
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVI - n° 3 - mars 2012
49
Nouvelles technologies appliquées au diabète : journée thématique de la SFD
mesurent le glucose interstitiel et estiment le glucose
sanguin grâce à des algorithmes.
À raison de 1 toutes les 5 mn, ce sont près de
300 mesures qui sont effectuées chaque jour. Deux
types d’outils sont à notre disposition : d’une part, les
holters glycémiques, qui correspondent à un enregis-
trement du profil glycémique sur 3 à 5 jours avec une
lecture différée ; d’autre part, les capteurs de glucose,
qui donnent des informations en temps réel. Le patient
dispose alors d’une estimation de sa glycémie capillaire
en continu et d’informations sur son évolution (flèche
de tendance). L’enjeu est à présent de savoir à quels
patients ces dispositifs seront le plus utiles. Plusieurs
essais cliniques randomisés ont étudié l’intérêt des
capteurs de glucose pour la prise en charge du dia-
bète de type 1. En moyenne, la baisse d’HbA1C était
de 0,6 à 1,1 %. Le bénéfice était d’autant plus important
que le sujet portait régulièrement l’outil. Par ailleurs,
le patient restait moins longtemps en hypoglycémie
lorsqu’il utilisait le capteur. Comme avec les pompes
à insuline, plus l’HbA1c était élevée au départ, plus le
bénéfice lié à l’utilisation du capteur était important.
Le challenge consiste désormais à former de façon opti-
male les diabétologues et les patients à l’utilisation
de ces capteurs. Les échanges entre les orateurs et les
participants ont révélé nos difficultés à analyser les
300 mesures quotidiennes apportées par ces dispositifs.
Pour analyser les données des capteurs, plusieurs algo-
rithmes de décision ont été proposés, mais il n’y a pas
encore de consensus. Il semble tout de même primor-
dial qu’un temps suffisant soit consacré à l’analyse des
données. Enfin, le principal frein est le non-rembourse-
ment des capteurs de glucose par la Sécurité sociale.
Quelle place aura la télémédecine
dans notre pratique quotidienne ?
(D’après la communication de S. Franc, Corbeil.)
Le développement de la télémédecine est porté par les
autorités de santé, qui voient dans cet outil un moyen
de répondre à la pénurie des médecins et aux déserts
médicaux.
En diabétologie, la télémédecine permet une plus
grande réactivité dans la prise en charge de la maladie,
dans l’adaptation des doses d’insuline, et donc une plus
grande efficacité dans l’obtention d’un bon équilibre
glycémique. Plusieurs études portant sur l’impact de
la télémédecine et sur le contrôle glycémique ont été
détaillées dans une revue récente (2). Les résultats de
l’étude française TéléDiab-1 méritent notre attention.
Cette étude a concerné 180 adultes diabétiques de
type 1, sous traitement basal-bolus (pompe ou multi-
injections), avec un équilibre glycémique médiocre,
soit une HbA1c de 9,1 ± 1,1 % à l’inclusion. Les patients
étaient randomisés en 3 groupes : un groupe contrôle
(groupe 1), un groupe utilisant le système de télémé-
decine Diabéo avec des consultations face à face clas-
siques (groupe 2), et un groupe utilisant également ce
système et bénéficiant de consultations téléphoniques
(groupe 3).
Par comparaison avec le groupe 1, les patients du
groupe 2 ont vu une amélioration de l’HBA1C de 0,7 %
à 6 mois, et les résultats étaient encore meilleurs dans
le groupe 3, avec une baisse de l’HBA1c encore plus
importante : 0,9 %. Le taux d’hypoglycémie n’était
pas augmenté. Au total, le temps passé en consulta-
tions téléphoniques était similaire au temps passé en
consultations face à face dans les 2 groupes. Ce support
technologique semble donc utile pour l’adaptation
des doses d’insuline et pour un contact facilité avec le
médecin diabétologue. Comme pour les capteurs de
glucose, il reste à déterminer comment introduire cette
nouvelle pratique dans notre quotidien et comment
organiser le remboursement d’une telle prise en charge.
Les prises en charge classiques de télémédecine chez les
patients diabétiques de type 2 avec des consultations
téléphoniques fréquentes, réalisées par des infirmières
formées, n’ont pas montré d’efficacité notable. Les sys-
tèmes utilisant les technologies liées aux smartphones
pourraient s’avérer intéressants à l’avenir. Une étude
pilote américaine de 3 mois incluant 30 patients a mis
en évidence, chez les patients diabétiques de type 2
ayant à l’inclusion une HbA1c de près de 9 %, une baisse
d’HbA1c notable, de 2,03 % versus 0,68 % dans le groupe
contrôle. Ce dispositif permettait un meilleur ajuste-
ment des traitements antidiabétiques oraux et insuli-
niques. Dans la même lignée, une nouvelle version de
Diabéo a été développée pour les patients diabétiques
de type 2. Elle fait actuellement l’objet d’une évaluation
dans une étude multicentrique intitulée TéléDiab 2.
En route vers le pancréas artificiel
(D’après la communication d’E. Renard, Montpellier.)
Les progrès réalisés au cours des 30 dernières années
sur les performances des pompes à insuline (voie sous-
cutanée et voie intrapéritonéale) et de la mesure conti-
nue ambulatoire du glucose, ainsi que la validation des
algorithmes de perfusion d’insuline selon la mesure de
glucose, ont permis le développement expérimental
de systèmes en boucle fermée, pouvant être consi-