux (Le Jeu de l’amour et du hasard, 2004) et
en 2006 Musset (On ne badine pas avec l’amour), que les grands textes littéraires qu’il a
adaptés pour la scène et dont il a toujours su faire de beaux textes dramatiques.
Cela faisait cinq ans que le directeur du Théâtre de la Croix-Rousse, metteur en scène
de La Pitié dangereuse, n'avait pas adapté une œuvre pour la scène. Outre ses talents
d'auteur, l'adaptation est pourtant un de ses savoir-faire largement reconnus. Avec Le
Maître de go en 1990 il est salué par la critique, à l'image de Libération qui souligne
son talent à avoir "su garder la force poétique, respecter les ressorts les plus ténus" de
l'original. Pour Thérèse Raquin, deux ans plus tard, le succès est de nouveau unanime ("un
condensé féroce et violent" dit Lyon Figaro, une "quintessence du récit" selon Le Monde),
comme en 1994 pour Je ne suis pas Frankenstein ou L'Ecume des jours : "Quand un poète
rencontre un autre poète, cela donne des étincelles en forme d'étoiles", écrit Jean-Philippe
Mestre du Progrès. Son dernier travail de réécriture datait donc de 1999 et des Liaisons
dangereuses, "une remarquable mise en théâtre du célèbre chef d'œuvre" selon France
Inter. La Pitié dangereuse est sa sixième adaptation, celle qui lui ressemble le plus, dit-il…
Avec plusieurs productions sur les routes chaque saison, Philippe Faure a su aussi faire
entendre dans son théâtre les voix de la scène contemporaine, en invitant, en passant
commande aux poètes d’aujourd’hui.
Le glissement, du roman à la scène
"L'univers de Zweig est extrêmement proche du mien, en tant qu'auteur. Moi aussi
j'orchestre ce monde du silence, du secret. J'ai souvent écrit sur le thème de l'infirmité,
de la différence, sur les malentendus du langage, sur ces mots piégés qui n'arrivent pas à
traduire la vérité". Philippe Faure souligne effectivement cette présence en filigrane, chez
l'auteur autrichien comme dans ses textes, de la peur de l'autre. Pour adapter le roman
de Zweig, il a choisi de suivre le couple que forment Edith et Anton, de le "prendre par la
main", de faire remonter à la surface ce qui nourrit les enjeux de leur union et de l'entourer
de tous les personnages qui participent de l'impossibilité de leur amour. "Il fallait aller à
l'essentiel de cette impossibilité. Edith est presque trop aimée. C'est peut-être son drame :
être trop étouffée par l'amour de ses proches". Dans ce cocon malsain, l'adaptateur a
voulu éclairer comment, au fil des scènes, un sentiment se fond dans un autre. "C'est ce
glissement qui tend vers la tragédie, l'adaptation doit le rendre inéluctable : chez Zweig,
les personnages s'abandonnent toujours impuissants à la scène suivante". Et tout cela se
fait, dans l'intériorité, dans le secret, le silence. "Interroger ce silence, écrire, derrière les
dialogues et les cris, une pièce presque silencieuse…"
La Pitié dangereuse
Emmanuel Robin
Assistant à la mise en scène
Complice de Philippe Faure, il collabore avec lui depuis 9 ans (Frankenstein, Le Bourgeois
gentilhomme...), il est son assistant à la mise en scène depuis 5 ans (Moi tout seul,
L’Homme des giboulées, Le Jeu de l’amour et du hasard...). C’est lui qui a assuré le rôle
de doublure d’Argan durant toutes les répétitions du Malade imaginaire. Il a co-signé
également les textes des Petits croquis sur le vif. Pourtant, sa trajectoire personnelle
est orientée plus vers l’écriture et la mise en scène. Il est un admirateur d’Audiard ou
Blier. Au théâtre, il a créé Friedrich, Le complexe du homard et Temps de chien, des
répliques cinglantes qui s’inscrivent dans une certaine filiation avec Dubillard ou Ionesco.
