Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 9 - novembre 2013
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Hypercholestérolémie familiale : quelles recommandations chez l’adulte ?
points essentiels des recommandations récentes, en
espérant sensibiliser quant à la nécessité d’améliorer
la situation actuelle en France, sur le plan tant diagnos-
tique que thérapeutique.
Généralités sur l’HF chez l’adulte
En grande majorité, les HF correspondent à des
formes hétérozygotes dans lesquelles les patients ont
hérité des anomalies de l’un des parents, la transmis-
sion étant essentiellement autosomique dominante.
Exceptionnellement, une personne peut hériter d’un
défi cit génétique de ses 2 parents et être homozygote
ou double hétérozygote, les 2 variantes étant regroupées
sous le terme “HF homozygote”. Cette forme homozygote,
heureusement exceptionnelle, est responsable d’acci-
dents vasculaires majeurs dès l’adolescence et exige une
prise en charge spécifi que en milieu spécialisé.
L’origine génétique de l’HF est diverse, mais la grande
majorité des HF hétérozygotes est liée à des muta-
tions du gène LDL récepteur (LDLR) [environ 70 %
des cas]. Dans 6 à 8 % des cas, la maladie est due à
une mutation portée par le gène ApoB, qui code pour
l’apo protéine B100, et, dans moins de 2 % des cas, la
maladie est due à une mutation du gène PCSK9 (4).
Environ 20 % des HF hétérozygotes restent de causes
génétiques inconnues (5). Les HF autosomiques réces-
sives sont extrêmement rares et ne sont retrouvées,
sauf exceptions, que dans des populations à taux de
consanguinité élevé ; le seul gène identifi é à ce jour
est un gène qui code pour une protéine appelée LDL
Receptor Adaptor Protein 1 (LDLRAP1).
La prévalence de l’HF hétérozygote est estimée en
général à 1 cas sur 500 naissances, mais, récemment,
des prévalences plus élevées, de l’ordre de 1 sur 200,
ont été trouvées dans des pays organisant un dépis-
tage large (6).
En présence d’une HF hétérozygote, les taux moyens de
LDL-cholestérol (LDL-c) sans traitement sont souvent
supérieurs à 2,2 g/l, mais avec une grande variabilité dans
l’expression biologique, le taux de LDL-c pouvant varier
de 1,9 g/l à 4 g/l, voire, dans certains cas particuliers être
inférieurs à 1,9 g/l. Chez les patients atteints de HF, les
autres facteurs de risque cardiovasculaire ont un rôle
amplifi é induisant une plus grande augmentation du
risque cardiovasculaire global. En particulier, la présence
d’un diabète ou d’une élévation de la lipoprotéine (a) est
un facteur de risque important chez un patient présen-
tant une HF. Les patients atteints de HF en prévention
secondaire présentent un risque très élevé de nouvel
événement cardiovasculaire ou de décès.
Le haut risque cardiovasculaire inhérent à cette patho-
logie rend non éthique la réalisation d’essais cliniques
randomisés versus placebo. Toutefois, plusieurs travaux
récents menés sur des cohortes et des études d’inter-
vention ont montré qu’il était possible de ramener le
risque vasculaire des patients atteints de HF à un niveau
de risque comparable à celui de la population générale
lorsque le traitement est bien conduit (7, 8).
Diagnostic de l’hypercholestérolémie
familiale
Le diagnostic de l’HF peut être évoqué devant des
concentrations élevées de LDL-c, des parents por-
teurs de HF, la présence de dépôts extravasculaires de
cholestérol (en particulier de xanthomes tendineux)
et des antécédents d’accidents vasculaires précoces
personnels ou familiaux (tableau I).
Les xanthomes tendineux ou cutanés sont presque
pathognomoniques, mais leur absence ne doit pas
faire exclure le diagnostic de HF, car ils surviennent
avec une fréquence très variable et sont rares chez les
sujets jeunes. Les xanthélasmas sont moins spécifi ques,
et l’arc cornéen n’a d’intérêt que s’il est présent avant
l’âge de 45 ans.
En pratique, le critère qui évoque le plus fortement
une forme familiale est la sévérité de l’hypercholes-
térolémie : quand le LDL-c est supérieur à 1,9 g/l chez
l’adulte, le diagnostic de HF doit être évoqué après avoir
éliminé une cause secondaire (hypothyroïdie, choles-
tase, syndrome réphrotique, etc.) [2]. Pour confi rmer
le diagnostic et entreprendre le bilan génétique, il est
utile de se servir de grilles d’évaluation permettant
d’établir des scores de probabilités pour le diagnostic.
Cette approche est surtout performante en dehors de
formes caricaturales. À titre d’exemple, la grille de la
Tableau I. Diagnostic et traitement de l’HF chez l’adulte.
Quand évoquer le diagnostic? • LDL-c > 1,90 g/l
• Accident vasculaire précoce < 50 ans
• Histoire familiale lipidique ou vasculaire
Quand retenir le diagnostic? • Mutation identifi ée par le diagnostic génétique
ou
• Score clinico-biologique de la Dutch Lipid Clinic > 8
Quel traitement? • Mesures hygiéno-diététiques
• Traitement médicamenteux
– statine à dose maximale tolérée
– ézétimibe si objectif LDL-c non atteint
– voire trithérapie (avis spécialisé)
• LDL-aphérèse pour les formes homozygotes
et hétérozygotes sévères