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COMMUNIQUÉ DE PRESSE I CNRS DÉLÉGATION RÉGIONALE CENTRE-EST I
JEUDI 9 JUIN 2011
Un parasite qui vous veut du bien... temporairement !
Les parasites ont tous besoin, à un moment ou un autre de leur cycle de
vie, de vivre aux dépens d'un hôte. Dans un article à paraître dans
Evolution, une équipe de l'UMR 5561 Biogéosciences de Dijon (CNRS /
Université de Bourgogne) a montré qu’un parasite peut au contraire, en
modifiant le comportement de son hôte, le protéger de manière
temporaire.
Un gammare parasité par
Pomphorhynchus laevis. La larve du
parasite est la boule de couleur orange
visible à travers la cuticule du crustacé
© Biogéosciences
Le ver parasite Pomphorhynchus laevis utilise le
gammare, un crustacé d’eau douce, comme hôte
intermédiaire, dans lequel il grandit tout en restant
à l’état larvaire. Pour devenir adulte et se
reproduire, il doit être ingéré par un poisson qui
deviendra l’hôte définitif. Nombreuses sont les
espèces de parasites qui ont donc évolué pour
favoriser la prédation de leur hôte intermédiaire
par leur hôte définitif. Les chercheurs de l’Equipe
Ecologie évolutive de Dijon (UMR
Biogéosciences) ont ainsi montré il y a quelques
années que les larves de Pomphorhynchus laevis.
forcent les gammares à adopter des
comportements quelque peu suicidaires, en
modulant ou en inhibant leurs comportements
anti-prédateur tels que la photophobie, l’utilisation
de refuges ou la fuite en réaction à l’odeur d’un
poisson. Les crustacés parasitiquement modifiés
sont jusqu’à 20 fois plus mangés que les
individus non parasités
Toutefois, cette stratégie n'est pas intéressante pour la larve parasitaire si son stade
de développement ne lui permet pas encore de s’implanter dans l’hôte définitif : toute
prédation par ce dernier se soldera par la mort du parasite. Celui-ci a donc intérêt à
protéger le gammare de la prédation pendant cette période, quitte à inverser la
tendance dès l’infectivité atteinte. C’est ce que l'équipe de l'UMR Biogéosciences
vient de démontrer expérimentalement : les gammares hébergeant une larve
immature se cachent plus que les gammares sains et encourent un risque de
prédation plus faible. En revanche, dès que la larve a atteint le stade où elle peut
infecter les poissons, les comportements s’inversent et le taux de prédation des
gammares parasités devient plus fort que celui de leurs congénères sains.
Cette protection de l’hôte par la larve de parasite, même pendant un court moment
de son développement, pose naturellement la question des intérêts de chacun des
acteurs dans cette association. En effet, ces intérêts semblent converger : l’hôte
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intermédiaire comme le parasite voient, grâce à cette protection, leur risque de
mortalité amoindri. On ne peut pas pour autant parler de mutualisme. En effet, si
l’hôte trouvait vraiment son compte à posséder des défenses anti-prédateur
renforcées, il les mettrait en action de lui-même. Les changements de comportement
étant modulés en fonction du stade de développement du parasite, ils bénéficient
bien plus à ce dernier qu’à l’hôte.
Référence
Protection first then facilitation : a manipulative parasite modulates the vulnerability to predation of its
intermediate host according to its own developmental stage, Evolution (sous presse ; disponible en
ligne avec la référence DOI : 10.1111/j.1558-5646.2011.01330.x), Lucile Dianne, Marie-Jeanne Perrot-
Minnot, Alexandre Bauer, Mickaël Gaillard, Elsa Léger & Thierry Rigaud.
Contacts
Chercheur l Thierry Rigaud l Equipe Ecologie évolutive, Laboratoire Biogéosciences
03 80 39 39 45 | Thierr[email protected]
Presse CNRS l Céline Delalex-Bindner l responsable de communication I CNRS Centre-Est I
03 83 85 60 53 / 06 22 83 47 69 l com@dr6.cnrs.fr
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