Actuellement, il prépare une nouvelle pièce Thérapie Familiale et poursuit l’écriture d’un
feuilleton théâtral à deux personnages en quète d’eux-mêmes Maux et Miche.
Alain Batifoulier
Décor, costumes
Depuis les années 60 et sa sortie des Beaux-Arts, Alain Batifoulier n'a cessé de parcourir
le monde, les arts, curieux et passionné. 17 spectacles avec Daniel Mesguich, plusieurs
aventures avec Marcel Maréchal à Marseille, avec Jean Gilibert… Mais il s'est aussi
intéressé à l'univers de la danse (Félix Blaska), celui de l'Opéra (Robert Fortune), ou de la
musique. En revenant de Shanghai après un travail sur Les Trois mousquetaires, l'artiste
ne se reconnaît plus dans le milieu théâtral : il se tourne alors vers la muséographie et
enchaîne les expositions prestigieuses (Hambourg, Bibliothèque de France, Musée en
Herbe…). Eté 2005, celui qui fut aussi le directeur artistique de Télérama pendant 15 ans, a
présenté son exposition "Derain et la scène" au Palais Garnier, et proposé dans ce même
lieu, son "Rouge Lacroix", exposition de précieux objets choisis par le grand couturier…
Le mystère de la Pitié…
La complicité entre Alain Batifoulier et Philippe Faure est un pan artistique essentiel de
l'histoire du Théâtre de la Croix-Rousse : toutes les mises en scène du directeur - à une
exception près ! - ont été imaginées à travers ses décors et costumes. Il apporte une
"plate-forme" au metteur en scène qui peut y ancrer sa réflexion, son imaginaire. Ici,
c'est celle du mystère, du "déclic" : dans cette grande salle aux pans dissimulés, en un
instant, un univers figé s'ouvre sur autre chose. La pièce principale, monde austère et
stricte d'Edith, est donc à même de devenir un ailleurs surprenant, réactif, sur de grandes
diagonales de lumière et d'émotion. "Toute la richesse, la diversité des lieux est cachée
dans l'épaisseur des murs", à l'image des sentiments qui se mêlent et se dissimulent…
Face à la réalité ancrée des boiseries et du plancher, les transformations palpables tirent
vers le fantastique : c'est une construction du rêve, "à chacun d'imaginer les pièces qui se
découvrent, je ne fais que des propositions, je joue avec la matière, la couleur, je donne
les pistes…". Le rouge profond des murs fait ainsi écho aux boiseries acajou, en appelant à
Gustav Klimt, Félix Vallotton, comme les couleurs acides et contrastées des quatre pièces
évoquent Carl Moll ou le grand décorateur Joseph Hoffmann. Pour son 141ème spectacle
Alain Batifoulier revient avec talent à la peinture, sa première formation, aux artistes
viennois et français, témoins eux aussi de cette décadence dénoncée par Zweig…
La Pitié dangereuse
André Diot
Lumières
André Diot est un peu l'aîné de la famille des éclairagistes du théâtre français. 50 ans
de lumière, dont 40 années sur les planches depuis 1965. Plutôt que de tomber dans
l'énumération impressionnante de noms, de lieux, de pièces, il en appelle à la simplicité
et cite humblement Chéreau, Deville, Planchon, Engel, et ses trois Molière. Il s'en est
pourtant passé du temps et des aventures avant ses récompenses, en 2001 pour Le Cercle
de craie caucasien (Benno Besson), en 2004 pour L'Hiver sous la table (Zabou Breitman)
et cette saison pour Le Jugement dernier (André Engel). Entré à la télévision comme
cameraman en 1954, il devient directeur de la photographie de l'ORTF en 1965 et fait la
rencontre de Patrice Chéreau, la plus déterminante de sa carrière. Ensemble ils travaillent
sur Les Soldats de Lenz et ne se quitteront plus pendant vingt ans. Novateur, révélateur
de décors et comédiens, André Diot a mis en lumière une dizaine de films, du music-hall
(avec Barbara et Gérard Depardieu, Julien Clerc), des opéras (Werner Shröter, Jean-Marie
Simon) et plus de 400 pièces.
