198 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 6 - juin 2014
Troubles oculomoteurs danslasclérose en plaques
DOSSIER
Sclérose en plaques
et ophtalmologie
est situé de l’autre côté. Cette déviation verticale
est souvent associée à une “ocular tilt reaction”
(intorsion de l’œil le plus haut et extorsion de l’œil
le plus bas, déviation de la verticale subjective et
torticolis compensateur).
Syndrome de Parinaud
Il peut être observé en cas d’atteinte du mésencé-
phale dorsal, mais il est rare dans la SEP.
Oscillopsies
Elles sont fréquentes et résultent d’anomalies de
l’un des systèmes assurant la stabilisation oculaire.
L’oscillopsie peut faire suite à un nystagmus − initié
par un mouvement lent qui peut être pendulaire
ou à ressort −, à une intrusion saccadique − initiée
par un mouvement rapide − ou à une dysmétrie
des saccades.
Nystagmus
Selon la structure atteinte, on observe différents
types de nystagmus. Nous n’envisagerons ici que
les plus fréquents.
Les structures impliquées dans le maintien du regard
excentré sont des neurones intégrateurs situés dans
le tronc cérébral : pour les mouvements horizontaux,
il s’agit du noyau prépositus hypoglossi, bulbaire,
et du noyau vestibulaire médian ; pour les mouve-
ments verticaux, du noyau vestibulaire supérieur
et du noyau interstitiel de Cajal mésencéphalique.
Ces intégrateurs sont connectés au occulus du
cervelet, qui exerce un rétro-contrôle. Le nystagmus
du regard excentré est souvent retrouvé au cours
de la SEP, en raison de la fréquence des lésions du
tronc et du cervelet. Il peut être asymptomatique
et évoluer de manière chronique.
Le réexe vestibulo-oculaire (RVO), qui permet la
stabilisation du regard pendant les mouvements
de la tête, est assuré par des récepteurs labyrin-
thiques, les noyaux vestibulaires, les noyaux oculo-
moteurs et le cervelet labyrinthique. Le décit de la
suppression du RVO par la xation oculaire se traduit
par un nystagmus vestibulaire présent malgré la
xation. Dans la SEP, il témoigne le plus souvent
d’un syndrome cérébelleux et pourrait être corrélé
à l’évolutivité de la maladie (8).
Le nystagmus pendulaire se caractérise par des
mouvements lents de va-et-vient ; il est particu-
lièrement fréquent dans la SEP, très invalidant, le
plus souvent horizontal, de faible amplitude et de
haute fréquence. Son origine peut être mixte ; en cas
d’antécédent de névrite optique, il peut être dû au
ralentissement de la conduction visuelle, avec un
retard du contrôle des micromouvements oculaires,
mais il est parfois secondaire à une lésion de l’un
des systèmes de contrôle centraux (cervelet, noyaux
gris centraux et cortex frontal).
Intrusions saccadiques
Ce sont des mouvements oculaires anormaux et
rapides qui peuvent être classés en fonction de leur
amplitude, de leur direction et de l’existence ou non
d’une pause intersaccadique.
On peut ainsi observer :
➤
des ondes carrées et des ondes carrées géantes,
horizontales, avec une pause intersaccadique ;
➤un utter (horizontal) et un opsoclonus (multi-
directionnel) qui ne comportent pas de pause inter-
saccadique.
En cas de syndrome cérébelleux, on retrouvera des
saccades dysmétriques.
Conclusion
Les anomalies oculomotrices sont fréquentes et
invalidantes au cours de la SEP et doivent être recher-
chées systématiquement lors de l’examen clinique.
L’imagerie cérébrale permet de les relier aux lésions
inammatoires souvent localisées au niveau du tronc
cérébral et du cervelet. Leur traitement médica-
menteux est souvent décevant, mais des solutions
orthoptiques et chirurgicales existent pour améliorer
le confort des patients, en particulier lorsque les
troubles évoluent sur un mode chronique et qu’il
existe une diplopie permanente avec une déviation
oculaire horizontale ou verticale en position de face,
et/ou un torticolis gênant. ■
C. Vignal-Clermont déclare ne pas
avoir de liens d’intérêts.
Références
bibliographiques
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