De révélations en révélations
C'est sa première collaboration avec Philippe Faure et leurs regards se montrent
intimement liés : « la lumière commence par donner des bases solides à la mise en scène,
mais elle doit aussi évoluer avec - selon - elle, comme avec les costumes et les acteurs. Elle
communique, de façon palpable, impressions et sentiments, magnifiquement sombres et
dramatiques dans La Pitié, mais toujours allégés par de grands moments d'insouciance ».
Chaque scène sera donc un tableau pensé par ce maître discret, tableau dans lequel
les ouvertures de panneaux, les rais de lumière, permettent de jouer avec l'ambivalence
esthétique majeure de la pièce : le lien entre la pleine clarté et la pénombre. Et dans ces
rayons-là, les personnages prennent vie, souffrent, se racontent, le décor majestueux se
laisse entrevoir… Et nos yeux émus de se laisser guider.
Christian Boissel
Musique
Après des études classiques au cours desquelles il reçoit sept Premiers Prix de
Conservatoire, il rejoint le groupe de rock progressif « Vortex », crée et dirige l'ensemble
de Musique Médiévale « Loïnhdana », puis participe à différentes créations théâtrales,
dont Peer Gynt de Patrice Chéreau. Fin des années 80, il orchestre l'opéra Malcom de
Gérard Maimone et Georges Lavaudant pour l'Opéra de Lyon, collabore dans le domaine
de la chanson populaire avec Mikis Théodorakis. Autres collaborations déterminantes
avec Angélique Ionatos, Cheb Mami… A partir de 1996, Christian Boissel se consacre à
la composition notamment pour Stanislas Nordey (Un voyage), Znorko (Corrida) ou Omar
Porras. A deux reprises, il travaille avec le metteur en scène colombien : en 2003 Alas pa'
volar, spectacle musical chanté par Angélique Ionatos et enregistré chez Naïve et en 2005
El Don Juan d'après Tirso de Molina. C'est sur le Don Juan d'Omar Porras qu’il rencontre
Philippe Faure ; côte à côte, dix/douze heures par jour, trois mois durant.
Des valses qui emportent tout
Sur El Don Juan, je ponctuais les entrechats de Don Octavio (interprété par Philippe
Faure); une valse étrange déjà… De valse, il sera bien sûr question pour La Pitié
dangereuse, Vienne, Strauss, 1914… Mais Philippe bouscule mes plans et un beau jour
de juillet, dans la pénombre du Théâtre de la Croix-Rousse, autour du piano et du décor
déjà installés, nous jetons les bases de ce que sera la composition musicale du spectacle,
lui avec ses mots, sa fougue, sa passion, moi avec mon vieux piano Pleyel. Une musique
loin des clichés viennois, une musique d'urgence, souvent violente, peu ou pas illustrative,
“des valses qui emportent tout”, comme la Grande Guerre emportera tout. Un sol diese
entêtant, dérangeant, viendra ponctuer la majorité des pièces ; les aigus du vieux piano
apporteront leur note sarcastique. Ce piano sera le pivot de la musique, il est d'ailleurs
présent pendant toute la durée des répétitions, accompagnant pas à pas les comédiens ;
c'est une nouvelle expérience pour Philippe. Viendront se mêler les sonorités d'un
violon, d'un cor, d'un violoncelle, d'une contrebasse, réunis autour du clarinettiste Bruno
Sansalone, plus, ici et là, la voix lumineuse de Solea Garcia-Fons.
La Pitié dangereuse
Sylvie Testud
Edith, fille de Kekesfalva`
“Ne croyez pas que je vous sois livrée pieds et
poings liés ! Plutôt crever que d'être celle que l'on
plaint.”
Edith trouble les esprits, entretient étrangement le ballet de faux semblants qui la
condamne elle-même aux désillusions. Attachée à Anton comme à la vie, elle rejette
cette pitié si dangereuse, mais refuse aussi que son amour pour le jeune officier reste
sans réponse. Tiraillée entre violence et innocence, aigreur et espérance, elle sublime
le texte de Zweig. Après avoir passé son enfance à Lyon, Sylvie Testud monte à Paris et
intègre la classe libre du cours Florent, puis le Conservatoire. Elève de Dominique Valadié,
Jacques Lassalle ou Catherine Hiegel, la jeune actrice est définitivement révélée au public
français en 1999 dans le film de Thomas Vincent, Karnaval, qui lui vaut le Prix Simon et une
nomination pour le Meilleur espoir. Elle imposera son talent en 2001 avec un César du
Meilleur espoir décerné pour son rôle troublant de bonne meurtrière dans Les Blessures
assassines, de Jean-Pierre Denis. Cette popularité au cinéma ne doit pas faire oublier son
activité théâtrale remarquée, avec Georges Lavaudant ou Karel Reitz… Dernier prestige en
date, elle reçoit le César de Meilleure actrice en 2004 pour sa prestation dans Stupeur et
tremblements d'Alain Corneau, où elle incarne une égarée attachante et radieuse. Depuis
elle mêle à son activité cinématographique, celle d’auteur. Gamines son troisième roman
sortira à la rentrée 2006 chez Fayard. Elle l’adaptera et le mettra en scène en mars 2007.
Deux nouvelles facettes de la talentueuse artiste, à découvrir…
Bruno Sermonne
Docteur Condor
“Comme vous avez bien fait de venir me trouver.
On peut tout fuir, sauf sa conscience.”
“Il ne faut avoir aucune pitié pour les malades.
Avec la bonté et la vérité, on n'a jamais guéri
personne.”
Le Docteur Condor, médecin d'Edith, confident d'Anton, étonne par sa dualité, son
étrangeté au manichéisme, son rapport ambigu au mensonge et à la maladie. Il porte sur
ses épaules les espoirs de la famille Kekesfalva et tentera jusqu'au bout de raisonner le
lieutenant Anton et de sauver Edith, de la vérité comme de ses rêves improbables.
C'est Bruno Sermonne, enchaînant depuis longtemps les succès, sur scène et sur nos
écrans, qui aura la mission de lui conférer toute sa force. Dans les années soixante-dix, il
croise le chemin de noms aussi prestigieux qu'Ariane Mnouchkine (Mephisto de K. Mann),
Otomar Krejcat (Père de Strindberg), ou Antoine Vitez (La Mouette de Tchekhov). Alors
qu'il participe par la suite aux mises en scène de Robert Cantarella, Olivier Py ou Brigitte
Jaques, il apparaît aussi au cinéma avec ces mêmes complices (Mnouchkine, Py)… En
parallèle, Bruno Sermonne mène une carrière de metteur en scène (Andromaque, Une
Saison en enfer,…) et de traducteur de pièces.
La Pitié dangereuse
Mathieu Loth
Reprise du rôle du Lieutenant Anton Hofmiller
“La torture la plus affreuse qu’un homme puisse...
éprouver, je le sais maintenant, c’est d’être aimé
malgré soi.”
Le lieutenant Anton, héros bourreau contre son gré, subit de plein fouet la fatalité qui
auréole la fresque tragique de Zweig. Impuissant face à l’amour qu’on lui porte, prisonnier
du cercle de sentiments dans lequel il s’est jeté, il assiste lentement à une double perte :
celle de sa victime comme la sienne propre.
Mathieu Loth reprend le rôle de ce jeune homme fier et profondément triste. On l’a
d’abord entendu sur les ondes de la RSR (Radio Suisse Romande), puis vu dans de très
nombreuses productions suisses sous la direction de Benno Besson (Gringoire, Les
quatre doigts et le pouce), Christophe Rauck (L’Affaire de la rue Lourcine), Luc Bondy (En
attendant Godot) ou Claudia Bosse (Fatzer). Il tourne depuis peu documentaire, court et
long-métrages.
Albert Delpy
M. Kekesfalva
“Comment être calme, comment se taire, quand on
a ainsi été frappé par Dieu et qu'on n'a cependant
rien fait à personne ?”
On apprendra le passé de Monsieur Kekesfalva, père d'Edith. On prendra conscience de
la dualité de ce gentilhomme veuf, dévoué à sa fille comme il l'a étrangement été à sa
femme. Pour rendre compte de cette détresse, de cette folie singulière qui le pousse à
exiger des autres l'impossible, il fallait un acteur de la trempe d'Albert Delpy. S'étant lui
même exercé à la mise en scène (Les Quatre jumelles de Copi, Le Désert de Ginzburger…)
et au scénario, il a confronté ses talents de comédien aux plus grands, aux rôles et styles
les plus éclectiques : de Savary (Le Radeau de la méduse) à la fin des années soixante, à
Gilles Gleizes (Derniers Masques), Jean-Pierre Vincent (On ne badine pas avec l'amour),
Jean Louis Benoît ou Thierry de Peretti. Au cinéma, le palmarès est tout aussi riche :
Roman Polanski, Ariane Mnouchkine, Jean-Marie Poiré, Patrice Leconte ou Michel Deville…
Une carrière impressionnante qui se poursuit dans la pleine lumière…
La Pitié dangereuse
Estelle Béalem
Ilona, nièce de Kekesfalva
“Mon cher ami, ne vous faîtes pas d'illusions.
C'est terriblement sérieux et même de plus en plus
dangereux. Si vous saviez ce qui se passe dans
cette maison ! Si vous saviez !”
Ilona, nièce de Kekesfalva, émeut par sa plus entière dévotion à sa cousine Edith.
Compréhensive, patiente, elle est le personnage le plus entier de la pièce, constamment
rassurant et profondément humain. Discrète mais essentielle, elle illumine la pénombre
ambiante. Elève de la 64ème promotion de l'ENSATT, Estelle Béalem s'impose par sa
capacité à passer d'un registre, d'un rôle, à un autre avec la même excellence. Femmeenfant fragile ou usée par les années, naïve ou désabusée, la jeune comédienne affiche
déjà de nombreuses collaborations prestigieuses. Parallèlement à ses prestations dans
les mises en scène de Richard Brunel (Le Théâtre ambulant Chopalovitch), Adolf Shapiro
(A chacun sa vérité), Luc Bondy (Un Conte d'hiver), Emmanuel Daumas (Les Vagues), elle
enchaîne les travaux avec Christian Schiaretti ou Philippe Delaigue. Elle a même déjà
croisé le chemin poétique de Philippe Faure en choisissant de jouer dans Le petit silence
d'Elisabeth, un des textes de l'auteur, qu'elle met alors elle-même en scène. Une nouvelle
rencontre aujourd'hui, des plus réjouissantes.
Tournée 2006/2007
Lyon / Théâtre de la Croix-Rousse
Du 7 au 18 novembre 06
Vichy / Opéra de Vichy
Le 22 novembre 06
Saint-Quentin / Le Splendid
Le 25 novembre 06
Limoges / Théâtre de l’Union
Centre dramatique national du
Limousin
Du 30 novembre au 2 décembre 06
Istres / Théâtre de l’Olivier
Le 5 décembre 06
Périgueux / L’Odyssée
Le 8 décembre 06
Rueil-Malmaison / Théâtre André
Malraux
Les 12 et 13 décembre 06
Arcachon / Théâtre l’Olympia
Le 16 décembre 06
Nevers / Maison de la culture de
Nevers et de la Nièvre
Le 19 décembre 06
Compiègne / Espace Jean
Legendre
Le 22 décembre 06
Bordeaux / TnBA
Théâtre national de Bordeaux en
Aquitaine
Du 11 au 13 janvier 07
Neuchâtel / Suisse / Théâtre du
Passage
Les 16 et 17 janvier 07
Saint-Louis / La Coupole
Les 19 et 20 janvier 07
Aix-en-Provence / Théâtre du Jeu
de Paume
Du 23 au 26 janvier 07
Saint-Germain-en-Laye / Théâtre
Alexandre Dumas
Le 30 janvier 07
Corbeil Essonnes / Théâtre de
Corbeil Essonnes
Le 2 février 07
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